13
Mes paupières battent lentement avant d'ouvrir complètement mes yeux. Le soleil est loin d'être levé, et j'aperçois Ethan, sur la chaise, en train d'écrire sur son ordinateur. Je fronce les sourcils et lui demande, d'une voix cassée, ce qu'il fabrique.
– Rendors-toi, je ne vais pas tarder aussi.
– Mais tu fais quoi ?
– Rien de spécial, dit-il en fermant à moitié l'ordinateur pour mieux me voir.
Seule la lumière de l'écran éclaire son visage, et je remarque à peine maintenant que ses cernes sont devenues creuses, il semble plus épuisé que d'habitude.
Il reste moins de six jours avant de retourner en France et Dieu merci, je me sens beaucoup mieux. Je sors depuis deux jours seulement, et selon mon collègue, j'ai repris des couleurs.
– T'as l'air fatigué, Ethan, lui annoncé-je, bizarrement inquiète.
– Ne t'en fais pas.
Je lâche l'affaire et me tourne sur le côté pour replonger dans les bras de Morphée même si mes pensées se dirigent vers le brun qui est concentré.
Après avoir passé encore quelques heures au lit, sans réveiller Ethan qui dort profondément, je me lève pour aller prendre un petit déjeuner avec la tribu malgré le fait que ma tête tourne encore un peu.
Je boite un peu, mes jambes sont engourdies, mais je respire l'air frais et seul le paysage brun réussit à réchauffer mon être.
Je salue tout le monde et attrape une pomme que je croque dedans à grande bouche, je dois reprendre des forces.
Je me tatte de retourner chez moi, mais assister à la remise des prix alors que je n'y participe plus me brise le cœur. Ethan m'a annoncé que Nathan a informé le jury de l'annulation de notre bureau, mais notre présence est tout de même obligatoire.
– Il dort beaucoup en ce moment, remarque Faith.
Je hoche la tête en buvant un smoothie qu'elles ont préparé.
– Il a l'air plus épuisé, je trouve, confirmé-je. J'ai dû surement beaucoup le réveiller avec mes toux la nuit.
Je hausse les épaules et retrousse son nez.
– J'ai l'impression qu'il y a autre chose.
Je laisse mon regard planer dans le vide et pense au fait qu'il était encore sur l'ordinateur, le soir. Ça fait un moment qu'il y est et je me demande bien ce qu'il y trame.
La culpabilité me ronge un peu, car si il est sur son ordinateur seulement la nuit c'est que la journée, il est occupé à prendre soin de moi.
– En parlant du loup, m'annonce la leader en relevant la tête pour me le montrer derrière moi.
Je me retourne et le découvre en train de s'étirer. Les cheveux ébouriffés, il avance vers nous d'un pas lent.
Il salue tout le monde et s'installe à mes côtés.
– Tu ne veux pas retourner dans le lit, t'as une sale gueule.
– T'es en train de me dire que je suis moche, Elena.
– Ca change pas de d'habitude, mais là encore plus.
Il mime une mine horrifiée et je retiens mon sourire.
– On a affaire, il y a un champ que j'ai vu, je veux t'y emmener.
– J'espère que ce n'est pas le même bourbier que la dernière fois, je viens de me lever du lit, dis-je sur mes gardes.
Il roule des yeux et me rassure. J'aide ensuite un peu les habitantes à débarrasser malgré leur désapprobation et accours me préparer.
J'ajoute à ma tenue plusieurs bijoux qu'elles m'ont offerts, emporte ma caméra avec moi avec un sourire triste sur le visage et je rejoins Ethan.
L'avantage c'est que je vais photographier le paysage pour moi et non pour un projet.
***
On roule pendant pas moins de vingt minutes, et j'écarquille mes yeux lorsque je vois le champ qui s'étend sur nous. Ethan a pris de quoi manger pour le midi et un carnet avec des crayons.
J'avance difficilement derrière lui qui me dégage les blés sur mon passage, puis on se pose au milieu. Il sort une grande couverture du sac et la dépose à même le sol, une chaleur m'envahit et je tente de tout faire pour faire abstraction.
La couleur dorée des tiges se marie harmonieusement avec le bleu du ciel parsemé de nuages blancs cotonneux. Le vent caresse les rangées de blé qui dansent en une symphonie de mouvements fluides. J'inspire profondément, un sentiment de gratitude envers la beauté de la nature m'habite.
– Assieds-toi.
Je m'exécute et croise mes jambes en tailleurs à ses côtés. Les longues tiges nous couvrent, je ferme les yeux et laisse l'air jouer avec mes longs cheveux. Le chant des oiseaux me berce et le parfum de Ethan m'enivre.
– Tu aimes bien ?
Je le regarde, un sourire au coin puis hoche la tête, satisfaite.
– C'est agréable.
– Je suis content, si ça te plait alors.
Je ne réponds rien puis m'allonge tandis qu'il ouvre son carnet, j'aperçois quelques croquis et me relève sur mes coudes, intéressée.
– Tu dessines quoi ?
