21
Gabriel
Je vais le tuer. Je sais que cela est impossible mais ce n'est pas l'envie qui m'en manque. Je roule pour rejoindre son lotissement, il me faut une explication. Et je la veux ce soir, je ne pourrais attendre plus longtemps. Ma patience a été mise à rude épreuve. Comment a-t 'il put me faire un coup comme ça ? Si je ne l'avais pas vu de mes propres yeux jamais je n'aurais pu la croire. J'ai toujours défendu William contre vent et marée, mais la devant la preuve je ne peux que m'incliner.
J'ai toujours voulu Elisabeth,avec son partenaire elle incarnait la grâce, la beauté et la perfection mais je savais que pour moi elle était inaccessible. Je la détestais pour ça, personne ne pouvait l'approcher comme si nous étions des mouches indésirables. Sans jamais n'avoir rien fait avec elle je la voulais mais maintenant qu'elle est seul je la veux encore plus. Depuis que nous avons dansé ensemble, que nos corps se sont reconnus je la désire encore plus. Je sais que je ne dois pas tous mélangé mais c'est plus fort que moi je la veux autant que je la désire. Je sens que cela va me jouer des tours plus d'une fois et que je vais devoir prendre beaucoup de douche froide pour qu'elle ne s'aperçoive de rien. Je dois obtenir sa confiance avant d'envisager ne serait-ce quoi que ce soit. Mais je suis prêt à tous pour l'avoir et même William ne pourra rien y changer.
Je l'aimais bien et je lui faisais confiance, je crois que c'est mon ego qui en prend un coup. Nous nous entendions tellement bien, nous nous retrouvions surtout sur la même envie, la soif de vaincre, l'envie irrépressible de gagner. Nous rêvions d'être les maîtres incontestables dans la danse. Mais ce rêve que j'ai entraperçu je ne le dois qu'à Elisabeth. Je ne suis pas stupide ni aveugle, la victoire je la dois seulement au départ de son partenaire. Pendant des années je me cantonnais toujours à la seconde place et lorsque enfin j'ai pu toucher à la première place c'est simplement dû à son absence. La preuve aux mondiaux même sans elle je suis resté l'éternel second. Même si William lui était heureux pour moi ces victoires me laissaient un goût amer. Je voulais la battre et la haïssait qu'elle ne soit pas là pour me défier.
Je n'ai jamais écouté les rumeurs mais il y'à quelques mois quand on m'a annoncé la séparation du couple, je du bien me rendre à l'évidence que ces rumeurs s'avérait être la vérité quand je découvris que le couple ne faisait plus acte de présence dans les concours. J'ai su bien plus tard qu'il avait trouvé l'amour auprès d'une autre danseuse de bien plus faible niveau. L'amour... Comment a-t-il pu quitter Elisabeth pour ça ? Si un jour je le croise il faudrait que je lui pose la question. Comment il a fait pour se détourner des podiums au profit d'une simple fille ? Jamais je ne le pourrais, j'ai trop soif de victoire.
Et pourtant... quand j'y pense avec Elisabeth tout est différent. Personne n'ose me parler comme elle seule c'est le faire. Elle s'en fout de me vexer ou de me mettre en colère. Cela me met encore plus en rogne car je ne supporte pas qu'on me défie mais je trouve aussi cela très excitant une vraie bouffée d'air frai. Et quand nous dansons... merde quoi. Mon corps réagit et mon cerveau semble déconnecté. J'ai dansé avec de multiples partenaires dans toute ma carrière mais jamais je n'avais rien ressenti de telle, que ce que j'ai ressenti avec Elisabeth. Lors de notre première danse j'ai su que j'étais foutu. Maintenant que j'ai découvert les sensations qu'elle peut me procurer, je suis comme un droguer recherchant sa dose et ma dose ce nomme Elisabeth. Dès que je la vois je suis en manque et je n'ai qu'une seule envie c'est qu'elle soit dans mes bras. Je suis vraiment un malade d'éprouver cela pour elle en sachant qu'on ne se connait pas.
