27
Je ne peux calmer mon angoisse qui augmente au fil des secondes.
Les ambulanciers ont ramené un brancard pour le transporter. Ma belle-mère tente de rester auprès de lui, mais ils insistent pour qu'elle s'éloigne.
Mes pupilles analysent la salle, tout le monde est en panique, je ressens chaque émotion de chaque individu. Leur cris viennent agresser mes tympans et j'aperçois chaque larme qui coule lentement sur leur visage, pourtant c'est mon cœur que j'entends parfaitement.
Il est en train de se briser en mille morceaux.
L'homme que j'aime se fait transporter, tandis que mon cousin me retient encore en arrière. Impuissante, j'assiste à la scène horrifiante, le massage cardiaque ne semble pas fonctionner.
Les deux hommes conduisent le brancard vers l'ambulance, mon sang ne fait qu'un tour. Je me débats, porte ma robe de mariée et j'accoure vers eux, vers lui.
J'essuie mes larmes, prends une grande inspiration et détache mes émotions de la machine.
Je dois être forte pour lui.
Pour nous.
– Je vous accompagne ! leur annoncé-je. Je suis sa femme.
Les ambulanciers prennent toutes les informations dont ils ont besoin et nous montons en urgence, direction l'hôpital.
Je regarde son visage à travers le masque d'oxygène, sa respiration est lente, mais je tente de m'attacher à ce dernier espoir.
Ma jambe tremble et je maudis cette longue robe qui était censée être portée le jour le plus heureux de ma vie et non le plus terrible.
Dans ce brouhaha de larmes, je fixe ma bague de fiançailles qui scintille telle que l'étoile Alya dans le ciel qui est censée surveiller Ethan.
Ethan semble avoir de plus en plus de mal à respirer et lorsque le conducteur accélère, je comprends alors que la situation est trop critique.
Paniqués, nous descendons de l'ambulance, je tiens ma robe si fort que mes phalanges deviennent blanches.
Confuse, je tente de comprendre ce qu'il se passe.
Tout allait pourtant parfaitement bien.
Ethan m'avait dit qu'il ne ferait plus d'aussi grande crise.
Pourtant cette dernière est bien trop différente, auparavant, son cœur ne s'est jamais arrêté de battre.
– Calme-toi Elena, tout ira bien, me chuchoté-je tandis que ma voix se brise.
Mon regard flouté vacille parmi ces ambulanciers qui l'emmènent loin de moi. Je les suis, animée par la peur.
Les médecins se mettent autour du brancard, ils tiennent le défibrillateur sur sa poitrine et courent tout en émettant des instructions.
L'odeur de l'hôpital envahit mes narines, ma respiration se saccade et mes oreilles bourdonnent, je n'entends que des murmures agaçants. Je suis uniquement captivée par son visage, encore dissimulé derrière le masque insufflateur, qui s'éloigne.
– Salle 01, on y va !
Je sursaute lorsque la voix grave d'un des médecins me ramène à la réalité. Mes pupilles trouvent son corps qui est à nouveau agité par des spasmes.
Ils entrent dans la salle, j'accoure en traversant l'accueil pour les rejoindre, mais on m'arrête.
– Madame, vous devez rester là. Laissez-nous faire.
Je secoue frénétiquement la tête, ma poitrine se serre tellement fort que j'ai mal.
– Non, non, non ! Je dois y aller.
– Madame, tenez bon, on fera tout notre possible.
Ma gorge se noue, je ne peux pas l'abandonner, tout allait bien.
– Laissez-moi entrer ! crié-je.
Je me débats, mais l'infirmier me retient en m'ordonnant de me calmer, et de laisser les médecins agir.
– Aucune réaction, docteur, entends-je.
L'infirmière qui tient le masque vient de dire ça, je me tourne vers elle, affolée.
– Charger à nouveau ! ordonne le médecin.
Je sursaute une nouvelle fois lorsqu'ils me ferment la porte au nez.
Mes muscles sous ma robe de mariage sont tellement tendus que j'ai bien peur qu'ils se brisent.
Tel un ouragan, mes pensées tourbillonnent, mes émotions se mêlent et se heurtent, emportant tout ce qui m'est précieux sur leur passage.
Impuissante, je reste devant la vitre transparente. Je fixe son corps sans vie qui tente d'être réanimé, et je deviens spectatrice du décès de mon mari.
Le moniteur de surveillance émet un bruit sonore continu, je tombe à terre.
Brusquement, des griffes acérées retirent mon âme. Seule l'obscurité m'entoure, je suis entraînée par sa mort.
