Epilogue - Adélaïde

1 Septembre 2011

-Non..S'il vous plait...Non !!

L'homme en face de moi agite sa baguette. Aussitôt une vive douleur me parcourt le corps. J'ai mal. Tellement mal.

-Dis le nous ! Le seigneur des ténèbres attend...

-Jamais ! Jamais ! Lancé-je avec hargne.

-Qu'il en soit ainsi...Après tout, c'est comme si nous continuons notre jeu. Tu t'en rappelles n'est-ce pas Bercley ? Non ? Alors je vais te raffraichir la mémoire...Endoloris !

Je me cambre, hurlant de douleur. Derrière le ruissellement de mes larmes, je distingue leurs corps. Inanimés. Ma mère...Mon père....Ils m'ont abandonnée. Mais je ne peux leur en vouloir. Ils n'ont pas eu le choix. En un coup de baguette, leur coeur a cessé de battre.

-Marcus ! Il nous appelle.

-Qu'est ce que l'on fait d'elle Rabastan ?

-Laisse la, ce n'est qu'une gamine insignifiante.

Ils me laissent seule, attachée. De mes yeux mi-clos, je contemple la mare de sang formée sous mon corps. J'essaye de bouger les bras, mais des clous m'en empêchent, m'arrachant de nouveaux cris de douleur. Mon ventre se contracte. Non. Pas ça ! Je vous en pris. Je me sens partir tandis que la douleur s'estompe petit à petit. Une voix s'infiltre dans ma tête, tel un murmure

-On arrive trop tard. Kingsley viens m'aider ! Celle-là vit encore !

La pièce autour de moi change et un bip agaçant résonne à mes oreilles. J'ouvre doucement les yeux, virant le masque qui cache mon visage. J'ai mal partout, mais quelque chose cloche. Un hurlement effroyable s'échappe de ma bouche tandis que sa disparition me fouette en plein visage.

-Calmez vous Madame ! Docteur ! Un tranquillisant vite !

Non. Ce n'est pas possible. Ils me l'ont arraché lui aussi. Ils n'avaient pas le droit. Il n'a même pas eu le temps de voir la lumière du jour. Non ce n'est pas possible. Je vais me réveiller. C'est un cauchemar. Je dois me réveiller.

-Réveille toi ! On va être en retard !

Deux grands bras me tirent du lit tandis que j'ouvre les yeux. La tignasse rousse de Guilian s'impose à ma vue brouillée. Je me redresse dans mon lit tout en frottant mes yeux. Encore ce cauchemar, ce souvenir qui me hante depuis tout ce temps. Je passe rapidement à la salle de bain me rafraîchir et une fois prête, je retrouve Guilian à la cheminé.

-Il y a un endroit où j'aimerai que l'on aille avant mon ange.

-Mais...Le Poudlard express..

-Ne t'inquiètes pas, on sera à l'heure, je te le promets.

Je lui prends la main et nous transplanons. Nous apparaissons dans un caveau et j'entraîne le jeune homme à l'extérieur, sillonnant à travers les tombes. Arrivés devant l'une d'elle, je tapote doucement la pierre de ma baguette et des fleurs apparaissent, ornant la sépulture d'une note colorée.

-Ils auraient été si fiers de toi...lancé-je, la voix brisée.

-Je sais tatie... Et je suis sûre que... Que tu aurais été une excellente maman... Après tout, tu l'as été avec moi.

J'esquisse un sourire. J'avais finalement décidé de le garder. Même si Percy n'était pas au courant, même si je devais l'élever seule. Mais la vie...Non. Ce n'était pas la vie. C'était eux. Rodolphus et Rabastan, des mangemorts dont je n'oublierai jamais le nom. Et Marcus Flint, ce sale serpent vicelard. Ils me l'avaient enlevés. Ils l'avaient tués avant même de lui donner la moindre chance. Je ravale les larmes menaçant de couler. Je ne peux pas me le permettre. La douleur, omniprésente dans ma vie, se fait de moins en moins forte au fil des années, mais certaines périodes rouvrent les plaies, aussi vives qu'au premier jour. J'ai tellement mal que mon âme hurle. La tempête destructrice qui me ravage depuis dix sept ans est aujourd'hui à son apothéose. Comme à chaque fois que je me plonge dans ces souvenirs, comme à chaque fois que je viens ici. Comme chaque matin quand j'ouvre les yeux.

