Chapitre 8 - Adélaïde
3 Septembre 1993
Je marque un temps d'arrêt, surprise qu'il accepte sans émettre la moindre objection. A-t-il décidé de devenir plus sociable? La dernière année? C'est dommage tout de même, mais c'est déjà mieux que rien. Pour ma part, je compte faire de celle-ci une année inoubliable. Si je n'écope pas de quelques heures de colle d'ici la fin du trimestre, cela relèvera du miracle.
Je le regarde s'installer du coin de l'oeil. Il change plusieurs fois de position, comme si le contact avec l'herbe le gênait. Finalement, le jeune homme enlève sa cape qu'il dépose sur le sol avant de s'y installer définitivement. Me mordant la lèvre afin de ne pas lui lancer une boutade, je lui tends mon paquet de bonbons, priant pour que le jeune homme ne se révèle pas trop gourmand. Il ne manquerait plus qu'il me liquide mon stock du trimestre.
-Non merci ça...Commence-t-il tandis que je secoue le sac devant lui. Merci.
Percy pioche alors une poignée de dragées que j'évalue avant de me servir moi-même. Avec ce qu'il a en main, je devrais me priver de mes tendres douceurs durant deux bonnes heures. Je réfléchis rapidement à mon emploi du temps. Demain je commencerai la journée avec deux heures de vol...Non je n'aurai pas pu manger de bonbons de toute façon. J'enchaîne avec deux heures de défenses contre les forces du mal. Très bien, je ferai l'impasse durant ce long moment. Ces deux longues heures, ces cent vingts minutes de cours, ces sept mille deux cent secondes....sans mes précieux bonbons. Je pousse un bruyant soupire devant le regard interloqué du jeune homme.
-Ho ce n'est rien, lui dis-je en balayant l'air de ma main, je me rends simplement compte à quel point le temps peut être cruel.
Devant son regard tout aussi surpris, j'esquisse un sourire avant de continuer.
-Allez! Puisque je partage mon trésor, autant que cela soit utile. Faisons un jeu. Est-ce que tu connais le jeu du «Je n'ai jamais...»?
-Non, mais je pense que l'on a passé l'âge de...
-Tut tut jeune homme, pas de négociation possible. Le jeu consiste à dire quelque chose que l'on n'a jamais fait. Si les autres joueurs l'ont fait, ils doivent boire...Bon en l'occurrence ici on va se contenter des dragées, qui, si tu veux mon avis, est une version bien plus hardcore que s'enfiler des shot de vodka.
-Je ne pense pas que se soit une bonne idée.
-Pourquoi? Tu as quelque chose de mieux à faire?
-Mes devoirs...
Je le regarde un instant sans rien dire. Son cas est vraiment désespérant. Il est grand temps que quelqu'un fasse quelque chose sinon Percy risque de passer à côté de sa vie. Oui, il est grand temps que je prenne les choses en mains mais comment l'inciter à faire ce que je veux?
-Très bien, alors faisons un marché. On prend une petite heure maintenant pour souffler et s'amuser un peu et en échange...Je deviendrais la préfète exemplaire suivant chacun de tes ordres durant une semaine.
Je le vois hésité. Je sais qu'il désespère depuis deux ans, ralliant même Gaëlle à sa cause afin que je prenne mon rôle de préfète plus au sérieux, montrant l'exemple aux plus jeunes et toutes ces choses barbantes. Il ne peut tout bonnement pas refuser une occasion pareille.
-Très bien, mais tu le seras pendant un mois.
-Si je dois jouer la fille barbante durant un mois, alors tu m'accompagnes au magasin de farces et attrapes lors de la prochaine sortie à pré-au-lard.
Je lui tends la main afin de sceller notre pacte et le vois hésiter quelques secondes avant de finalement poser sa paume contre la mienne. Ce simple contact me provoque un léger frisson qui se propage jusqu'à ma poitrine. Je sens mes joues chauffer légèrement tandis que ma bouche s'assèche. Mon coeur loupe un battement avant de reprendre son rythme habituel.
-Allez tu commences.
Le jeune homme soupire avant de passer une main dans sa chevelure rousse. Il me regarde sans ciller, ce qui a pour seul effet de me rendre très mal à l'aise. Son regard me brûle la peau, du moins, c'est la sensation qu'il me donne. Je n'aime pas ça, pas ça du tout et pourtant, je fais tout pour provoquer ce genre de sensations. Suis-je masochiste?
