S'il y a deux semaines, je voulais l'embrasser, je veux actuellement l'enterrer vivant. Ce connard a recommencé, il est reparti, sans donner aucun signe de vie.
La dernière fois que je l'ai vu, c'était à la cérémonie, mais il s'est volatilisé comme s'il n'est jamais venu. Il m'a laissé en plan, ne comprenant pas comment j'ai pu gagner alors que je n'avais même pas fini mon projet.
Il m'a laissé faire un discours dans une incompréhension totale. Et à peine ai-je descendu de l'estrade que j'ai couru à sa recherche mais il s'est trouvé nul part.
Comme un ange, il est apparu, et comme un démon, il a disparu. J'en ai conclu que Ethan est un ange déchu.
J'arrive au travail, la mine fermée, Marc revient aujourd'hui. Cet enfoiré a été sanctionné seulement deux semaines, deux putain de semaines.
Il ouvre la porte, le sourire aux lèvres, il passe devant moi et m'adresse un clin d'œil avant de saluer tout le monde. Ses collègues ne cessent de lui dire à quel point "la boîte était vide sans lui"
Bande de pervers.
Je claque des dents, j'en ai ma claque de ces personnes qui ne pensent qu'avec leur sexe, qui se prennent pour des mâles Alpha, alors qu'ils ne sont que des minables. J'ai pitié pour eux.
Cela fait des années que je supporte leur commentaires, leur mains baladeuses ou encore leur critique seulement parce que je suis une femme.
Et depuis une semaine, la phrase de Samia me trotte dans la tête :
" – Nous devons faire quelque chose."
En effet, elle a raison, mais quelle serait la solution ? Pour enfin être en paix, sans se faire rabaisser ou humilier.
Je ne veux plus avoir peur lorsque je rentre chez moi tard le soir.
Je ne veux plus que les hommes se sentent supérieur à nous, sous pretexte qu'ils sont soi-disant plus « forts »
Je ne veux plus qu'on me taxe de féministe extrémiste parce que j'exige le respect pour nous, les femmes.
Je ne veux plus avoir à me méfier de tout le monde et généraliser malgré moi.
Et je suis convaincue que je ne suis pas la seule à penser comme cela, mais comment faire pour enfin changer ce schéma ?
Ils devraient tous partir à Umoja pour se rendre compte des dégâts qu'ils peuvent causer, et encore...
Il y a des personnes qui ne remarqueront sûrement pas le mal qu'ils font, contrairement à Ethan qui a été compréhensif et touché face à ses combattantes.
Je grince des dents, où est-ce salopard ?
J'ai l'impression d'être enceinte tant mes changements d'humeurs sont violents.
– Alors ? Tout va bien ?
– Ne me cherche pas Marc, ce n'est pas le moment, dis-je violemment.
Je remercie Dieu lorsqu'il voit que je ne bluffe pas, il se remet au travail sans m'adresser un seul regard et je soupire de soulagement lorsque c'est la fin de ma journée. Je ramasse mes affaires et me dirige chez Maria qui m'attend avec Lydia.
– C'est bon ? Tu l'as enfin compris ?
Je roule des yeux.
– Mais je le déteste en même temps ! J'en suis consciente que je l'apprécie mais pourquoi il me fait ça ! Je ne veux pas le voir et en même temps, je veux le prendre dans mes bras ! me plains-je en m'allongeant à même le sol de la chambre de mon amie.
Lydia et Maria se regardent, les yeux grands ouverts.
– On ne t'a jamais vu comme ça.
– Je sais, soufflé-je.
– Il t'a ensorcelé, je ne vois aucune autre explication, dit Lydia.
– Je confirme, on ne te reconnaît plus, ricane Maria. C'est super drôle, toi qui a l'habitude de contrôler tes émotions.
Je lui lance un regard noir qui retire son sourire et me mets sur le côté la main sur la tête, j'ai l'air d'une adolescente en pleine crise émotionnelle.
– Je ne comprends pas pourquoi il ne répond pas à mes messages.
– Tu lui en as envoyé d'autres ? demande l'avocate.
Je secoue la tête.
– Elena, c'était il y a trois semaines, bien avant que tu ne le revois. Tu ne lui en as pas envoyé d'autres, n'est-ce pas ?
– Bah oui, et puis ?
Lydia soupire et lance un regard complice à notre amie, assise en tailleur.
– Et si tu lui en envoyais un ? suggère cette dernière.
– Et pour dire quoi ? demandé-je en me laissant tomber sur le dos.
– J'ai une idée ! s'écrie Lydia en se levant du lit.
Je la regarde d'un air douteux et lui demande de continuer.
– Et si tu faisais croire que tu avais besoin de lui.
– Je n'ai besoin de personne, craché-je.
Elle soupire.
