Chapitre 1
C'est une belle journée, le soleil est haut dans le ciel, un après-midi comme les autres, sur son vélo Margot pousse encore un peu plus fort sur ses jambes et accélère. Cette livraison était simple, un courrier à remettre dans un cabinet d'avocats. Ce qu'elle transporte elle s'en fout et à vrai dire elle ne veut pas le savoir, tout ce qu'elle sait c'est que tout ce qui rentre dans son sac y reste jusqu'au destinataire. Elle file et passe par les ruelles et les raccourcis qu'elle connaît si bien, à une allure folle, son vélo c'est son outil de travail, elle est coursière dans la magnifique ville de Vancouver, la circulation ne lui fait pas peur, sur son deux roues , elle esquive, tourne , saute. Elle adore son métier, l'adrénaline coule dans ses veines quand elle se mêle aux voitures et autres moyens de transport. C'est tout bonnement électrisant. La jeune femme rejoint son agence avec l'objectif de récupérer ses affaires et de profiter de cette fin de semaine.
Pourquoi ne pas sortir ce soir avec ses amis et prévoir autre chose pour demain puis passer dimanche à se reposer et reprendre en pleine forme lundi matin. La jeune femme arrive dans un dérapage, saute de sa selle et attache son engin dehors sur l'emplacement réservé. Elle pénètre dans son lieu de travail son sac placé sur son épaule.
-"Salut Gary !" Lance-t-elle gaiement en se dirigeant vers les vestiaires, son casque toujours sur la tête, laissant voir juste une tresse de cheveux châtain.
Gary son supérieur est un type sympa, il a peut-être la quarantaine.
-"Margot attend !" Cri-t-il alors. Margot s'arrête et se retourne, ses yeux marrons clairs regardant intensément son supérieur, ses mains accrochées à la sangle de son sac. Elle n'aime pas ça.
-"Non Gary ! Non." Elle soupir et se dirige vers le comptoir. Son patron la regarde d'un air désolé. "Tu sais que j'ai fini normalement ?"
-"Tu as une dernière course à faire." Annonce le plus âgé avec une tape amicale sur les avant-bras de Margot qu'elle a posés sur le comptoir. "Un simple courrier, tu as une demi-heure pour le déposer à cette adresse." Il lui remet un paquet avec le lieu de résidence inscrit dessus d'un certain Monsieur Wintker.
-"Attends ! T'as déjà le paquet ?" Ce sont des choses qui arrivent mais c'est tellement rare.
-"Oui un grand type m'a déposé ça tout à l'heure et il m'a bien fait comprendre que c'était urgent." Il lui tend une enveloppe toute simple. "Après cette livraison tu pourras y aller et profiter de ce week-end que je t'ai promis." Le sourire de Gary finit par convaincre la jeune cycliste.
-"C'est ok ! Mais tu m'en devras une." Réplique-t-elle en attrapant le papier dans ses doigts fins et de le glisser dans son sac.
Elle sort, détache son vélo et grimpe dessus. Sans même se soucier des véhicules ou autres piétons, elle pédale à vive allure et se dirige vers sa destination.
-"Allez !" Cri Margot alors qu'elle esquive un scooter et reprend la route.
Il ne lui faut pas plus de vingt minutes pour arriver au pied de l'immeuble correspondant à l'adresse écrite sur le document dans son sac. Margot freine, pose son deux roues contre un arbre, l'enchaîne et franchit les portes du rez-de-chaussée. Confiante, avec une légère avance, elle se dirige vers les ascenseurs et pousse le bouton. Elle doit se diriger au dix-huitième étage appartement six B et remettre le courrier à Monsieur Wintker.
Elle tapote ses doigts sur sa cuisse au rythme de la douce musique diffusée dans la cabine qui la soulève jusqu'à l'étage désiré. Au dix-huitième elle sort et empreinte le couloir de droite, elle aperçoit la porte menant aux escaliers et se pose la question de savoir si elle sera assez dingue pour redescendre à pied.
Quelques secondes et elle est arrivée à destination , elle jette un œil à sa montre et sonne, elle patiente, attend un peu, regarde sa montre de nouveau et recommence. Pas de réponse. Sa patience a des limites, si elle ne livre pas ce courrier, elle devra revenir et adieu son week-end.
-"Hors de question." Margot frappe et dit le nom du destinataire tout en pénétrant dans l'appartement. "Monsieur Wintker?" Appelle la jeune femme. Seul le silence lui répond mais sa porte est ouverte, est-il parti sans fermer à clé ? Elle pénètre dans la pièce principale à pas de velours et observe les murs et le mobilier, il n'y a rien qui laisse deviner que quelqu'un vit ici, c'est basique, vide, simple, presque sans vie comme si la personne qui habite là ne compte pas y rester. Sans vraiment de raison , une légère angoisse brûle ses veines, c'est bien trop calme et l'ambiance générale de cet appartement est vraiment trop bizarre, une légère sueur froide coule le long de son échine. Elle déglutit et frissonne légèrement, le son d'une trotteuse d'une horloge est le seul bruit qu'elle entend et ça suffit à l'effrayer un peu plus. Dans sa tête elle revoit les images de ce documentaire sur le paranormal et les choses étranges qui se passent dans de vieilles habitations comme celle-ci.
