12
Réveillée par l'orage qui gronde, j'ouvre lentement mes paupières. Ça fait cinq jours que je suis malade et depuis hier, la pluie n'a pas cessé de s'abattre sur le village.
C'est difficile pour moi de l'avouer, mais Ethan a été un amour avec moi. Chaque matin, je me réveillais avec un objet du village près de ma tête. Il déposait des fleurs, un cailloux ou encore un collier fait par les habitantes du village avec lui, car je n'ai pas encore la force pour sortir.
Je ne vomis plus, mais ma fièvre n'a toujours pas diminué, ni les nausées, et j'ai toujours malheureusement la diarrhée.
Je m'étire et découvre qu'aujourd'hui, Ethan a déposé près de moi une Acacia. Je saisis la fleur délicatement et la sens en fermant les yeux. De couleur blanches, cette dernière m'éblouie.
Ethan sort des toilettes et je le regarde avec un sourire aux lèvres.
– Tu aimes bien ?
– Elle est incroyable !
– Selon Faith, elle symbolise l'élégance, la résilience et l'immortalité.
J'écoute, attentive, en tenant délicatement ses grappes.
– Elle m'a fait penser à toi, dit-il en croquant dans une pomme, assise sur la chaise.
Je penche ma tête sur le côté.
– Ah bon ? Pourquoi ?
– Parce qu'elle est innocente et forte en même temps, tout comme toi, répond-il en haussant les épaules, comme s'il disait la chose la plus logique.
Je m'assois difficilement et le remercie.
– Tu veux aller aux toilettes ?
Je hoche timidement la tête tandis qu'il ricane et met son masque médical pour venir m'aider.
– Ce n'est pas comme si je ne t'avais jamais entendu chier, se moque-t-il.
Je lui mets une tape sur l'épaule et m'appuie sur lui.
– Et dire qu'on est arrivés à ce stade d'intimité alors que tu me détestais encore il y a quelques jours.
– Ne rêve pas, je te déteste encore, grogné-je.
– Oui, Elena, moi aussi, ne t'en fais pas.
Je roule des yeux.
– Tu peux sortir du lodge ?! demandé-je en fronçant des sourcils assise sur la cuvette.
– J'ai la flemme de sortir ! me dit-il derrière la porte des toilettes. En plus, il pleut !
– S'il te plait, je n'arriverai pas sinon.
– Je t'entends quand je dors, rit-il.
– Mais c'est pas la même chose, me plains-je en tenant mon ventre. Allez !!
– C'est bon, je mets la musique à fond.
– Mais purée ! chuchoté-je en levant les yeux au ciel. Allez, Elena, pousse.
***
– Tu penses que je guérirais quand ?
– Dans un peu plus d'une semaine, je pense, et même si tu es encore pâle, tu l'es moins déjà, me répond-il en me préparant mon antibiotique.
– C'est long, j'en peux plus, soupiré-je en étirant mes bras vers le haut.
Il ricane et je fronce les sourcils.
– Tu es une pleurnicharde, en fait.
– Mais pas du tout ! me défends-je. Regarde ce que je subis, je ne peux même pas me lever toute seule !
Ethan roule des yeux.
– Quelle dramatique !
Je lui lance un regard noir qui aurait pu le clouer sur place si j'avais des super-pouvoirs.
– Tu peux me mettre le bracelet ?
– Que je t'ai offert ce matin ?
Je hoche timidement la tête. Plus colorées que la fleur qu'il m'a offerte hier matin, le bracelet artisanal a été créé avec habileté par lui et les femmes de Umoja.
– Les perles ont été sélectionnées pour leur couleurs vibrantes et leurs motifs uniques, m'informe-t-il en me donnant mon médicament.
Je le bois en grimaçant et le pose à mes côtés en attendant qu'il me mette le bijoux.
Ethan le tient délicatement et s'assoit près de moi, sur le rebord du matelas. Son contact m'électrise et je tente de faire abstraction à ses sensations.
Je souris face aux couleurs vibrantes de cette œuvre d'art.
Je tourne la paume de ma main vers le ciel et Ethan me referme le bracelet sur mon poignet gauche.
– Chaque fois que tu porteras ce bracelet, tu porteras avec toi une partie de l'histoire de la beauté de Umoja. Tu te rappelleras du pouvoir de la communauté et de sa solidarité.
Je hoche doucement la tête tandis que sa main relâche doucement le souvenir, je l'observe et un sourire orne mes lèvres. Le bracelet embrasse parfaitement bien mon poignet.
La paume de Ethan vient s'emboiter avec la mienne, il entrelace doucement nos doigts, et je me retiens pour ne pas plonger mon regard dans ses prunelles noisettes.
Mais comme s'il m'attirait magnétiquement, mes yeux croisent les siens. Malgré la gastro qui me laisse groggy, je sens son regard qui ne montre aucun signe de jugement, bien au contraire.
Une mèche de devant tombe sur ses yeux et la pointe est déposée sur son masque, je me retiens de ne pas la déplacer sur le côté.
Je déglutis lorsque je m'en rends compte que seules ses fenêtres de l'âme m'attirent vers un autre monde.
Une chaleur m'envahit lorsque je repense indirectement au baiser que nous avons partagé, mais l'orage qui gronde et Mary qui toque à la porte me ramène à la réalité, je sursaute et toussote. Ethan s'éloigne de moi et part ouvrir la porte comme si rien ne s'était passé.