Je me gare sur une place de stationnement, le trajet de 30 km m'a paru bien court tellement j'étais absorbé pas mes pensées. Même si l'heure est bien avancée, je connais bien William et je suis certain qu'il ne dort pas regardant une énième vidéo de représentation,cherchant et analysant ce que nous pourrions modifier pour que cela devienne la chorégraphie qui me ferait décrocher toutes les victoires. Enfin tu croyais le connaître. Cette pensée me traverse l'esprit et me tors le ventre. Penser à Elisabeth m'avais permis de retrouver une certaine sérénité mais de penser à ce qu'il voulait lui faire. Putain de merde... Le calme est parti pour me concentrer sur la rage que je contenais. Je boue littéralement et je sais que notre entrevue ne vas pas être simple. Je ne recule pas pour autant, je n'ai pas peur de lui, il n'est rien pour moi et je n'ai pas besoin de lui.
C'est fort de cette conviction que je frappe à sa porte, j'aurais préféré la fracassé mais je suis une personne civilisée. Je suis peut-être bien élevé mais cela ne m'empêche pas de taper avec force sur la porte. Un SMS me retient de continuer à taper comme un malade, c'est Elisabeth pour me confirmer ce que je voulais et pour fixer notre rendez-vous de demain. Un sourire idiot apparaît sur mes lèvres, je range mon téléphone je ne veux pas qu'elle me distrait, je dois garder cette colère en moi. Je lui répondrais plus tard, elle peut attendre ce que j'ai à faire ne le peux pas. Pour livrer cette bataille, toute mon attention devra être requise.
- C'est qui ?
Une voix forte, bourru que je ne reconnais pas m'accueil mais la porte reste fermé. Je n'ai jamais tapé aussi fort sur sa porte donc il ne s'attend pas à me voir. Mais de quoi ou de qui a-t-il peur pour refuser d'ouvrir ? Une chose après une autre, je ne dois pas commencer à divaguer.
- C'est moi, Gabriel. Pourquoi tu n'ouvres pas ta putain de porte ?
J'entends les verrous un à un s'ouvrir. Son quartier me parait plutôt calme et paisible pourquoi avoir besoin d'autant de sécurité ? Je lui poserais la question un autre jour. Quand la porte enfin s'ouvre un autre sujet me préoccupe. Il tient dans sa main un vieux fusil de chasse, enfin je crois je n'ai jamais été attiré par les armes,qu'il s'empresse d'aller ranger quand il découvre que c'est bien moi. Une accumulation de question tourne dans ma tête mais je dois rester focaliser sur mon but principal, le reste je m'en chargerais bien plus tard lorsque le moment sera venu.
- Ce n'est pas trop tôt.
- Moi aussi je suis content de te voir.
Je rentre chez lui, comme je m'y attendais il regarde une énième vidéo. Je la reconnais d'office c'est les derniers mondiaux ou je n'ai obtenu que la seconde place. Il est habillé d'un vieux survêtement, d'un t-shirt pleins de taches et il a passé par-dessus un peignoir. Enfin si on peut l'appeler encore comme cela. Une multitude de trou décore ledit peignoir du certainement à sa consommation excessive de nicotine. Des gens meurent à cause de cette merde mais lui je suis certain brûlera à cause de l'une d'entre elles. Mélanger l'alcool et un simple mégot pourrait faire de gros dégât, mais après tout ce qu'il fait de sa vie ne me regarde pas ou du moins ne me regarde plus.
- Une petite bière ?
- Euh ...
- Je t'en offre une, t'à l'aire tendu. C'est une bonne chose que tu sois passé, il fallait que je te parle. J'ai parlé avec Sibylle.
Rien que son nom, mon estomac se retourne. Il ne me connait pas mieux que ça ? Je finis par croire que non, quand je vois son regard sérieux. M'imaginer de danser avec elle me révulse, elle est tous ce que je déteste à part que c'est une fille malléable et que je pourrai obtenir tous ce que je veux d'elle. Et je ne parle pas que de danse. Même de ce côté-là elle ne m'attire pas du tout,elle est le stéréotype même de la blonde refaite. Elle à un niveau acceptable mais elle me tape trop sur les nerfs.
- Je croyais que l'alcool était proscrit.
L'agacement doit se lire sur moi car il s'arrête avant même d'atteindre la cuisine, il se retourne et me sourit avec quoi... de l'indulgence.
- Tu n'as pas encore signé avec Sibylle donc je laisse passé pour ce soir.
- Je ne veux rien boire.
