16
1er mars.
Une serviette autour de mon corps, je contemple ma robe en satin rouge et l'enfile, une boule à la gorge. Malgré notre abandon pour le concours, nous sommes quand même dans l'obligation d'assister à la remise de prix.
Sera-t-il présent ?
Ethan n'a toujours pas fait son apparition et bien que je n'ai plus cherché après lui, mes pensées se sont tout de même dirigées vers sa personne.
Comment sera-t-il vêtu ?
Je secoue frénétiquement la tête et tente de faire abstraction de ses pensées en me maquillant.
Je décide de partir sur un eye-liner noir qui accentuera mes iris vertes et me coiffe d'un chignon décoiffé.
Je soupire et pose mon pinceau d'un air déçue. Je relève mon regard vers mon reflet, j'ai l'air splendide, mais à quoi bon ?
Ce concours était ma seule chance, et je n'ai malheureusement pas pu remporter ce prix que je voulais tant.
– Allez, Elena, courage.
Je me lève et enfile mes escarpins vernis noir, je n'ai peut être pas gagner, mais je rencontrerai de nouvelles personnes qui m'emmènera sûrement vers des contacts qui amèneront la réussite à mes pieds.
Je me regarde une dernière fois, la robe épouse parfaite mon corps et le dos nu plongeant offre une vue peu défavorable. J'ai conscience d'avoir un égo qui est maintenant surdimensionné, mais je plaque tout de même un faux sourire sur mon visage et me dirige vers ma voiture.
Vingt minutes plus tard, je suis arrivée à l'Ecole de journalisme à Nice, où les palmarès des prix nationaux sont remis.
J'entre dans la salle, le cœur battant à la chamade, il est dix-huit heures trente et la pièce est bondée de monde, habillés tous d'une façon chic et classe.
Je prends une coupe de champagne à ma droite et me dirige d'un pas lent et d'un air confiant vers Nathan. Ce dernier me salue d'une bise, la main dans le bas de mon dos et me complimente.
– Toujours aussi ravissante.
Je le remercie d'un signe de tête, et après avoir posé mon verre, je me dirige vers les toilettes.
Je me lave les mains et soupire.
Je ne l'ai pas encore vu.
Viendra-t-il ?
Je ne sais pas ce qu'il a bien pu me faire, mais je n'arrive pas à le sortir de ma tête. J'aurais aimé qu'il se pointe habillé d'un costume qui moulerait parfaitement sa musculature et ses cheveux attachés en un chignon, puis...
Stop.
– Reprends-toi, me réprimandé-je.
A peine sortie des W.C, mes yeux parcourent l'endroit, pratiquement toute l'équipe est là sauf lui.
– Tiens, donc ?
Les sourcils froncés, je me tourne vers Marc qui s'approche dangereusement de moi. Je lève la tête haute et arque un sourcil.
– Tu es magnifique, Elena.
– Laisse-moi passer, Marc, dis-je sèchement.
Il continue de s'approcher de moi et je tente de ne pas être bloquée contre le mur, mais en vain.
– Mais tu es bien trop belle pour ça.
Je grimace, écoeurée.
Sa main s'approche lentement de mon visage pour dégager une mèche derrière mon oreille. Tétanisée, je ne peux bouger.
– Un mois sans la vue de ton corps dans la même pièce que moi était insupportable, je te l'ai déjà dit, non ?
Je déglutis et tente de chercher de l'aide, mais personne. Les toilettes sont éloignées de la cérémonie, mon esprit ordonne à mes membres de bouger, mais impossible, je suis figée.
Il place sa main vers le bas de mon dos, puis descend pour empoigner violemment une de mes fesses. Il s'éloigne rapidement lorsqu'une voix lointaine lui crie d'arrêter.
Je cligne plusieurs fois des paupières, tétanisée, quand j'apperçois du mieux que je peux une jeune femme arriver vers nous en courant.
J'ai la tête qui tourne.
Marc se recule, mais j'ai toujours l'impression d'être encore piégée. Je le regarde, les yeux vides et la respiration haletante.
– Sécurité ! crie-t-elle.
