26

Le ventre noué d'excitation et la respiration saccadée, j'avance vers la cérémonie à la mairie avec mon oncle venu de Marseille.

Vêtue d'une robe blanche sirène, la traîne de ma robe de mariée est tenue par mes petites cousines.

Je ne peux retenir un grand sourire qui habite mon visage. Assis sur son fauteuil roulant, Ethan se trouve juste un peu devant le maire.

Habillé d'un costume bleu marine qui lui va parfaitement, je ne peux qu'avoir des étoiles dans les yeux.

Mon futur mari joint ses deux mains devant lui et me fixe, émerveillé. Il me fait un clin d'œil, et je baisse la tête, intimidée.

Nos familles et amis respectifs se lèvent et applaudissent. J'avance toujours en tentant de calmer ma respiration.

Ethan sera mien et je serais sienne pour l'éternité.

Malheureusement, il a fait une grosse crise la veille, son état s'est nettement empiré depuis les semaines précédentes, mais c'est dû au changement que son corps a pu suivre.

L'absence de la chimiothérapie l'a dérouté.

Ethan a pu - par je ne sais quel moyen - nous trouver une place à la mairie pour se marier en moins de trois semaines.

Je m'assois sur la chaise, face à lui, devant le maire. Ses mains amaigris et tremblantes saisissent les miennes et une larme coule lentement sur ma joue.

L'apparence d'Ethan devient de plus en plus effrayante, il n'a plus que la peau sur les os.

Le cancer l'a mis au tapis, avant même de rendre son dernier souffle.

Le maire nous demande de répéter nos vœux et il demande à Ethan s'il veut me prendre pour épouse.

Ce dernier ricane plusieurs fois et crie trois fois, qu'il le souhaite, puis vient à mon tour, je tente de calmer ma voix défaillante.

– Je promets de te rester fidèle, dans le bonheur et dans les épreuves, dans la santé et dans la maladie, et de t'aimer tous les jours de ma vie, répété-je.

Ethan serre ma main fort et je lui chuchote :

– Pour la santé et la maladie.

Il ferme fort les paupières.

***

– Tu es ma femme, Elena, chuchote-t-il en collant son front contre le mien.

Assise à ses ĉotés, je confirme avec un soupire de soulagement.

– Je suis ta femme.

La salle est bondée d'invités, ils dansent tous, mangent et rient en cœur.

– On a réussi, dit-il en m'embrassant le front.

Je ferme les yeux et hoche la tête.

La soirée semble se dérouler à merveille, pourtant, je n'arrive pas à mettre de côté ce sentiment qui emprisonne ma poitrine.

Est-ce dû à l'absence de ma mère ?

Je l'ai invité mais cette dernière a refusé catégoriquement l'invitation.

Je chasse ce sentiment et regarde la famille de mon époux manger les apéritifs en nous envoyant des baisers volants.

La musique bat fort contre mes oreilles et le monde semble tourner autour de nous, mais seule sa présence m'importe.

Ethan et moi sommes au centre de la pièce, assis à se parler à travers cette musique. A regarder nos proches danser autour de nous.

Absolument tout est parfait, du moins jusqu'à ce qu'il commence à tousser. Ses mains tremblent plus frénétiquement et il contrôle de moins en moins sa tête qui tombe en avant.

Ses yeux se révulsent et je tiens ma robe si fort entre mes mains que mes phalanges deviennent blanches.

Je sens mon pouls pulser contre mon cou lorsque j'assiste à son corps devient rigide, je vois ses muscles se tendre sur son fauteuil.

Il convulse tellement qu'il tombe à terre. Allongé sur le sol froid, il a dû mal à respirer et perd connaissance. Son enveloppe corporelle tressaille, il est agité par des spasmes qui ne contrôlent plus.

Sa cage thoracique se soulève lourdement, il semble s'étouffer. Alertés par mes cris sourds, les invités l'entourent.

Je me mets à genoux, écrasant ma robe de mariée et tente du mieux que je peux de le mettre sur le côté.

De l'écume, une liquide blanc coule le long de sa bouche, mes cris arrachent mes cordes vocales.

– Appelez une ambulance ! hurlé-je, effrayée.

Sa crise est différente de d'habitude, le liquide ne cesse de couler, Ethan n'est plus du tout conscient.

