Chapitre 18 - Adélaïde

4 Septembre 1993

Je sens le lit s'affaisser quand Percy s'y assoit. Mon cœur tambourine, tandis que je suis tiraillée entre le besoin de le sentir plus proche encore, et l'envie de m'enfuir à toutes jambes. N'osant croiser son regard, je m'entête à contempler mes mains que je retourne dans tous les sens, pince, griffe. Je ne me fais pas mal bien sur, mais ce geste permet de me détendre. Enfin, après ce qui me semble une éternité, Percy prend la parole.

-J'ai entendu ce qui t'es arrivé. Tu te sens comment?

-Mieux. Je déteste vraiment les cours de vol. Je ne monterai plus jamais sur un balai! Décrété-je, à la fois soulagée et déçue qu'il n'aborde pas le sujet qui hante mes pensées.

-Et comment tu comptes faire? Sécher tous les cours jusqu'à celui de l'examen? Me lance-t-il, acerbe.

Je relève la tête, plantant mon regard dans le sien. Percy a le don de frapper là où ça fait mal. Évidemment que je ne pourrais me soustraire aux cours, malgré l'angoisse que ces derniers me procure. Mais l'entendre me le dire de façon si crue me blesse cruellement. Mes yeux me brûlent tandis que je m'efforce de ravaler mes larmes. Je suis ce qu'on peut appeler une excessive émotionnelle. Que ce soit à cause de la tristesse, de la joie, de la colère, mes émotions ont tendance à se transformer en larmes. C'est assez énervant, surtout dans ce genre de situation où je préférerai me dissimuler derrière un visage impassible.

J'aperçois un léger tremblement au coin de son œil tandis que Percy pose doucement sa main sur les miennes, stoppant mon tic nerveux dont j'avais oublié l'existence. Ce contact me brûle la peau, créant une tempête en mon fond intérieur. Créant un naufrage dans lequel je me noie, incapable de lutter d'avantage.

-Percy! Il faut qu'on parle de...ce qui s'est passé. Qu'est ce que tu veux exactement?

Je le regarde droit dans les yeux, mais le jeune homme se dérobe. Il semble réfléchir un instant. Quelques horribles secondes qui mettent mon cœur à mal.

-Je..Il y a les examens à la fin de l'année. Je ne dois pas les rater. Me donne-t-il comme excuse bancale.

-Je ne vois pas le rapport. On est dans le même bateau je te signale. Rétorqué-je, commençant à me sentir étouffer.

-Désolée Adélaïde...Je ne sais pas quoi te dire. Rajoute-t-il d'un air penaud.

Je le fixe durant plusieurs secondes, espérant me tromper sur ses intentions. Mais devant sa tête baissé et son visage fermé, je sais qu'il n'y a aucun doute sur la suite de notre....relation? Est-ce seulement le bon terme? Fricotage serait plus adapté en l'occurrence.

-Parfait! Lancé-je, amère, tout en me rallongeant dans le lit.

-Adélaïde, s'il te plait, essaye de comprendre...M'implore-t-il, comme si j'étais en faute, ce qui a le don de m'énerver un peu plus.

-Comprendre quoi? Que tu n'assumes pas? Lui demandé-je, me redressant subitement et me mettant si près de lui que nos nez se frôlent, ignorant l'envie qui tourne en boucle dans ma tête.

Il ouvre la bouche et la referme sans dire mot, et son silence me poignarde le cœur. Finalement, je crois que je préfère ses excuses bidons.

-Je vais me reposer à présent. J'ai mal au crâne. Ajouté-je, mettant ainsi fin à la discussion, et à sa visite.

Je me tourne, le poussant d'un coup de hanche tout en tirant la couverture que je remonte en-dessous des yeux. Il pose une main sur mon bras que je repousse d'un coup d'épaule. Je me sens trahis. Je ne sais même pas à quoi je m'attendais. Vivre une belle histoire d'amour? Avec lui? Qu'est-ce que je peux être conne parfois. Je l'entends soupirer et tourner les talons, quittant l'infirmerie bien trop rapidement à mon goût. Une fois que je suis sûre qu'il est loin, je lasse couler mes larmes.

*

Il fait déjà nuit quand Madame Pompfresh me chasse de l'infirmerie. Je prends le chemin de ma salle commune d'un pas traînant. Je n'ai pas envie d'y retourner maintenant, ni de me retrouver face à mes collègues qui doivent avoir entamés leur ronde. Mon ventre crie famine, malgré le dîner prit à l'infirmerie. C'est l'inconvénient d'un service au lit, je ne peux pas choisir les quantités de nourriture proposées.

J'entre dans les toilettes des filles afin de me raffraichir un peu. A cette heure-ci, et surtout ici, je suis sûre de ne croiser personne. Alors que je me passe abondamment de l'eau sur le visage, j'entends un rire étouffé. Me figeant sur place, la peur au ventre, je tourne doucement la tête et sursaute.

-Mimi, putain! Mais ça va pas d'apparaître devant les gens comme ça! Crié-je, une main sur le coeur.

-Coucou, tu viens me rendre visite? C'est gentil de ta part, toi dont je ne connais pas le nom. Me lance-t-elle, guillerette.

-Heu...Adélaïde mais en fait je...

-Ho, je vois, tu viens te moquer de la pauvre, de la malheureuse Mimi Geignarde.

-Non je...

Mais le fantôme ne m'écoute pas et fonce en pleurant dans un toilette, laissant sur son passage un ras de marée d'eau douteuse que j'évite de justesse. Sans attendre, je me glisse hors des toilettes et file vers ma salle commune. Cette dernière est silencieuse et vide, ce qui m'arrange. Je monte directement dans mon dortoir et me glisse sous les draps. Malheureusement, avec tout le temps passé à l'infirmerie à dormir, je n'ai pas sommeil. Alors je cogite, le regard fixé au plafond, je me laisse aller à la douleur que mon coeur ressent, espérant qu'au lever du jour, il ait fini de pleurer.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top