Il ne m'écoute pas et sors deux bouteilles de bières bon marché, les décapsules et m'en avance une. Je ne veux pas boire, je dois garder les idées claires mais on dirait bien que mon avis lui importe peu, seul le sien compte. Il boit une grande rasade et avec la classe même il s'essuie la bouche du dos de la main. Après m'avoir étudié quelques instants, il se dirige vers le salon, s'installe et s'allume une énième clope. Je le suis automatiquement.
- Dommage que tu ne veuilles pas boire, on devrait fêter la bonne nouvelle.
Comment est-il au courant ? Non, je me fais encore des films, il est impossible qu'il sache ce que je m'a prêtais à lui dire. Il ne voudrait pas fêté le fait que je veuilles le mettre quelques temps au vert il doit vouloir me dire autre chose. Sibylle... Ma mémoire me revient et je pries intérieurement pour qu'il ne me dise pas ce que je sais pertinemment qu'il va dire. Il ne me laisse même pas le loisir de réfléchir plus ou de lui répondre.
- Sibylle est ta nouvelle partenaire. On signe les papiers demain et l'entrainement recommence lundi. Alors heureux ?
Quoi ?La surprise doit se lire sur mon visage, le connaissant je savais qu'il avait commencé à faire des recherches pour une nouvelle partenaire. Mais la je suis cloué, il est prêt à nous faire signer une collaboration sans même nous voir danser ensemble et surtout sans même avoir mon avis. La vérité fait à nouveau mal à mon ego, j'ai toujours suivi aveuglément tous ce qu'il me disait car je lui faisais confiance. Je réalise que je ne suis pour lui qu'une marionnette et qu'il peut faire de moi ce qu'il veut. La rage monte en moi et cette fois je sais qu'il n'y aura pas de retour possible.
- Je ne suis pas ton putain de pantin ? Tu fais chier, tu te prends pour qui ? Tu crois pouvoir régenter ma vie sans que je ne dise rien ?
Si je n'étais pas aussi en colère je crois que je pourrais rire de la situation à telle point elle est comique. En dix ans que je le connais, jamais je n'avais vu la tête qu'il fait. Sa bouche est grande ouverte par l'ahurissement, normal, jamais je n'avais élevé la voix envers lui et dans ces yeux je perçois de la confusion. Il ne doit surement pas comprendre pourquoi je ne dois pas le suivre encore une fois dans ces élucubrations.
- Pardon ?
- Tu m'as bien compris.
Mon ton reste cinglant. Malgré son étonnement il se reprend très vite,ses yeux se rétrécisse et rien qu'à sa posture je sais que lui aussi commence à s'énerver.
- Non, la désolé mais je ne te suis pas. Allez dis franchement ce que tu penses au lieu de tourner du pot.
- Tu à raison cela ne sert à rien qu'on perde notre temps, prends Sibylle mais sans moi.
- Quoi ... ? Non mais je rêve ou quoi, tu es en train de me dire ce que je crois comprendre ? Tu me vires ?
- Non j'allais être plus sympa te mettre au vert quelques mois. Tu pourrais allez voir ailleurs et on en reparlera plus tard.
Mon calme est revenu, je sais que plus je crierais et plus je me braquerais, plus lui aussi en fera de même. J'ai le secret espoir qu'il me comprenne mais en voyant sa tête mon espoir est vite oublié. Elisabeth avait raison, il ne lâchera pas aussi facilement.
- Allez avoue, tu me fais une bonne blague de ton crue.
Je reste sérieux et il comprend vite que je ne blague pas. Les secondes s'égrènent sans qu'aucun de nous deux réagisse. Puis ces joues deviennent cramoisie et au lieu de raisonner en adulte il se met à m'aboyer dessus ce qu'il n'aurait jamais dû faire.
- Comment oses-tu me faire ça à moi ? Moi qui me dévoue pour toi ? Jamais tu n'aurais atteint un tel niveau si je n'avais pas été là. Tu n'es qu'un petit merdeux et ingrat. Tu crois que tu trouveras mieux ailleurs ? Mais je suis sûr que dans une semaine ou après ton premier concours, tu reviendras à genou me supplier de te reprendre. Réfléchis bien, personne ne voudra te toi à part moi. Sans moi tes trophées seraient juste des rêves, des espoirs inaccessibles.Garde-les biens car ils feront partie de ton passé et non de ton avenir.
