24
Je tiens si fort la cuvette que les veines de mes mains ressortent. Ethan, épuisé, me tient les cheveux tandis que je renverse le liquide dans les toilettes.
Je ne cesse d'avoir des nausées et de vomir depuis au moins trois jours tandis que mon copain est sorti de l'hôpital, il y a maintenant, plus d'une semaine.
Ethan est de plus en plus affaibli, mais malgré tout, il prend soin de moi comme si ma santé était plus importante que la sienne.
Je ne cesse de lui répéter qu'il peut se rendormir tandis que les nausées me prennent. Mais malgré son teint pâle, il reste à mes côtés, tel l'homme capable qu'il est.
Mais voilà cinq jours que je vais mieux, contrairement à Ethan qui ne cesse de vomir. Il continue d'affirmer que ce sont des malaises d'anxiétés et qu'il ne sait pas réellement ce qu'il lui arrive.
Je tente à chaque fois de faire abstraction au pincement au cœur que je ressens lorsqu'il me ment.
Je le regarde dormir profondément, l'embrasse sur le front et me lève du lit pour me diriger dans la salle de bains.
Je me regarde dans le miroir et touche ma longue chevelure châtain claire. J'entremêle mes mèches entre mes doigts et laisse ma main jouer avec pour une dernière fois avant longtemps.
J'ouvre le meuble derrière moi et saisis la tondeuse d'Ethan.
Et sans hésiter, je l'apporte à mes cheveux pour me raser complètement le crâne. Le sourire aux lèvres, je continue de me tondre la tête.
Ethan n'est pas seul dans cette épreuve et je veux le lui montrer. Je l'accompagnerai jusqu'à son dernier souffle, et cela peu importe si je dois perdre mon travail ou mes cheveux.
J'éteins la tondeuse, ramasse mes longs cheveux étalés sur le sol et relève mes yeux dans le miroir. J'analyse mon reflet d'un air stupéfaite.
La main tremblante, je touche du bout des doigts ma tête lisse, je glisse cette dernière sur toute cette zone et une larme coule le long de ma joue.
Ma paume frôle mon crâne et des frissons me parcourent le corps. Je tourne légèrement ma tête de droite à gauche et me regarde attentivement.
Étonnement, je me sens toujours aussi sublime. J'attrape mon huile de ricin et me l'applique sur toute la zone.
J'ai pris cette décision, il y a peu de temps, et je ne la regrette pas le moindre du monde.
Je tourne ma tête vers Ethan, qui est près de la porte. Il me regarde, la bouche grand ouverte.
J'émets un petit rire, ne sachant pas comment prendre sa réaction. Il semble si étonné et si ému.
– Tu..., commence-t-il.
Mais sa voix se brise avant même de finir sa phrase. Ses yeux brillent et son buste se soulève lourdement.
Je me tourne vers lui, le corps tremblant, j'appréhende tellement sa réaction.
– Tu aimes ? demandé-je, timidement.
Il ne dit rien et pince ses lèvres. Ethan ne sait comment réagir, nous restons alors à se regarder dans le blanc des yeux.
– Tu le sais depuis combien de temps ? finit-il par me dire.
Je déglutis.
– Réponds-moi, s'il te plait.
Sa voix tressaille, Ethan est au bord du gouffre.
Je m'approche de lui et apporte sa main sur ma joue. Je ferme les yeux et profite de son chaleureux contact.
– Qu'importe ?
Je relève ma tête et le fixe en imprégnant son visage dans ma mémoire.
Sa main tient fermement ma joue, Ethan n'arrive pas à poser son regard sur moi. Une larme perle de son œil et je la lui essuie en avalant un sanglot.
– S'il te plait.
J'avale difficilement ma salive.
– Depuis ta crise, à l'hôpital.
Ethan ferme fort les paupières et me prend dans ses bras en posant son menton sur ma tête.
– Je suis désolé, Elena. Pour tout.
Je secoue frénétiquement la tête.
– Tu n'as pas à t'excuser, ça va aller Ethan.
Il me serre fort et je m'affaisse dans ses bras.
– On surmontera cette épreuve. Ensemble. Tu vas t'en sortir, le rassuré-je. On va s'en sortir.
– Non, Elena. C'est mon épreuve, je dois supporter ce fardeau, seul.
Je me détache de lui et prends sa tête entre mes mains. Je colle mon front contre le sien et chuchote :
– Ne dis plus jamais ça, Ethan.
Nos nez se frôlent.
– Je resterai avec toi, et nous combattrons ce satané cancer. Il ne gagnera pas.
Nos respirations se concordent.
– Il est trop tard, mon coeur.
Je soupire.
– Il est trop tard, répète-t-il.
– Ecoute moi bien.
Je tiens sa nuque et l'empoigne.
