25

Je tripote mes doigts et fais les cents pas dans la salle à manger. Mon anxiété est tellement forte que je n'arrive pas à la contenir.

Ethan est parti chez le médecin, et j'ai peur du résultat. Ça fait deux heures qu'il n'est pas rentré mais il n'a pas cessé de me rassurer par message.

Je vis pratiquement chez lui, presque toutes mes affaires sont présentes, j'ai délaissé mon appartement et j'ai déposé un arrête maladie à mon travail depuis plus d'un mois pour pouvoir rester à ses côtés.

Les médecins voulaient le garder à l'hôpital, mais il a refusé employant des mots qui m'ont fait mal.

" – Je souhaite passer mes derniers moment chez moi auprès de ma copine."

Je grimace face à ce souvenir douloureux, et lorsque j'entends la poignée de la porte d'entrée descendre, je me dirige vers lui avec la boule au ventre.

Stressée, je lui demande des nouvelles. Son visage est fermé et ma poitrine se compresse.

– J'arrête la chimio, m'annonce-t-il de but en blanc.

Les oreilles qui bourdonnent, je tente d'assimiler ce qu'il vient de me dire.

Impossible.

Je relâche mes bras le long de mon corps, mes épaules crispées et ma vue se trouble.

Ils n'ont pas le droit, ils n'ont pas le droit.

Les larmes me montent aux yeux et je ne fais pas d'effort pour les retenir. Mon menton tremble, je pince des lèvres et supplie le Seigneur que ce ne soit qu'un cauchemar.

La douleur se dessine sur les traits de mon visage, mes tempes battent contre ma tête et ma mâchoire se crispe.

Ce n'est un pur cauchemar, rien d'autre.

J'écarquille les yeux après avoir assimilé l'information et agite mes bras.

– Ce n'est pas possible, Ethan ! Il doit y avoir une solution, on va trouver ! Tu sais quoi on va contacter un autre médecin, et puis... 

Un sanglot s'échappe de ma gorge, je porte ma main à ma bouche pour essayer d'empêcher un autre sortir.

Mes jambes tremblent, je perds l'équilibre et tombe à terre.

Ethan accourt vers moi alors que je pleure telle une enfant. J'en ai le souffle coupé.

Ethan va m'être enlevé.

Je ne peux pas le concevoir, une angoisse profonde prend possession de mon être. Je n'arrive pas à calmer ma cage thoracique, ni ma respiration irrégulière.

" – J'arrête la chimio."

Ses mots me plantent la peau tel un couteau aiguisé.

– Calme-toi, Elena !

Il prend mes mains tremblantes et pose son front contre le mien.

– Je t'en supplie, reprends ton souffle ! Inspire avec moi !

Je fixe ses mains amaigri, et les joins à ma bouche.

Je ne peux pas le perdre.

Sa santé s'est dégradé, il n'est plus l'homme que j'ai connu, ce mystérieux homme qui m'irritent au plus au point.

Il est devenu si faible et j'ai envie de faire tellement plus pour lui, tellement plus !

– On va trouver une solution, je te le promets, tenté-je de me rassurer.

– Calme-toi mon coeur, s'il te plaît.

Je secoue la tête, je ne peux le concevoir.

Ma crise d'angoisse s'amplifie, je n'arrive pas à trouver l'air. Je tiens ma gorge, apeurée.

Je ne peux pas perdre la lumière que Ethan m'a apportée. Je ne peux le perdre.

– Calme-toi, Elena. C'est une bonne nouvelle.

Je relève ma tête, confuse, le visage baigné par les larmes et le mascara qui a coulé.

– Quoi ? balbutié-je, totalement perdue.

Attendant une réponse, je fronce des sourcils.

– Je n'ai plus besoin de chimio parce que miraculeusement, je vais mieux.

Confuse, j'ai un mouvement de recul et j'essuie rapidement mes joues mouillées. 

– Mais pas du tout, Ethan ! m'énervé-je. Tu as de moins en moins d'équilibre, tu vomis plus qu'avant et puis tes crises se sont redoublées !

Il me serre fort et pose son menton sur ma tête où des cheveux ont déjà poussé.

– Extérieurement non, et les prochains jours à venir ce sera sûrement pire, le temps que mon corps s'habitue à l'absence du traitement mais j'irais mieux, Elena. La tumeur s'est miraculeusement dissipée ! C'est ce que le médecin m'a dit !

Je me lève lentement et je le prends dans mes bras. J'essaye de sourire, d'être apaisée, mais en vain. Mon corps refuse de croire qu'il va s'en remettre.

Mon instinct refuse d'y croire...

Il me porte du mieux qu'il peut et m'embrasse le cou, en ricanant.

– Je t'aime, Elena. Je t'aime ! proclame-t-il plusieurs fois. Ne l'oublie jamais !

Je ris aussi et l'embrasse.

– Va te préparer, on va fêter ça !

***

Tenant le bras de Ethan, je monte les marches, habillée d'une robe rouge. Ma coupe garçon me donne un style fésculin que je trouve incroyable.

Un décolleté plongeant dévoile ma poitrine sans pour autant en faire trop et j'ai accessoirisé cette dernière d'un long collier.

Des escarpins vernis noir ont fait la paire, nous nous dirigeons vers le restaurant luxueux qu'il a reservé.

Ethan est vêtu aussi bien que moi, il a bien insisté sur le fait qu'il fallait être resplendissant ce soir.

