Chapitre 12 - Adélaïde

3 Septembre 1993

Je me prépare en soupirant, pestant contre moi-même. J'avais simplement envie de me terrer sous la couette. Après l'humiliation de ce midi et l'après midi catastrophique en cours, dormir m'aurait fait le plus grand bien. Mais non, il avait fallu que je cède aux supplications de mon don juan de collègue. L'imbécile avait trouvé sa nouvelle proie de l'année, enfin si cette dernière était chanceuse. J'espère simplement que cet imbécile heureux n'a pas pris une Poufsouffle comme proie. Je n'ai pas spécialement envie de me retrouver de nouveau à devoirs réparer ses conneries d'adolescent. Il y a deux ans, il avait jeté son dévolu sur Cady McLusty, une quatrième année. Il était sorti avec elle quelques semaines, espérant pouvoir se dépuceler rapidement, mais la demoiselle âgée seulement de quatorze ans n'était pas du tout dans le même délire. Quand Jacob compris qu'il n'obtiendrait rien d'elle, il l'avait laissé tomber comme une vieille chaussette. Cady n'avait alors eu de cesse de me suivre, allant même jusqu'à s'incruster dans le dortoir des cinquièmes années, afin de me supplier de lui parler. J'avais alors dus interférer dans la relation de Jacob, lui faisant promettre que c'était bien la dernière fois qu'il me mettait autant dans l'embarras. Mais depuis, il y avait eu plus d'une dizaine d'autres dernières fois.

-Merci Adélaïde, t'es la meilleure. Je t'aime! Je t'aime! Je t'aime! Me lance le jeune homme, m'envoyer des baisers, tandis que j'arrive dans la salle commune.
-Jacob, n'emploie pas des mots que tu ne comprends pas s'il te plaît. Tu m'en dois une...Une bonne centaine même, mais je vais être gentille et me dire que tu m'en dois juste une.Soupiré-je en fixant correctement mon insigne de préfète.
-Promis! Mon père a réussi à se procurer les tout derniers dragées surprises de berty crochus, les parfums inédits. Je peux lui demander de m'en faire parvenir quelques sachets pour toi? Me propose-t-il, connaissant mon léger penchant pour les sucreries.
-C'est...Tentant...mais...Je préfère garder ta dette de côté pour quelque chose de plus...important.

Bon sang, rien que de le dire m'écorche le palais. Merde. J'ai besoin de ma dose maintenant. Avant de lui laisser le temps d'ajouter quoi que se soit, je remonte en quatrième vitesse dans le dortoir et récupère un sachet de friandises.

-Plus important que des bonbons? Tu me fais peur Adélaïde...Me dit-il, choqué, alors que je redescend dans la salle commune.
-Tais-toi, tu vas me faire passer pour une goinfre! Lui souris-je amusée.
-Bah...
-La ferme ou je remonte me coucher! Bon allez je file, mais je n'oublie pas!

Je descends les marches quatre à quatre et déboule dans le couloir. Je mets le premier dragée dans ma bouche et souris, constatant qu'il s'agit d'un à la framboise. Au détour d'un couloir, je bloque tandis que mon coeur loupe un battement. Je me rends alors compte que j'ai complètement oublié de demander avec qui Jacob partageait son tour. Quand Percy se tourne vers moi, je constate qu'il est tout aussi surpris que moi. Je lui explique alors, avec un ton faussement détaché, la raison de ma présence. Nous restons un instant yeux dans les yeux. Je vois une lueur traverser ses prunelles marrons, mais je sus bien incapable de l'analyser. Toutefois, ce tête à tête silencieux me retourne plus que je ne l'aurai imaginé.

Percy se détourne soudainement tandis que je sens mon palpitant s'affoler dans tous les sens. Ce n'est pas la première fois que j'ai ce genre de sensations auprès de lui. C'est perturbant, d'autant qu'en à peine trois jours, j'ai plus été en contact avec Percy que durant les six dernières années.

-Bon tu comptes gober les mouches ou daigneras-tu enfin faire ton boulot correctement? Dépêches toi!

