Chapitre 20 - Adélaïde
5 Octobre 1993
Alors que je me lève, une boule d'angoisse se forme dans mon ventre. Je respire lentement, essayant de l'ignorer. Je me trouve complètement ridicule. Me mettre dans un était de nerfs aussi intense juste à cause d'un mec. Et surtout trente jours après. Sept cents heures après, à une ou deux heures près. Je ricane nerveusement tandis que je m'acharne contre mes cheveux, essayant de les attacher en queue de cheval. N'y arrivant pas, je tire d'un geste sec sur l'élastique emmêlé dans ma crinière et laisse échapper un petit cri de douleur.
-Tout va bien Adélaïde?
Je me tourne vers Cassandra et lui adresse un sourire tout en acquiesçant. Cass est également en septième année, mais nous nous adressons que rarement la parole. Sans prêter plus attention à la jeune blonde, je retourne m'acharner sur ma crinière. Après de longues minutes de bataille acharnée, j'accepte ma défaite et attrape une paire de ciseaux à ongle traînant sur ma table de chevet. Méticuleusement, je commence par essayer de découper l'élastique, qui, malgré mon insistance, refuse de céder. A bout de nerfs, j'attrape ma mèche et la sectionne juste au-dessus du corps étranger rebelle.
-Adélaïde! Tes cheveux! Qu'est ce qui t'as pris?
Je me retourne vers Cassandra qui me regarde, les yeux grands ouverts et une main sur la bouche. Mon regard se tourne alors vers le tas de cheveux au sol et je grimace. Effectivement, il semble que j'en ai coupé bien plus que je ne le pensais. Avec appréhension, je me dirige vers l'un des miroirs accrochés au mur. Mon reflet n'a rien de glorieux. Les trois quarts de mes cheveux m'arrivent désormais au-dessus de l'épaule tandis que la deuxième partie descends le long de mon dos. Regrettant mon impulsion, je récupère les ciseaux et tente de rattraper le coup en m'attaquant au reste de ma chevelure. Une fois ce génocide capillaire terminé, je nettoie les victimes d'un coup de baguette et admire le résultat. Les survivants au massacre descendent avec souplesse, me chatouillant le cou. Je soupire de soulagement, constatant que le rendu ne rend pas si mal.
-Tu es complètement folle, tu le sais ça? M'apprend Cassandra tout en enfilant ses chaussures.
-Ça repoussera. Et au pire, je trouverai bien une potion pour leur rendre leur longueur plus rapidement. Et puis, c'est la faute de cet élastique merdique! Et puis, au moins maintenant, je ne vais plus perdre mon temps à les attacher le matin. C'est toujours ça de gagner pour le petit déjeuné.
-Tu ne penses vraiment qu'à la bouffe toi! Ricanne la jeune fille tandis que je dépose une gamelle d'eau et de croquettes à Twix.
Après une dernière caresse à ma boule de poil, nous descendons jusqu'à la grande salle. Les trois quart des élèves sont déjà présents, et j'arrive à me fondre dans la masse sans que personne ne remarque ma nouvelle coupe, hormis les trois-quatre Poufsouffle assis à mes côtés.
-Wahou! T'as foutu quoi pendant ton sommeil Adel ? Ça te va bien! Me lance Jacob, avant de déposer un bruyant baiser sur ma joue.
-Merci, Jacouille! Lui réponds-je en remplissant mon assiette.
-Non s'il te plaît, ne m'appelle pas comme ça, c'est horrible comme surnom...
-Quand tu cesseras définitivement de m'appeler Adel.
Je lui lance un clin d'oeil tout en remplissant mon estomac des divers fruits et gâteaux se trouvant à porter de mains. Les hiboux déposent alors le courrier à leur propriétaire. Tandis que Jacob feuillette la gazette du sorcier, j'ouvre la lettre qui m'ait adressée. Mon coeur se serre tandis que je parcours les mots qui y sont inscris. Ma cousine m'informe que mes parents ont disparus lors d'une patrouille. Ils étaient allés vérifier une source affirmant avoir vu Black et Lestrange vagabonder dans l'allée des embrumes. La dernière fois qu'ils avaient été aperçu, ils ressortaient de chez Barjow et Beurk. Dans ses mots, elle tente de me rassurer en m'expliquant que le ministère met tout en œuvre pour les retrouver.
Je range la lettre dans ma poche et déglutis. Mon coeur se serre dans ma poitrine, mais je n'ai pas le temps d'assimiler la nouvelle que Jacob me tire déjà vers la sortie, m'entraînant vers la salle de cours. Il me parle, mais je ne l'écoute pas, marmonnant des «mmh mmh» simplement quand le moment semble approprié. J'ai envie de pleurer, de crier et de partir dans la seconde à leur recherche, mais je n'en fais rien. Trop ébranlée par la nouvelle, mon corps et mon esprit se déconnectent, ne laissant rien paraître de la peur qui me martèle de l'intérieur.
