Chapitre 122 - Adélaïde
17 Mai 1994
Je regarde Percy s'en aller. J'aimerai lui dire, j'aimerai réussir à le retenir, mais je ne peux pas. Je n'y arrive pas. J'entre dans la salle commune de Poufsouffle sans vraiment savoir comment j'y suis arrivée. Je suffoque tandis que mes larmes me brouillent la vue. Sans faire attention aux personnes présentes ou non, je me dirige rapidement vers le dortoir et m'enferme dans la salle de bain, me laissant glisser contre la porte. Je ferme les yeux un instant. J'ai besoin de mettre de l'ordre dans mes pensées. Je dois absolument avoir une vue d'ensemble sur la situation. Malheureusement, je n'arrive à rien. J'ai beau mettre tous les efforts au monde, je ne vois pas comment je pourrais tirer une bonne chose de tout...ça.
-Adélaïde ! Ouvre ou je défonce la porte !
Je sursaute en entendant la voix de Jacob. Qu'est ce qu'il fout dans le dortoir des filles ? Et de quel droit m'oblige-t-il à sortir ainsi ? Je ne peux plus respirer cinq minutes maintenant ? Agacée, je me lève en séchant rapidement mes larmes et déverouille la porte.
-C'est pas trop tôt ! Râle mon ami en me fixant durement.
-C'est quoi ton problème Jacob ? Si j'ai envie de passer cinq minutes dans la salle de bain toute seule...
-Cinq minutes ? Me coupe-t-il.
-Dix si tu veux, soupiré-je, ne joue pas sur les mots, je ne suis pas d'humeur !
-Adélaïde, reprend-t-il gravement, ça fait presque cinq heures que tu es enfermée là-dedans...les filles ont cru que tu avais fais un malaise, qu'est-ce qui se passe ?
Je lève les yeux au ciel, amusée par sa façon de toujours dramatiser les choses. Toutefois, les visages inquièts des autres filles du dortoir me donnent le doute. Je n'ai pas pu rester cinq heures dans la salle de bain! Ce n'est pas possible ! Je m'en serai rendue compte.
-Adélaïde. Qu'est-ce qui se passe ? Et je te jure si tu ne m'explique pas de suite, je vais demander à Percy.
J'hésite un instant. J'ai peur de sa réaction, peur qu'il me juge. Toutefois, son regard déterminé m'empêche d'esquiver de quelque manière que se soit. Soupirant, je lui prends la main et l'entraîne hors du dortoir et de la salle commune.
-Ok ! Mais pas ici. Allons dans un endroit calme.
J'avance doucement dans les couloirs vides, essayant de gagner un maximum de temps. J'espère qu'ainsi, Jacob oubliera et retournera à la salle commune sans poser plus de questions. Malheureusement, je le connais aussi trop bien pour savoir qu'il ne lâchera rien. En réalité, je ne fais que gagner du temps. Au détour d'un couloir du deuxième étage, Jacob m'attrappe le bras, me forçant à m'arrêter.
-Adélaïde, arrête ton petit jeu et parle moi. Je suis ton meilleur ami non ? Alors laisse moi t'aider...s'il te plait.
Je me retourne afin de lui faire face. Le jeune homme me regarde tristement. Je baisse la tête, honteuse. Je déteste le faire souffrir, mais je ne sais pas comment lui annoncer. Et bien que je sache pertinnemment que se sera de la rigolade à côté de la discussion que je devrais avoir avec Percy, je ne peux m'empêcher de vouloir fuir à tout prix.
-Je...commencé-je, hésitante.
-Oui ? Je t'écoute Ad, tu peux tout me dire, je ne te jugerai pas, tu le sais.
-Je sais Jac...mais le dire...le dire rendra cela réel, concrèt, et ça me fait peur. Je suis terrifiée.
-Ecoute, si quelqu'un te veut du mal, commence-t-il tandis que tout son corps se crispe, je serai là pour te protéger, tu n'as plus à t'en faire. Je ne te laisserai pas tomber...cette fois.
-Non tu n'y es pas, grimacé-je tandis que les souvenirs que j'avais presque réussi à enfouir reviennent à la charge, personne ne veut me faire de mal. Je préfèrerai cela dit, ça serait bien plus simple à régler.
-Adélaïde, tu me fais peur là, explique moi !
-Je...Je suis enceinte.