Mais il ne s'est rien passé, Elena.
Faith et l'autre leader entrent complètement trempées et nous regardent d'un air suspicieux, je me rallonge, l'air de rien, tandis que je bouille encore de l'intérieur.
La tension entre Ethan et moi revient et malgré le fait qu'elle m'agace, je ne peux mentir : elle m'attire.
– Faut prendre ton bain, Elena.
Je hoche la tête mais ouvre grand les yeux. Il n'y a qu'une seule pièce – hors les toilettes, qui sont collées à la baignoire – et hors de question que Ethan reste.
– Je...
Son regard divague entre la fenêtre qui montre le temps pluvieux dehors et moi.
– J'attends sous le porche.
– On fait vite, le rassure Faith.
Il ferme la porte et je vois sa tête dépasser de la fenêtre. Mary accourt fermer les volets et vient m'aider à me déshabiller, tandis que Faith tient une serviette pour ne pas dévoiler ma nudité.
– J'ai l'impression d'être handicapée, purée.
– C'est un peu le cas, se moque Faith.
– J'ai mal à la tête, pleurniché-je.
– Allez, arrête de faire ta chochotte, sinon, Ethan va attendre longtemps.
Elles m'installent dans la baignoire emplie d'eau tiède et je souffle de soulagement lorsque l'eau mousseuse entre en contact avec ma peau chaude.
– Il t'aime bien Ethan, n'est-ce pas ?
Je relève ma tête vers Mary qui nettoie mes cheveux et fronce les sourcils.
– Bah nous sommes collègues.
Faith râle.
– Ne nous l'as fais pas. Tu ne te rends pas compte de tout ce qu'il fait pour toi. C'est lui qui a eu l'idée de te faire des cadeaux chaque matin. Il est venu nous voir en nous demandant de l'aider à fabriquer des vases, des bijoux et bien d'autres choses qu'il t'a offertes !
Je mordille ma lèvre inférieure, mais ne dis rien.
– Ne lui fais pas de mal, c'est un bon bonhomme sous ses apparences de dur à cuire.
– Je confirme, chuchoté-je.
Elles continuent de me nettoyer, mais je ne cesse de regarder par la fenêtre et de penser qu'il est sous cette pluie tandis qu'il pleut des cordes.
– Visiblement, c'est réciproque, ricane Mary.
***
– Tu as soif ?
– S'il te plait.
Ethan se lève du lit, met un masque, serre un verre d'eau puis prend un petit seau empli d'eau tiède avec un gant trempé.
Il s'assoit à sa place, allonge ses pieds sur le côté, puis me demande de venir près de lui. Ethan relève ma tête et me fait boire doucement.
– Ca va ?
Je réponds positivement malgré que je tousse. Il dépose le verre et touche mon front.
– Tu as encore de la fièvre, me chuchote-t-il.
Il dépose ma tête délicatement sur ses genoux puis saisit le gant pour me le déposer sur mon front. Mon cœur se réchauffe face à ses attentions.
– Tu vas mieux ?
– Oui, il est quelle heure ?
Il regarde son téléphone, puis m'annonce qu'il est deux heures du matin.
– Désolée de t'avoir réveillé avec mes toussotements.
– J'ai pris l'habitude, se moque-t-il.
Je lui mets une petite tape sur sa main qui est sur mon front et lui demande, sur mes gardes :
– Pourquoi tu es comme ça avec moi ?
– Comment ?
– Attentionné, gentil, serviable, sans que je te le demande ?
– C'est normal, Elena. Arrête de te poser dix milles questions, je te l'ai dis, je n'attends rien en retour.
– Mais c'est trop bizarre, dis-je en caressant mon tatouage sur ma main gauche. Je n'ai jamais connu des personnes qui font des choses sans rien attendre en retour.
Sa cage thoracique qui est au-dessus de ma tête se lève lourdement.
– Tu ne mérites pas d'avoir vu tout ça.
Je me crispe.
– Vu quoi ?
– Ce que ta mère faisait, dit-il doucement.
Je déglutis et tente de faire abstraction du poids lourd qui me compresse la poitrine.
– J'étais jeune, c'est fini maintenant, c'est du passé.
– Du passé, répète-t-il en chuchotant. Oui, certes. Mais tu es sur tes gardes, Elena.
Ethan approche sa main gauche vers la mienne et il me demande si il peut la tenir, je lui donne alors l'autorisation, le feu aux joues.
– C'est normal, si je le suis.
De ses doigts, il saisit mon poignet délicatement, puis pose son pouce sur l'aile gauche du papillon.
– Je le sais. Mais comme je te l'ai dis, je veux te prouver qu'on est pas tous comme ça. Je n'attends rien, Elena, je fais tout ça de bon cœur, je veux juste que tu guérisses.
Pour la première fois, j'écoute seulement et ne tente pas de le contredire.
– N'oublie jamais pourquoi tu l'as tatouée, Elena. Tu es quelqu'un de forte.
Je regarde mon tatouage qui symbolise la liberté et la force et émet un petit sourire.
– Je suis fière de toi.
Je ferme les yeux en entendant les douces paroles de Ethan qui embrassent mon âme, et laisse ses derniers mots me bercer dans un sommeil réconfortant.
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Ig : Lynamimy
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