Chapitre 21 - Percy


5 Octobre 1993


-Je ne veux pas qu'ils meurent! Crie-t-elle subitement, me faisant sursauter.

Ses sanglots se font plus présents. Elle tremble et je resserre ma prise autour d'elle, la berçant doucement, comme je le faisais pour Ginny, quand elle se réveillait en sursaut et que nos parents étaient occupés avec mes frères. Ce geste semble l'apaiser et je sens ses muscles se décontracter au fur et à mesure. Je ne dis rien, laissant un silence s'installer entre nous. Mon cœur tambourine à m'en faire mal. Cette proximité entre nous annihile ma capacité à réfléchir. Son doux parfum m'enivre, et je résiste à l'envie subite de l'embrasser qui me brûle les lèvres. Je la sens se détacher de moi tandis qu'un froid s'installe là où elle était auparavant, me pénétrant jusqu'au cœur. J'ai peur qu'elle s'en aille, qu'elle ne me pardonne pas, qu'elle m'abandonne comme je l'ai fait. Ce ne serait qu'un juste retour des choses et je l'ai certainement mérité, mais je ne veux pas.

-Adélaïde...Soufflé-je tandis qu'elle se met à genou, prête à se redresser, prête à m'éviter à nouveau.

Mais elle n'en fait rien. A la place, elle fouille ses poches et en sors un papier plié, froissé, Elle me le tend, se mordant la lèvre inférieur. Mon cœur accélère tandis qu'une vive chaleur se propage entre lui et mon visage. Comprend-elle seulement l'effet qu'elle me fait? Je déplie doucement la lettre et parcours les mots qui y sont inscrits. Mon sang se glace au fur et à mesure que la situation se dévoile. Je comprends mieux sa paralysie face à l'épouvantard, son attitude étrange depuis ce matin. D'un geste, je la fais basculer vers moi, me retenant d'une main pour ne pas m'étaler sur le sol. J'ai peur avec elle, je ressens sa peine, du moins je l'imagine. J'ai envie d'elle, de ses lèvres, de son odeur. Mon coeur et ma raison se lancent dans une lutte acharnée, cherchant la meilleure attitude à adopter. Nous sommes à moitié allongé et elle me regarde avec de grands yeux teintés de larmes. Je vois dans son regard qu'elle est aussi perdue que moi. Je me redresse doucement, m'installant dans une position moins bancale, la faisant basculer à mes côtés sur le sol en pierres. Elle se laisse faire, ne me quittant pas du regard. Mon coeur s'affole, bien plus qu'il ne l'est déjà. Je ne savais pas que cela était possible.

-Je suis là...Je...Je ne te laisserai pas Adélaïde...

Je marque un temps d'arrêt, hésitant à continuer. Peut-être par pudeur pour me protéger, peut-être par peur, peur de fuir à nouveau. Mais je veux devenir meilleur. Plus que je ne le suis déjà. Mais je sais qu'exceller dans le travail ne fait pas de moi une bonne personne. Et cela me fait peur. Je connais mes défauts, je sais que je ne suis pas quelqu'un de foncièrement mauvais, mais suis-je capable de m'investir sans la blesser par ma franchise? Elle attend. Mon regard glisse de ses yeux à sa bouche entrouverte. Alors je m'abandonne. Pour la première fois depuis longtemps. J'approche mon visage jusqu'à ce que nos nez se frôlent. Je sens la chaleur de son souffle me caresser la peau. Je pose une main contre sa joue, essuyant de mon pouce une larme qui fuit ses yeux. Je me rapproche tandis que mon coeur semble sur le point d'imploser. Nos lèvres se frôlent, et ce simple contact fait naître des fourmillements dans mon ventre. Je réitère l'opération. Elle ne me repousse pas, et cet accord muet fait naître en moi un feu grandissant. Je ferme les yeux et pose mes lèvres sur les siennes, lui mordillant la lèvre, l'effleurant de ma bouche. Rapidement, elle passe ses bras autour de moi. Ses doigts se faufilent entre les boucles de mes cheveux. Sa prise se fait plus ferme tandis qu'elle m'embrasse à son tour, m'offrant ses lèvres aux goûts délicieux. Sa langue à la douceur parfaite. Son cœur à l'unisson du mien.