Je lui tiens la main, colle nos paumes, et supplie le Seigneur de nous aider.

La scène se passe au ralenti, je tente inlassablement de le tenir, mais impossible, son corps ne cesse de s'agiter.

Puis brusquement, il arrête de bouger, totalement.

J'écarquille les yeux, mon ventre se tord de douleur.

– Ethan ? chuchoté-je, effrayée.

Un rire nerveux s'échappe de ma gorge, je lève ma tête autour de moi. Ma vue se trouble, la musique s'est arrêtée, les invités semblent être en état de choc. Ils portent leur main à leur bouche, et la famille de Ethan accourt vers nous.

J'abaisse mes yeux sur l'homme que j'aime, imobile.

Malgré moi, un autre ricanement sort de ma bouche.

Je serre sa main fort et lui demande de se réveiller.

J'abaisse ma tête vers la sienne, et embrasse son front.

– Lève-toi mon coeur, c'est fini, tu vas bien.

Je n'ai aucune réponse, je pince mes lèvres jusqu'à ce qu'un goût métallique vienne se déposer sur ma langue.

– Allez, mon coeur. Lève toi.

Mon menton tremble, il ne donne aucun signe de vie. Je me retourne vers sa sœur qui tombe à terre à mes côtés, des larmes coulent abondamment sur son visage.

Je me retourne vers Ethan.

– Allez Ethan, c'est plus drôle là !

J'apporte sa main encore entrelacée avec la mienne, vers ma bouche. J'y dépose mes lèvres et ferme les yeux.

– Réveille-toi, Ethan !
– Elena ?

Je me tourne vers sa maman qui a une expression stoïque sur son visage.

Je secoue frénétiquement la tête.

Le rêve si attendu se transforme en un cauchemar effrayant.

Je me penche vers lui, attrape sa tête lourde, et la dépose du mieux que je peux sur mes genoux, comme lorsqu'il le faisait au Kenya avec moi ou lorsque je m'occupais de lui pendant qu'il était malade.

– Allez mon coeur, répète-je. On se lève maintenant. Ta crise est passée comme d'habitude.

Les bourdonnements des invités agressent mes oreilles et je ferme fort les paupières pour me concentrer sur la personne qui se trouve dans mes bras.

Ses yeux sont fermés à moitié, j'apporte le bout de mes doigts froids sur sa joue.

Son corps est chaud, il est vivant.

– Les ambulanciers arrivent !

Je ne sais pas de qui vient cette information, mais je hoche la tête.

– Ethan, ouvre les yeux, tout va bien, mon coeur.

Ma voix se brise, je ressens chaque petite partie de mon être s'éclater.

Je le repose sur le carrelage froid, sa famille est à mes côtés et Maria tente de m'éloigner de mon humain préféré.

Agressive, je me débats et reste auprès de lui.

Je m'approche de son corps sans vie et colle la paume de sa main contre la mienne. Je ressens les battements de son cœur, comme nous avons l'habitude de le faire.

Je ferme les yeux, n'écoute pas les horribles paroles des invités qui ne cessent de crier qu'il est mort, ni les pleurs ou cris de sa famille.

Je me concentre et tente d'écouter son organe vital qui ne semble pas être animé.

Je fronce les sourcils et me replace correctement.

J'écarquille les yeux lorsque j'entends son faible pouls.

– Il est vivant ! crié-je en relevant ma tête. Il est vivant !
– Ils arrivent, Elena ! m'infrome Lydia, attristée.

Je hoche la tête et la replace sur son torse. Je me concentre sur la faible mélodie de son coeur.

– Tiens bon, tu es fort, tiens bon !

Je serre fort sa main tatouée.

– Ils sont là, tiens bon, répété-je.

Je souris mais lorsque Le Dernier Battement de Ethan retenti, les miens s'accélèrent.

Je fronce les sourcils, tandis qu'on me pousse violemment pour lui faire un massage cardiaque.

Je me sens tirée vers l'arrière, mes genoux sous la robe frottent le sol si rudement que je sens ma peau s'égratigner.

Le samu s'occupe de mon mari, alors qu'on m'éloigne encore de lui.

Je veux crier, me débattre, mais je n'en ai plus la force, son cœur vient de s'arrêter.

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