25 Décembre 1993

Je prends la main d'Adélaïde et nous fait transplaner. J'ai envie de faire de cette journée un moment inoubliable. Nous apparaissons derrière un buisson, à l'entrée d'un petit village entouré par la forêt. J'entraîne Adélaïde dans le dédale de rues pavées. Des maisonnettes en pierres sont disposées de part et d'autre. Aucune trace de magie ne semble s'y trouver malgré le nombre de sorciers vivants ici. De la musique se fait entendre et j'entraîne ma copine vers la source de ce bruit. Face à nous se dresse une grande place, déjà bien occupée. La foule se presse autour des divers stands dressés pour noël. Une troupe de magiciens se tient au milieu, divertissant le monde avec des tours plus ou moins spectaculaires. Un simple coup d'oeil m'apprend qu'il s'agit de sorciers. Les sorts qu'ils lancent de façon surjoué ne trompe pas. Ayant la garanti que les moldus présents ne comprendront pas la réalité de leurs tours, les saltimbanques s'en donnent à coeur joie.

-Wahou c'est fantastique Percy ! s'extasie la jeune femme en m'entraînant vers les stands de jeux, ho regarde c'est trop mignon !

Adélaïde se tient devant un stand de tir et me montre une grosse peluche en forme de licorne. Je fronce les sourcils devant cette réplique grotesque. L'animal devant moi ne dégage en rien la magnificence de ces sublimes créatures. Ici, ils se sont contenté de fabriquer un cheval blanc atteint d'obésité et de difformité, de colorer son crin couleur arc en ciel et de lui rajouter une corne tordue à la taille ridicule. Pourtant, la jeune femme à mes côtés a l'air de l'adorer. Je ne comprends vraiment pas ce que cet objet a de si génial. Je regarde le prix pour un tir et fouille dans mes poches. Je n'aurai droit qu'à un seul essai.

-Un tir s'il vous plaît.

Je donne quelques livre sterling à l'homme après avoir vérifier la tenue qu'il arbore. Afin de ne pas révéler la magie aux moldus vivant ici, un code vestimentaire a été instauré pour les sorciers, il y a de cela plusieurs dizaines d'années maintenant. Les commerçants sorciers doivent épingler à leur veste, de façon visible, une broche représentant un phoenix entrecroisé avec un balai. Du moins, c'est l'insigne de ces deux dernières années, ce dernier changeant tous les trois ans au cas où un moldus réussirait à s'en procurer un. Ce qui est en soit peu probable, l'emblème étant distribué en main propre. De plus, afin de rajouter une protection au monde de la magie, les moldus sont régulièrement soumis à des sorts de confusion. Ainsi, nous pourrions faire léviter un rhinocéros devant eux qu'ils n'y verront que du feu. Mais c'est évidemment un risque que personne n'ose prendre. Et puisque ce commerçant semble être un moldu tout ce qu'il y a de plus banal, mieux vaut ne pas prendre de risques.

Je prends le fusil et vise. J'inspire, je souffle, je tire. Trop à gauche. Je me pince les lèvres, maudissant ma performance quand je vois le plomb faire un virage à quatre vingt-dix degrés et transpercer la cible en son centre.

-Wahou félicitation ! Du premier coup. Tenez mademoiselle. Vous avez de la chance d'avoir un si bon tireur à vos côtés !

-Merci monsieur ! Lance la jeune femme, ravie.

J'entraîne Adélaïde plus loin et me poste devant elle. Je me sens trahi, en colère, vexé.

-Adélaïde à quoi tu joues? Non ne me fais pas ton regard innocent. Je sais que c'est toi qui a dévié le tir. Non mais tu es complètement inconsciente ou quoi? Il y a des moldus ici, on ne doit pas utiliser la magie n'importe comment! Et puis...J'aurai très bien pu y arriver sans ton aide.

Je lui tourne le dos, essayant de calmer ma rage grandissante. Moi qui avais une chance de montrer ma valeur, il fallait que j'échoue, et pire encore, il fallait qu'elle m'empêche de me ridiculiser....devant elle. Ce qui finalement est bien pire que de me louper sans aide.

-Percy...Je suis désolée. Je voulais...Je me suis laissée emportée, excuse moi.

Je soupire. Je déteste quand elle prend cette petite voix trop mignonne. Je ne peux même plus faire la tête sans culpabiliser de lui en vouloir. Je suis faible. Je dois absolument m'endurcir. Mais pas maintenant. Pour le moment, je me tourne vers elle et la prend dans mes bras.

-Ne recommence pas. Promis ?

Elle acquiesce et je dépose un baiser sur ses lèvres. Nous retournons vers la rue commerçante et flânons entre les rayons, commandant barbes à papa et bonbons à tout va, Adélaïde voulant absolument refaire son stock, soit disant quasiment vide.

-Quasiment vide tu dis ? M'esclaffé-je, tu as au moins trois sacs pleins achetés à Halloween, non ?

-Non ! Il ne me reste qu'un sac et il est à moitié vide !

-Va falloir veiller à réduire votre consommation de sucres miss Bercley ! Lancé-je, autoritaire, tout en lui envoyant une pichenette sur le front.

-Aie, ça fait mal. Non mais ça va pas ? Réduire ? Je suis déjà au minimum syndical de consommation ! Tu veux que je fasse de l'hypoglycémie c'est ça ? S'insurge-t-elle, avec de gros yeux.

-Ma chérie, à ce stade, c'est du diabète que tu vas nous faire !

Je baisse les yeux, rougissant. C'est la première fois que je ne l'appelle pas par son prénom. Du moins à voix haute. Cela m'est venu tellement naturellement que je n'ai même pas pensé aux conséquences. J'ose relever la tête. Elle me regarde, affichant un doux sourire sur ses lèvres.

-Bon heu..Et si on allait plus loin, j'ai entendu qu'il y avait un caroussel. Tenté-je, afin de détourner son attention.

-Tu ne m'avais encore jamais donné de...enfin...J'aime bien que tu m'appelles ainsi.

Elle dépose un furtif baiser sur ma joue, et commence à avancer, me laissant déboussoler. Bon sang, je dois lui dire. Si j'arrive à lâcher ce genre d'attention sans m'en rendre compte, je risque de lui révéler mes sentiments au mauvais moment. Non. Je dois tout préparer. Et je dois lui dire avant la rentrée. Et je sais déjà quand et comment faire ma déclaration. Je souris à cette idée et accélère le pas, réduisant la distance entre nous. Je glisse ma main dans la sienne, entrelaçant nos doigts, tandis que nous continuons de nous promener dans le village aux allures enchantées.