Chapitre 96 - Adélaïde

27 Mars 1994

Ca y es, le jour j est arrivé. Le cœur battant, je jette un dernier coup d'œil aux ingrédients rassemblés sous mon matelas. Tout y es. J'essaye une dernière fois le faux palais en résine que j'ai fabriqué quelques jours plus tôt et lit quelques phrases du manuel de défense contre les forces du mal. Ma voix est légèrement brouillon, mais je pourrai très facilement faire croire à un aphte douloureux. Le plus difficile sera de ne pas goutter la langue de Percy pendant un long mois. Je déglutis avant de terminer de me préparer et descends dans la grande salle. Mon estomac se contracte et je n'arrive à rien manger. Le rituel accapare tellement mes pensées que je suis bien incapable de me concentrer sur les discussions de Gaelle et Jacob en face de moi.

-Ca ne va pas Adélaïde ?

Je sursaute tandis qu'une main se pose sur mon épaule. Je relève la tête vers Percy. Le jeune homme a la mine soucieuse. Un pli barre son front tandis qu'il fronce les sourcils. Je lui souris, m'apprêtant à lui mentir.

-Si ça va, je n'ai pas beaucoup dormi cette nuit. Certainement..la pleine lune.

-Oui, le professeur Burbage nous en a parlé la dernière fois. Il paraît que certains moldus développent des dons étranges, mais bien trop infimes pour être considérés comme sorciers. Certains entendent des voix, voient des esprits ou sont plus ou moins agités en fonction des cycles lunaires. Répond Jacob avant de se servir une grande portion de frites.

-Comment tu peux manger des frites au petit déjeuné ? Lui demandé-je, écoeurée.

-Et toi comment tu peux te gaver de bonbons toute la journée ? Rétorque-t-il du tac o tac.

-Touchée. Grimacé-je. Puisqu'on est Dimanche, que dirais-tu d'aller nous promener au lac ?

-Ha ouai se serait génial! Répond Jacob, la bouche pleine.

-Oui pourquoi pas, on pourra pique niquer là bas si il ne pleut pas. Continue Percy, comme si le préfet n'existait pas.

-C'est...Commence mon collègue avant de se grimacer de douleur.

-Laisse les tranquille Jacob ! Murmure Gaelle en fusillant le jeune homme du regard.

Je souris, amusée avant de répondre à Percy.

-Ca me va, on aura qu'à aller se préparer après le petit déjeuné et se retrouver dans une heure dans le hall ? Proposé-je, tentant d'ignorer au maximum les pitreries de Jacob à côté de moi.

-Salut !

Je me tourne vers la jeune fille qui vient nous importuner et fronce les sourcils. Pénélope Deauclaire se trouve face à nous, ne semblant pas génée le moins du monde de nous déranger. Je me renfrogne sur mon siège, fixant mon assiette afin de ne pas être désagréable. C'est plus fort que moi. Je ne peux pas la supporter, et ce depuis plusieurs années maintenant. Et de toute façon, cela semble réciproque. Les rares fois où nous nous adressons la parole, j'ai toutes les peines du monde à me montrer cordiale.

-Jacob, oublie pas de me retrouver à la bibliothèque après le déjeuné, il faut terminer l'exposé pour Bins et j'aimerai que se soit bouclé avant la fin du weekend.

Sans attendre la réponse du jeune homme, Pénélope fait volte face et rejoint la table des Serdaigles. Je me détends, reprenant ma respiration et questionne Jacob du regard qui nous explique avoir décidé de faire le devoir optionnel que Binns nous a proposé au dernier cours.

-Tu ne le fais pas Percy ? Demande Gaelle, étonnée.

-Si, mais seul ça me rapportera certainement une meilleure note.

Les cris des hiboux interrompt la discussion. Percy intercepte Errol, prêt à plonger tête la première dans la salade de fruit.

-Pourquoi ils ne m'ont pas renvoyer Hermès ? S'inquiète le jeune homme en attrapant le hibou évanoui.

Tandis que le jeune homme parcourt ses lignes, un autre hibou se pose sur ma tête, me picorant le front avec insistance sous les regards amusés de Jacob et Gaelle.

-Mais, descends de là espèce de tas de plumes ambulant ! Qu'est-ce que ?

Je décroche la lettre qui m'est adressée, fronçant les sourcils. Je ne reconnais pas la chouette qui s'empresse de retourner dehors, non sans m'avoir pincé le doigt avec rage. Le courrier vient de ma cousine Alice. Je l'ouvre rapidement et souris tout en parcourant les lignes. Elle m'annonce avec fierté sa grossesse de deux mois maintenant. Je suis heureuse pour elle. Alice et Jérôme ont eu tellement de mal à concevoir, que je ne peux que partager leur bonheur. Je range précieusement la lettre dans ma poche et termine mon petit déjeuné.

Une fois le repas fini, je dis au revoir aux deux préfèts et nous sortons nous balader autour de lac. Nous discutons de tout et de rien. Des cours, ce qui me fait grincer des dents, mais Percy semble tellement enthousiaste que je n'ose pas l'interrompre, puis la discussion dévie sur nos projets d'avenir.

-J'ai reçu une lettre du ministère, m'informe Percy, anxieux, ils sont en train d'étudier ma demande de stage. Je devrais recevoir une réponse définitive courant Mai.

-Hey, t'inquiètes pas, je suis sûre qu'ils vont accepter. Tu es brillant ! Y'a pas de raisons qu'ils refusent, et puis si c'est le cas, ce sont des imbéciles !

-Adélaïde ! C'est du premier ministre que tu parles ! Me réprimande le jeune homme, choqué.

-Et alors ? Ca reste un homme, non ?

