Chapitre 28 - Adélaïde
21 Octobre 1993
Le baiser que Percy m'offre me surprend. Il est plus fougueux, plus entreprenant que d'ordinaire. Nos langues se cherchent, se trouvent. Nos lèvres jouent, se mordent, s'explorent. Mais bien trop vite à mon goût, le jeune homme se détache. Essoufflée, je le regarde dans les yeux. Je ne sais pas vraiment quand j'ai commencé à lui porter un réel intérêt, quand j'ai commencé à l'aimer. L'année scolaire a commencé il y a à peine un mois et demi, et j'ai pourtant l'impression d'être à ses côtés depuis toujours. C'est une sensation étrange. Je n'ai pourtant pas l'impression que l'on précipite quoi que se soit. Et puis, après tout, en amour, il n'y a pas de règles, pas de façon acceptable ou non d'aimer, de flirter, d'évoluer. Pourquoi devoir se plier à des règles? Trois rendez-vous avant le premier baiser, dix avant le pelotage, cinquante avant la première fois, espacer chaque rendez-vous d'au moins une semaine, jouer l'indifférente, le laisser venir à nous...Non. Ça ne marche pas ainsi l'Amour. Ce n'est ni un jeu, ni un cadre bien défini. Alors pourquoi nous imposer de tels rythmes? Pourquoi juger ceux qui procèdent différemment? Et puis, dois-je lui avouer mes sentiments? Attendre qu'il fasse le premier pas? Je connais de toute façon la réponse à cette question. Ayant trop peur de le brusquer, de le faire fuir, je préfère me taire et attendre. Attendre qu'il soit prêt. Attendre qu'il m'ouvre son cœur.
-...En penses Adélaïde? Me demande Percy, me tirant de mes pensées.
-Hein? Heu excuse moi j'étais dans mes pensées. Qu'est-ce que tu disais?
-Je te demandais si ça te dirai qu'on s'organise un planning pour les vacances. Des horraires de révisions et de sorties...Tu es sure que tout va bien? Me demande-t-il en replaçant une de mes mèches derrière mon oreille.
-Oui, désolée j'étais en train de penser à...mes parents. Je m'inquiète encore un peu pour eux, même si je sais que c'est inutile. Hum pour ce qui est du planning oui pourquoi pas...Mais pitié, léger sur le boulot. Grimacé-je à l'idée de me retrouver avec des demi journée de travail comme quand j'étais petite.
J'ai un peu honte de lui mentir ainsi, mais je ne me vois pas lui dire de but en blanc «oui en fait je pensais à nous et je me demandais quand est-ce qu'on allait enfin se dire qu'on s'aime.» Non vraiment, ce n'est pas un sujet abordable. Je préfère encore attendre. Et puis, le jour où il se décidera, cela sera forcément un moment inoubliable. Bien plus que si je lui mets la pression. Je veux que ces trois mots lui viennent du fond du coeur. Je les veux authentique.
On continue ainsi de discuter de tout et de rien. Il me raconte l'histoire de Croutard, qui depuis douze ans fait parti de sa famille. Ce qui est un incroyable record quand on sait qu'un rat ne vit pas plus de trois ans.
-Je t'assure. Je l'ai trouvé un matin sur le pas de la porte. Il était affaibli, respirant à peine. Je m'en suis occupé, je l'ai soigné et à mon entrée à Poudlard, j'en ai fais mon animal de compagnie. Me raconte-t-il, une pointe de nostalgie dans la voix.
-Pourquoi l'avoir donné à ton frère? Demandé-je, curieuse.
-J'avais envie d'un hibou. Je ne sais pas, cela c'est fait assez naturellement. Ron n'avait pas d'animal de compagnie pour son entrée à Poudlard et ne semblait pas avoir de préférence, contrairement à moi. Et toi alors? Pourquoi un chat? Ça ne doit pas être pratique d'aller à la volière à chaque fois que tu veux envoyer du courrier.
-J'adore les chats. Depuis toute petite. En fait, un an avant mon entrée à Poudlard, la chatte familiale a eu une portée. Malheureusement, elle avait une maladie de naissance et n'a pas survécu à l'accouchement, emportant avec elle trois des chatons. Mais Twix était un battant et, contre toute attente, il a survécu. Je l'ai nourri au biberon nuit et jour, refusant que quiconque s'en occupe. C'est devenu mon bébé, en quelque sorte.
Je regarde nos mains entrelacés tandis qu'un silence s'installe entre nous. Il n'est ni gênant, ni pesant. Juste revigorant. Au bout de quelques minutes, mon estomac me rappelle à l'ordre et je fouille le panier à la recherche de victuailles. J'en sors deux sandwich et en tends un à Percy avant de venir me lover entre ses jambes.
-Adélaïde? Me demande-t-il, le nez dans mes cheveux, est-ce que tu veux être ma cavalière au bal d'Halloween?
Je me mords la lèvre inférieur tandis que mes zygomatiques s'étirent, barrant mon visage d'un large sourire. Feignant la reflexion, j'attends quelques secondes avant de répondre, tandis qu'en moi, la fête bat son plein. Avec un ton qui se veut détaché, je fini par lui répondre.
-Oui, ça peut se faire. Faut que je vois si mon planning n'est pas trop chargé ce jour...Mais Percy ne me laisse pas terminer ma phrase et me mitraille les côtes de chatouilles, me faisant glousser comme une poule. D'accord Percy, t'as gagné, c'est oui. Je veux venir avec toi au bal.
Le reste de l'après midi se passe dans la même douceur. Après avoir fait un petit tour du lac, on retourne au château afin de se poser à l'ombre d'un chêne. Il me parle de son père et de son poste au ministère. Il me raconte ses projets, son ambition de devenir le futur ministre de la magie. Je l'écoute, admirative. Et moi qui n'ait pas encore décidé ce que je voulais faire après mon diplôme. D'un côté, j'ai envie de devenir Aurore comme mes parents, mais d'un autre côté, je suis terrifiée à l'idée d'échouer. Et puis, je ne suis pas sûre que mon tempérament convienne pour le poste. De toute façon, personne ne peut prévoir l'avenir. Alors pour le moment, je savoure. Je savoure chaque instant de ma dernière année à Poudlard. Je savoure chaque fou rire avec Gaëlle et Jacob. Je savoure chaque baiser que m'offre Percy, comme si c'était le dernier.
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