Chapitre 81 - Percy

2 Mars 1994

Les paroles de Jacob ne cessent de tourner dans ma tête depuis hier. Je me lève et risque un regard vers mon reflet. Les cernes qui ornent mes yeux témoignent de la nuit blanche que je viens de passer. J'ai vraiment été un crétin, du début à la fin. Mais c'est peut-être mieux ainsi, après tout. Adélaïde mérite mieux que moi. Je lui ai fais du mal, sans lui donner le temps de s'expliquer. Je l'ai laissé en plan sans même chercher à me battre pour elle. Je ne la mérite pas, je le sais. Pourtant...Je ne peux pas renoncer. Maintenant que je sais la vérité, je n'ai plus d'excuses. Je ne peux plus leurrer mon coeur. Mon coeur qui se meurt sans elle. Je lui ai promis de ne jamais la quitter. Je lui ai promis un avenir heureux. Et je n'ai pas été à la hauteur de mes promesses. Je me suis comporté comme un lâche.

Je prend une grande inspiration, redresse les épaules, bombe le torse et réajuste mon insigne. Je n'ai pas le droit de faillir, de montrer mes faiblesses. Tant pis si Fred et Georges continuent de me lancer des regards noirs, continuent de croire que je m'en suis vite remis. Peu importe si Gaelle ne m'adresse plus la parole, ce n'est pas comme si nous étions vraiment proches de toute façon. Et Jacob...Il m'a révélé son secret dans l'espoir que je me réconcilie avec Adélaïde. Il risque de m'en vouloir à mort, mais tant pis. De toute façon, personne ne lui a demandé de dire quoi que se soit. Et Adélaïde...C'est trop tard de toute façon. Le mal est fait, et rien ne pourra jamais redevenir comme avant. Je me stoppe à quelques mètres de la grande salle, intrigué par les éclats de voix du concierge.

-Bande de chenapans ! S'introduire dans la réserve ! Clame-t-il, fou de rage.

-Que se passe-t-il Rusard ? Interroge le professeur McGonagall en passant devant moi.

-Cette nuit. Un élève est allé dans la réserve. Je sais pas ce qu'il est allé cherché, mais la porte était ouverte.

-Un livre était manquant ? Demande ma Directrice d'un air grave.

-Non m'dame. Tout était en ordre. Il a certainement pas eu le temps de faire quoi que se soit. Mais si je l'attrape..Haa...Si seulement nous pouvions encore les pendre par les chevilles ces maudits garnements...Si seulement. Mais je sais dans quelle maison il est ce petit insolent. A Poufsouffle qu'il est ! J'ai pas eu le temps de le voir, mais j'ai vu la porte de leur salle se refermer. Pour sûr, ça peut pas être une coïncidence. Explique Rusard, sûr de lui.

-Bien...merci, je vais en parler avec le professeur Chourave afin de trouver le coupable.

Un mauvais pressentiment s'empare de moi tandis que les deux adultes se séparent. Aucuns Poufsouffle de ma connaissance n'est assez téméraire pour s'aventurer dans la réserve....Aucun apart les deux préfets...Jacob était de garde cette nuit, mais il a très bien pu y faire une escapade après. Toutefois, il n'a jamais été du genre à aimer les risques dans ce genre. J'ai souvent entendu Adélaïde tenter de l'entraîner dans la forêt interdite quand nous étions plus jeunes, mais il a toujours refusé. Mais pour ce qui est de la demoiselle...Non. Je me fais sûrement des idées. Et puis, je ne vois pas ce qu'elle ferait la nuit dans la réserve. Déjà que pour entrer dans la bibliothèque, il a fallu que je la porte...Un sourire se dessine sur mes lèvres à ce souvenir, mais disparaît aussitôt.

Adélaïde descend les escaliers et elle fait peur à voir. Son teint est pâle et elle semble avoir maigri. Elle se dirige droit vers mes frères qui l'entraînent à l'écart. Fronçant les sourcils je me rapproche. De là où je suis, je peux mieux observer la jeune femme. De grosses cernes se dessinent sous ses yeux malgré le maquillage qu'elle a mis à outrance. Je déduis qu'elle a dus pleurer en remarquant sa sclérotique tirant sur le rouge. Je me mords l'intérieur de la joue. Je suis vraiment un connard. Si j'avais le moindre doute, maintenant, je ne peux nier l'évidence. Son état est entièrement ma faute.

-Wahou...Tu sais qu'Halloween est passé Ad ? lance Fred tandis que George lui donne un coup de coude, aie ! Quoi ? J'essaye simplement de détendre l'atmosphère !

-Tu es sûr que ça va ? Ca fait un moment qu'on se fait du souci. Tu as l'air...Différente, s'enquit Fred.

-Mais oui ça va, j'ai bossé toute la nuit pour rattraper mon retard. Oui je sais c'est surprenant mais...Bref, vous me le donner ce shampoing ? Ca fait combien ? Demande Adélaïde.

-Bah..C'est un prototype. On est pas sûr que ça fonctionne...Alors c'est cadeau., continue George en lui tendant une fiole.

-Ouai...Bah non. Je tiens à contribuer à votre réussite alors tiens !

-Ad...C'est beaucoup trop ! Ca va pas la tête ! Reprends les !

-Hors de question. Disons que c'est ma contribution pour votre projet de boutique. En échange, vous me ferez des prix quand vous serez devenus célèbres.

-T'es vraiment la meilleure que je connaisse ! Je t'épouserai sur le champ si Perc...

-Fred ! T'es vraiment un demeuré. Excuse le Ad, il réfléchit pas beaucoup parfois.

-Mais non, t'inquiètes. Je...Je suis passée à autre chose de...sa voix se casse, se transformant en sanglots.