Percy me regarde avec de grands yeux ronds. Je lui adresse un large sourire innocent, papillonnant tandis que nous nous installons dans l'herbe. Je retrouve ma place dans ses bras, comme si nos corps avaient été sculptés ensemble, tel le Yin et le Yang. Percy déplace mes cheveux et m'embrasse doucement dans le cou, me faisant frémir.

Nous passons la journée à flâner dehors, profitant du beau temps. Mais plus la journée passe, plus une boule d'angoisse se forme dans mon ventre. Mon but ultime commence doucement à accaparer mes pensées, et j'ai de plus en plus de mal à me concentrer sur ce que me dit Percy.

-Tu es sûr que ça va Adélaïde ? Tu m'as l'air préoccupée depuis tout à l'heure. Tout...tout va bien entre nous ? Me demande-t-il tout en s'agitant.

-Oui Percy. Excuse moi, j'ai pas très bien dormi cette nuit. Mes...Mes parents sont repartis en mission ce matin alors...ça m'angoisse pas mal.

Le jeune homme me prend dans ses bras, me serrant fort contre lui. Je lui rends son étreinte, culpabilisant de lui mentir ainsi. Enfin...Oui mes parents sont vraiment en mission, mais ça fait plusieurs jours maintenant et ce n'est pas quelque chose de dangereux pour une fois. Mais je ne peux pas lui dire ce que je m'apprête à faire. Il risquerait de m'en empêcher ou de réussir à m'en dissuader. Et si près du but, il en est hors de questions. De toute façon, dans un mois se sera fini. Dans un mois, je n'aurai plus à lui mentir...ou en tout cas se sera plus facile.

-Au fait, j'ai reçu un courrier de mes parents en allant me préparer tout à l'heure. Tu te souviens qu'ils ont rencontrés les tiens. La rencontre s'est bien passé, d'après mes parents. Ils étaient heureux et d'après ce que ma mère m'a dit, ils comptent se revoir prochainement autour d'un thé.

-Bon, soupiré-je, tant mieux. J'avais peur que ça ne colle pas. Au moins, on aura ça de moins à organiser...

Je rougis en repensant à la proposition de Percy. Notre vie ensemble approche à grands pas. Nous nous dirigeons tranquillement dans la grande salle tandis que je me mords l'intérieur de la joue. Encore quelques heures et je ne pourrai plus reculer. Je m'efforce de participer aux conversations durant tout le repas.

-On se retrouve pour notre tour de garde dans trente minutes ?

Je tourne la tête vers Percy, ouvrant grand la bouche. J'avais complètement oublié que c'était à moi de patrouiller ce soir.

-Je...Je suis désolée mon coeur. Je ne me sens pas dans mon assiette. Je pense demander à Jacob de prendre ma place ce soir...

L'intéressé relève la tête en fronçant les sourcils.

-Heu ok...Merci de me tenir au courant. Mais pourquoi ? Il se passe quelque chose entre vous ?

-Non non, réponds-je précipitamment, mais j'ai quelques...soucis d'ordre féminins si vous voyez ce que...

-N'en dis pas plus ! Lance les deux garçons en grimaçant.

Je lance un regard amusé à Gaelle et nous éclatons de rire. A croire que les menstruations sont des choses aussi tabou que le nom de Lord Voldemort chez les garçons.

-Ok j'ai compris, commence Gaelle une fois calmée, je prendrai ton tour Percy, comme ça vous pourrez patrouiller ensemble dans deux jours.

-T'es la meilleure ! Lui lancé-je avec un clin d'oeil.

Une fois le repas terminé, j'abandonne Percy devant ma salle commune et fonce dans le dortoir. Il ne reste que quelques heures à attendre et personne ne doit remarquer ma nervosité. J'attends patiemment, couchée dans mon lit, luttant contre le sommeil qui essaye doucement de m'envelopper. Autour de moi, j'entends les lits se froisser, les ronflements commencer. Une fois certaine que tout le monde est endormi, je récupère discrètement mon matériel et descend dans la salle commune. La première partie est la plus simple, mais mieux vaut la faire à une heure stricte. Après m'être lavée les mains, je relis la première étape des instructions.

Conservez une feuille de mandragore dans la bouche pendant un mois entier (entre deux pleines lunes). Cette feuille ne doit en aucun cas être avalée ou retirée de la bouche. Si la feuille est extraite de la bouche, le processus doit être repris à zéro.

Ok bon...Ce n'est décidément ni la partie la plus compliquée, ni la plus longue. J'attrape le faux palai et y glisse la feuille de mandragore. Toutefois, réussir à le faire tenir est une chose bien plus complexe. Au bout de quelques tentatives, j'arrive finalement à placer convenablement la résine. M'approchant de la panière à fruit, j'attrape avec appréhension une pomme. Si mon palais se détache, je devrais tout recommencer....avec une nouvelle feuille. Et donc je devrais attendre le mois prochain pour reprendre le rituel. Le cœur battant, je croque dans la pomme, la mastique et l'avale. Passant ma langue sur le faux palais, je constate qu'il n'a pas bougé d'un millimètre. Satisfaite, je fais apparaître un calendrier où je coche le premier jour. Le cœur battant, je remonte me coucher.

Dans quelques mois, je serai un animagus à part entière. Je vais toutefois devoir ruser pour empêcher Percy de m'embrasser plus passionnément qu'un simple baiser sur les lèvres...Épuisée, je remonte me coucher. J'ai toute la nuit pour réfléchir à une solution. Soulagée que cette première partie se soit déroulée sans encombre, je prends confiance en moi et m'endors rapidement. Tout se passera bien. Il n y a pas de raisons pour que ça foire.

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