I
Je ne répond pas mais j'ose un léger sourire afin de montrer mon enthousiasme. Je scrute le jeune homme qui se tient devant moi. Il doit avoir mon âge, je dirai. Il est ce que l'on appelle un espoir. C'est le terme que les filles utilisent pour dire d'un garçon qu'il est beau. Il n'y a aucun terme pour les garçons qui ont un certain charme mais sans plus. Je trouve ça inégal. Tout ce système est inégal, c'est pour ça que je le quitte.
Je reporte mon attention sur le garçon, il me fixe de haut en bas et reprend d'une voix plus forte et d'un ton neutre :
-Tu fais maintenant partie de la résistance, chaque personne voulant sortir du néant doit suivre quelques petites règles.
-Je vous écoute, répondis-je.
-Tout d'abord, il faut ne pas attirer l'attention sur toi auprès des gardes deux semaines avant ton départ.
-Devenir un fantôme...
-Entre autre. Ensuite, apprendre quelques techniques de combat au cas où nous soyons prit dans une embuscade le jour de ta sortie. Et enfin, il faut impérativement sortir du territoire par paire et rester avec cette personne pour l'éternité. Ça va ?
- Par paire ? Mais ... Est-ce obligatoire ? demandais-je décontenancée.
- Oui, obligatoire est le terme exact. Il ne cille pas du tout, cette concertation est tout à fait banale pour lui ça se voit.
- Mais pourquoi ça ? Je ne veux pas vous manquez de respect mais vous promettre de rester jusqu'à la fin des temps avec une personne pour sortir d'ici c'est... mesquin.
- Mesquin dis-tu ? Mais attends ma jolie sais-tu ce qui se trame derrière notre cher pays ? Suite au crach boursier, plus de la moitié de la population Nord-Américaine est partie en Asie ou en Afrique, afin d'avoir un emploi plus stable qu'ici. La plupart sont mort avant d'y être parvenus... Aujourd'hui, afin de garantir l'espèce humaine, nous mettons en place le projet "réintrusion" qui consiste à repeupler notre continent pour ensuite créer de nouveaux emplois et ainsi rétablir l'équilibre qui y régnait autrefois. Je suis clair ?
- Je ne savais pas que la crise économique de l'ancien millénaire avait commit autant de dégâts...
En réalité, je connaissais la simple histoire que mes parents m'avaient raconté. Un beau jour du mois de renaissance, les revenus ont tous chuté suite aux fermetures des banques. Les emplois se sont fait rares. Plus de deux parents sur trois perdaient leurs emplois par jour sur notre continent. La plupart des nombreux états sont rentrés dans une longue période de famine, ce qui a causé des déménagements vers d'autres pays, des abandons, et des morts. Beaucoup de morts... Je me souviens que mes parents ainsi que mon frère ne m'autorisaient pas à sortir. Je n'avais jamais comprit pourquoi. Alors une nuit, durant un mois de pluies, je suis sortie. Une odeur infâme se traînait dans la ville, et vous tenait au cœur des heures, remuant le seul repas que vous aviez ingurgité durant la journée. Les corps jonchaient le sol. Ils étaient maigres, tellement maigres que l'on pouvait compter les vertèbres de chacun d'eux. La réalité de la crise m'a frappé de plein fouet.
Personnes ne nous aidaient. Nous étions au bord du précipice et pourtant, nous étions seuls. À ce moment là, j'ai pensé que nous étions les seuls survivants.
J'ai alors couru jusqu'à chez moi, et suis rentrée dans la chambre de mon frère. J'ai tiré doucement la couette et je m'y suis glissée afin d'échapper à tout ça. Je pensais que tout allait disparaître d'ici demain.
Si seulement...
※※※
Je suis rentrée chez moi, j'avais besoin de réfléchir à tout ce qu'il venait de se passer. Partir et rester avec quelqu'un pour l'éternité ? À quoi bon. Je ne connais personne. Et c'est très bien ainsi.
Le général de la résistance, Julian, m'a dit que d'ici 8 jours, si je n'avais pas décidé avec qui j'allais partir, le choix se ferait aléatoirement. J'ai beau me torturer l'esprit, chercher une personne qui voudrait sortir d'ici c'est facile, plus de la moitié des habitants le souhaitent. Mais trouver une personne et rester auprès d'elle pour toujours c'est avéré plus difficile.
Cette mission "réintrusion" me fait douté de mon départ. Est-ce une si bonne idée de quitter un pays de fou pour être forcer à vivre avec quelqu'un que je ne connais pas ? Je ne sais pas.
