Chapitre 37 - Percy

06 Novembre 1993

Après le petit déjeuné, j'entraîne Adélaïde à travers les couloirs. Cet après-midi aura lieu le match opposant nos deux maisons, Drago Malefoy étant, d'après ses dires, bien trop amoché pour mener à bien son rôle d'attrapeur. Il est vrai qu'Hagrid en temps que professeur est, à mon sens, une absurdité total. Bien qu'il s'y connaisse en créatures magiques et sache divinement bien s'en occuper, il n'a ni la jugeote, ni le charisme pour enseigner convenablement.

Alors que nous arrivons devant la bibliothèque, je sens une résistance tirer mon bras gauche. Je souris, et me retourne, sachant très bien le manège qui allait suivre dans trois...deux...un...

-Non! s'exclame la jeune Poufsouffle récalcitrante, hors de question que je passe ma journée à travailler !

-Pas la journée, positivé-je, juste la matinée.

-Non, Percy, on est samedi...Me supplie-t-elle.

-Bon très bien, mais pas de quidditch cet aprem.

Je la regarde, attendant une réaction de sa part. Elle semble réfléchir.

-Attends...Percy...Tu sais que tu ne peux pas m'empêcher d'aller voir le match. M'explique-t-elle tandis que je perçois une forme d'hésitation dans sa voix.

-Je sais, mais moi je peux ne pas y aller. Réponds-je, sûr de moi.

Je sais que ma tactique est risquée. Après tout, elle peut très bien me dire qu'elle s'en fiche, et là, c'est moi qui serai mal, mais je ne pense pas qu'elle soit du genre à planter son petit ami juste pour un...

-Tant pis, j'irai avec Gaëlle alors. Mais je me demande qui je vais supporter...D'un côté il y a Jacob et les Poufsouffle. Si je ne le fais pas, je vais me mettre tout le monde à dos, mais d'un autre côté Gryffondor a Fred et George comme batteurs et je ne peux décemment pas ne pas les encourager...Bon je sais! Je vais encourager tout le monde. Mais pour ça va falloir que je fasse un tour dans ma garde robe. Alors, Poufsouffle jaune et noir, Gryffondor jaune et rouge....Donc noir, jaune et rouge. Bon...D'ailleurs ce ne sont pas les couleurs de l'Allemagne ça? Si j'arrive dans les gradins on risquerait de me prendre pour une supporter de Dumstrang...Non je peux pas porter ça, c'est juste...

Je ferme les yeux tout au long de sa tirade. Cette fille est vraiment la pire de toutes. Plus tête de mule qu'elle, je ne connais pas. N'en pouvant plus de toutes les sornettes qu'elle débite à la seconde, je la coupe dans son élan, l'embrassant fougueusement, maintenant ses poignets dans mes mains. Au bout de plusieurs secondes, j'écarte mon visage, à bout de souffle, et pose mon front contre celui d'Adélaïde. Des décharges me parcourent le corps, m'incitant à recommencer, comme un junkie en manque, mais je ne l'écoute pas. Satisfait d'avoir réussi à éteindre le moulin à parole, je la regarde dans les yeux.

-Tu es vraiment...Je soupire avant de reprendre...Trés bien, on ira voir le match tous les deux, mais s'il te plaît, il faut que tu...

Je m'interrompt. En toute honnêteté, ce n'est pas que pour elle que je veux faire cette séance de révision. J'ai besoin d'un moment de concentration, mais l'idée de la savoir loin de moi ne me plaît guère.

-J'ai besoin de réviser et...Je n'ai pas envie que tu sois loin de moi.

Je pique un fard tandis que les mots sortent de ma bouche. Bon sang l'honnêteté, qu'est ce que ça peux être gênant. J'ai l'impression de me mettre nu devant elle, et ma pudeur s'affole comme une pucelle en détresse. J'ai horreur de cette sensation de vulnérabilité, de faiblesse que je peux ressentir.

-Ok ! Me dit-elle, une moue au coin des lèvres avant de déposer ces dernières sur les miennes.

Complètement abasourdit par ce retournement de situation, je la laisse me traîner dans le sanctuaire du silence. Cette fille ne fait que me surprendre jour après jour. Et, à chaque fois que je pense l'avoir cernée entièrement, elle me montre une facette de sa personnalité dont je n'avais même pas conscience.

