Chapitre 80 - Adélaïde
1 Mars 1994
Je me lève discrètement, un rouleau de parchemin et une plume sous le bras. Il doit être environ deux heures du matin, si je me fis aux pas de Jacob rentrant dans la salle commune. Discrètement, je descends les escaliers du dortoir et traverse la salle à pas de loup. Le coeur battant, je traverse les couloirs, une explication toute trouvée pour mon escapade nocturne. Au détour d'un couloir, je me fige. Miss Teigne se récure le poil de façon nonchalante. Ce qui signifie que Rusard ne doit pas être loin. Je longe les murs, le coeur tambourinant un peu trop fort dans ma poitrine, et me faufile de justesse dans les escaliers.
-Qu'as-tu vu ma belle ? Demande Rusard tandis que je grimpe déjà les escaliers quatre à quatre.
J'arrive rapidement devant la bibliothèque. Je tourne la poignée mais la porte est verrouillée. Au loin, j'entends déjà le feulement de cette perfide de Miss Teigne. Le coeur battant à tout rompre, des sueurs froides me parcourant dans tous les sens, je sors ma baguette.
-Alohomora ! Murmuré-je tandis qu'un cliquetis m'annonce l'ouverture de la porte.
Je me faufile à l'intérieur et referme juste à temps, la voix du concierge raisonnant déjà dans le couloir. Je soupire et avance doucement entre les étagères. Le silence austère de ce lieu me donne la chair de poule et je lutte pour ne pas faire demi-tour. Rapidement, j'arrive devant le cordon de la réserve. Je fronce les sourcils en passant le cordon séparant les livres autorisés de la réserve. Aucun enchantement n'a été activé ici, à croire que personne n'a jamais osé s'aventurer ici, ce que je doute fort.
-Lumos ! Murmuré-je tandis qu'un faisceau éclaire les rayons.
Je parcours les rayons, espérant trouver le livre qu'il me faut. Il y a tellement d'ouvrages fascinants que je dois taire ma curiosité. Il est hors de question que je perde mon temps à m'éparpiller. Bien que le livre « vaincre les maladies contre une goutte de sang » m'intrigue pas mal. Après avoir parcourut la moitié des rayons, je tombe enfin sur le livre que je recherche. « Devenir Animagi » me surprend par l'évidence du titre. J'aurai imaginé que ce livre défendu aurait au moins un terme recherché, quelque chose qui n'attirerait pas l'oeil, mais après tout, l'auteur devait certainement vouloir se faire remarquer. Haussant les épaules, je m'empare du livre avec précaution. De la poussière s'en échappe, me faisant tousser. Je grimace tandis que ma voix résonne dans les rayons. Bon sang ! Côté discrétion, on repassera. A l'aide de ma baguette, je commence à lire la démarche à suivre :
Devenir Animagus est le fruit d'un processus complexe, constitué de dix étapes:
Conservez une feuille de mandragore dans la bouche pendant un mois entier (entre deux pleines lunes). Cette feuille ne doit en aucun cas être avalée ou retirée de la bouche. Si la feuille est extraite de la bouche, le processus doit être repris à zéro.
La pleine lune venue, retirez la feuille et placez-la, baignée de salive, dans une petite fiole en cristal exposée au clair de lune (si le ciel est nuageux cette nuit-là, il vous faudra trouver une nouvelle feuille de mandragore et renouveler l'expérience). Ajoutez à la fiole l'un de vos cheveux ainsi qu'une cuillère en argent de rosée recueillie en un lieu qui n'a été ni exposé au soleil ni foulé par l'homme pendant sept jours entiers. Enfin, ajoutez la chrysalide d'un Sphinx tête-de-mort au mélange et placez-le dans un endroit sombre et calme. Veillez à ne pas le regarder ni le déranger de quelque manière que ce soit jusqu'au prochain orage.
En attendant l'orage, suivez les instructions suivantes au lever et au coucher du soleil. Placez l'extrémité de votre baguette magique sur votre cœur et prononcez l'incantation suivante : "Amato Animo Animato Animagus."
L'arrivée de l'orage peut prendre plusieurs semaines, plusieurs mois, voire plusieurs années. Tout au long de cette période, votre fiole de cristal devra rester au calme et être tenue éloignée des rayons du soleil. Une exposition au soleil provoquera les pires mutations possibles. Résistez à la tentation d'aller voir votre potion tant que l'orage n'aura pas éclaté. Si vous répétez consciencieusement l'incantation matins et soirs comme indiqué plus haut, vous finirez par percevoir un second battement de cœur lorsque vous pointerez votre baguette sur votre poitrine. Ce battement pourra être plus ou moins intense que le premier. Ne changez rien. Continuez à répéter l'incantation aux heures dites, et ce, quoiqu'il advienne.