– Un peu de tout, dit-il sans me regarder.
Je penche la tête sur le côté et tente de comprendre ce qu'il compte dessiner.
– Je peux voir ?
Il plante son regard dans le mien et je remarque de la réticence.
– Pourquoi ?
– Comment ça ? ris-je, ironiquement. Je veux voir tes talents.
Il acquiesce après quelques minutes puis tourne les pages précédentes. Je reste stupéfaite face à la beauté de son coup de crayon. Des portraits réalistes sont présents et même des paysages.
Ils sont tous magnifiques mais un en particulier m'attire ; le dernier.
Un grand papillon en noir et blanc prend place sur le papier, les détails m'interprellent et je remarque aussitôt que c'est le mien. Je l'interroge du regard et il me retire le papier des mains.
– Mais..., commencé-je.
– Laisse tomber, me coupe-t-il en reprenant son dessin. Oui, c'est ton tatouage. Je l'ai dessiné quand tu dormais, ça te dérange ?
Je remarque qu'il déglutit et je souris, Ethan tente d'avoir le contrôle sur la conversation, mais il est déstabilisé.
– Non, c'est beau, complimenté-je, un sourire au coin. Et dire, que tu le détestais au début.
Il roule des yeux et je ricane en m'allongeant à nouveau. Il sort son téléphone puis je lui demande, ce qu'il dessine, en mettant mon bras derrière la tête comme support.
– Je suis venue ici un jour avec Faith, j'ai pris le champ en photo, je vais tenter de le reproduire.
– "Tenter", l'imité-je en mimant des guillemets.
Ethan rit puis continue de dessiner tandis que je parcours mon regard sur son visage ébloui à moitié par le soleil.
Je suis mitigée entre l'idée que les rayons dissimulent ses ténèbres ou qu'ils en relèvent davantage de son autre facette.
Ils dévoilent ainsi son côté mi-ange, mi-démon.
Je trouve cela tellement beau que je me mets à le contempler. Je glisse sur sa mâchoire carrée, puis relève mes lueurs emplies de passion vers ses iris noisettes qui transmettent aussi tant de choses.
La partie dans l'ombre est le côté "mauvais" de l'être humain. Il peut être discret et éclatant. C'est une perle solitaire suspendue dans le ciel sombre.
Tandis que celle qui est éclairée, c'est tout le contraire. C'est le côté chaleureux de l'homme, répandant sa lumière à travers l'univers infini.
Tu vas trop loin, Elena.
Je soupire discrètement et ferme les yeux laissant le soleil bronzer mon visage.
***
Je suis des yeux l'eau qui coule le long de ses cheveux et me replace correctement sur le lit.
Nous avons passé la journée dans le champ, à rire et à parler de tout et de rien. Nous nous sommes pris en photos, puis il m'a donné le croquis incroyable qu'il a réalisé en guise de souvenirs.
– Tu es réveillée ?
Je toussote.
– Tu veux de l'eau ?
– Non, ça va, merci.
Seule une serviette recouvre sa taille, Ethan est devant moi, torse nu, à me tendre un verre d'eau.
– Prends-le, tu ne t'es pas trop hydratée, aujourd'hui.
Je me relève et avale d'une traite le liquide tandis qu'il enfile son caleçon en dessous de la serviette. Je n'hésite pas une seule seconde, pose le verre près de moi et plonge en dessous de ma couverture.
Ethan ricane tandis que je sens mes joues rougir.
Tu agis comme une adolescente, reprends-toi.
– Je pensais que tu dormais.
J'écarquille les yeux lorsque je sens son poids écraser le lit.
Allez, Elena. Ce n'est que Ethan, reprends-toi.
– Tu as vu le fracas que tu as fais lorsque tu es descendu de la baignoire, c'est logique que je me réveille, dis-je un peu trop sèchement et me mettant de côté, face à lui.
Le sourire qui orne son visage me met la boule au ventre, il va penser qu'il m'attire alors que non, absolument pas, c'est carrément absurde de penser cela.
– Désolé, se moque-t-il.
Je lève les yeux au ciel et place mes mains sous ma joue.
– J'ai passé une bonne journée, me chuchote-t-il en tenant lentement ma main.
Mon rythme cardiaque s'accélère tant la tension me consume.
– Ça faisait longtemps.
Je lui mets une petite tappe.
– Quoi ? C'est vrai, t'étais handicapée, ricane-t-il. Mais j'ai bien aimé m'occuper de toi.
Je souris et une petite toux me prend, je tourne alors sur le côté et me remets face à Ethan.
– Merci, dis-je simplement, en jouant avec ses doigts.
Ethan hoche un peu la tête, je me retourne ensuite de l'autre côté et embarque son bras avec moi.
Je le sens hésitant, mais il s'approche lentement de moi, mon dos est collé contre son torse. Je ferme les yeux et serre fort sa main tandis qu'il met son visage contre mes cheveux.
Nous avons franchi la barrière de la couverture, mais pour une fois, j'en suis ravie.
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Ig : Lynamimy
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