Nous nous installons en silence sous le regard sévère de Madame Pince et je vais chercher quelques bouquins.

*

Les révisions s'achèvent et je suis étonnement fière de ma petite amie. Adélaïde n'a pas rechigné à la tâche et a même réussi à retenir quelques éléments. Je la regarde quelques instants sans rien dire. Elle a le nez plongé dans un bouquin et semble concentré sur le contenu. Un air grave sur la visage, elle fronce parfois des sourcils, retroussant ainsi son petit nez tandis que ses yeux se plissent. Ses cheveux lui tombent devant les yeux et elle replace une mèche derrière son oreille. Ce simple geste dégage chez elle une sensualité à toute épreuve. A moins que ce ne soit moi qui la voit ainsi. Mais le fait est que l'Adélaïde sérieuse et appliquée me séduit. J'ai l'impression, durant quelques instants, être en osmose complète avec elle.

-Je t'aime...Murmuré-je, n'arrivant plus à taire mes sentiments.

Toutefois, je regrette aussitôt mes paroles, réalisant que le moment n'est vraiment pas des plus romantique. Je me mords l'intérieur de la joue tandis que la jeune femme relève la tête.

-J'ai quelque chose sur le visage? Me demande-t-elle en refermant son livre.

-Non je...je...Je me disais qu'il..Jetant un œil à l'horloge, je trouve une excuse toute trouvée, qu'il était bientôt l'heure du repas.

-Quoi? Déjà?

Adélaïde se lève d'un bond, refermant prestement le livre. Sans attendre, elle m'attrape par la main et me tire hors de la bibliothèque, laissant tous les livres en plan. Tandis que la porte se referme derrière nous, j'entends madame Pince nous sommer de revenir immédiatement ranger le bazar laissé sur la table. Je grimace, espérant que l'accès à la bibliothèque ne me sera pas interdit après ça.

Nous descendons les escaliers quatre à quatre et arrivons rapidement dans le hall. Je me penche en avant, à bout de souffle, tandis que la jeune femme trépigne d'impatience.

-Si...seulement...tu pouvais...avoir autant d'énergie...pour travailler! Constaté-je, haletant.

-Oui si tu veux. Allez dépêche toi, on n'a plus beaucoup de temps pour manger. Me lance-t-elle d'un ton autoritaire.

Je lève la tête vers elle, abasourdi par son ordre, mais déjà, ma tornade s'élance vers la grande salle. Je la rattrape en quelques enjambés et nous retrouvons Gaëlle et Jacob à la table des Gryffondors.

-Dites, Adélaïde et Jacob, ça ne vous dis pas de manger à votre table pour une fois? Lance ma sœur, visiblement de mauvaise humeur.

Mal à l'aise, je m'apprête à excuser son comportement, mais Adélaïde prend la parole.

-C'est ta petite sœur, Percy? Elle est trop mignonne! Dis je peux te faire un câlin?

Je la regarde avec de gros yeux tandis que Gaelle et Jacob s'esclaffent à côté. Ginny se recule, avant de finalement décider de prendre son assiette et d'aller rejoindre Ron et sa bande quelques mètres plus loin.

-Quoi? J'y peux rien si elle a une bouille à câlin, moi!

Je lève les yeux au ciel, exaspéré. Moi qui commençais à me dire que, peut-être, cette fois-ci, ma petite amie serait appréciée par les membres de ma famille, j'ai désormais l'impression que ce ne sera pas le cas pour tous. Réalisant ce qu'implique cette pensée, je me mords la lèvre inférieur. Je sens le stress monter tandis que j'imagine sa réaction quand elle verra le Terrier, quand elle comprendra la misère dans laquelle on vit. Ses parents sont des Aurores, par conséquence, sa situation familiale et financière est bien plus que satisfaisante. Mais moi...Mon père simple sous-fifre du ministère, ma mère femme au foyer et mère de sept enfants, et le terrier...Ce cocon, certes chaleureux, mais complètement miteux. Non. Elle ne doit jamais découvrir cet endroit. Jamais.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top