-C'est pour tante Féline et oncle Clérence que tu es devenue Auror?

Je relève la tête, surprise par son esprit de déduction.

-En partie oui. Mais j'ai aussi toujours voulu suivre leurs traces. Je renifle avant de continuer, allez allons-y, il ne faudrait pas que tu loupes le train.

Nous transplanons et arrivons rapidement à la maison. Récupérant les affaires de Guilian, le jeune homme passe le premier par le conduit de cheminé. Une fois le conduit vide, je prends une bonne poignée de poudre de cheminette et le rejoint avec le reste de ses affaires. La voie 9 3/4 est déjà pleine de monde. Nous nous faufilons difficilement entre les sorciers et posons les valises sur l'un des chariots à cet effet.

-Tu me promets de faire attention à toi Guilian. Ne..Ne fais pas trop de bêtises. Je sais qu'à ton âge...

-Tatie ! Me coupe-t-il, je suis préfet en chef ! Je ne vais pas faire de...bêtises.

Je lui souris et caresse sa joue avec tendresse. Si il savait. Je l'embrasse une dernière fois en jetant un coup d'oeil à ma montre.

-Je suis désolée mon ange...

-Je sais tatie, le devoir t'appelle. On s'écrit ne t'inquiètes pas, et on se voit à noël.

-C'est promis mon poussin. Tu as bien ton autorisation pour Pré-Au-Lard ?

-Oui ! J'ai bien pensé à la prendre cette fois.

-Bien..Allez dépèche-toi de monter. Reniflé-je tandis qu'il me fait un dernier baiser.

Je lui fais au revoir de la main et tourne la tête vers les autres parents se trouvant sur le quai. Au loin, je distingue des têtes connues. George, Angélina, Ron, Ginny, Harry, Hermione... Je souris. Ils ont l'air tellement heureux avec leurs enfants. Tandis qu'Harry serre dans ses bras un jeune garçon aux cheveux bleus, mon regard glisse alors vers un autre couple et mon coeur se serre dans ma poitrine. Percy est accompagné d'une sublime femme. Je suis heureuse pour lui. Il semble bien, et même si je me prends à imaginer être à la place de cette femme, je suis soulagée de voir qu'il a refait sa vie. J'ai pris connaissance de la mort de Fred par les journaux, et je ne pouvais qu'imaginer la souffrance de la famille Weasley. Alors, le voir ainsi si heureux me fait du bien. Alors qu'il me remarque, je lui souris et lui adresse un signe de tête. Je contemple une dernière fois la petite famille rassemblée. Tous ont cette petite lueur triste dans leurs regards, mais tous semblent aller admirablement de l'avant. Même George semble s'être reconstruit malgré la perte de sa moitié. Des larmes glissent sur mes joues tandis que les souvenirs m'assaillent. Fred, George et leurs tours. Percy...ses baisers...son odeur. Je prends une profonde inspiration. Je ne dois pas craquer. Je n'ai pas le droit. Après un dernier regard à ma montre, je transplane. Je ne dois pas arriver en retard au bureau des Aurors. Même treize ans après la guerre, des mangemorts sont encore en liberté. Le ministère met tout en œuvre pour les retrouver et les envoyer à Azkaban, mais malgré cela, certains arrivent encore à nous filer entre les doigts. Une longue journée de travail m'attend, et je sais que je ne serai pas rentrée avant deux heures du matin...A condition que je rentre. Mais telle que je me connais, comme chaque année, je vais passer tout mon temps au travail, jusqu'à me faire chasser du bureau par mes supérieurs. Malgré tout, j'aime me noyer dans le travail. Cela me permet d'oublier. De tout oublier.

-Ha ! Miss Bercley ! Monsieur Potter vous attend dans son bureau. Il a une importante mission à vous confier et a demandé que vous le rejoignez dés votre arrivée.

Je remercie la femme et me dirige vers le bureau du survivant, enfouissant à chacun de mes pas le moindre sentiment au plus profond de mon être, préparant mon mental pour la dure journée qui m'attend.

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