Chapitre 130 - Adélaïde

18 Juin 1994

Je regarde le paysage défilé depuis plusieurs heures maintenant. Le jour a fait place à la nuit et le train commence doucement à ralentir la cadence. Les bras de Gaelle autour de moi me font revenir à la réalité et je constate les larmes qui coulent le long de mes joues. Je les essuie rapidement avant de lui adresser un sourire. En face de moi, Jacob nous regarde tristement. Je sais bien à quoi ils pensent tous les deux, mais je ne changerai pas d'avis. Pas maintenant en tout cas. Et puis de toute façon, ce n'est pas le moment pour avoir ce genre de conversations.

Le train s'ébranle une dernière fois et nous descendons, prêt à faire une dernière fois notre devoir de préfets. A force de cris et d'énervement, nous arrivons à discipliner les élèves afin de les faire descendre du train sans bousculades. Tandis que la plupart des élèves retrouvent avec joie leur famille, je balaye la foule du regard.

-On se voit en Aout d'accord Ad ? Tu me promets de venir à la maison.

-Oui Gaelle, je te le promets. Comme chaque année !

Près une dernière étreinte pleine de larmes, la jeune fille s'en va avec ses parents. Je me tourne vers Jacob qui me prend dans ses bras...que dis-je, m'étouffe contre son torse. Je le repousse tout en riant.

-Hey ! Attends au moins que j'ai accouché avant de m'asphyxier ! Rié-je en posant ma main sur sa joue.

-Tu sais, je peux toujours annulé et rester avec toi si...commence le jeune homme, une moue inquiète sur le visage.

-Dis pas de bétises ! l'interrompé-je, tu vas t'éclater en Floride. T'inquiètes pas pour moi. De toute façon je compte passer énormément de temps avec Alice. Je dois apprendre à pouponner avant l'arrivé de mon petit ange. Et puis, dés que tu rentres tu passes à la maison, mes parents seront heureux de te voir.

-Ok, mais on s'écrit ! Me réclame Jacob, autoritaire.

-Comme chaque année ma caille en sucre, rié-je avant de l'embrasser une dernière fois.

Une fois seule, je constate que de toute évidence, mes parents ne viendront pas m'accueillir à la gare. Même si je suis déçue, je ne peux leur en vouloir. Je sais à quel point leur travail est accaparant. J'espère simplement qu'ils ne mettront pas plusieurs semaines avant de rentrer. Je donne une friandise à Twix afin de le calmer et passe au guichet échanger quelques gallions contre de la monnaie moldue afin de me payer un taxi.

Je traverse les voies neuf et dix et me retrouve dans la gare de King Cross. Cette dernière est bondée de monde. Sorciers et moldus se confondent dans une masse compact. Mon coeur loupe un battement tandis qu'une famille aux cheveux roux se dessinent au loin. Que dois-je faire ? Prise d'un soudain élan, je cours tant bien que mal entre les moldus, slalomant dangereusement avec mon chariot. Je dois lui dire. Je ne peux pas le laisser dans l'ignorance. C'est trop cruel, et de toute façon, mes parents ne l'accepteront pas. Tel que je les connais, ils voudront que Percy assume ses responsabilités. Je ne peux pas les laisser lui annoncer à ma place.

J'arrive à bout de souffle hors de la gare, mais trop tard. Tournant sur moi-même, je dois me rendre à l'évidence qu'il est déjà loin. Est-ce un signe qu'il ne faut rien dire ? Non, je ne dois pas penser comme ça. Je n'ai pas le droit de me dégonfler à nouveau. Je dois lui dire aujourd'hui ! Coûte que coûte !

Faisant signe à un taxi, j'élabore déjà ma façon de procéder. Il faut que je rentre chez moi déposer mes affaires. Ensuite, je vais devoir libérer Twix et passer sous la douche. Mettre des vètements propres évidemment et manger quelque chose. Je ne me vois pas débarquer au Terrier le ventre vide. Cela serait mal venu surtout avec l'annonce que je m'apprète à faire. Donc, quand je serai rassasiée, je laisserai un mot à mes parents. On ne sait jamais, si ils rentrent et ne me voyent pas, ils seraient capable d'envoyer tous les Aurors du pays à ma recherche. Et pour l'avoir déjà vécu, je ne tiens pas à renouveler cette honteuse expérience.

Je donne l'argent moldu et descend du taxi tout en remerciant le conducteur qui dépose mes bagages devant la porte. Une fois le taxi reparti, je met ma clé dans la serrure et manque de basculer en avant. Je fronce les sourcils tandis que je réalise que la porte est restée entre-ouverte. Sortant ma baguette, j'entre avec précaution. Tous les rideaux sont tirés et l'obscurité ambiante ne me dit rien qui vaille.

-Pétrificus Totalus !

Je n'ai pas le temps de réagir que je sens mon corps se raidir avant de tomber au sol dans un bruit sourd. Ne pouvant que bouger les yeux, je regarde tout autour de moi tandis que plusieurs personnes s'affairent dans la maison. Quelqu'un se penche vers moi. Son visage est à moitié caché par un masque en forme de crâne. Un mangemort. Le sourire qui se dessine sur ses lèvres est carnassié.

-Je t'avais dis que je me vengerai...

Mon coeur s'affole dans ma poitrine tandis que la voix de Flint résonne dans mes oreilles. Je remarque trois ou quatre autres personnes venir vers nous et me soulever.

-Attendez ! s'écrit Flint avant de revenir vers moi, nous avons un petit jeu à terminer tous les deux.

Son sourire s'étire dans un rictus terrifiant. Je ne peux empêcher la panique me submerger tandis qu'il lève les bras au-dessus de ma tête. Quelque chose de dur s'écrase contre ma tempe, me faisant bourdonner les oreilles. La partie est terminée. Cette fois, personne ne viendra me sauver. Une larme coule sur ma joue tandis que, incapable de résister plus longtemps, je tombe doucement dans l'inconscient.


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