CHAPITRE TROIS
MARGAUX
« clope et tristesse »
Cela fait bien longtemps que je n'ai pas passé une soirée aussi pourrie. Les autres ont fini par arriver, le premier étant Achille, toujours avec son bouc à la nekfeu, qui est toujours le premier partant dès qu'il entend le mot apéro.
Il est arrivé avec une bouteille de whisky, deux bouteilles de coca, et plusieurs sac de chips. J'ai vu le visage de Jules se décomposer dès qu'il est rentré dans la pièce. Je crois qu'il est surpris de voir que certains du collège ont gardé contact. La vérité, c'est que après avoir retrouvé Antoine, un soir un peu bourrés, on s'est tapé un délire et on a créé un groupe messenger avec tous ceux du collège dont on était proche. Deux ont répondu, Achille et Maxime avec qui on se retrouve environ une fois par semaine pour boire un coup ou manger ensemble.
— Oh ! Un revenant !
Achille tends son poing en direction de Jules, me lançant un coup d'œil inquiet. Même si j'en ai moins parlé aux autres qu'à Antoine, ils ont tous plus ou moins suivi l'histoire, et vu que Maxime et Achille ont connu Jules, ils se sentent forcément plus concernés que les autres. Enfin, j'imagine.
— Ça faisait longtemps, dit Jules en souriant timidement.
— Un peu mon n'veu ! T'es un peu parti comme un voleur !
Le barbu lâche un éclat de rire avant de faire le tour de la table pour taper la bise à Antoine, Camille puis moi. Il me prends dans ses bras et dépose un baiser du bout des lèvres sur mon front. Si à une époque, c'était ambiguë entre nous, Achille s'était mis en tête de me pécho, c'est devenu totalement platonique depuis qu'il veut Melissa, la cousine de Maxime qu'il a ramené un jour à notre rendez-vous hebdomadaire.
— Si on m'avait dit que j'allais un jour te revoir, qui plus est, dans la même pièce que Margaux, je n'y aurais jamais cru !
— Ah ouai ?
Je vois les oreilles du brun devenir rouge, sûrement honteux, et je finis par tourner la tête, tirant toujours plus fort sur ma clope en tentant de faire fuir ce sentiment de tristesse qui me gagne. Je n'aurais pas dû rester, mais Camille s'entête. Je dois passer la soirée avec eux, un point c'est tout !
— Avec qui t'as repris contact ici ? Je parie sur Antoine.
— Ouai, il est passé au magasin et il cherchait une perceuse visseuse. Du coup je lui ai dit de venir ce soir, lui explique ce dernier.
— Alors ? Qu'est-ce que tu deviens ? demande Achille en se tournant pour de bon vers la raison de mes tourmentes.
Alors que Jules lui explique qu'il travaille en tant que assistant ingénieur en génie civil dans la plus grosse entreprise de la ville, faut dire qu'il n'y en a pas des millions non plus par le coin, je suis distraite par l'arrivée de Maxime et sa copine Masha, cette petite blonde aux yeux bleus, au visage de poupée tellement qu'elle est jolie.
Il est suivi par Kevin et Adrien, deux potes à Antoine qu'il a rencontré quand il était en bac pro. Notre petite troupe est enfin au complet, enfin presque, il manque Adam qui a rejoint l'armée il y a quelques temps et qui n'a pas encore eu de permission.
— Bah frero ! T'as pas ramené ta cousine ?
— Tu me gaves ! Achille explose de rire en tchekant Maxime puis les deux autres.
— Tu me dis quelque chose, toi ! Fais ce dernier en saluant Jules. Celui-ci se gratte la nuque, gêné par la situation.
— Ouai, on était ensemble au collège. Jules Tournadre.
— Mais non ! C'est un délire !
Il semble tout content pendant quelques secondes avant que son regard se pose enfin sur moi, posée à l'autre bout de la terrasse, le plus loin possible du brun. Masha s'installe entre Camille et moi, me faisant un sourire compatissant. Cette jeune femme est une vraie crème, limite si Maxime la mérite d'ailleurs.
— C'est le fameux ? J'hoche la tête. Il doit s'en mordre les doigts de voir ce qu'il loupe.
Je hausse simplement les épaules pendant que les derniers garçons viennent me dire bonjour.
Est-ce qu'il regrette ? Je ne sais pas et je ne suis pas sûre de vouloir connaître la réponse. Dans les deux cas j'aurai un goût amer.
S'il regrette, j'aurai l'espoir que tout recommence encore, une dernière fois, pour une dernière danse. Même si je sais qu'il y a trop de choses brisées dans notre relation et que ça finira encore une fois dans le mur. Si ce n'est pas le cas, j'aurai l'impression de n'avoir jamais compté à ses yeux.
Je préfère ne pas savoir, vivre dans cette attente qui permet d'éviter de faire une connerie.
***
Il est presque minuit maintenant. Nous avons décalé la soirée dans le salon de la maison d'Antoine et Camille à cause de la fraîcheur qui s'installe le soir malgré le mois de mai. Faut dire qu'ils habitent auprès d'une petite rivière. L'alcool commence à nous monter à la tête et l'atmosphère devient plus légère, bien que je continue d'éviter de regarder Jules. Je termine mon verre, roule rapidement ma cigarette et me dirige vers la porte vitrée. Je m'installe sur la première chaise que j'attrape et ferme les yeux en savourant le silence.
Mais qu'est-ce que je fous là ? Il faut vraiment que je m'en aille ! À quelle heure je fais soirée dans la même pièce que lui ? C'est comme tenter le diable.
La vitre s'ouvre derrière moi, et j'entends quelques temps les rires à l'intérieur avant que tout s'étouffe de nouveau.
— Je suis désolé de t'avoir mis mal à l'aise. Je ferme les yeux en entendant sa voix, qui se brise toujours sur ses derniers mots. Je ne savais pas que tu traînais avec Antoine.
— Tu ne pouvais pas savoir.
— C'est vrai.
Jules s'installe sur la chaise à côté de moi, posant ses yeux sur le ciel qui se parsème d'étoile. Comment je pourrais oublier ce mec alors qu'il est tout ce que j'ai toujours voulu ? À l'époque je n'avais l'impression de pouvoir reprendre mon souffle que lorsque j'étais dans ses bras.
— Je suis content de t'avoir revue et de savoir que tu vas bien. Ses prunelles rencontrent les miennes et je pourrais sombrer, je le sais. Je vais y aller, te laisser profiter de ta soirée avec tes potes.
Je ne peux rien répondre et me contente de regarder sa silhouette rentrer rapidement dire bonne soirée aux autres avant de définitivement passer la porte.
Pendant tout ce temps là, je n'ai pas bougé et quand Camille sort pour voir comment je vais, je commence à pleurer dans ses bras. C'est bien trop dur pour mon cœur. L'avoir eu aussi près de moi durant cette soirée sans pouvoir lui dire à quel point je l'aime, c'est une véritable torture.
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