Je n'ose pas quitter Jacob du regard. Le jeune homme reste figé quelques instants, le visage impénétrable. Je ferme les yeux, imaginant déjà le discours qu'il va me servir. Je sais que je suis une iresponsable crétine, que je suis inconsciente, que je gâche ma vie et pire que je vais gâcher celle de Percy, que je n'ai pas le droit de lui imposer ça alors qu'il essaye de se construire une belle vie. Je suis la honte des préfets de cette école. Que vont dire les parents en apprenant que leurs enfants ont pour modèle une préfète enceinte ? Je devrais peut-être donner ma démission avant que cela ne fasse scandale ? Mais à un mois de la fin de l'année, je ne sais pas si se serait très judicieux. Je n'arrive plus à me retenir plus longtemps. Je renifle et sens des larmes rouler le long de mes joues. J'ouvre les yeux tandis que Jacob me presse contre lui dans une étreinte chaleureuse et paternelle. Je lui agrippe le teeshirt et éclate en sanglots, incapable de me contrôler plus longtemps. Caressant mes cheveux, le jeune homme me murmure des paroles se voulant rassurantes. Au bout d'un moment, je me décolle de lui, calmée.
-Tu dois lui dire Adélaïde, me murmure-t-il tendrement.
-Non ! Jamais ! Promets-moi que tu ne diras rien ! Explosé-je, terrifiée à l'idée de le piéger ainsi.
-Adélaïde ! Il a le droit de savoir ! Il...
-Promets le moi ! Le coupé-je en plissant des yeux.
-Je te le promets...Je ne dirai rien car c'est toi qui le fera. Pourquoi tu ne veux pas ? Cet enfant vous l'avez fais à deux ! Il a autant de responsabilité que toi dans cette histoire !
-Il...Je ne veux pas qu'il renonce à ses projets...Il en serait capable tu le sais. Il le ferait et il finira par le regretter. Je ne veux pas finir divorcée à quarante ans avec une floppée d'enfants sur les bras sous pretexte que je l'aurai pris au piège ! On a que dix sept, dix huit ans ! Qu'on soit sorciers ou non, on est trop jeunes pour être parents ! Je...Je ne veux pas lui imposer. Je n'ai pas le droit de...
-Tu ne le gardes pas alors ?
Je baisse la tête. J'ai déjà pris ma décision. A l'instant même où j'ai su, je savais déjà ce que j'allais faire, sans m'en rendre compte. Et puis, de toute façon, à deux mois de grossesse, je ne peux plus faire grand-chose, même si j'en avais décidé autrement.
-Alors dis lui. Si tu ne le fais pas pour Percy, fais le pour ton enfant. Il a le droit de connaître son père, soupire Jacob.
-Non ! Réponds-je, catégorique.
-Tu vas l'abandonner ?
-Non !
-Alors dis lui ! Insiste le jeune homme, tu n'as pas le droit de choisir à sa place ! Tu...
-Je peux pas ! Je..Je ne veux pas que se soit un pretexte pour le priver de...de ses choix, de sa liberté ! Il ne m'aime plus Jacob ! Et il ne m'aimera pas plus parce que j'attends un enfant! Enfant qu'il n'a jamais souhaité avoir de toute manière ! En tout cas pas maintenant et certainement pas de cette façon ! Paniqué-je en imaginant déjà la réaction du Gryffondor.
-Adélaïde ! Tu dois lui dire. Imagine qu'il l'apprenne par quelqu'un d'autre ? Ca va finir par se voir tu sais ! Surtout que tu en es à...A combien d'ailleurs ?
-Je peux pas ! Pas maintenant ! Je lui dirai...mais si je le fais avant les examens, il risque de se louper ! Je n'ai pas le droit de lui gâcher son avenir !
-Et le tiens alors ? Rétorque-t-il avant de soupirer, fais comme tu veux, mais dis lui avant les vacances Ad. C'est primordial. Adélaïde, je suis sérieux, ça fait combien de temps ?
-Je le sais depuis ce matin...mais ça fait déjà deux mois...
-Deux mois...Tu dois absolument lui dire...et ma puce, sache que je serai là. Quoi qu'il arrive, quoi qu'il te dise, tu pourras toujours compter sur moi.
J'acquiesce tandis que nous retournons dans notre salle commune. Après un dernier calin, je monte dans le dortoir où je pleurs toutes les larmes de mon corps avant de m'endormir d'épuisement. Mon sommeil est agité, peuplé de mes peurs les plus horribles. Mes parents qui me renient, Percy qui m'abandonne, la famille Weasley qui me méprise, Gaelle qui me tourne le dos, Jacob qui me regarde en souriant, me murmurant qu'il m'avait prévenu et mon enfant...mon enfant qui disparaît tandis qu'une phrase siffle en échos dans ma tête : « trois personnalités grandissent en vous...trois... »
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top