-"T'es vraiment trop bête Margot !" Se chuchote-t-elle pour se donner confiance.
Elle continue son chemin, franchie la porte de la cuisine et tout bascule, un homme l'attrape férocement par le bras et lui injecte elle ne sait quoi à travers une seringue qu'il lui a plantée dans le cou, elle se dégage d'un coup de coude et repousse son agresseur. À ce moment deux hommes font irruption par l'autre porte et se précipite arme en main. Elle agrippe la sangle de son sac et fuit. Dans sa précipitation elle fait tomber le peu de vaisselle posée sur le rebord de la table. Le fracas la fait sursauter, elle court vers la sortie, elle veut partir d'ici, fuir. Pour le moment elle ne veut que prendre une bouffée d'air et calmer les pulsations de son cœur. Elle sent les larmes piquer le coin de ses yeux. Elle sent qu'elle va être malade. Son souffle se coince dans sa gorge quand un coup de feu explose, à cet instant, elle comprend que sa vie est en danger.
-"Toi ?" Hurle le premier homme essayant vainement d'attraper Margot.
-"C'est le coursier." Annonce le deuxième au premier gars. "On doit récupérer la clé."
Sans vraiment comprendre ce qui se passe Margot court sans se retourner, elle entend les deux types pester à quelques mètres derrière elle. Elle se précipite et pousse la porte qui mène aux escaliers, elle attrape l'échelle accrochée au mur, celle destinée à accéder à la trappe menant au toit et la coince contre la porte de façon à la bloquer. Ça ne lui donnera pas plus d'une dizaine de secondes d'avance. Margot saute les marches deux à la fois, elle est bien trop effrayée pour comprendre et analyser la situation.
Alors qu'elle descend encore un étage, un coup de feu est tiré, elle crie et pose ses deux mains de chaque côté de sa tête, touchant son casque. Elle court encore et saute les marches. Son cœur bat à une allure hallucinante, elle est essoufflée, terrifiée.
-"Putain c'est quoi cette merde." Que lui a injecté ce type?
Dans les étages supérieurs elle entend la porte céder et les deux hommes la prendre en chasse, elle force sur ses jambes, ses muscles la brûlent, sa gorge se déchire à chaque souffle, elle est sportive certainement mais l'angoisse et le choc de ce qui vient de lui arriver l'ont complètement déboussolé. Ses mains tremblent, son sac claque contre son flanc et les larmes débordent de ses yeux sans son autorisation. Jamais durant les dix-huit ans de sa vie elle n'a eu aussi peur.
À bout de souffle Margot finit sa course au rez-de-chaussée, elle fuit vers l'extérieure, les clés de sa chaîne déjà dans sa main, les tremblements ralentissent ses mouvements et elle galère à détacher son vélo. Elle y parvient au moment où les deux tueurs sortent de l'immeuble, il y a du monde mais ça ne semble pas les déranger pour autant. Un coup de feu retenti alors que Margot est déjà en selle, un piéton tombe sur le bitume raide mort et la foule fuit. Les cris et les pleurs font écho aux battements frénétiques de son cœur, elle force et pousse plus durement sur ses cuisses et ses mollets. Elle prend de l'avance se sortant de l'avenue principale en passant par les raccourcis et autres petites rues. Elle ne s'arrête pas, elle jette des coups d'œil en arrière de temps en temps, elle ne voit pas de voiture ni même de mecs assassins qui la suivent. Elle passe un premier croisement dans l'espoir de se rendre à l'hôpital ou à la police et fonce encore, sa vitesse est impressionnante, elle esquive un chat errant qui traverse et roule toujours à vive allure puis franchi un deuxième croisement. À cet instant, un choc qui semble lui arracher tout le côté droit la propulse hors de son vélo qui passe sous les roues de la voiture qui vient de la percuter. Sa tête frappe durement le pare-brise et tout son corps est désarticulé et cogne à son tour la vitre brisée, la douleur est telle qu'elle pense qu'elle ne pourra jamais souffrir plus, chaque centimètre de son être fait mal, elle ne voit plus, elle n'entend plus, elle est propulsée au-dessus du toit pour atterrir à l'arrière de ce véhicule. Margot s'écrase au sol dans un fracas d'os brisé, le goût du sang sur sa langue, allongée sur le ventre, son sac toujours accroché à son épaule.
Elle sait qu'elle va sombrer dans l'inconscience, peut-être même mourir alors que ses yeux qui sont sur le point de se fermer aperçoivent les deux types qui l'ont menacée, ils lui arrachent son sac et alors qu'elle pense qu'ils vont la tuer, le son d'un deuxième véhicule se fait entendre. La dernière chose que voit Margot est un long manteau de cuir noir qui frôle le bitume. Et tout est flou, ses yeux se ferment, sa conscience lui échappe.
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