Chapitre 125 - Percy

6 Juin 1994

Je soupire tout en ressortant mes fiches. La première journée d'examens se termine enfin, et j'ai l'impression d'avoir tout raté. Après avoir vérifié que mes réponses coïncidaient plus ou moins avec les cours, je retourne dans la grande salle. Cette dernière, faisant office de salle d'examen, est déjà entièrement prète pour le repas. Ce qui tombe plutôt bien puisque je meurs de faim. Je m'installe à la table des Gryffondors, attendant patiemment les plats qui terminent d'être préparés en cuisine. Nerveux, je regarde une nouvelle fois mes fiches, ne pouvant m'enlever cette impression de m'être loupé quelque part. Je termine rapidement mon repas, sans préter attention aux piaillements autour de moi. De toute manière, cela fait une semaine que plus personne ne vient m'adresser la parole. Ils ont certainement tous compris que j'ai besoin de réviser, car j'ai envie de réussir ma vie, moi.

Une fois mon repas terminé, je préfère ne pas m'attarder dans la grande salle. J'ai encore une bonne demi-heure devant moi avant mon tour de garde, et je tiens à en profiter pour me remettre quelques notions en tête. Je remonte rapidement jusqu'à la salle commune où je passe sous la douche. Prenant des vètements propres dans mon armoire, je remarque un pull un peu trop coloré pour faire parti de ma garde robe, roulé en boule entre mes teeshirts et mes pantalons. Fronçant les sourcils, je sors l'objet en question. Il s'agit d'un pull reconstitué. La partie gauche est composé de rayures verticales rouges et jaunes tandis que la partie droite comporte les mêmes rayures mais de couleur jaunes et noires. Mi-Gryffondor, mi-Poufsouffle. Adélaïde. Ma poitrine me brûle tandis que les souvenirs affluent. Pourquoi je n'arrive pas à l'oublier ? Suis-je vraiment maso à ce point ? Je presse le tissu contre mon visage, fermant les yeux un instant. Son odeur engourdit mes sens, me donnant l'illusion qu'elle est à mes côtés.

Non. Je dois me reprendre. D'un geste vif, j'envoie le tissu valdinguer plus loin et m'attèle à chercher un vètement correct. Je m'habille en quelques minutes et m'allonge sur mon lit afin de m'octroyer ma séance de révision. Malheureusement, je n'arrive pas à me concentrer, et ce n'est qu'au bout de dix minutes que je me rends compte que je ne fais que lire et relire la même phrase sans en assimiler le moindre mot. D'un geste rageur, je laisse tomber les feuilles sur mon lit et descends dans la salle commune. Plusieurs élèves étudient avec minutie, en groupes ou seuls, tandis que d'autres préfèrent s'amuser. Je ne m'attarde pas et sors par le portrait de la grosse dame. Je dois patrouiller ce soir, et même si je préfèrerai réviser, je n'ai trouvé personne pour me remplacer. Et puis, à qui aurai-je demandé ? Gaelle ? Jacob ? C'est tout juste si ils m'adressent la parole...Quand aux autres...Je préfère ne même pas y penser.

Je descends jusqu'au rez de chaussé, me demandant avec qui je dois patrouiller ce soir. J'ai oublié de vérifier sur l'emploi du temps, mais je n'ai malheureusement plus le temps de remonter pour chercher cette information. Tournant en rond dans le hall, je me fige soudainement. Mon coeur loupe un battement avant de s'affoler comme un fou tandis qu'Adélaïde arrive vers moi. Je la contemple des pieds à la tête, Merlin qu'elle est belle ! Peut-être que..Peut-être que je pourrai lui redonner une chance? A cet instant, je crois que je serai capable de tout lui pardonner. Elle me dirait qu'elle a tué un homme que je l'embrasserai à pleine bouche. Tout ce que je veux, c'est qu'elle soit honnète envers moi. Peu importe si ce qu'elle me dit ne me plait pas, du moment que c'est la vérité. Je vais lui redemander. Et j'espère que cette fois, elle aura assez confiance en moi pour tout me dire.

Sans un mot, nous remontons les escaliers. Nous savons ce que nous avons à faire. Nous avons patrouillés ensemble tellement de fois que nos mouvements se coordonnent naturellement. Elle ne me demande pas de nous partager les étages, ce qui me soulage quelque peu. Mais puisque nous devons passer quelques heures ensemble, il va falloir que je brise ce silence glacial. Arrivés au septième étage, nous entamons sérieusement notre ronde. J'ouvre la bouche mais rien n'en sort. Les mots restent bloqués. Je déglutis avant de refaire une tentative.

