Chapitre 9 - Percy


3 Septembre 1993

L'eau froide me transperce la peau. J'étais tellement fier de moi, que lorsqu'Adélaïde m'a tiré, je n'ai pas eu le temps de réagir. Je remonte à la surface tant bien que mal et aspire une bonne goulée d'air frais. Le lac a un goût salé qui me rappelle nos vacances à la mer, il y a des années de cela. Nous étions encore jeunes et ma mère était à peine enceinte de Ron. Charlie, qui venait d'entrer à Poudlard, s'amusait à nous raconter des histoires terrifiantes sur les fantômes qui s'y baladaient. Il racontait que Sir Nicholas se promenait la nuit entre les lits des Gryffondors à la recherche d'un morceau de chair pour recoudre sa tête à son corps et que seule celle des premières années pouvaient lui aller. Bill trouvait ça fascinant et avait harcelé papa tout l'été pour lui demander de voir avec le ministère afin qu'il puisse commencer ses études plus tôt que prévu, quitte à modifier complètement le système scolaire. Pour ma part, j'avais fais des cauchemars durant des jours. Quand notre mère avait compris la source de mes terreurs, elle avait envoyé à Charlie, qui était déjà de retour à l'école, une beuglante. D'après ce que notre frère nous avait dit, il ne l'avait pas ouvert, la laissant ainsi cachée sous son matelas. Une semaine après, alors que tout le monde dormait dans le dortoir, la beuglante avait explosée, laissant sortir la voix de notre mère. Charlie avait insisté sur le fait qu'elle s'était faite entendre jusqu'aux dortoirs des Serpentards, mais je pense qu'il exagère grandement les choses.

Je regarde autour de moi et remarque la jeune Poufsouffle qui nage déjà vers la rive. Je la rattrape en quelques brasses et passe devant elle. Prendre l'eau m'a remit les idées en place. Je ne peux pas me permettre ce genre d'enfantillages. Les examens sont cette année et je dois donner mon maximum pour les réussir, et patauger dans l'eau ne m'aidera en rien à obtenir un poste au ministère.

-Percy attend.

Je ne l'écoute pas et sort de l'eau. Une fois sur la rive, j'essore partiellement mes vêtements et récupère ma baguette. Il va falloir que je monte me changer. Espérons que les couloirs soient vides, ce qui m'évitera une énième humiliation.

-Percy! Tu fais la tête?

-Non Adélaïde, je ne fais pas la tête. Tout ça c'est...n'importe quoi. On est en dernière année, et préfets de surcroît. On ne peut pas se comporter comme...comme des premières années écervelés. Je sais bien que pour toi cela n'a aucune valeur, tu ne prends jamais rien au sérieux, tu sèches les cours et tu tournes notre statut de préfet en ridicule. Libre à toi de foutre ta vie en l'air mais s'il te plaît, ne m'entraîne pas dans ta chute, ni moi, ni les autres préfets.

La jeune femme sort de l'eau et vient se poster à quelques millimètres de moi. Son regard exprimant de la colère et...autre chose. L'ai-je blessée? Je ne vois pas en quoi. Je ne fais que citer des faits.

-Tu insinues quoi Percy? Que je ne mérite pas d'être préfète? Que je ne suis qu'une écervelée? Ho, et bien désolée de ne pas être assez bien aux yeux de Monsieur Percy, mais grande nouvelle, j'ai été élue et ce n'est pas parce que tu es désormais préfet en chef que tu dois te croire tout permis. Je....

En colère de la voir me parler ainsi, j'ouvre la bouche pour répondre mais la referme aussitôt. Ses yeux sont embués et semblent me fusiller. Des gouttes tombent de ses cheveux noirs désormais plaqués sur son crâne. Je suis l'une d'elle du regard. Elle descend doucement sur son front, roulant sur les montagnes de son nez avant de disparaître à la commissure de ses lèvres. Ces dernières, fines et rose pâle, tremblent légèrement. Je sens mon cœur accélérer tandis qu'un fourmillement traverse doucement ma mâchoire, s'attardant sur ma bouche.

-Je vois. Ton silence est très clair. Merci beaucoup.

Je la vois souffler, ne comprenant pas ce qu'elle me raconte. Elle passe une main dans ses cheveux et se tourne vers le lac, pensive. Je fronce les sourcils, essayant de décrypter ses pensées, ou au moins ses paroles incohérentes. Elle tourne alors les talons, ramassant sa baguette et son paquet de bonbons et commence à remonter vers l'école.

-Où est-ce que tu vas? Attends...

Je lui attrape la manche afin de la retenir mais elle se défait d'un geste sec et reprend sa route d'un pas rapide. Je reste encore quelques instants, pensif, essayant de visualiser la scène qui vient de se dérouler. Je ne comprends vraiment pas ce qui a pu la mettre en colère. Je n'ai rien fais de mal. Il fallait bien qu'un jour quelqu'un se charge de lui rappeler ses responsabilités. Je ne l'ai pas insultée. Bon, mon ton était peut-être un peu cassant, mais les professeurs la réprimandent de façon bien pire. Décidément, je ne la comprends pas. Je soupire et passe une main dans mes cheveux. Ces derniers, qui commençaient tout juste à reprendre forme, se collent automatiquement à mon crâne. Mon coeur continue sa cacophonie et ne semble pas décidé à se calmer. Après avoir vérifié que nous n'avions rien laissé traîner, je retourne au château. Le froid a eu raison de moi et il va falloir que je fasse un détour par la salle de bain des préfets avant mon prochain cours. Je n'ai d'ailleurs plus beaucoup de temps.