– L'heure du décès ?
– 22h45, Docteur.
Une femme me tient les mains et essaye de me relever. Je lève ma tête et découvre sa mère qui est dans un état pitoyable.
Je me mets debout et l'enlace fort. Elle sanglote, niche sa tête dans mon cou et me griffe le dos en suppliant le Seigneur de lui rendre son fils.
Je pince mes lèvres, je dois rester forte.
Je place ma main à l'arrière de sa tête, et caresse ses cheveux tandis qu'elle déverse sa douleur sur mon épaule.
– Il n'avait que vingt-sept ans, Elena, pleure-t-elle. Vingt-sept ans.
Je ravale une boule à la gorge qui m'éttoufe.
Ethan a été l'homme qui a sû couvrir mes cicatrices, il a été l'homme qui m'a prouvé que ma vie avait un sens.
Chaque moment passé à ses côtés était une bénédiction.
Sa lumière m'a guidé ; elle m'a éloigné des ténèbres.
Je ressens encore son amour pour moi, battre contre le mien. La chaleur de sa paume contre la mienne, les battements frénétiques de notre organe vital prouvant notre amour passionnel et sincère à l'autre.
Chaque souvenir me hantera jusqu'à la fin de mes jours.
J'enlace plus fort sa mère et le regard dans le vide, je contracte ma mâchoire.
Au final, on ne s'accroche qu'à ces fragments du passé, car c'est tout ce qu'il nous reste.
Mais lorsque ces derniers s'effaceront, que restera-t-il ?
***
Vêtue d'un ensemble noire, je regarde le cercueil de Ethan descendre dans sa tombe.
Des dizaines de personnes sont présentes, et je m'imagine déjà la réaction de Ethan.
" – Qui sont ces gens ? Je ne les ai jamais vus." m'aurait-il dit.
On dit qu'on réalise la valeur d'une chose qu'une fois qu'on l'a perdue. Et je trouve ça triste que ce dicton soit aussi valable pour les êtres humains.
Sa famille est inconsolable, elle récite des prières que je n'entends qu'en murmure.
Accompagnée de Lydia et Maria, je me suis mise en retraite. Le visage fermé, je tente de ne transmettre aucune émotion apparente sur mon visage - comme je l'ai toujours fait.
Néanmoins, je laissais percevoir les sentiments qui rongeaient mon être, seulement en sa compagnie.
A ma grande surprise, Marc est venu avec Nathan et d'autres collègues, attristés de la perte de leur camarade de travail.
Tout le monde semble avoir de la peine qui les ronge, mais personne ne pourra atteindre mon niveau de douleur.
Ethan a pris une partie avec lui que je ne retrouverais jamais.
Ma boule de lumière se trouve dans son âme et je ne peux qu'être rassurée de la lui avoir donnée.
– Les filles, je vais rentrer.
– Elena, t'es sûre que tu ne veux pas que l'on reste avec toi ? insiste Maria.
Je hoche la tête.
– Oui, allez-y, rentrez chez vous.
– Appelle-nous, nous sommes là pour toi.
– Merci Lydia.
Mes amies me prennent dans leur bras, je salue tout le monde et l'âme meurtri me dirige dans l'appartement où j'ai vécu pendant plus de cinq mois avec mon mari.
Je ferme la porte d'entrée et retire machinalement mes chaussures.
La tumeur a endommagé une grande partie de son cerveau et ils ne pouvaient plus rien faire.
Le docteur nous a annoncé ça, sans la moindre émotion, comme s'il était normal que Ethan soit destiné à mourir à vingt sept.
Sa mère était apparemment au courant que son fils avait arrêté la chimio non pas parce qu'il guérissait mais parce que justement, il était trop tard.
Comment a-t-il pu me mentir droit dans les yeux ? Et comment a-t-il osé me demander en mariage alors que la vie me l'a arraché quelques jours plus tard.
La rage prend possession de mon être, chaque cris qui sort de ma gorge m'approche petit à petit des abysses. Je perds, de plus en plus, de vue la lumière qui est supposée m'attendre.
Pourquoi la vie était aussi cruelle avec moi, qu'avais-je fait pour mériter cela ?
J'ai enfin pu connaître le bonheur, mais il m'a été retiré aussitôt.
Je m'étale sur le lit, la poitrine qui brûle et la voix cassée. Je prends mon coussin et plonge ma tête dedans, blessée.
Pourquoi a-t-il agi de cette manière ? Pourquoi m'avoir laissé un semblant d'espoir ?