La colère coule dans mes veines, voilà enfin son vrai visage et je crois encore plus Elisabeth. S'il veut hurler je peux aussi le faire, cet homme ne m'impressionne plus. Il veut jouer, pas de problème jouons, mais je sais pertinemment qu'il a déjà perdu d'avance. Je m'avance jusqu'à être tous prêt de son visage, yeux dans yeux, pour qu'il comprenne que je ne plaisante pas. Je ne crie pas finalement, je ne veux pas rentrer dans son jeu malsain. Je parle doucement mais sur le ton le plus agressif que j'ai en stock pour qu'il sache que le jeux entre nous est fini et que malheureusement pour lui il a tous perdu.
- Moi qui voulais être sympa et te filer quelques vacances payés, je suis vraiment trop con. Tu as raison je vais faire l'ingrat et tous simplement te virer. C'est cool j'ai moins de remords tu n'es plus tous seul, tu as Sibylle. Merci de ta sollicitude mais ne t'inquiète pas pour moi. Tu pensais que personne ne voudrait de moi et la, encore une fois, tu te trompes, j'ai déjà trouvé quelqu'un en la personne d'Elisabeth. Et au comble de l'ironie dans cette histoire c'est que comme c'est une pro elle a déjà un entraîneur et il veut bien de moi.
Toutes les couleurs de son visage ont déserté lorsqu'il assimile ce que je viens de lui dire. Il ne me prenait pas au sérieux mais à l'évocation d'Elisabeth et de son entraîneur, il a compris que je parlais enfin sérieusement.
- Tu n'oserais pas faire ça, pas avec eux... Cette petite...
Je ne me retiens plus, ni ne me contrôle, je ne voulais pas à en arriver à être agressif, surtout avec lui, mais entre les révélations qu'elle m'a faite et les insultes qu'il est prêt à dire je ne me contrôle plus. Je l'attrape pas son peignoir et le plaque contre le mur.
- Ne dis pas un seul mot sur elle.
- Non mais je rêve tu as complètement pété les plombs ? Tu es amoureux ou quoi ?
Amoureux, moi ? Non, je... reprends toi, ce n'est pas le moment qu'il te déstabilise.
- Arrête tes conneries, je suis au courant de tout, de tes menaces... S'il y en a un qui a pété les plombs dans cette pièce ce n'est pas moi mais bien toi.
- Elle ment.
Il hurle maintenant, je le relâche car je sais qu'il faut que je me calme. Il faut que je parte sans me retourner car si nous continuons sur ce terrain mon poing va bientôt finir sur sa tête et la partie rationnelle de mon cerveau me dit que ce n'est pas la solution. Le dos tourné, j'inspire et expire trois fois pour m'exhorter un peu plus au calme. Je me retourne enfin et le plus sereinement du monde je lui annonce :
- Je sais la vérité, tu pourras dire ce que tu veux mais je sais. Maintenant c'est dommage que tu le prennes comme ça mais ma décision est prise et je ne changerais pas d'avis. On a passé de bons moments ensemble mais c'est terminé.
Je ne le laisse pas répliquer et je m'en vais. La porte claqué je me dirige vers ma voiture, j'attends à tous moments qu'il me court après pour me dire que nous trouverons une solution ensemble. Qu'il se batte pour rester avec moi. Cela aurait été un signe qu'il tenait à moi, non ? Mais non la porte est close et seul le silence règne autour de moi.
Arrivé à ma voiture j'entends enfin sa réaction, des hurlements suivis de grands bruits. Je suppose qu'il est entrain de fracasser tous chez lui, je perçois du verre qu'on jette sur les murs ou sur la porte. J'ai un pincement quand j'entends ce raffuts et surtout de la culpabilité pour les voisins car c'est bien à cause de moi qu'il est rentré dans une telle rage. Dois-je allez le calmer ? Non, ce n'est plus mon rôle.Tu n'es qu'un petit merdeux ingrat. S'il me pense comme cela agissons comme telle.
Un dernier regard à cette maison ou je pensais avoir passé tant de bons moments, je démarre et pars le plus loin possible de lui. A partir de demain William fait partie de mon passé et Elisabeth de mon avenir. Je suis prêt à tous pour que cela fonctionne et il n'est rien d'impossible à celui qui a de la volonté.
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