– Non, plus sérieusement, dis-lui que t'as besoin de lui, et s'il t'apprécie, il va accourir vers toi.
– On ne s'aime pas, Lydia, lui rappelé-je.
Ni une seconde de plus, je reçois un coussin dans ma tête, et je grogne.
***
– Rappelle-moi, qui es-tu Elena ? murmuré-je en me garant. Elena, me rassuré-je.
Bravo Sherlock.
– Tu as vécu bien pire, on est d'accord ?
Je hoche la tête.
Je deviens folle, que vais-je devenir ?
Je parle toute seulement maintenant, je te maudis Ethan Dubois.
– Allez, courage.
Je sors de la voiture, l'air confiant – ce que je ne suis pas, mais comme un dicton le rappelle si bien : "Fake it Until You Make IT" et traverse en le voyant déjà assis au café.
Le lendemain du rendez-vous avec les filles, je lui ai envoyé un message, en prétextant avoir besoin de lui. Il m'a seulement répondu en me donnant rendez-vous aujourd'hui à ce merveilleux café, près de la plage.
Le vent frais vient jouer avec mes cheveux, je referme sur moi la petite veste que je porte et entre.
Je tourne la tête à gauche et le découvre, avec son crâne aussi lisse qu'il y a quelques semaines.
Le visage dur, je m'approche de lui et m'assois sans prendre la peine de le saluer. La serveuse vient prendre ma commande, et je tente de cacher ma nervosité, en vain. Des sueurs sont limite en train de perler le long de mon front telle les chutes du Niagara.
– Tu vas bien ?
– Oui et toi ? dis-je en retirant ma veste.
Son large buste est couvert d'un haut bleu marine, qui va parfaitement avec son teint, une collier fin habille son cou et de ce que j'ai vu en entrant, il porte un pantalon droit noir corbeau, Ethan est vraiment l'homme qu'il pense être.
Concentre toi, Elena, Nom de Dieu.
– Qu'est-ce qu'il se passe ?
– Rien du tout, pourquoi ? dis-je rapidement en buvant mon café.
Et bien, on voit que tu es concentrée.
Il fronce les sourcils et penche sa tête légèrement en émettant un petit sourire au coin qui a le don de ne pas me laisser indifférente.
Je le hais.
– Tu as dis avoir besoin de moi.
Je me racle la gorge.
– Ah bon ? Mais c'est toi qui m'a demandé de venir.
– Elena, me réprimande-t-il.
– Ethan, réponds-je avec le même ton.
Je continue de boire et me retiens de ne pas m'étouffer en entendant sa question inattendue.
– Qui est le mec que tu as enlacé le jour de la remise de prix ?
Je l'interroge du regard en essuyant le coin de ma bouche.
– Un des jurys.
Oh.
– Ayden ?
– Je ne sais pas, je te le demande.
Son ton est froid.
– Un ami d'enfance, je l'ai connu au collège,
pourquoi ?
– Un ami ? répète-t-il sur ses gardes.
– Je pensais que t'étais parti avant.
Il ne répond plus et croque son croissant.
– Sa main posée sur le bas de ton dos était un geste tout sauf amical.
– Tu es jaloux ? demandé-je, l'air fière.
– Pas le moindre du monde.
– Je ne te crois pas.
– Je m'en tappe, ça ne change rien à ma vie. Je dis ça juste pour toi.
– Bien sûr, réponds-je en hochant la tête. Pour moi.
– Il n'y aucune autre raison, ment-il.
Mine de rien, il a raison. Ayden et moi avons eu une période d'ambiguïté, il y a très longtemps, mais on s'est tous les deux rendu compte que nous étions de simples amis. Après le lycée, il dû déménager à Marseille pour suivre ses études.
Un silence plane entre nous, il n'est ni pesant ni agréable, il évite mon regard, en fixant la vitre, tandis que je tente de déchiffrer son expression faciale qui reste impassible.
– Pourquoi tu pars à chaque fois sans prévenir personne ?
Pris de court, il tourne lentement sa tête et hésite à me répondre.
– Je préviens Nathan.
– Tu ne me préviens pas.
Il croise les bras sur son buste.
– Je ne pars pas.
J'arque un sourcil.
– Tu a fais ça deux fois, pendant deux semaines.
– Pourquoi tu as dit que tu avais besoin de moi, je suis là pour ça.
– Je n'ai pas besoin de toi, craché-je.
Je joins mes mains sur la table et le fixe ardemment.
– Réponds moi.
– J'ai des problèmes personnels.
Un rire amer m'échappe et je roule des yeux.
– "Des problèmes personnels" ? C'est interdit de répondre aux messages que je t'envoie ?
Il hausse les épaules et je demande au Seigneur de me donner de la force pour ne pas le tuer sur place, devant tout le monde.