-Adélaïde...Je...

La jeune fille se tourne vers moi, ce qui n'arrange à rien à mon affaire. J'aimerai tellement faire comme si de rien n'était, la serrer dans mes bras, l'embrasser, repartir comme avant, mais je sais que ce n'est pas possible. J'ai bien trop de rancoeur pour prétendre que tout va bien. Il faut que nous passions par cette discussion si on veut avoir une chance de recoller les morceaux. Mais le veut-elle vraiment ? Peut-être que la situation l'arrange ? Chassant mes hypothèses avant de risquer de me dégonfler, j'inspire profondément.

-Il faut qu'on parle. Ecoute...Je...J'ai beaucoup réfléchis et...Si nous ne sommes pas honnête l'un envers l'autre, jamais ça ne fonctionnera entre nous. Tu le sais aussi bien que moi. On ne construit rien sur les mensonges. Et moi je...j'aimerai construire quelque chose avec toi. Alors...Je vais te le redemander une dernière fois. Qu'est ce que tu ne me caches, Adélaïde ?

Je la fixe, retenant ma respiration tandis que mon assurance s'ébranle. Elle reste silencieuse, semble hésiter. Pourquoi ? Je pense pourtant avoir été correct envers elle. Je lui donne toutes les cartes en mains pour que nous puissions retrouver notre complicité. Je ne peux pas faire mieux.

-C'est...commence Adélaïde mal à l'aise, je suis....enfin....Ce que je veux dire...Je suis en...angoissée. Je suis angoissée par les examens. J'ai l'impression d'avoir tout raté et que je vais encore me planter. C'est...bien trop de pressions pour moi.

Je la regarde, silencieux. Elle me ment. Elle est largement prète pour réussir les épreuves haut la main, je m'en suis assuré. Un manque d'assurance ? Possible bien que la connaissant, j'en doute fort. Trop de pressions pour elle ? Non, là elle se moque de moi. Ma poitrine me brûle tandis que tout s'éclaire dans ma tête.

-Trés bien. Je comprends. Ecoute...Je vais te faciliter la tâche. Tu ne m'aimes plus. Ce n'est pas grave, ce sont des choses qui arrivent. C'est gentil de ta part d'avoir voulu attendre la fin des examens pour me le dire, mais ne t'inquiètes pas pour moi, je suis bien assez intelligent pour faire la part des choses. Avec ou sans toi, je réussirai mes Aspics. Alors, je ne te retiens pas. Tu dois être soulagée maintenant ! Va donc profiter de ton célibat, de ta liberté ou je ne sais quel terme tu veux employer. Mais tu sais Bercley, ce qui me fait le plus de peine...Ce n'est pas que tu ne veuilles plus de moi....Non, c'est douloureux, mais je peux le comprendre. Non ce qui me fais le plus de peine, c'est que tu n'aies même pas eu le courage de le faire par toi-même. Je...Je ne te pensais pas si lâche. Finalement, contrairement à ce que je pensais, choixpeau flou ou non, tu n'aurais jamais eu ta place chez les Gryffondors.

N'attendant pas sa réponse, je tourne les talons avant de me stopper. J'ai une dernière chose à lui dire afin de pouvoir au moins terminer ma soirée plus...tranquillement.

-Tu peux retourner à ta salle commune. Je terminerai de patrouiller seul. Et si je te vois dans les couloirs, tu subiras le même traitement que n'importe quel autre élève hors de sa salle commune la nuit. Bonne nuit Bercley.

Ignorant ses supplications, j'accélère le pas. Comment est-ce possible d'avoir aussi mal au coeur ? J'ai envie d'hurler, de me défouler, d'évacuer toute cette peine qui me ronge. Mais je ne peux pas. J'ai fais assez de choses indignes cette année pour continuer ainsi. Je suis préfèt en chef, je vais travailler au ministère, je vais réussir mes aspics haut la main, il le faut. Et pour faire tout cela, j'ai besoin de garder la maîtrise de mes émotions. Je ne dois plus rien laisser paraître. Comme avant. Il le faut, car c'est le meilleur moyen de me protéger. Car si je fais attention ne serait-ce qu'un instant à mon chagrin, je ne pourrai pas m'en relever. Et il est hors de questions, qu'après avoir gâché ma septième année, Adélaïde gâche en plus ma réussite aux examens et ma carrière.

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