Le restaurant gastronomique "La réserve de Nice" nous offre la vue sur le couché de soleil qui commence à être caché par les vagues.

Les nuances de couleurs me font penser au Kenya et j'esquisse automatiquement un sourire.

Je place ma main sous mon menton et regarde l'horizon, les étoiles plein des yeux.

Ethan se retourne, regarde le tableau vivant puis m'imite.

– Je pense au...
– Kenya ?

Je penche ma tête sur le côté et hoche la tête.

– C'était incroyable. Je suis nostalgique parfois cette période me manque.
– La période où on se détestait ? Je peux recommencer, tu sais ? Ce ne sera pas forcément compliqué.

Je roule des yeux.

– Faut se calmer Tarzan, je te rappelle que tu dormais dehors un moment.

Il écarquille les yeux et semble se rappeler parfaitement de ces nuits interminables.

– C'était horrible, ricane-t-il.

Le serveur nous dépose notre repas et j'embrasse d'un baiser volant Ethan.

– Elle me manque parfois.
– Faith ? souris-je.

Il confirme.

– Et dire que c'est elle qui ne voulait pas que tu restes.

Il hausse les épaules.

– Tu lui parles parfois ?
– Rarement, je pense lui envoyer un message prochainement. Je veux savoir ce que la tribu devient.

Je bois mon verre de soda et j'acquiesce.

– Tu m'en diras des nouvelles.
– Tu sais que parfois tu me fais penser à elles.

Je l'interroge du regard.

– A ces femmes combattantes, courageuses, qui profitent de chaque instant de la vie malgré leur passé et leurs épreuves.

La chaleur me monte au corps.

– On n'en parle jamais, mais comment tu te sens ?
– Comment ça ? ris-je en évitant son regard.
– Par rapport à ta mère ?

Je hausse les épaules.

– Je n'ai aucune nouvelle depuis.
– Et tu ne veux pas en avoir ?

Je réponds négativement.

– Elle m'a fait trop de mal, Ethan.
– Je sais, et je ,e te demande pas de rester en contact avec elle constamment. Mais prends de temps en temps des nouvelles. On ne sait jamais de quoi est fait demain, mon coeur.

J'acquiesce dans mes pensées.

– Tu as sûrement raison, lui demander comment elle va ne me tuera pas.

Il prend ma main et entrelace nos doigts.

– Tu es magnifique, me complimente-t-il.
– Je ne dirais pas ça de toi, le taquiné-je.

Nous passons la soirée à discuter et rigoler et malgré sa fatigue qui est très forte, nous marchons vers la plage.

Les mouettes sont présentes, le vent frais du début de mois de juin caresse les vagues et les étoiles dans le ciel scintillent de mille feux.

Main dans la main, on s'assoit sur un banc.

– Tu regardes toujours Alya ?

Ethan sourit de toutes ces dents.

– Mon étoile ?

Je hoche la tête.

Je n'oublierai jamais l'expression qu'il a eu lorsqu'il m'a avoué que son ours polaire était l'étoile qu'il veillait sur lui depuis qu'il est petit : Alya.

Cette dernière habitait son regard lorsqu'il parlait d'elle.

– Tu es devenue Alya.

Touchée, je l'embrasse sur la joue.

– Tu es la plus belle chose qui me soit arrivée, Elena. Et tu ne t'en rends pas compte.

Il prend un air sérieux et mes lèvres s'étirent d'un sourire sincère.

– Il en est de même pour moi, Ethan.

Il secoue frénétiquement la tête.

– Tu ne comprends pas, chaque moment passé à tes côtés depuis notre rencontre restera à jamais gravé dans ma mémoire.

Je penche ma tête sur le côté, attentive.

– Chacune de tes paroles tournent en boucle dans ma tête, et tu resteras la seule personne que je veux écouter pendant des heures.

Mon être s'emplit d'une sensation que je ne connais qu'en sa compagnie.

– Les moments où je te détestais me procuraient une émotion que je ne pouvais contrôler.

Je dépose un autre baiser sur sa joue.

– A présent, presque deux ans plus tard, je me rends compte que si je te haïssais c'était parce que je t'aimais trop.

Le silence m'habite.

– Et je ne peux te laisser t'échapper. Tu m'as prouvé que tu serais là dans la maladie et dans la guérison. Dans la tristesse et dans la joie, et je veux te prouver par tous les moyens, Elena, que je t'aime tellement que tu es mon point de lumière ici-bas. Que je regrette de ne pas t'avoir connu, il y a des années plutôt. Que je suis tellement fier de toi, qu'avec tout ce que tu as vécu, tu es devenue cette femme forte et indépendante.

Des frissons hérissent ma peau.

– Depuis mon enfance avec mon beau-père et ma mère, je n'ai jamais cru en l'amour. Mais en te voyant, en nous voyant, je comprends à présent ce qu'est réellement l'amour. Ce sentiment qui nous fait perdre le contrôle et la raison. Celui qui nous fait perdre l'équilibre face à toute rationalité.

Je déglutis lorsque je le vois mettre un genou à terre avec difficulté.

– Mademoiselle Elena Durant, voulez-vous devenir Madame Elena Dubois ? 

J'ouvre grand la bouche.

– Je sais que mon nom de famille est aussi pourri que le tien, se moque-t-il. Mais je veux que nous soyons réuni ici bas et dans l'au-delà.

Pour ne pas changer, mon cœur rate un battement.

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IG : Lynamimy
Youtube : Podcast.lynamimy

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