J'écarquille les yeux et décide de l'arrêter avant que quelqu'un ne l'entende.
– Casse-toi Marc, si tu ne veux pas que je prévienne la sécurité, tenté-je de le menacer, d'un air froid.
Ce dernier me lance un regard de défi et je feins de le faire mais il m'en empêche en levant les mains en l'air.
– Je m'en vais, c'est bon. Nous étions seulement en train de jouer, c'est tout, répond-il d'un sourire moqueur suivi d'un clin d'œil.
Un nouveau frisson parcourt mon dos et je souffle enfin lorsque je ne le vois plus. Je n'ose regarder la jeune femme qui demande si je vais bien.
Je hoche difficilement la tête. Elle part dans les toilettes et revient avec une serviette mouillée d'un peu d'eau, elle m'incite à la mettre sur ma nuque, et après hésitation, je m'exécute et la remercie d'un petit sourire.
– Samia, se présente-t-elle en me tendant la main.
Je pose enfin mes yeux sur elle et sourit lorsque je vois sa beauté resplendissante.
Ladite Samia est habillée d'une longue jupe beige et d'une petite veste chic noire et blanche, elle porte également un magnifique voile blanc qui fait sortir son bronzage et ses yeux noisettes.
– Elena, lui dis-en en serrant sa poigne.
– Tu te sens mieux ?
Je confirme, et elle me propose d'aller s'asseoir, je la suis sans hésiter.
– Les hommes, siffle-t-elle.
– Il me dégoûte.
– De plus, il doit avoir quoi ? Cinquante ans ?
Je hausse les épaules.
– Tu ne m'en veux pas que je n'ai pas appelé la sécurité ?
Elle boit son jus d'ananas et se tourne vers moi en secouant la tête.
– Bien sûr que non, je comprends. Sur le coup, on ne veut pas attirer l'attention, ayant peur des remarques ou des jugements donc bien sûr que je ne t'en veux pas, c'est à la société que j'en veux.
Je croise les jambes et l'écoute attentivement.
– D'autant plus que notre travail n'est pas forcément facile. Je ne sais pas toi, mais moi je ne travaille qu'avec des hommes qui sont pour la plupart misogynes.
Je pince des lèvres.
– De même.
– On devrait faire quelque chose !
Je ricane.
– Quoi ?
– Je ne sais pas ! Mais j'en ai marre de la discrimination, de la mysogine ou encore du rascime.
– C'est vrai que ça doit être compliqué aussi pour toi, dis-je tristement. Il ne te laisse pas travailler avec le voile ?
– Je travaille en Angleterre, j'ai donc la chance de pouvoir travailler avec, répond-elle en souriant.
Je penche ma tête sur le côté, interloquée.
– Qu'est-ce qui t'amène ici alors ? De plus, tu n'as pas d'accents.
– Ma meilleure amie participe pour le prix du photojournalisme, je suis venue la soutenir. Puis, j'ai vécu ici toute ma vie, je suis juste partie pour mon métier en Angleterre pour pouvoir être totalement moi.
J'acquiesce, compréhensive.
– C'est dommage qu'en France, il y ait cette barrière, dis-je tristement.
Elle hausse les épaules.
– C'est bien pour ça que je suis partie vivre en Angleterre, mais bon si le racisme n'est pas prédominant là-bas, il y a quand même des connards.
Je me joins à son rire ironique et la remercie intérieurement d'avoir pu m'enlever l'oppression que je ressentais il y a quelques instants. Nous continuons à parler de la beauté des différences et je lui raconte ce que j'ai appris sur les femmes de Umoja.
Une pointe de nostalgie me parcourt lorsque je parle de Nia, la jeune femme qui a su capturer mon coeur.
Puis une heure plus tard, la cérémonie commence, elle se dirige vers son amie tandis que je m'assois seule devant mon équipe, Marc n'est plus là, et je souffle de soulagement.
Nathan m'informe qu'il sait ce qu'il s'est passé, une femme a prévenu un agent de sécurité en voyant la scène, mon responsable promet d'agir. Et même si je n'ai pas beaucoup d'attente, son geste me touche.