– Le temps que tu respires, il n'est pas trop tard.
Ma gorge se noue et je sens la sienne se tordre aussi de douleur.
– Abandonne Elena, il y a plus aucun espoir.
Je grince des dents.
– Ne dis plus jamais ça. Il y a toujours un Dernier Espoir.
Ethan secoue la tête contre la mienne, et je l'entends grincer des dents.
– Pas pour moi. C'est bientôt la fin, il faut l'accepter.
J'avale difficilement ma salive.
– Ne dis pas ça, je t'en supplie, arrête.
Il attrape ma main et la serre fort.
– Elena, je ne veux pas que tu souffres après ma...
J'écarquille les yeux et pose mon index sur ses lèvres.
– Arrête.
– Il le faut. Tu dois l'accepter, on le doit.
Je ferme les yeux tandis que la douleur que ressent mon cœur s'échappe de ces derniers.
Je relève ma tête vers lui, j'enroule mes bras autour de sa taille et Ethan ne tarde pas à capturer mes lèvres des siennes.
Un baiser sauvage, ardent, empli de passion. Ethan me fait reculer et mon dos cogne contre le mur de la salle de bains. J'émet un gémissement qui signifie tant de choses.
Je mords sa lèvre inférieure et il se retient de ne pas griffer mon dos. Ethan appuie tellement ses doigts contre ce dernier, que j'en suis sûre que les marques de sa main y sont inscrites.
Ma langue s'enroule avec la sienne et il passe ses bras en dessous de mes fesses pour me poser sur le meuble.
Nos gestes sont loin d'être doux et sensuels, ils sont bruts, violents tout comme l'amour que l'on se porte.
Tout comme les sentiments haineux que j'avais pour lui au début ou comme les sentiments ardents que j'éprouve à présent en cet instant.
Sa bouche se fond sur la mienne, mes mains sont sur son torse musclé, caressant chaque parcelle de son corps.
Je veux les imprimer à jamais dans mes souvenirs, sur le bout de mes doigts.
Ethan plonge sur mon cou, il dépose des baisers brûlants le long de ma mâchoire pour venir se fondre sur la naissance de ma poitrine cachée par ma nuisette rose.
Ma moitié aspire ma peau, il la lèche, la suce au point où l'odeur de son corps vient remplacer la mienne.
Sa main se pose sur ma cuisse, où ma robe de chambre s'arrête. D'un geste lent, il glisse ses doigts sous cette dernière.
Je balance ma tête en arrière et soupire de plaisir. Sa main droite continue de remonter vers mon intimité pendant que sa langue continue de jouer avec ma peau.
La respiration haletante, le corps qui s'embrase, je tente de reprendre mes esprits, mais impossible.
Le désir m'habite, il m'envahit et prend possession de mon âme.
La chaleur me consume tel la lave d'un volcan, je ne peux respirer correctement lorsque ses doigts habiles touchent mon trésor.
Je le sens épuisée, mais il continue et mes yeux se révulsent. Je sens la dopamine s'éclater, je sens l'hormone de bonheur s'éparpiller.
Ethan fait tomber une bretelle de mon vêtement, puis l'autre. Il mordille ma peau et lèche cette dernière avec une sensualité inexplicable.
Je gémis, Ethan se prépare, il m'approche de lui, j'enroule mes mains autour de sa nuque.
Son front collé contre le mien, je le chevauche.
Nous ne faisons plus qu'un.
Je suis à lui tout comme il m'appartient, et cela, jusqu'à notre dernier souffle.
***
– Elena..., soupire-t-il difficilement.
– Oui, mon coeur ? dis-je en tentant de dissimuler ma voix qui se brise. Tu veux de l'eau ?
Il hoche la tête.
Ethan est de plus en plus épuisé, il ne cesse de tousser et de faire des crises d'épilepsie.
Depuis deux semaines, il semble être malade à en mourir et je prie pour que ces derniers moments ne soient pas encore présents.
Je lui ramène son verre d'eau, mets sa tête sur mes genoux, prends le gant de toilette mouillé et le lui pose sur son front.
Je ricane et lui prends sa main tatouée dans la mienne. Mes doigts tracent son papillon et je ressens une décharge électrique.
– C'est mon tour maintenant, chuchoté-je avec un sourire au coin.
Il fronce les sourcils et je le laisse comprendre par lui même.
Ethan fixe mes doigts qui tracent les contours des ailes du papillon et il ferme les yeux.
– Les rôles se sont inversés.
Je souris et soupire en pensant au Kenya.
Des flashbacks me traversent l'esprit, il était tellement au petit soin que je me dois de lui rendre l'appareil de la meilleure des façons.
Ethan saisit ma main tatouée et colle les ailes de nos tatouages à côtés.
Ils forment deux grands papillons unis.
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