-Percy?

A la moitié du chemin, je me stoppe net et ferme les yeux. Il ne manquait plus qu'eux. De tous les endroits où ils auraient pu être, il fallut que je les croise dans les escaliers menant à la salle commune, et qui plus est dans cette tenue. Je sens qu'ils ne vont pas me lâcher avec ça.

-Mais d'où est-ce que tu viens comme ça? C'est une algue que tu as sur l'épaule?

-Tu t'es trouvé une petite amie?

-Fred...George....qu'est-ce que vous faites là?

Je me tourne vers eux, la mine sévère, ce qui ne fait qu'accentuer leur hilarité. Comme si j'avais besoin de ça en ce moment. Je croise les bras, attendant qu'ils me répondent.

-On allait en cours.

-Votre cours de botanique a commencé il y a maintenant une demi heure.

-Ouaip, bah ne traînons pas Fred, il ne faudrait pas louper plus de minutes.

Ils se tournent alors, prèts à partir et je conçois à les laisser filer, pour cette fois. Après tout, je n'ai pas envie qu'ils me posent des questions. Je risque d'y avoir déjà droit ce soir, et il faut que je trouve une excuse valable pour mon accoutrement. Mais alors que je monte le plus discrètement possible les escaliers, j'entends George, à moitié mort de rire:

-Tu as vu Percy est allé retrouvé sa vraie famille.

-Oui, mais ils ne l'ont pas gardés. Ou alors il a eut le béguin pour un strangulot.

-Ils vont nous faire de jolis bébés tu crois?

-Jolis je sais pas, mais au moins on ne verra pas de différences entre eux.

Je me pince l'intérieur de la joue avant de faire volte face et me positionne face à mes frères. Ils sont vraiment insupportables quand ils s'y mettent, et vont bien trop loin. Ne se rendent-ils pas compte que leurs blagues de mauvais goût ne font rire personne à part eux? Quoi qu'il en soit, ma patience et mon indulgence ont des limites, et ils viennent clairement de les franchir.

-Je vois, vous faites les malins. Et bien voyons si vous ferez encore les malins ce soir avec deux heures de colles.

-Quoi? Non mais t'es injuste! Me lance Fred.

-Ouai ça se fait pas, on est frères quand même! Renchérit George.

-Et dix points de moins pour Gryffondors.

-Percy tu vas trop loin. Et en quel honneur?

-Chacun. Et bien c'est simple, insubordination envers votre préfet en chef et prit en flagrant délit de séchage de cours à traîner dans les couloirs. Bien, sur ce je vous conseille fortement d'aller rejoindre votre salle de cours.

Sans attendre leur réponse, je fais volte face, satisfait d'avoir réussi à remettre les pires élèves de Poudlard à leur place.

-Ho heu Percy, une dernière chose.

-Oui Fred?

Il s'approche de moi et tapote mon insigne avec la pointe de sa baguette, la nettoyant à l'aide d'un sort.

-Très joli insigne frérot.

Il me fait un clin d'œil avant de partir en courant, suivi de son jumeau. Je secoue la tête et jette un œil sur le pins géant qui orne ma robe. Mon visage se décompose à la vue de ce dernier et je me penche pour réprimander mes frères, qui ont hélas disparus.

-Ils ne payent rien pour attendre.

A la place de «préfet en chef», mon badge montre désormais la dénomination «roquet en chef». Fulminant, je me dépêche d'aller chercher des vêtements propres dans mon dortoir puis dévale les escaliers jusqu'à la salle de bain des préfets où je me prépare mon bain.

-Bonjour Percy. Minaude une voix derrière moi.

-Mimi, ce n'est pas le moment. Vas-t-en.

Choquée par mon ton cassant, le fantôme disparaît dans un tuyau en geignant, m'aspergeant d'eau froide au passage. Je lâche un juron et retire mes vêtements que je jette au sol avant de me glisser dans l'eau chaude. Enfin seul, je soupire d'aisance, profitant enfin des quelques minutes de calmes qui me sont octroyer. Je n'ai toutefois pas le temps de me prélasser d'avantage et me dépêche de me laver et de me rhabiller avant de filer au pas de courses jusqu'aux cachots où j'arrive in extremis.

-Tiens, monsieur Weasley nous fait honneur de sa présence.

-Désolé professeur je...

-Allez vous asseoir avant de me faire regretter mon élan de bonté.

Baissant la tête, je me dépêche d'aller rejoindre Gaëlle et Eden devant un chaudron. La jeune femme me demande du bout des lèvres où j'étais passée. Je souffle pour toute réponse tandis que mon regard croise celui de Pénélope. La jeune femme semble colérique, ce qui devient une habitude depuis la rentrée, mais aujourd'hui, il y a autre chose dans son regard. Elle semble me juger. Nous aurait-elle surpris avec Adélaïde? Je suis pratiquement sur que non, mais mon côté paranoïaque me souffle le contraire. Mal à l'aise, je focalise alors mon attention sur Rogue et sur les instructions qu'il nous donne pour les deux prochaines heures.

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