-Ho! Désolé, je ne voulais pas vous déranger. Tiens, mais c'est la petite Adélaïde!

-Moine Gras! Lance-t-elle, paniquée tout en nous regardant à tour de rôle.

-Ho ne t'inquiète pas jeune demoiselle, votre secret est bien gardé. Après tout, il faut bien que jeunesse se passe. Continue le moine en nous regardant à tour de rôle et me faisant un clin d'oeil.

On se redresse rapidement, dépoussiérant nos robes, les réajustant. Je me tends en imaginant le fantôme aller répéter ce qu'il a vu à qui veut bien l'entendre. Mais j'essaye de me convaincre que ce n'est pas son genre. D'ailleurs, le moine s'en va rapidement, traversant le plafond en gloussant joyeusement. Je me tourne vers Adélaïde. Son regard est dans le vague.

-On peut oublier si...Souffle-t-elle, regardant droit devant elle.

Je fronce les sourcils. Ses mots me blessent, m'arrachent le coeur plus que de raison. Mon estomac se tord à l'idée de revivre un autre mois sans elle. Ce dernier fut une vraie torture. Et maintenant que je l'ai, je ne compte pas la laisser filer. J'étais pourtant sûr que mes intentions à son égards étaient clair, mais apparemment, ce n'est pas le cas. Je me positionne face à elle et passe mes bras autour de sa taille. Je prends ma respiration, sachant que ce qui m'attend va être compliqué. Je ne dévoile que rarement mes sentiments. Je ne suis pas très fort à ce jeu-là, et j'ai peur de mal choisir mes mots.

-Je ne te laisserai plus. Inscris-le toi dans le crâne. Sans toi c'était...Je n'ai pas aimé. Et j'ai pris conscience que je...Je reprends mon souffle avant de continuer...Je ne veux plus jamais que tu sois loin de moi. Et...Je ne veux pas que tu flirtes avec....Je tique en pensant à Jacob puis continue...avec qui que se soit d'autre.

Afin de lui prouver mon honnêteté, je me penche vers elle et dépose un léger baiser sur ses lèvres. Ce contact me procure instantanément des frissons.

-Alors c'est officiel...nous deux je veux dire? Insiste-t-elle, plantant son regard dans le mien.

J'étouffe un rire, soupirant et posant mon front contre le sien. Bon sang ce qu'elle peut-être têtue. Je ne comprends pas son obstination à vouloir entendre des évidences, mais je n'ai pas envie de la vexer à nouveau.

-Nous deux, Adélaïde...C'est officiel oui. Je n'ai pas pour habitude d'embrasser une fille sans rien attendre de la suite. La voyant se pincer les lèvres et hausser les sourcils, je me sens obligé de préciser, je suis désolée de t'avoir fait croire le contraire. J'avais peur. Je me suis comporté comme le plus sombre des idiots et je le regrette.

Elle m'adresse un sourire renversant qui me fait complètement chavirer. Je lui prends la main et on commence à avancer dans le couloir.

-Au fait...Je ne te l'ai pas dis mais...très jolie ta nouvelle coupe.

J'attrape une de ses mèches que je fais glisser entre mes doigts. Je sais que je ne la mérite pas et que je vais devoir faire énormément de sacrifices si je veux la garder à mes côtés, mais j'en suis capable. Du moins je l'espère. Elle en vaut la peine. Et pendant quelques instants, Adélaïde semble avoir retrouvé sa joie de vivre. Mais je me promets que dés que j'ai la possibilité d'aller à la volière, j'enverrai un message à mon père afin d'en savoir plus sur la disparition des Bercley.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top