Chapitre 6 - Adélaïde
3 Septembre 1993
-Gaëlle...Tu m'étonneras toujours.
Je regarde la créature qui gesticule face à mon amie, me retenant d'éclater de rire. Gaëlle n'a jamais été douée en métamorphose. Elle excelle en potions, ce qui d'ailleurs énerve pas mal le professeur Rogue, la jeune femme surpassant les serpentards à chaque fois, mais la métamorphose...Non. Elle qui, en première année, avait pour objectif de pouvoir se transformer en aigle royal à volonté à la fin de ses études se trouve aujourd'hui bien loin de son but.
-Ad' c'est pas marrant arrête. Ho et puis si tu penses pouvoir faire mieux vas-y !
La jeune femme croise les bras et me regarde avec défiance. Je secoue la tête et me mord le bout de la langue. Je me tourne vers le vase qui m'a été attribué en début de cours et prononce la formule dans ma tête, faisant attention à effectuer le bon geste. Toutefois, lors du dernier moulinet, ma main tremble et des débris de verres sont expulsés jusqu'à l'autre bout de la salle. Je mets une main devant ma bouche et regarde autour de moi que personne n'est blessé avant d'éclater de rire.
-Mademoiselle Bercley veuillez vous calmer, nous ne sommes pas à la foire ici.
-é...so....pro...go....all...
Malheureusement, la tête effarée du professeur et la moue déconfit de mon amie ne font qu'accentuer mon fou rire. Je me tiens les côtes tellement j'ai mal et sens des larmes couler sur mes joues.
-Professeur, je crois que je me suis blessée.
Je regarde la main de Gaelle et distingue à travers mes yeux embués une large et profonde coupure dont quelques morceaux de verres semblent y avoir élus domicile. Je respire un bon coup, tentant de me calmer, mais mon corps ne semble pas prêt à arrêter de rire.
-Ca ne m'a pas l'air trop grave mais je vous conseille d'aller voir Madame Pomfresh. Monsieur Weasley pouvez vous l'y accompagner et...prenez Mademoiselle Bercley avec vous. Un bol d'air frais lui fera le plus grand bien. Quand aux autres qu'attendez-vous ? On reprend allez dépéchez-vous !
Je sens une main m'attraper fermement le bras et me pousser hors de la classe. Mon hilarité ne semble toutefois pas passer pour autant. J'ai mal aux côtes, les poumons en feu, et plus j'essaye de me contrôler, moins j'y arrive. A peine sortie de la salle, je laisse éclater mon rire qui résonne dans les couloirs. Sur notre passage, j'entends quelques tableaux râler ou me sommer de me taire.
-Ad sérieux t'es pas cool. Ca fait un mal de chien.
-Désolée Gaëlle, vraiment.
-C'est bon tu t'es calmée ?
La voix froide et cassante de Percy me fait l'effet du gifle. Mon fou rire se stoppe instantanément tandis que je le regarde. Pour qui se prend-il à me parler ainsi ?
-Ho ça va, ce n'est pas parce que tu ne sais pas t'amuser que...
-STOP !
Je me tourne vers Gaelle qui semble également sur le point d'imploser.
-Ad, je t'aime comme une sœur et tu le sais, mais ne commence pas. J'ai la main en sang et en feu, ça me fait un mal de chien et j'ai l'impression qu'il va falloir me recoudre. J'ai des morceaux de verres encore incrustés dedans et Madame Pomfresh n'y va pas avec des pincettes pour les retirer alors franchement...
-Ouai d'accord. Désolée...à vous deux.
Je me mords l'intérieur de la joue tandis qu'on reprend notre chemin jusqu'à l'infirmerie. Je ne sais pas pourquoi j'ai réagis ainsi. J'ai pourtant l'habitude que le jeune homme nous parle de manière autoritaire, mais là, une certaine rage s'était emparée de moi, comme si j'avais été blessée. Une histoire d'égo? Certainement. Je prends une bonne bouffée d'air et nous dévalons rapidement les escaliers. Ces derniers ayant souvent tendance à faire des leurs, mieux vaut ne pas y stagner trop longtemps. Il y a deux ans, je m'étais retrouvée malgré moi sur le pallier du troisième étage, interdit à l'époque. J'avais dus attendre une heure avant qu'un escalier ne daigne revenir me récupérer. J'avais ainsi louper mon heure de vol et avait dus aller m'excuser auprès du professeur Bibine. On arrive rapidement devant l'infirmerie.
-Bonjour Madame, Gaëlle s'est blessée en cours de métamorphose. Commence Percy tout en me jetant un regard afin que je termine.
-Oui, j'ai malencontreusement fait exploser un verre et les projections de débris l'ont touchés...Désolée Gaëlle....
-C'est pas grave, mais si tu te marres encore une fois je t'enfonce mon balai au fond de ta gorge compris?
J'esquisse un sourire, me retenant de rire tandis que madame Pomfresh s'occupe de retirer les morceaux de verres de la main de mon amie.
-Hé bien vous deux, nous dit-elle sans un regard, vous n'avez pas cours?
J'adresse un signe de main à Gaelle et nous filons vers la salle de métamorphose dans le silence le plus total. Au détour d'un couloir, je sens que l'on me tire en arrière. Je me retourne pour me retrouver à quelques centimètres seulement de Percy. Cette proximité inhabituelle affole mon palpitant tandis que le jeune homme me fixe.
-Que cela ne se reproduise pas. Me lance-t-il alors sèchement.
-Pardon?
-Tu es préfète Adélaïde. Tu ne peux pas te donner en spectacle comme ça, rire comme une goule des cavernes..Ce...Ce n'est pas digne d'un préfet. Reprends-toi.
J'ouvre la bouche pour répliquer mais la referme aussitôt. Jamais il ne m'avait parlé ainsi et ce changement de comportement me laisse pantoise. Je l'observe. Les traits de son visage sont tirés. Son regard est plein de colère et de déception. Je me surprends à faire glisser mon regard sur son nez parsemé de tâches de rousseurs, sur sa mâchoire
dessinée, sur ses fines lèvres rosées. Il a quelque chose de changé, du moins j'en ai l'impression. Semblant considérer que la discussion est close, le jeune homme se retourne, brisant ainsi ma contemplation. Nous continuons notre route jusqu'à la salle de cours dans le silence le plus total. Seul mon coeur résonne jusque dans mes oreilles, galopant dans ma poitrine comme un étalon sauvage, semblant vouloir briser ma cage thoracique et ainsi partir vagabonder à l'air libre. D'ailleurs de l'air, il m'en faut. Mon visage me brûle tellement que l'on pourrait y faire chauffer des crêpes, j'en suis certaine. Afin de me calmer, je fouille dans ma poche et en sort un paquet de dragées surprises de berthy crochus. J'ingurgite le contenu d'une traite. Le goût est immonde. Un mélange de crotte de nez, de barbe à papa, de nougat, de café, de vanille, chocolat, menthe, poivre, piment et poisson m'explose les papilles. J'avale le tout sans prendre le temps de mâcher davantage. Finalement, seul un goût sucré me reste sur la langue et par la barbe de merlin ce que ça fait du bien. Bon, j'avoue que j'ai peut-être un léger problème de dépendance au sucre, mais ce n'est pas important. Non, parce que grace à ça, je me sens soudain beaucoup mieux et l'étrange sensation que j'ai pu ressentir quelques minutes auparavant fini de s'estomper. On arrive d'ailleurs devant la salle de métamorphose. Percy ouvre la porte et me laisse entrer la première. Je lui fais un signe de tête pour le remercier puis nous retournons chacun à notre place afin de terminer le cours.
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