31 Octobre 1993

A peine la charrette arrêté que mes deux imbéciles de frères se ruent dehors, jouant des coudes pour arriver le plus rapidement sur la rue commerçante. Je descends à mon tour et aide la demoiselle à me rejoindre. Regardant autour de moi, je constate que la petite place se remplie rapidement. Toute l'école semble avoir décidé de venir au même moment. Au loin, j'aperçois Hermione et Ron se diriger vers les Trois Balais et esquisse un sourire. Moi qui pensais qu'il se passait quelque chose entre Harry et elle, le fait de la voir en compagnie de mon frère alors que le survivant est obligé de rester au château me fait revoir ma position quand au couple potentiel dans ce trio.

-On y va ? Demandé-je à Adélaïde en me tournant vers elle.

La jeune femme acquiesce, un sourire timide sur les lèvres. Mon coeur s'emballe tandis que je découvre une facette d'elle dont je ne soupçonnais pas l'existence jusqu'à aujourd'hui. Adélaïde est toujours exubérante. Elle va facilement vers autrui et ne semble pas complexé pour un sou. Preuve en est, il y a quelques semaines, la jeune femme a hurlé contre Peeve, s'attirant le regard de toutes les personnes présentes dans la grande salle, et elle ne semblait pas s'en soucier le moins du monde. Ces souvenirs m'en font ressasser d'autres, moins plaisants. J'ai vraiment fait le con avec elle.

Flashback 10 Septembre 1993

Je traverse les couloirs rapidement. Je n'ai qu'une demi heure pour déjeuné, ayant fait un peu trop de zèle au près du professeur Lupin. Mais j'avais besoin de conseils afin d'améliorer ma vitesse de lancer. Ainsi me voila, le ventre gargouillant, et certainement le dernier à me rendre à la grande salle. Un miaulement me tire de mes pensées et je tourne la tête vers la source du bruit.

Mon coeur se serre tandis que j'observe Adélaïde. Ses longs cheveux noirs se balancent dans le vent. Elle regarde Twix courir après les mouches d'un air absent. Son teint pâle m'inquiète. Elle semble perdue dans ses pensées, et d'après son regard hagard, ces dernières ne semblent pas des plus réjouissantes. Mon coeur pulse dangereusement tandis que je me rappelle de la douceur de ses lèvres. J'esquisse un pas dans sa direction, mais me ravise.

Elle s'en remettra. Ce baiser ne signifiait rien de toute manière. Je ne dois pas perdre de vu mon objectif. Si je réussi mon année, j'aurai une place toute prète auprès de Fudge. Je ne dois pas me laisser distraire. Et même si ça me fait mal de la voir ainsi, même si je me sens irrémédiablement attiré par elle, je ne dois pas céder. Jamais.

Je la contemple une dernière fois tandis qu'une douleur irradie ma poitrine, me traversant comme un amère poison. Mes yeux s'humidifient, mais je ravale ma peine. C'est mieux ainsi. Je détourne le regard, m'arrachant de la vision d'Adélaïde et reprend mon chemin. Une goutte me gène au coin de l'oeil. Je l'efface, verrouillant par la même occasion ce sentiment oppressant qui me comprime de l'intérieur.

Fin du flashback

-Percy? Tu es sur que ça va? Me demande la jeune femme désormais face à moi.

Je la regarde, détaillant chaque parcelle de son visage. Et d'un geste, je la prends dans mes bras, la serrant fort contre moi, de peur de la voir m'échapper à nouveau.

-Pe..Percy tu m'étouffes. L'écouté-je à moitié. Percy, qu'est ce qui t'arrive?

-Rien je..Je suis heureux d'être ici avec toi, tout simplement. Lui réponds-je, relâchant mon étreinte.

Doucement j'enroule une de ses mèches autour de mon index et dépose mes lèvres sur les siennes dans un doux baiser. Nous nous dirigeons vers le salon de madame Pieddodu et nous entrons dans la demeure. Le salon de thé est vraiment le lieu romantique de pré-au -lard. Les murs bruns sont décorés de banderoles roses à petits cœurs. Des nœuds papillons de la même couleurs ornent de grandes baies vitrés. Des tables aux napperons blancs parsemés de pétales de roses sont disposés dans la grande salle, de sorte à offrir une certaine intimité à chacune d'elle. Quelques élèves sont déjà présents. Je perçois des sourires timides échangés, d'autres plus téméraires. Personne ne fait attention à nous, ce qui m'arrange grandement. Ce lieu est vraiment idéal pour ceux qui, comme moi, cherche un peu d'intimité. Je tends une chaise à Adélaïde, en bon gentleman puis m'installe face à elle.

-Je t'aime !

Je tourne la tête vers les deux jeunes à côté de nous. Il s'agit de deux Serpentards, peut-être de deuxième ou troisième année. Le garçon baisse les yeux vers sa tasse, les joues rouges tandis que la jeune fille se mord la lèvre avant de se pencher vers lui. Visiblement, ce qu'elle lui a murmuré semble lui plaire, puisqu'un sourire triomphant se dessine sur son visage.

-Ho ils sont trop mignons! S'attendrit Adélaïde face à moi. J'espère que sa déclaration ne restera pas sans réponse.

Son regard revient à moi et je sens mes joues me brûler. Est-ce moi ou elle attend que je lui dévoile mes sentiments comme ça? Ici? Devant tout le monde? Non. Il en est hors de question. Bien sur que je l'aime, mais c'est vrai que je ne lui ai encore jamais dis... Je lui dirai. Un jour. Mais pas maintenant. Pas ici. Je veux que se soit une occasion spéciale, inoubliable. Pas trois mots lancé à la va vite juste pour satisfaire la tradition d'un lieu.

-Coucou les jeunes, qu'est ce que je vous sers?

La voix de Madame Pieddodu me sort de mes pensées. Je regarde rapidement la carte tandis qu'Adélaïde passe commande.

-Un thé à la menthe s'il vous plaît. Heu avec beaucoup...beaucoup de sucres! Commende la belle Poufsouffle tandis que j'esquisse un sourire.

Cela ne m'étonne pas d'elle. J'ai déjà eu, à maintes reprises, l'occasion de constater son addiction. Un jour, il faudra que je lui en touche deux mots.

-Je vais prendre la même chose, mais sans sucre pour moi. Merci.

Tandis que la femme repart vers d'autres clients, puis préparer les commandes, je reporte mon regard vers la préfète.

-Tu es très belle aujourd'hui. Enfin pas que d'habitude tu le sois pas mais...

Je baisse la tête, honteux. Même quand j'essaye d'être sincère, de faire des compliments, je me foire. Décidément, qu'est ce qui ne tourne pas rond chez moi? Pourquoi chaque mot qui sort de ma bouche ne s'entend pas comme je voudrai qu'il s'entende?