Je replie mes genoux contre ma poitrine et tente de faire ressurgir mes émotions en les laissant imprégner le coussin où il posait sa tête.
Comment avait-il pu me laisser ?
Je n'arrive pas à me calmer, mon corps se noie tandis que ma tête reste encore hors de l'eau. Je me débats, mais je suis vaincue, laissant le fond m'attirer vers les abysses.
Mes poumons sont gonflés d'eau et ma respiration s'arrête.
En ouvrant mes fenêtres de l'âme, je vois mon identité quitter mon être pour venir rejoindre les cieux.
Ma vie sans lui est inutile, je n'arrive pas à me calmer, laissant les moments passés me submerger.
Je pleure encore pendant une heure à peu près ou peut-être même deux. Telle une bouée, je tiens fort le coussin contre ma poitrine.
Le regard viré au plafond je me remémore chaque petit détail de son visage.
J'ai peur de ne plus me rappeler de son grain de beauté au-dessus de sa lèvre ou de ne plus me rappeler le timbre de sa voix.
J'ai peur de ne plus me souvenir de son sourire ou je ne peux pas supporter le fait que je ne ressentais plus sa chaleur corporelle lorsqu'il m'enlaçait.
Les lèvres pincées, je laisse nos instants révolus défiler sous mes yeux.
La nostalgie a pris le contrôle de mon esprit, mais un sourire a remplacé mes larmes.
La pluie battait fort sur Nice, la canicule était tellement insupportable que j'étais bien contente de cette averse.
Un plaid recouvrait mes jambes dénudées, et une tasse de thé était posée sur la table.
Je jouais contre Ethan à la play, je venais de le battre, et il ne le supportait pas.
– Elena ! C'est une grosse blague !
Fière, je levais la manette bien haut et lui tirais la langue.
– Mais comment est-ce possible ? Par toi, en plus !
Amusée, je retroussais le nez.
– Je te battrais toujours bébé, et pour n'importe quoi, le narguais-je, fièrement.
– Tu es sûre ?
La mine de Ethan venait de changer, il était devenu plus compétitif.
Il attrapa la manette, la posa sur la table et m'allongea sur le canapé.
Ses mains chatouillaient mon ventre et je le suppliai d'arrêter.
Allongé entre mes jambes, il nicha sa tête dans mon cou et me mordillait la peau, je rejetais la tête en arrière en ricanant.
Mais rapidement l'ambiance se transforma, sa langue remplaça ses dents et sa main se glissa sous mon débardeur.
Comme toujours, des frissons parcouraient mon dos, des mois de relations avec lui, mais il me faisait toujours le même effet.
Je ferme fort les yeux pour éviter de sangloter encore une fois.
Comment vais-je pouvoir vivre sans lui ?
Je prends une grande inspiration et fronce les sourcils lorsqu'une conversation que nous avons eue me revient en mémoire.
Mon dos collé contre le torse de l'homme que j'aimais, je tentai de ravaler mes larmes.
– Que se passe-t-il, Elena ? me demanda-t-il, inquiet.
– J'ai peur, Ethan, avouai-je la voix tremblante. Je ne peux pas vivre sans toi.
Ses mains entouraient ma taille, il me serra fort et posa son menton sur ma tête.
– Tout se passera bien.
Je secouais la tête avec une douleur qui souillait mon âme.
– Je..., commençai-je. Je n'ai pas la capacité de supporter cela. Je veux me marier avec toi, avoir des enfants, voyager et puis je veux me disputer avec toi comme à l'ancienne, Ethan. Je veux pouvoir te détester toute ma vie comme
te donner tout l'amour du monde.
– Et tu le fais déjà, mon coeur.
Ses lèvres tremblantes se déposaient sur ma tête rasée et je fermais les yeux pour sentir chaque sensation que seul Ethan me faisait ressentir.
– Je veux que nous soyons unis.
– Et nous le serons.
Je me tournais vers lui et tenais son visage fermement entre mes mains.
– Tu ne comprends pas. Peu importe combien de temps il te restera, je veux être à jamais dévouée à toi.
Il écarquilla les yeux et refusa.
– Elena, il en est hors de question.
Sa voix trembla.
– Une longue vie t'attend. Tu feras de nouvelles rencontres, et tu trouveras sans doute l'homme de ta vie.
Je refusais catégoriquement et ricanais nerveusement.
– Mais tu es l'amour de ma vie, Ethan.
Il pinça des lèvres et secoua la tête.
– Et non l'homme de ta vie, chuchota-t-il.
Je collai mon front contre le sien.