Pour me changer les idées je décide de sortir dans paradise city. Autant en profiter avant le couvre-feu. Je suis vêtue d'un jean sombre et d'un gilet à capuche afin de passée inaperçue. Je n'aime pas être au centre de l'attention. Je longe les bâtisses construites durant l'ancien millénaire. Elles servaient de bureaux pour des emplois comme secrétaires ou autres. Je ne me souviens plus ce que l'on y faisaient, ce métier n'existe plus depuis des années.
Je ne sais pas comment faisaient les personnes autrefois pour choisir de faire un boulot, il y avait beaucoup trop de choix. A l'heure d'aujourd'hui, dans notre pays nous avons le choix entre 4 jobs. Tout ce qui est épuration du pays est organisé après le couvre-feu, pour ne pas déranger la population; tout ce qui touche la comptabilité des habitants se fait tôt le matin, juste après l'épuration; une genre de police s'est mise en place, elle intervient juste après l'appel du matin; et la garde privée de notre cher tyran travaille le reste du temps.
Je fais partie du service d'épuration. Je travaille sur la zone d'usines abandonnées de vingt-trois heures à quatre heures. Le gouvernant ne veut pas que cette section ne travaille trop. C'est seulement pour son bien personnel, on est rémunérer en conséquence. C'est-à-dire pour pas grand chose.
Je continue à marcher mais je ne regarde plus où mon corps m'emmène, mes pensées s'égarent. Je ne vois pas la personne qui arrive en face de moi, elle non plus d'ailleurs. Nos corps rentrent en contact, j'ai un mouvement de recule.
- Désolée, bredouillais-je.
Je lève les yeux et remarque qu'il s'agit de Julian, il me sourit, remet sa capuche maladroitement et continu son chemin. Devenir un fantôme...
Je souris aussi, mais il ne le voit pas. Je continu ma marche et les cloches sonnent, signifiant ainsi que mon heure d'embauche arrive. J'ai exactement douze minutes pour me rendre à l'est de la ville où l'épuration principale est bouchée. Cette nuit, il me semble que nous sommes une petite vingtaine à travailler sur ce secteur, c'est trop peu à mon goût.
J'arrive rapidement et sans encombre jusqu'à la mission. Tout le monde est arrivé, ils discutent entre eux, ils se sourrient, ils se soutiennent. Je préfère rester en retrait et je me contente de travailler en fredonnant des notes tout à fait aléatoirement.
※※※
Il est quatre heures, je sors de la zone et vais pour rentrer chez moi. Je suis la seule personne du service à résider dans les quartiers ouest, c'est-à-dire à l'opposé de mon travail. Les rues le soir sont désertes, le seul bruit qui passe est celui du vent entre les immeubles dépravés. L'éclairage des rues est censé s'éteindre à quatre heures six. Ce n'est pas grave, je connais ce chemin comme personne avec ou sans lumière, je m'y retrouverai. Je me surprend à traîner des pieds et à admirer les habitations qui se tiennent autour de moi. Elles ne ressemblent en rien à celles de mon quartier. Les murs extérieurs semblent nouveaux, les fenêtres sont tellement propres, je ne me souviens pas un jour en avoir vu d'aussi claires.
Soudain, j'entends des pas résonner à travers les infrastructures. Je ne me retourne pas mais j'accélère le pas, comme me l'a dit Julian, je dois devenir invisible aux yeux de tous. Les pas se rapprochent de moi, j'entends désormais sa respiration saccadée ainsi que des tissus frotter. La personne semble si proche de moi. Je ne sais pas quoi faire. M'arrêter ou courir ? J'accélère davantage pour fuir cette personne, je tourne à l'intersection suivante et atteri devant mon appartement. J'entre rapidement et je me précipite à la fenêtre pour apercevoir la personne qui me coursait.
Je ne vois pas très bien. L'inconnu est vêtu d'une capuche, lui aussi. Il semble fuir mais personne ne le poursuit. Trois gardes arrivent subitement, armés de battes. Ils s'approchent dangereusement du mystérieux fugitif, ils vont lui donner une correction, à lui aussi . Il faut que je fasse quelques chose. Je me dirige lentement vers la cage d'escaliers et je descends prudemment. Lorsque j'arrive en bas, les gardes lui ont déjà réglé son compte et ils sont partit. Je m'approche doucement de cette personne, elle est dans un sale état. Je lui enlève sa capuche et remarque qu'il s'agit d'une fille. Je la tire jusqu'à ma cage d'escaliers et je tente de la porter, non sans difficulté, jusqu'à ma porte. Une fois arrivée, je l'allonge au sol où j'ai placé au préalable plusieurs tissus et je commence à la soigner. J'enlève sa veste et je soulève légèrement son tee-shirt, son abdomen est recouvert de tâches bleues et vertes, ils l'ont rués de coups. Je désinfecte ses plaies au niveau du visage et je pose un mélange que j'ai concocter sur ses hématomes et autres pour la soulager. Je l'installe sur le matelas que j'ai à ma disposition et la recouvre d'un drap.