Dès l'apparition du premier éclair dans le ciel, rendez-vous sur-le-champ à l'endroit où vous avez caché votre fiole de cristal. Si vous avez respecté scrupuleusement les étapes ci-dessus, vous y trouverez une potion rouge sang.
Rendez-vous aussitôt dans un endroit sûr et suffisamment grand où vous pourrez procéder à votre transformation à l'abri du danger et des regards. Placez l'extrémité de votre baguette magique sur votre cœur et prononcez l'incantation "Amato Animo Animato Animagus", puis avalez la potion d'un trait.
Si tout s'est passé comme prévu, vous éprouverez alors une vive douleur et votre rythme cardiaque sera deux fois plus rapide et intense. La forme de la créature que vous êtes sur le point d'incarner se dessinera dans votre esprit. Ne tremblez pas. Il est maintenant trop tard pour échapper à la transformation que vous avez désirée.
La première transformation est généralement douloureuse et effrayante. Vos vêtements et tout ce que vous portez (bijoux, lunettes) fusionnent avec votre peau pour se transformer en fourrure, écailles ou épines. Gardez votre calme, sous peine de voir votre instinct animal prendre le dessus et de faire quelque chose de stupide (comme tenter de bondir au travers d'une fenêtre ou foncer tête baissée dans un mur, par exemple).
Une fois votre transformation terminée, vous devriez recouvrer votre aisance. Nous vous recommandons vivement de ramasser votre baguette pour la mettre en lieu sûr, dans un endroit où vous pourrez la retrouver facilement en reprenant forme humaine.
Pour ce faire, formez une image mentale aussi précise que possible de votre corps humain. Cela devrait suffire à déclencher la transformation, mais ne paniquez pas si celle-ci n'intervient pas immédiatement. Avec le temps, vous parviendrez à passer de votre forme humaine à votre forme animale à volonté, et ce, en visualisant simplement la créature en question. Les Animagi les plus aguerris peuvent se transformer sans l'aide de leur baguette magique.
Je soupire. Ca ne sera pas évident à mettre en œuvre. Il va me falloir quelques semaines pour tout préparer. Frustrée, j'enchante ma plume afin qu'elle écrive rapidement les directives que je lui dicte. Une fois cela fait, je remet le livre en place et sort discrètement de la réserve.
-Il y a quelqu'un ici ? Résonne la voix de Rusard dans la bibliothèque.
Je me cache entre les rayons, le coeur battant, me mordant la joue en réalisant que je n'ai pas correctement remis le cordon en place. Le concierge passe devant moi, sans me voir, trop obnubilé par ce qui peut se trouver dans la reserve. Je retiens ma respiration tandis que l'homme se faufile entre les étagères de livres interdits. Doucement, je me dirige vers la sortie et rejoins le couloir en soupirant de soulagement. Mais à peine ai-je fais quelques pas que les miaulements de Miss Teigne se font entendre.
Prise de panique, je cours à travers les couloirs, réveillant les tableaux qui m'insultent de tous les noms sur mon passage. Manquant de me rompre le cou plusieurs fois dans les escaliers, j'arrive rapidement devant ma salle commune et enclenche l'ouverture. Je me faufile par l'interstice tandis que j'entends Peeve attirer le concierge à ma suite. Heureusement pour moi, le passage se referme avant que Rusard n'ait le temps de me voir.
Les jambes tremblantes, je m'affale sur un fauteuil, reprenant mon souffle. Je sors mon butin et l'examine, relisant chaque phrase, satisfaite. La première partie de mon plan est terminé. Mais le plus délicat reste à venir, comment vais-je réussir à me procurer les ingrédients ? Et surtout, comment vais-je pouvoir garder une feuille de mandragore un mois entier dans la bouche sans me faire remarquer ?
Réfléchissant à tout ça, je monte me coucher, prenant bien soin de cacher les instructions dans mes affaires. L'adrénaline redescendant brutalement, je me sens soudainement prise d'une extrème fatigue et m'endors rapidement, un tas de questions tournant en boucle dans ma tête. Mais malgré mes tentatives pour oublier ma douleur, cette dernière m'attend sagement chaque nuit. Ainsi, cette nuit, comme toutes les autres, Percy vient perturber mon sommeil, à la fois doux et cruel, me poignardant le coeur une nouvelle fois. Au matin, je me réveille les cheveux collés au visage, derniers résidus des larmes que j'ai une nouvelle fois versées contre mon gré.
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