Rapidement mes muscles se détendent. Ethan a fait sa demande peu de temps après et Dieu seul sait à quel point, je suis heureuse de pouvoir porter son nom de famille.
Je préfère rester veuve qu'être mariée à un autre.
Néanmoins, je ne pouvais pas me laisser mourir.
Il aurait aimé me voir heureuse, malgré sa perte.
Je lâche l'objet et me dirige dans la salle de bains pour me laver le visage. Je retourne dans notre chambre, lorsqu'on sonne à la porte.
Traînant des pieds, j'ouvre et découvre sa sœur.
Ses yeux sont gonflés et rouge, cette vision m'arrache le cœur.
Je ferme la porte à clé lorsqu'elle rentre puis l'enlace fort.
– Viens par là.
Je pose ma tête sur ses longues cheveux et tente de nous rassurer du mieux que je peux.
– Il ne souffre plus, c'est le plus important, dis-je la voix brisée.
Je ferme les yeux, je dois rester forte.
Elle hoche la tête et je l'entends renifler.
Je l'emmène dans la salle à manger et nous prépare une tisane, la vision flou.
– Tu vas garder l'appartement ou tu vas le rendre ?
Dos à elle, j'arrête tous mes mouvements. Je n'avais pas rendu mon appartement, mais je vivais tout de même avec lui.
– J'ai peur de ne pas réussir à faire mon deuil, si je reste, annoncé-je en posant sa tasse.
Elle acquiesce, compréhensive.
– Mais je ne veux pas le rendre, je veux encore sentir sa présence.
– Tu réussiras à avancer comme ça, Elena ?
– Je ne sais pas, mais Ethan avait mis aussi l'appartement à mon nom. Je vais rendre le mien, je pense, dis-je en posant ma tête sur ses genoux.
Elle ne dit rien et caresse mes cheveux. Ses yeux scintillent tels des étoiles dans le ciel, et son menton tremble.
Je tiens sa main et croise nos doigts ensemble.
– Je suis heureuse que mon frère ait pu passer ces derniers instants avec toi. Je sais que c'est dur, mais c'est ce qu'il a voulu, finir ces derniers moments avec son âme sœur.
Je lui embrasse le dos de sa main.
– Merci pour tout, Elena.
Je me relève et secoue la tête.
– C'est moi qui doit vous remercier. Vous avez égayé ma vie, Amy. Sans ton frère, je n'aurais jamais connu la stabilité, la haine et l'amour. Ton frère m'a apporté tout ce dont j'avais besoin, et sans oublier que tu es le petit rayon de soleil de ma vie.
Elle m'embrasse sur la joue et nous passons une bonne heure à discuter, à pleurer, mais aussi à se remémorer des bonnes choses.
Elle m'annonce qu'elle doit rejoindre sa maman et je lui promets de passer cette semaine les voir.
– Il faut que je te montre quelque chose.
L'adolescente est très forte, je n'imagine même pas la peine d'avoir perdu son grand frère sous ses yeux.
Le chemin sera semé d'obstacles, mais je sais que nous le traverserons, c'était ce que Ethan voulait.
– Dis-moi ? chuchoté-je.
Elle sort un papier de sa poche et je fronce les sourcils en traçant les contours de mon tatouage.
Amy me tend une feuille, je fronce les sourcils et les prends.
– Lis d'abord celle-ci.
Je déplie la feuille à carreau et découvre la liste de son Challenge d'activité.
Le titre me pince le cœur.
"7 choses à faire avant de rendre l'âme."
Je retrousse le nez lorsque je remarque que deux vœux n'ont pas été cochés.
Je lis chaque ligne avec attention et une larme coule lorsque j'apprends que ce que nous avons fait a été inscrit sur cette vieille feuille.
Le planétarium y est écrit, le safari, mais aussi le tatouage et la montgolfière.
Je m'arrête sur le mot mariage et émet un petit rire lorsque je lis qu'il souhaitait créer un lien avec son âme sœur.
Je lève la tête et prends une grande inspiration en ravalant mes larmes.
Amy me caresse le dos et me demande si je vais bien, je hoche la tête et la pose sur son épaule.
Je regarde les deux dernières activités.
Ethan souhaitait vivre à Paris, dans le monde de l'art et il voulait publier ses œuvres dans un musée.
– Il a presque pu tout réaliser grâce à toi alors pour ça, merci Elena. Merci d'avoir été la femme qui lui fallait. Merci d'avoir été à ses côtés jusqu'à la fin. A jamais, nous t'en serons reconnaissante.
