23
Je porte ma main sur ma gorge et tente d'esquisser un sourire.
– Reprends-toi, Elena, m'ordonné-je, la voix tremblante de douleur.
Une larme coule le long de ma joue gauche. Cette dernière, salée, vient effleurer le recoin de mes lèvres étirées en un sourire au coin.
Je me glisse contre le mur, le corps tremblant et l'âme souillée. Je ferme ma bouche et tente de réprimander un sanglot qui m'arrache le cœur.
Ethan va m'être enlevé.
La vie va me l'emporter.
Comment survivrais-je sans lui ?
Un autre sanglot apparut, et je ferme fort les paupières pour me concentrer, je ne dois rien laisser paraître ; Ethan a besoin de moi.
Tout comme j'ai besoin de lui.
Je me relève avec difficulté, efface toutes traces de peine qui ont pu s'échapper de mon être et me tourne vers la porte où mon âme sœur se trouve, pour rester à ses côtés.
La poignée qui grince me procure des frissons, je relève ma tête vers lui, il est assis et nos regards se croisent.
– Elena !
Une lueur d'espoir traverse ses iris tandis que les miennes tentent de transmettre autre chose que de la douleur.
– Tu m'as fait une de ses frayeurs ! dis-je faussement enjouée en m'approchant de lui pour l'enlacer.
– Ce n'est rien, dit-il en m'embrassant le cou.
Je pose ma tête sur son épaule et l'enlace fort.
– C'est dû au stress, ne t'en fais pas.
Je ferme fort les paupières et tente de calmer mes lèvres tremblantes.
– Ma tension est basse, ils vont devoir me garder trois jours, me chuchote-t-il dans l'oreille.
Je hoche la tête en écoutant les morceaux de mon organe vitale se briser.
– Tu te sens comment ? demandé-je, la voix cassée.
– Je vais bien, Elena, tente-t-il de me rassurer. J'étais juste un peu anxieux, ces derniers temps, mais ça va mieux.
L'intonation de sa voix copie la mienne. Ethan a dû mal à me mentir, son corps lui joue des tours, le cancer l'entraîne dans sa chute.
– Ne t'en fais pas, rien d'alarmant.
Assise sur son lit d'hôpital, j'enroule mes bras autour de sa taille et l'enlace comme si ma vie en dépendait.
– Je peux dormir chez toi ? demandé-je, timidement.
Ethan pose son menton sur mon épaule et je le sens hocher la tête.
– Je vais te donner les clés.
J'acquiesce et recule un peu pour enlever mes chaussures et m'allonger à ses côtés.
Ethan prend mon menton avec son index et son pouce et m'analyse du regard.
– Tu vas bien ?
Je n'ose le regarder, les sourcils tremblants et la respiration coupée.
Je confirme de la tête en me mordant la lèvre inférieure.
– Tu m'as juste fait peur.
Il s'allonge et je l'imite en posant sa tête sur son torse.
– Je suis désolé, s'excuse-t-il en posant son menton sur mes cheveux.
Je secoue la tête.
– Ne t'excuse pas, tu n'y est pour rien.
Nos doigts s'entrelacent lentement, Ethan colle sa main contre la mienne. Nos paumes s'emboîtent parfaitement.
Je ferme les yeux, prends une grande inspiration et écoute nos cœur battre à l'unisson contre nos paumes.
Seuls nos battements affolants et notre respiration saccadée sont présents dans la pièce.
Son autre main rejoint la mienne, elles s'entrelacent et se tiennent si fort qu'il en est impossible de les décoller.
Notre histoire se trouve au milieu de cette union charnelle et sensible.
Les papillons ne cessent de s'agiter, prenant possession, de tout mon corps, de mon être.
L'amour impossible nous habite, et il transforme notre âme en un abîme souillé par ce sentiment qu'est l'amour.
A la fois le meilleur et le pire. Il nous entraîne vers un tourbillon d'émotions que l'on ne peut contrôler.
Avoir laissé notre cœur prendre la place de notre esprit, nous sommes devenus vulnérable, sans même s'en rendre compte.
La rose fanée qui se trouvait en moi, s'est mise à fleurir, des milliers de frissons de bonheur parcourent mon enveloppe corporelle.
Mon âme se détache de mon cœur pour venir rejoindre le septième ciel.
Je m'allonge sur ce petit nuage qui devient rapidement ma zone de confort, je m'y accroche tellement fort que mes mains réussissent à saisir ce coussin de coton.
Malheureusement, celui-ci s'échappe de mes doigts, je retombe sur terre avec une rapidité étonnante.
J'ai peur, mon organe bat à la chamade mais un sourire habite mes lèvres, car je ne ne pense qu'à une seule chose : l'amour.
Le cancer arrache physiquement Ethan de ma vie, mais notre amour éternel continuera de briller en moi, indélébile et puissant.
– Je t'aime Elena, et je ne cesserai de t'aimer jusqu'à mon dernier souffle...
Je laisse une larme s'échapper.
– ... et dans l'au-delà.
Puis une autre.
***
Je referme la porte d'entrée de l'appartement de Ethan et accours dans sa chambre en soupirant de tristesse.
Je ne cesse depuis ce matin de demander au Seigneur de m'enlever ce poids qui m'alourdit, mais, en vain. Il ne cesse d'augmenter la pression de cette douleur.
Je retire mes vêtements et m'allonge en sous-vêtement dans son lit. Je serre fort son coussin et laisse mes émotions prendre le dessus.
Je sanglote tellement que des vaisseaux s'éclatent sur mon visage.
Ma gorge est nouée, je ne peux respirer. Toute la peine se trouve, à présent, dans mes cris étouffés.
Je m'imprègne de son odeur par peur de l'oublier, je regarde nos photos, par peur d'effacer son visage de ma mémoire.
Je me relève, le corps sans vie et me dirige vers la salle de bains.
J'entre sous la douche, en sous-vêtements, et laisse l'eau froide geler mon corps en espérant qu'elle vienne refroidir aussi mon cœur meurtri.
Je relève la tête, les cheveux mouillés et les yeux clos, je ferme les poings et reprends doucement le contrôle.
Je ne peux pas laisser mes émotions détruire le peu de temps qu'il me reste avec l'homme qui jadis, je détestais. Je dois me reprendre en main, malgré le trou béant qui m'habite.
Les moments passés à ses côtés me reviennent en mémoire et son rire rauque vient chatouiller mes oreilles.
Et je prie pour que ce son me hante pour toujours...
Quelques heures plus tard, sa sœur me rend visite, et à peine m'avoir vu, qu'elle me prend dans ses bras.
– Tu es au courant ? chuchote-t-elle la voix aussi tremblante que la mienne.
Je la serre fort.
– Il ne doit pas savoir.
Elle hoche la tête puis nous allons nous asseoir.
Amy m'explique que ça fait un moment qu'ils sont au courant et que son état se dégrade de jour en jour.
Sa mère et elle ont du mal à supporter la nouvelle, elle m'informe également que le jour de notre rencontre, elle lui avait demandé si j'étais au courant et que comptait-il faire avec moi.
J'acquiesce en me rappelant alors de leur conversation.
– Pour moi, vous êtes des âmes sœurs, Elena. Et je te remercie de rendre la vie de mon frère plus aimable. Tu ne sais pas à quel point il tient à toi et t'aime.
Sa tête sur mes genoux, je caresse les cheveux de ma belle-sœur en l'écoutant attentivement.
Le regard vide, je sens une partie de moi s'envoler tels les ailes de papillons qui s'agitent.
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