Je cherche une dernière fois Ethan mais sans succès, j'accepte alors le fait qu'il ne viendra pas.
La pièce s'assombrit, des lumières rouge et bleu éclairent rapidement la salle puis les présentateurs se présentent sur l'estrade, une musique douce retentit.
Lorsque je sens une présence à mes côtés, les lumières deviennent blanches. Je ne fais pas attention à mon voisin mais le parfum attire particulièrement mon intention.
Je croise mes mains, l'organe vital ratant un battement, je tourne lentement ma tête vers ma gauche et découvre Ethan, le crâne rasé, assis sur la chaise voisine.
J'écarquille des yeux, j'entrouvre la bouche et me demande si c'est réellement lui.
– Ferme la bouche, tu baves, Elena.
Aucun son ne sort, je suis bien trop étonnée pour cela.
– Alors, tu aimes bien le style ?
– Je...
Un tonnerre d'applaudissement résonne et je me tourne vers l'estrade, la remise des prix à commencé mais je suis bien trop ailleurs pour pouvoir me concentrer sur les noms des gagnants.
– Qu'est-ce...?
– Je t'ai manqué ? demande-t-il en me narguant.
Je serre la mâchoire, la colère a pris place à l'étonnement, presqu'un mois sans nouvelle et la seule chose qui trouve à me dire, c'est ça ? Et tous les messages que je lui ai envoyé comptaient pour du beurre ?
Mais il ne te doit rien, Elena.
– Tu as pris du poids depuis le Kenya. Ca te va bien.
– Tu m'étonnes, on se demande à cause de qui je suis tombée malade, dis-je en roulant des yeux.
Ses derniers se posent sur les siens qui brillent de mille feux. La tension que j'ai éprouvé pour lui, revient rapidement, et toutes mes autres émotions se dissipent aussitôt, car j'ai juste envie de plaquer sa bouche contre la mienne et de m'enfuir avec lui, mais cela semble trop irréel, n'est-ce pas ?
– Tu as maigri toi, par contre, remarqué-je.
En effet, son visage est beaucoup plus creux et des cernes ornent ses yeux.
Puis Ethan sans cheveux, c'est trop sexy pour lui.
– Passons au prix du meilleur reporter de voyage !
Je tourne rapidement ma tête vers les jurys et fronce les sourcils. Des images du Kenya sont projetées derrière eux, les jurys expliquent le but du concours auquel nous devions participer, et je reconnais rapidement un ami d'enfance Ayden qui est aussi jury.
– Les deux participants étaient Ethan Dubois et Elena Durand, les deux projets étaient parfaitement...
Je n'écoute même plus ce qu'il dit au micro et me tourne vers Ethan, perdue.
– Mais on ne participe plus au concours ? Pourquoi, ils nous...
Je n'ai pas le temps de répondre qu'on prononce quelque chose qui me cloue sur place.
– La gagnante de ce prix est Elena Durand !
La musique vient chatouiller mes oreilles, ce qui me met des frissons, les applaudissements ne cessent de retentir, tout autour de moi est au ralenti, je regarde Ethan qui me pousse à me lever pour accueillir ce prix.
Il se lève avec moi, me prend dans ses bras et me chuchote :
– Va récupérer ton dû, Elena. Tu le mérites.
Je fronce les sourcils, il s'éloigne de moi et m'applaudit, je reste figée lorsque Nathan derrière moi me pousse à avancer vers l'estrade.
Je tiens ma longue robe, et avance lentement, complètement déroutée.
J'ai gagné le prix, alors que je ne participais plus ? Comment est-ce possible ?
Je monte les marches, toujours autant déboussolée et salue les jurys qui m'offrent mon prix d'un grand sourire.
Ayden me prend dans ses bras et je niche ma tête dans son cou, heureuse de le revoir, de gagner - bien que je ne sais par quel miracle - et de revoir Ethan.
Les mains tremblantes, je m'avance vers le micro pour faire mon discours. Et la première action que j'entreprends est de le chercher, mais lorsque je pose mes yeux sur sa chaise, elle est vide.
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Ig : Lynamimy
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