-Hey...on est là nous ! C'est qu'un abruti fini. Faut pas te mettre dans ces états...

-George a raison, et puis un de perdu, dix de retrouvé. Et bon, on fait pas ça pour tout le monde, mais on a qu'à dire que t'en as déjà trouvé deux !

-Oui, et t'as de la chance, ce sont les deux plus beaux de l'école !

-Vous êtes bêtes, rit-elle en reniflant, je vous adore les garçons vous savez. Mais vous inquiétez pas. Tout va bien, j'ai juste besoin de...

-De temps on sait ! Claironne les deux garçons, à croire qu'ils ont souvent discutés tous les trois.

Je reste figé, incapable de faire un mouvement. Leur discussion résonne encore en moins, telle une perfide brûlure. Les garçons me font face, surpris de me voir. Fred me regarde de la tête au pied avant de lever les yeux au ciel tandis que George me fusille des yeux. Ils passent de chaque côté de moi, sans un mot, sans même essayer de me bousculer. Je devrais m'en sentir soulagé, mais étrangement, leur absence de réaction me blesse. Qu'y-a-t-il de pire que l'indifférence après tout ? Mais à peine me posé-je la question que la réponse s'imprime en moi tel une gifle. Son regard. Oui, c'est bien pire que toute l'indifférence du monde.

Nos yeux s'accrochent, me donnant l'illusion que plus rien ne bouge autour de nous. Elle a l'air tellement fragile, et tellement forte à la fois. Un éclair de surprise passe dans ses yeux, un fraction de seconde. Mais rapidement, son visage se ferme, ne m'offrant qu'un regard glacial qui me fait frissonner. Ses joues et ses yeux arborent la même couleur rougeâtre. Deux boursouflures formées sous ses yeux témoignent de son état. Quand à son maquillage, il noircit désormais encore plus ses cernes déjà bien sombres.

Elle détourne la tête, reprenant sa route. Sa proximité fait palpiter mon coeur tandis qu'elle m'échappe dans l'indifférence complète. Non. Je ne peux pas. Je ne veux pas la laisser partir. Il faut que je réagisse, avant qu'il ne soit trop tard. Mais quoi dire ?

-Adélaïde ! L'interpelé-je d'instinct, sans même avoir préparer quoi que se soit.

Je me tourne et mon cœur s'envole de joie. C'est stupide. Elle ne m'a pas pardonné. Elle n'est pas avec moi. Elle est juste là. M'autorisant à lui parler. Juste à lui parler. Elle est dos à moi. Je la contemple quelques instants avant d'enfin parler, rapidement, de peur qu'elle ne change d'avis.

-Je suis désolé. Je...Je me suis fourvoyé. J'ai...J'ai réagis comme un sombre crétin. Et j'ai certainement tout gâcher. J'étais jalou...Jalou de Jacob et de votre complicité. Je...Je ne savais pas qu'il était gay et...

Je m'interrompt tandis qu'elle fait volte face, la bouche entrouverte, le regard surpris. Je pince les lèvres, réalisant la connerie que je viens de dire. L'espace d'un instant, j'avais oublié qu'Adélaïde n'était pas au courant. J'avance vers elle, mais déjà elle recule, instaurant une distance entre nous. Je n'insiste pas malgré le déchirement que cela provoque à mon coeur. L'effet de surprise passé, je la vois me tourner le dos à nouveau. Je soupire, comprenant que ça ne va pas être facile de me faire pardonner cette fois.

-...Et je...Tu me manques. Toi. Ton grain de folie. Tes sourires. Ton rire. Ta voix. Tes baisers...Bordel je suis nul à ça....Je me passe la main sur le visage et dans les cheveux avant de continuer, je ne veux pas te perdre. J'aurai dus te faire confiance mais...J'ai peur...la...la vérité c'est que...que je n'ai jamais compris ce qui te plait...te plaisait en moi. Et je...entendre ces filles dire que toi et Jacob étiez ensemble...J'ai eu mal. Je me suis senti trahi. J'ai cru que tu jouais avec moi. Que j'avais raison, que je ne pouvais pas te plaire. J'ai été con et j'ai voulu me protéger. Je ne voulais pas souffrir alors je...J'ai fui. Je suis désolé Adélaïde. Pardonne moi...Je t'aime !

Je déglutis, le coeur battant à tout rompre, les joues en feu. Je me rappelle le stress dans lequel je m'étais mis lors des BUSES. Je n'avais quasiment rien manger les trois jours précédents les examens, faisant insomnies sur insomnies avec des brûlures d'estomacs à me tordre de douleurs...Mais ce n'est rien comparé à l'état dans lequel je suis maintenant. Devant moi, la jeune femme continue sa route, sans même se retourner une seule fois. Je la regarde s'éloigner de moi et entrer dans la grande salle, comme si de rien n'était, brisant mon coeur de la même façon que j'ai dus briser le sien.

-Il n y a pas plus grande bataille que celle de conquérir un coeur brisé...Bonne journée Monsieur Weasley.

Je sursaute et fait un signe de tête au professeur Dumbledore qui se dirige vers l'extérieur. A-t-il tout entendu ? Reprenant contenance, je me dirige vers la grande salle. M'installant à côté de Lee Jordan, en grande discussion avec Fred, je jette des regards vers Adélaïde. La jeune femme écoute Jacob lui raconter je ne sais quelle histoire. Alors qu'elle relève la tête, croisant mon regard, j'ai l'impression de voir, l'espace d'une seconde, un léger sourire se dessiner sur son visage. Mais ce moment fut tellement fugace que je me demande si je n'ai pas tout simplement halluciné. Me servant des panccakes, je me fais la promesse de la reconquérir, coûte que coûte.


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