Je m'allonge sur le tapis du salon et m'apprête à m'endormir quand une petite voix murmure :
- Merci pour tout...
Je me retourne vivement et remarque que la jeune fille s'est levée. Je l'invite à venir me rejoindre afin d'entamer une discussion.
- C'est normal. J'aurai voulu qu'on m'aide alors quand j'en avais besoin.
- Je m'appelle Fay et tu es .... ?
- ... Je suis Kaylie, enchantée de te rencontrer Fay.
- Enchantée aussi. Dis moi si Je me trompe mais tu fais partie de la résistance ?
La résistance ? Je ne la connais pas suffisamment pour lui dire. Si c'était une personne infiltrée ?
- La résistance ? Je n'en n'ai jamais entendu parler. Qu'est ce que c'est au juste ?
Elle s'approche de moi et murmure au cas où une oreille chaste passait par ici :
-C'est une groupe qui se bat contre le gouvernement. Il font quelques actions afin de gêner les gardes et ils leurs arrivent même de faire sortir certains habitants d'ici.
Je me risque à jouer la carte de l'innocence.
- A bon ? Je n'en savais rien du tout. Et comment sais-tu tout ça d'ailleurs ?
- Mes parents font parties de la résistance et donc depuis toujours je trempe là-dedans. Un peu comme une affaire familial, tu vois le genre ?
- Oui, je vois ça, dis-je avec un léger sourire.
Un ange passe, ça ne me déplaît pas à vrai dire. Je n'ai pas l'habitude d'autant parler en temps normal alors un peu de silence ne me fait pas de mal. Un appareil se met soudain à grisiller, le son est désagréable. Fay cherche l'objet qui émet ce bruit et se met à lui parler :
- Oui tout va bien.... t'avais raison et voilà quoi je ne pensais pas comme toi... nan je ne le dirai pas... bon c'est bon... j'avais tor... T.O.R.D ... c'est bon ?! Ouais c'est ça. Bye.
Elle me regarde amusé par l'intérêt que je porte à cet appareil aussi bizarre soit-il. Je crois que les gardes lui ont un peu trop tapé sur la tête.
- Ah zut ! Je n'ai plus de batterie !!! Sapristi... Kaylie tu aurais un chargeur à me prêter ?
Voyant que je ne comprends rien à son charabia, elle m'explique qu'un chargeur se branche à l'objet qu'elle tient dans ses mains. D'ailleurs, ce dernier s'appelle un cellulaire, il sert à appeler des personnes à ce que j'ai compris. Mais le problème c'est que je n'ai rien compris du tout.
Elle m'avoue que plus personne n'utilise ce truc datant de l'avant millénaire. Il était très répandu me dit elle. Tout le monde en avait un, il arrivait même que certaines personnes en possèdent deux. Je suis trouve ça incongrue. Qui utilisait ça sérieusement ? Ça ne ressemble à rien. Et pourquoi appeler ses proches alors qu'ils sont proches de vous ? Je ne vois aucun avantage à ceci.
- C'était répandu, c'était vraiment quelque chose d'essentiel à l'époque ?
- Oh que oui ! A chaque nouvelle sortie de cette merveille, les gens se bousculaient pour pouvoir les acheter. Tu te rends compte ?
- De la bêtise de nos ancêtres, oui. Mais le principe de cet appareil je t'avoue que ça m'échappe.
- C'est simple. Vu que je fais partie de la résistance, il faut que mon unité connaisse ma position s'ils veulent m'aider alors je les appelle, on met au point des plans à distance, on se tient au courant si il y a un problème ou que sais-je. Tout ça pour dire que cette machine est tout bonnement le paradis sur Terre et qu'il fait que tu en es un.
- Et pourquoi en aurais-je besoin ?
- Parce que tu viens officiellement de faire partie de mon unité. Je t'annonce Kaylie que moi, Fay te fais recruter la résistance contre gré afin que tu puisses sortir d'ici. Alors qu'en dis-tu ?
Je ne dis rien. Je suis abasourdie. En deux jours je me suis fais recrutée deux fois par la résistance. Il faut que je lui dise.
- Fay, c'est-à-dire que je fais déjà partie de la résistance...
- Je sais, je suis au courant.
- Quoi ?
- Je suis au courant, un ami m'a parlé de toi, la nouvelle recrue. Je t'annonce que c'est moi qui vais te former pour que tu puisses sortir d'ici. Heureuse ?
- Et comment ! L'entrainement débute quand ?
- Maintenant.
※※※
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