Chapitre 3 - Percy
2 Septembre 1993
Je me faufile tant bien que mal entre les élèves agglutinés entre les sièges. C'est comme ça à chaque nouvelle rentrée. Les élèves des précédentes années se retrouvent et ne peuvent s'empêcher de faire le récit de leurs vacances au beau milieu de passage.
-Vous comptez rester debout encore longtemps mesdemoiselles?
Deux jeunes Gryffondor de quatrième année me regardent comme si je venais de leur parler dans une autre langue. Je leur fais alors un geste de la main leur signifiant de laisser l'allée libre d'accès, ce qu'elles font enfin. Tandis que je passe dans le wagon suivant, je les entends marmonner quelque chose. Je soupire en continuant mon chemin dans la deuxième rame où les élèves semblent ne pas comprendre l'utilité d'un siège.
Alors que j'avance, jouant des coudes pour traverser les quelques mètres me séparant du wagon des préfets, une valise tombe avec fracas, suivi d'une jeune fille que je ne peux éviter. Je me retrouve au sol et maugrée dans ma barbe avant de reconnaître mon ex petite amie. Pénélope Deauclaire se relève rapidement et commence à ranger les affaires tout en s'excusant.
-Penny...Tu n'es pas dans le wagon des préfets ?
-Salut..Percy. Si j'y vais hum...Je devais régler quelque chose avant.
Je fronce les sourcils. Bien que notre histoire ne se soit pas très bien terminée il y a quelques mois, je ne vois pas pourquoi la jeune femme réagit ainsi. Pénélope adresse un signe de la main à un jeune homme que je reconnais. Il m'est pourtant impossible de retrouver son nom, mais je sais qu'il est également en septième année chez les Serdaigle.
-C'est ton petit ami ? Lui demandé-je tandis que nous passons dans le wagon suivant.
-Ca ne te regarde pas Percy.
Je la vois accélérer le pas. Visiblement, elle m'en veut encore pour notre rupture. J'ai du mal à comprendre. Elle était pourtant d'accord pour dire que ça ne fonctionnait plus entre nous. Nous ne nous parlions quasiment plus bien que nous passions notre temps ensemble. On était chacun dans nos révisions et quand on n'avait plus rien à faire, on ne savait pas quoi se dire. Nous n'avions pas non plus témoigné le moindre signe d'affection envers l'autre depuis des mois. C'était ridicule de rester ensemble et prétendre continuer de s'aimer sous prétexte qu'on était ensemble depuis deux ans. Et puis, cette rupture tombait au bon moment. Avec les examens en fin d'année, je ne peux me permettre la moindre distraction, et il faut dire que Pénélope n'est pas la fille la plus assidue que je connaisse.
J'arrive enfin devant notre compartiment. J'espère ainsi pouvoir discuter avec elle afin de dissiper tout malaise. Je constate que tout le monde est déjà présent. Les deux serpentards, Megan et Reece rient ensemble en jetant des regards vers les autres, Pénéloppe évite soigneusement mon regard et entame la discussion avec Jacob, le prefet de Poufsouffle, tandis que la collègue de ce dernier, Adélaïde je crois, est en grande discussion avec Gaëlle, l'autre préfete de Gryffondor. Alors que je me demande où est Colin, le préfet de Serdaigle, je le vois se relever en s'étirant.
-Les gars, vous pouvez pas baisser le volume ? On va devoir assurer notre rôle à peine le train stoppé, alors se serait bien de pouvoir dormir d'ici là.
-Tu avais qu'à dormir cette nuit Colin, comme je te l'ai conseillé. Mais non, t'as préféré passer ta dernière soirée dans un pub moldu. Ricanne Jacob en lui lançant des dragées surprises de Berty Crochu.
Tous le wagon se met à rire tandis que j'esquisse un simple sourire. Je m'installe deux rangs derrière le petit groupe afin de pouvoir participer aux conversations, si ces dernières m'intéressent. Et ce tout en gardant une distance assez grande, pour pouvoir faire autre chose, en cas de besoin. Je n'ai toutefois pas le loisir de faire ni l'un ni l'autre, que les professeurs McGonagall, Rogue, Chourave et Flitwick entrent dans le wagon afin de nous donner leurs recommandations pour cette année. Ne les voyant jamais dans les gares ou dans le train, je me suis longtemps demandé comment ils faisaient pour apparaître et disparaître ainsi. J'avais déjà eu plusieurs fois l'occasion de traverser l'intégralité du train, mais jamais je ne les avais croisé de mon propre chef. Au fil des années, j'avais fini par m'y habituer et malgré ma curiosité, je ne cherche plus à en savoir davantage.
Soudainement, le train s'arrête et les vitres commencent à geler. Le froid s'insinue dans chaque parcelle de mon corps tandis que les lumières s'éteignent. Je me sens soudainement très triste, et je constate que mes camarades sont dans le même état que moi. J'ai l'impression d'être une coquille vide, que jamais plus je ne serai capable de rire, de sourire. Le monde m'apparaît soudainement bien terne. Une sensation d'oppression s'insinue dans mes veines, se mêlant au froid qui me transperce la peau, engourdissant mes émotions au point qu'elles me semblent n'être qu'un souvenir lointain. L'écho d'une vie qui n'est pas mienne.
Sortant de cette léthargie comme on émerge d'un sommeil profond, je me mouve. Regardant par la fenêtre, je distingue les formes sinistres des détraqueurs. Derrière moi, les autres préfets reprennent également le dessus sur leurs macabres pensées. J'en entends certains renifler tandis que je fixe une dernière fois mon regard sur les gardiens d'Azkaban.
Nous nous répartissons dans les différents wagons afin de maintenir les élèves dans le calme. Tandis que certains pleurent ou se tiennent la tête entre les mains, d'autres sont déjà en train de coller la leur aux vitres, ou de se lever. J'essaye tant bien que mal de garder ces derniers assis, mais leur curiosité est trop grande. Nous restons ainsi plusieurs minutes. Le froid s'intensifie dans le wagon tandis que les vitres craquelles sous le passage de la glace. Un râle profond souffle jusqu'à nous et je distingue une sorte d'ombre immense, matérielle, aussi noire que le néant. Cette vision me glace le sang, me donnant irrépressible envie de fuir. Mes muscles se tendent tandis qu'elle essaye d'ouvrir la porte. Alors que ses doigts décharnés s'agrippent à la tôle crissante, je la reconnais. Il s'agit d'un détraquer. Je sors ma baguette, imité par d'autres élèves de septième année, prêt à lancer le sort du Patronus. Je sens chaque fibre de mon corps se tendre et de la sueur perler sur mon front. Je retiens mon souffle tandis que la porte s'ouvre tout doucement. Mais au dernier moment, la créature la lâche et cette dernière se referme dans un claquement sec, nous faisant tous sursauter. Elle s'éloigne alors du train et j'entends les élèves autour de moi reprendre leur respiration.
Les lumières se rallument et je somme à chacun de regagner sa place. Rapidement, le train reprend sa route et je retourne dans mon wagon.
-Attendez, des détraqueurs viennent vraiment de fouiller le train? Demande Pénélope en entrant, suivi des autres préfets.
-Ca m'en a tout l'air, oui! Ils sont à la recherche de Sirius Black. Lui répond Colin.
-Mais enfin, que ferait Sirius Black dans le train? Continue la jeune femme.
On hausse les épaules et les conversations reprennent leur cours. Pour ma part, je m'installe à côté de la fenêtre et regarde dehors, pensif. En arrivant à Poudlard, j'enverrai un courrier à mon père pour en savoir plus.
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