-Très bien alors. Je n'ai jamais...Sécher les cours.
-Sérieusement? Vous faites des coups bas dés le début Monsieur Weasley ? Je vois, je vois. Non mais d'accord, je vois le genre. Moi qui voulais être sympa, tu vas voir ce que tu vas voir.
Devant son regard amusé, je ferme les yeux et plonge ma main dans le sachet. J'en sors une dragée que je mets à la bouche avant de grimacer et réprimer un haut le cœur.
-Vomi de troll. Ecœurant! Râlé-je en réprimant un haut le cœur.
Je me stoppe net en voyant un fin sourire se dessiner à la commissure de ses lèvres. Ce dernier est bref, mais du peu que j'ai vu, sourire lui donne un charme certain. Je secoue la tête, tentant de reprendre le fil de mes pensées.
-Bon heu..Ce..Trés bien, à moi. Je n'ai jamais...tenté de me faire bien voir par le professeur Rogue.
-Sérieusement? Me demande-t-il en arquant ses sourcils.
-Non, dés le premier jour, il nous a bien fait comprendre que seuls les serpentards étaient dignes d'éloges. Depuis je me contente simplement d'obtenir la moyenne. Et...Toi?
Je le vois hésiter, ouvrir la bouche, la refermer, soupirer. J'en étais sure. Avec un large sourire, je lui tends mon paquet de bonbons. Il en prend un bleu. Je grimace et tends ma main pour l'en empêcher mais trop tard. Son visage devint alors rouge, ses yeux s'emplissent de larmes. Je cherche autour de moi quelque chose à lui donner mais rien n'est à porter de main apart ma baguette.
-De..eau...vite...Me lance-t-il entrecoupé de quintes de toux.
Sans réfléchir, je prends ma baguette et fais quelques moulinets en sa direction.
-Aguamenti!
De l'eau jaillit alors et part en direction du jeune homme qui se retrouve trempé de la tête aux pieds. Ses cheveux d'ordinaire bouclés se retrouvent plaqués contre son crâne. Il se tourne alors vers moi, la mine grave.
-Adélaïde...
-Quoi? Rétorqué-je en essayant de feindre l'innocence, au moins tu ne t'étouffes plus.
Je me retiens de rire, ce n'est vraiment pas le moment. Je le vois alors se lever et essorer ses vêtements. Mince, il m'en veut et va certainement partir. Je me lève à mon tour. Je dois m'excuser, en espérant qu'il accepte de me pardonner.
-Percy je...je suis vraiment désolée.
Il se retourne alors afin de me faire face. Son regard exprime...Je ne sais pas vraiment, mais il me semble avoir déjà vu ce regard quelque part, mais où? Tandis qu'il s'approche doucement de moi, je réfléchis à toute vitesse. Une image me vient alors en tête. George ou Fred Weasley, je ne sais pas lequel des deux, je les confonds toujours, mais ce regard, c'est bien celui de ses petits frères quand ils ont une idée derrière la tête. Et généralement, on les retrouve collés dans l'heure qui suit.
-Non je connais ce regard Percy. N'approche pas.
Je tente de me lever afin de partir en courant, mais le jeune homme est plus rapide que moi. Il me soulève tandis que je me débats et commence à se diriger vers le lac. Non il ne va pas oser, ce n'est pas son genre de toute manière. Le lac se rapproche dangereusement de nous et je commence à paniquer.
-Percy, je suis désolée, fais pas ça. Percy, je te connais tu n'es pas du tout comme ça. Percy!
Il ne m'écoute pas et dévale déjà la petite pente menant à l'eau noire et glacée qui entoure Poudlard. En quelques secondes je me retrouve sous l'eau. Je remonte à la surface et nage vers la rive. Il va me le payer. Je le vois m'observer avec son petit regard supérieur. Ce fameux regard qu'il fait à chaque fois qu'il surprend un élève en train de ne pas respecter le règlement. Je l'attrape alors par les chevilles et tire de toutes mes forces. Il eu à peine le temps de se mettre à cloche pied, évitant ainsi que ma main droite n'atteigne son pied gauche, que je lui empoigne le bras et le tire violemment, l'entraînant ainsi avec moi dans le lac.
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