– Je n'ai rien à dire.
Ethan froid est de retour.
– J'en ai marre de tes sautes d'humeurs, Ethan. Qu'est-ce que tu me veux, à la fin ?
– C'est toi qui m'a envoyé un message.
– Parce que tu es distant et juste après non, je te hais tellement.
– Je sais.
– C'est tout ce que tu trouves à dire ?
Il ne répond pas car il est pris d'une toux aiguë, je fronce les sourcils et demande de l'eau à la serveuse. J'hésite à placer ma main sur son dos, car elle semble plutôt forte. La colère a laissé place à l'inquiétude.
Les gens autour de nous lui demandent si tout va bien et il tâche de leur répondre positivement. Quelques instants plus tard, il réussit à se calmer et me regarde avec aucune expression sur son visage.
J'ai soudain l'envie de le prendre dans mes bras.
– On disait ?
Je lève les yeux au ciel, il ne veut pas parler de ça et je réponds à ses désirs.
– Tu as des problèmes personnels, donc ?
Il hoche la tête et regarde l'heure sur son téléphone posé sur la table, il est un peu plus de seize heures.
– Tu as faim ?
– Quels genre de problèmes ?
– Justement, c'est personnel, ricane-t-il. C'est privé, c'est pour ça qu'on appelle ça comme ça.
Privé ?
Et sa langue dans ma bouche au Kenya était aussi privé ?
Je retire ses pensées de ma tête et continue à le questionner.
– Comment se fait-il que j'ai gagné le concours ?
Cette fois, un grand sourire, un sourire sincère enjolive son visage.
– Tu te sens comment ?
– Ce n'était pas ma question, Ethan.
– Tu as faim ?
– Non..
– Tu auras faim après ? Je connais un très bon sushi, mais il est au bout de la ville, on peut commander et se poser dans sur la plage après, si tu veux.
Je le regarde, perturbée.
Comment peut-il être si aléatoire et mystérieux en même temps ?
– Tu aimes les sushis, rassure-moi ?
– Oui, Ethan. Tu peux répondre à mes questions, maintenant, s'il te plait.
Il soupire et s'exécute.
– C'était ce que tu voulais, non ?
– Mais je n'avais pas fini le projet.
– Je sais.
J'écarquille les yeux.
– Tu n'as pas fait ça ?
Il hausse les épaules.
– J'ai vu à quel point c'était important pour toi, dit-il, nonchalant. Je te l'ai dit, je m'en foutais du concours. J'ai pu découvrir une nouvelle culture, c'était le plus important.
– Mais juste avant de partir au Kenya, tu avais l'air si déterminé, si compétiteur.
– Parce que je le suis, et puis j'aimais bien te faire chier, mais ça ne m'intéressait pas. Ce que je voulais c'était voyager.
Une émotion totalement inconnue me parcourt, je suis si triste et heureuse en même. Je ne sais pas comment réagir, j'approche alors juste, avec hésitation, ma main tatouée, de la sienne et entrelace mes doigts, comme pour le remercier.
Son contact chaud me fait frissonner mais je ne lui montre pas et nous restons ainsi sans dire la moindre parole. Il n'est finalement pas l'homme que je pensais.
Ce fameux miracle était donc Ethan, mon concurrent.
***
Nous nous sommes posés sur la plage mais il a plût, nous nous sommes donc réfugiés dans ma voiture avec les sushis qui viennent d'être servi.
– Ethan, hors de question de manger dans ma voiture, je viens de la nettoyer.
– Et je n'ai pas ramené la mienne, j'habite à côté, répond-il en essuyant l'eau sur son crâne lisse.
Ses cheveux me manquent.
– Ça t'intrigue ? ricane-t-il.
– De quoi ?
– Mes cheveux.
– Pourquoi t'as tout rasé ?
– T'aime pas ?
– J'aime bien, mais tes cheveux me manquent.
– Ça pousse.
– Je sais, mais je préfère tes cheveux.
– Tu veux que j'aille les chercher dans ma poubelle ? se moque-t-il.
– T'as fait ça tout seul ?
Il se contracte.
– Oui.
– Et comment t'as fait pour le derrière ?
– Ma sœur m'a aidée.
Je ne pose pas plus de questions, ce mec est trop bizarre.
– Bon, on fait quoi ? demande-t-il en grimaçant parce que j'ai faim à se refroidit.
– On ne mange pas dans ma voiture, répété-je. Hors de question.
– C'est bizarre si je te propose de venir chez moi ?
Je déglutis.
– Non, pourquoi ?
Bien sûr que non, ce n'est pas bizarre, je vais simplement me retrouver chez lui. Seule.
– Prends la route, j'habite dans la rue parallèle.
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Ig : Lynamimy
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