Chapitre 129 - Percy

18 Juin 1994

L'année touche à sa fin. Hier, nous avons eu le banquet final. Mes frères ont fait une fête dans la salle commune de Gryffondor. Adélaïde était évidemment présente. J'ai préféré passer ma soirée dans le dortoir. Je lui en veux encore, mais je crois que je m'en veux encore plus. Si je ne l'avais pas laissé tomber, est-ce que tout serait différent ? Peut-être que je devrais aller lui parler ? Peut-être que je devrais lui pardonner et la supplier de me reprendre. Après tout, c'est ce que les autres semblent attendre de moi. D'un geste rageur, je pose ma pile de vètements dans ma valise. Non, je ne vois pas pourquoi je devrais m'excuser. Et puis de toute façon, il est trop tard. Elle est certainement passée à autre chose depuis le temps. De plus, j'ai des choses bien plus importantes sur lesquelles me concentrer. Je dois penser à moi et à mon avenir, pour une fois. Et puis, même si je lui pardonne, rien ne me garanti qu'elle ne recommence pas ses mensonges. Après tout, elle l'a bien fait plus d'une fois, et ce malgré mes mises en gardes, alors qui dit qu'elle ne recommencerait pas ? Et puis, un proverbe moldu ne dit-il pas « jamais deux sans trois » ? Hors de question que je me fasse encore embobiner, j'ai bien trop souffert comme ça. Maintenant, il est grand temps que je pense à mon bien-être.

Après un dernier tour d'horizon, je rejoins les autres dans le hall. Il ne reste plus que les septièmes années, les autres étant déjà en route vers pré-au-lard par les calèches. Une pointe de nostalgie me pique le coeur en repensant à tous ces moments passés ici. A tous ces cours que je ne suivrai plus, à toutes ces rondes que je ne ferai plus, à tous ces moments d'insouciances qui ne seront désormais que des souvenirs. Qui prendra la relève comme préfet en chef ? Est-ce que les nouveaux seront à la hauteur de ceux qui s'en vont ? C'est une page qui se tourne, et aussi terrifiant que cela puisse paraître, je frémis d'impatience. Bientôt, j'aurai l'indépendance que j'ai toujours voulu. Je pourrai rendre la pareille à mes parents. Eux qui nous ont tout donné sans rien recevoir en retour, je pourrai les couvrir de gallions. Encore quelques mois et je serai titularisé, j'en suis convaincu.

-Allez les septièmes années avec moi !

La voix puissante d'Hagrid me sort de mes pensées et je suis le mouvement de foule qui se presse à la sortie du château. Tous sont surexcités à l'idée d'enfin quitter les lieux, mais réalisent-ils qu'ils ne reviendront jamais ? Suis-je le seul à profiter de chaque pierre qui compose cet endroit magique ? Suis-je le seul à me délecter de chacun de mes pas sur le sol de pierre ? A profiter des odeurs ennivrantes du parc ? De l'odeur salée du lac ? Nous grimpons dans les barques et je me retrouve bien malgré moi en compagnie de trois serpentards. Tandis que nous nous laissons entraîner par les barques magiques, je regarde le château s'éloigner petit à petit. Gryffondor, Serpentard, Serdaigle, Poufsouffle...Cela n'a plus aucune importance. Les querelles que nous pouvions avoir ne nous suivent pas là où nous allons désormais. Malgré tout, je suis assez fier de ce que mon ancienne maison a pu accomplir durant ces trois dernières années. Remporter ainsi la coupe des quatre maisons que nous n'avions pas eu depuis des lustres, et ce à trois reprises, ne peut que me rendre fier d'arborer les couleurs du lion. Bien sûr, je sais que tout cela ne serait jamais arrivé sans Harry Potter..Harry...Ron...Ginny...Fred...George...Que vont-ils devenir sans moi pour veiller sur eux ? Vont-ils s'en sortir ? Je crains qu'ils en profitent pour faire dix fois plus de bétises que durant ces cinq dernières années. Et si ils se faisaient renvoyer ? Notre mère en serait enragée.

Nous arrivons plus vite que je ne l'aurai cru à la gare de Pré-au-lard. Le train nous attends, immense, imperturbable. Je monte dans le wagon des préfets tout en songeant que c'est mon dernier voyage. Jamais plus je ne verrai les collines verdoyantes à travers les vitres, ni le lac, ni le château se dessinant au loin. Avec nostalgie, je me dirige vers le wagon des préfèts. Arrivé devant, je me fige. Les autres l'ont déjà investis. La main sur la poignée, j'hésite. Je n'ai pas spécialement envie de me retrouver avec eux, pressentant le malaise qui risque d'y régner dés mon arrivé. Renonçant, je fais demi-tour. De toute manière, je dois veiller au bon déroulement de ce dernier trajet. Durant encore quelques heures, je suis le préfèt en chef de Poudlard. Redressant la tête, carrant les épaules et bombant le torse, je prends une grande inspiration. Je suis le prêfet en chef, et je tiens à faire honneur à ma fonction jusqu'au bout.

-Asseyez-vous ! Pas de magie dans le train monsieur Thomas ! Rangez votre baguette ! Restez tranquille ! Ne courrez pas entre les wagons ! Londubat attrapez donc ce crapaud et tenez le en place une bonne fois pour toute !

Durant les heures qui suivent, je m'applique conscencieusement à maintenir du mieux que je peux l'ordre et la discipline dans les différents wagons que je parcours, m'octroyant une maigre pause au moment où la sorcière aux bonbons circule dans le train. Je m'offre un dernier plaisir, un paquet de fraises chantantes pétillantes que l'on ne trouve que dans le Poudlard Express. Dégustant ces quelques friandises, je repousse les souvenirs qui ne font que m'agresser, m'acharnant avec plus de rigueur contre les pauvres premières années qui veulent absolument savoir qui de leur promotion produit le meilleur sortilège d'allégresse.

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