*
Je m'installe au sol, comme les autres élèves, tandis que le professeur Lupin nous explique en quoi son cours du jour va consister. Je grimace, n'ayant pas particulièrement envie de me retrouver une nouvelle fois attaquée par un essaim de guêpes. Quand on tour arrive, je me lève avec assurance. Je sais déjà à quoi m'attendre et comment le contrer. Je respire un bon coup, essayant tant bien que mal de me concentrer, et d'oublier la nouvelle qui vient de me tomber dessus. Devant moi, l'épouvantard tourbillonne et je me prépare, baguette levé, guettant le moindre bourdonnement. Mais les abeilles ne viennent pas. Je me décompose tandis que les corps de mes parents apparaissent devant moi, me fixant de leur regard froid, sans vie. Au-dessus d'eux, une silhouette se dessine.
Incapable de réagir, je me laisse consumer par ma tristesse et par mes craintes les plus amères. Je me tends, me recroqueville tandis que j'essaye de prononcer la formule. Ce simple mot qui me débarrassera de cette vision d'horreur. Mais le problème est là. Cette vision est peut-être l'image de la réalité. Ce n'est pas qu'une simple peur immatérielle, ce n'est pas comme en troisième année. A l'époque, j'avais fini par surpasser ma peur et l'utilisation de ce sort était devenu d'une simplicité enfantine. Les cours de défense contre les forces du mal ont toujours été d'une facilité déconcertante pour moi. Ces derniers sont d'ailleurs les seuls dans lesquels j'excelle. Du moins jusqu'à aujourd'hui où, bien malgré moi, j'assiste à mon propre échec.
-Ri...Tenté-je tandis que Black s'avance vers, grandissant à chacun de ses pas, m'engloutissant dans son obscurité.
Il a tué mes parents. Je suis incapable de détourner le regard de lui, malgré tout, je continue de les voir. L'exercice et la réalité se superposent. Je suis face à Sirius Black. Le criminel le plus recherché au monde. Il a fait de moi une orpheline. Il me les a pris. Et maintenant, il vient me chercher. J'ai de plus en plus de mal à respirer tandis que je me noie dans l'obscurité de l'homme face à moi. Ma vue se brouille et quelque chose roule le long de mes joues. Est-ce que je pleurs? Je ne sais pas. Je ne m'en suis pas rendue compte. Mon coeur, gonflant d'angoisse, me fait mal. Je veux redevenir une petite fille. Je veux me lover dans les bras protecteur de papa. Sentir son odeur. Je veux que maman me berce. Je veux qu'elle me caresse le front de sa main fraîche, comme elle le faisait quand j'étais malade. Mais je ne les reverrai plus jamais. Ils ont disparus. Et si ils ne sont pas morts, ce n'est plus qu'une question de temps. Une question d'heures avant que la vision horrifique qui me torture ne devienne réalité. Une masse difforme se place soudainement entre Black et moi, me cachant de sa folie.
-...lus!
Un murmure flou me sort doucement de ma torpeur tandis que Black, métamorphosé en clair de lune, se transforme en ballon, se dégonflant à travers la salle. Des mains m'attrappent fermement les bras et je me sens poussée vers l'avant. Reprenant la maîtrise de mon corps, je sors de la salle. J'avance à côté de Percy qui me fait profiter de sa mauvaise humeur. Toutefois, je n'ai pas la tête à me disputer avec lui aujourd'hui. J'avance doucement, me repassant en boucle les mots de ma cousine. Disparus, ce n'est pas morts. C'est juste...disparus. J'essaye de relativiser, mais j'en suis bien incapable. Mes yeux me brûlent tandis que les vannes s'ouvrent. Non, hors de question que je pleurs. Pas devant lui.
-Bon Adélaïde, tu avances ou tu préfères que je te porte? Me demande-t-il brusquement.
Une goutte me chatouille la narine et je renifle tandis que la silhouette de Percy me fait face. Il me force à le regarder, mais si je fais ça, je ne suis pas sûre de résister encore longtemps.
-Idiote. Tu te mets dans un de ces états juste pour un cours? Calme toi, y'a pas mort d'homme. Me lance-t-il, loin de la vérité.
Mes dernières barrières s'effondrent tandis que le premier sanglot passe la barrière de mes lèvres. Je me lasse tomber au sol, incapable de contenir plus longtemps mon chagrin. J'ai tellement mal que je voudrais m'arracher le coeur. Ils sont morts. Et même si ce n'est pas ce que ma cousine m'a dit, c'est, selon moi, ce qu'elle sous-entendait.
Je me retrouve dans les bras de Percy sans savoir comment j'y suis arrivée. Je pose ma tête contre son cou, tentant de calmer les soubresauts dues à mes sanglots. Dans d'autres circonstances, j'aurai adoré me retrouver ainsi, mais à ce moment précis, je ne pense qu'à eux.
-Qu'est-ce qui t'arrive Adélaïde? Me murmure-t-il doucement.
Sa voix, si douce et calme pour une fois, fait naitre des bulles au creux de mon estomac. Cet étrange sensation se mélange à ma douleur, me tordant l'estomac à m'en faire grimacer.
-Je ne veux pas qu'ils meurent! Crié-je d'une traite, incapable d'en dire d'avantage, incapable de calmer le raz de marée qui se déchaîne en moi.
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