Je ne dis rien et la prends dans mes bras en posant mon menton sur sa tête, comme il le faisait avec moi.
– Je serai toujours là, Amy. Toujours.
Je reste encore un peu avec elle, puis avant de partir, elle me tend une enveloppe que je saisis, en appréhendant.
– Il t'a écrit ça aussi.
J'acquiesce et l'enlace pour lui dire au revoir.
Je ferme la porte à clé et pose la fameuse lettre sur la table basse de la salle à manger. Je me dirige vers la salle de bains pour prendre une douche.
Ses tableaux accrochés me font immédiatement ressentir sa présence et bizarrement, je souris.
J'entre dans la douche et laisse l'eau tiède couler sur mon corps épuisé.
Ethan a été la lumière qui me manquait, le bout de mon tunnel.
Il m'a apporté non seulement bonheur et amour, mais il m'a appris que, malgré les épreuves que nous pouvons traverser, il y a toujours une leçon précieuse à en tirer.
Il m'a démontré que même si le dernier battement résonne, il restera toujours un dernier espoir.
Je lave mes cheveux et souris.
Sa mort détruit mon être mais elle reconstruit mon âme.
Il voulait vivre alors que je souhaitais mourir.
Mon mari m'a montré qu'il faut apprécier chaque moment sur cette maudite Terre.
Après être sortie, je m'habille rapidement et prends sa lettre.
Je m'assois, un cardigan sur les épaules, des bougies allumées et la lis, les genoux recroquevillés sur moi-même.
"Chère Elena,
Ma chère future femme, à l'heure actuelle, tu es sans doute en colère contre moi, car je t'ai menti.
Comme tu viens de le comprendre, je n'ai pas arrêté la chimio parce que j'allais mieux, bien au contraire, ils ne pouvaient plus rien faire pour moi, depuis un moment, j'étais condamné...
La tumeur cérébrale avait déjà pris beaucoup trop de place.
J'ai demandé à Amy de te donner cette lettre après ma mort, et je tiens à te dire que je ne m'excuse pas de t'avoir menti. Grâce à ce mensonge, j'ai pu te voir pendant quelques jours, le sourire aux lèvres, excitée à l'idée de devenir mienne.
Ton visage épanoui à mes côtés est la plus belle image que la vie ait pu m'accorder.
J'ai pu vivre une histoire éternelle, et je partirais avec comme dernier sentiment : mon amour pour toi.
Tu es la plus belle chose qui me soit arrivée Elena, chaque instant avec toi était magique.
Si te détester a été l'une des plus belles expériences, je te laisse imaginer comment t'aimer a pu l'être.
Je n'ai pas été en capacité de t'offrir un bonheur infini, néanmoins, mon amour t'appartiendra pour l'éternité.
Un autre saura te donner ce que le temps ne m'a pas permis de t'apporter.
Les seuls regrets que j'ai, sont de ne plus pouvoir humer ta peau vanillée.
Je ne pourrais plus effleurer tes lèvres douces ou encore caresser ta peau qui a toujours été électrisée à mon contact.
Je ne pourrais plus te voir soupirer de bonheur lorsque tu mangeras des sushis ou encore t'entendre râler après moi lorsque j'aurai laissé ma chaussette traîner sur le sol de notre chambre.
Je n'entendrai plus le son de ta voix et je ne pourrai plus coller mon papillon contre le tien.
Mais sache une chose, Elena, même après ma mort, mon corps ne pourra oublier ton toucher, mon ouïe ne pourra pas oublier ta respiration saccadée lorsque j'étais près de toi.
Je n'oublierai jamais ton odeur enivrante ni ta beauté enchanteresse et encore moins ton âme de guerrière.
Tu es une battante, une vaillante.
Ne prends pas ma perte comme une autre épreuve, bien au contraire, relève toi, Elena.
Tu es la femme la plus resplendiscante que j'ai vu, ta bonté rayonne sur ta beauté.
J'ai passé les meilleures années de ma vie à tes côtés. S'il y a deux ans, on m'aurait dit que tu serais la femme que j'aimerai à tout jamais, je ne l'aurais pas cru.
Pourtant c'est le cas, et j'en suis fière.
Alors soit également fière de toi Elena, et déploie tes ailes.
Ne laisse pas ma perte enlever la poudre de tes ailes dorées. Utilise-la comme une force, ta blessure sera l'endroit par où la lumière pénètrera en toi.
Tu peux enfin prendre la liberté dont tu rêvais tant.
Fais de mon dernier battement de cœur, ton premier battement d'aile de papillon."
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top