Je redresse la tête, reprenant phase avec la réalité. Percy me jauge, le regard dur. Bon sang, j'ai encore fais quelque chose de travers. Je devrais le savoir pourtant depuis le temps, si je veux être tranquille, je ne dois pas rêvasser durant le boulot. Surtout avec lui. Décidément, j'ai vraiment le don de tout gâcher. Je déglutis tandis que le jeune homme reprend la parole. Cette fois, je fais attention à ne pas repartir dans mes pensées. Je n'ai pas spécialement envie de passer les quelques heures de patrouille à m'engueuler avec lui.

-Au fait, Adélaïde...Évite de traîner avec Fred et George. Ils sont...Enfin, pour une fois dans ta vie, fais ce que je te dis sans discuter.

J'ouvre la bouche, médusée, tandis que Percy commence à partir, l'air de rien. Non mais pour qui il se prend? Qui est-il pour juger es fréquentations? Et il croit que réellement que je vais le laisser filer aussi facilement? Une boule de colère commence à grossir et je tente de passer outre, mais c'est plus fort que moi. J'accélère le pas et me poste devant lui, les mains sur les hanches, lui bloquant le passage.

-Adélaïde, soupire-t-il, ne fais pas l'enfant, on devrait déjà être aux cachots.
-J'en ai rien à foutre. Tout le monde dort de toute façon, personne ne saura qu'on a perdu dix précieuses minutes de ton temps. Alors si tu veux faire ton tour de garde, tu vas m'écouter! Je fréquente qui je veux, tu n'as pas ton mot à dire. Que tu dénigres mes aptitudes de préfète, j'ai déjà beaucoup de mal. Que tu me prennes de haut depuis deux ans maintenant, passe encore. Mais que tu oses me dire avec qui j'ai le droit ou non de m'amuser, je ne te le permets pas. Alors rentre toi bien ça dans le crâne Percy Weasley. Tes petits airs de dictateurs impressionnent peut-être les autres élèves, mais ça ne marche pas avec moi. Alors, fais attention à ce que tu dis.

Ma dernière phrase se fait plus hésitante, moins hargneuse. Sans m'en rendre compte, je m'étais grandement rapproché du jeune homme, si bien qu'il se trouve désormais coincé contre le mur, sa tête à quelques millimètres de la mienne. Mon coeur cogne à m'en faire mal dans ma poitrine, attisé par la colère et...autre chose. Il esquisce un mouvement de tête dans ma direction. Son souffle chaud semble plus saccadé, et effleure ma peau, telle une caresse. Je passe ma langue sur mes lèvres, instinctivement. Avant que je puisse réaliser ce qui m'arrive, les lèvres de Percy se posent avec rage sur les miennes. Mon souffle se coupe tandis que sa langue caresse la mienne, l'enveloppe. Ses mains se pressent dans mes dos et j'enroule mes bras dans son cou. Mon coeur explose dans ma poitrine, me procurant un sentiment de joie et de bien être intense. Il m'embrasse, et comme un ouragan, ce baiser ravage tout dans sillage. Et comme un ouragan, Percy se décolle subitement, me repoussant avec vigueur, manquant de me faire tomber. A bout de souffle, les joues écarlates, je le regarde. Il semble torturé. Il ouvre la bouche, semblant vouloir dire quelque chose, mais se résigne et part d'un pas rapide, me bousculant.

-Percy! Crié-je tandis que ce dernier m'ignore avec arrogance.

Je le regarde tourner à l'angle du couloir, disparaître de ma vue. Encore retournée par ce qui vient de se passer, complètement perdue aussi, je me passe une main dans les cheveux. Un ricanement me fait alors sursauter.

-Percy et Adélaïde sont dans un couloir, fredonne une voix que je ne connais que trop bien, se bécotant l'un l'autre ils..
-Peeve! Crié-je en fonçant sur le fantôme. Dégage de là! Et si tu dis quoi que se soit, je me ferai une joie d'aller dire au Baron que je t'ai vu sortir de son antre.
-Mais..mais...C'est faux! Me lance alors le fantôme, dont le visage se décompose à moitié sous le coup de la peur.
-Oui, mais lui ne le sait pas! Terminé-je en haussant les sourcils, un demi sourire diabolique sur les lèvres.

L'esprit frappeur tourne alors les talons, pestant contre moi tandis que je me laisse glisser contre le mur. Que vient-il de se passer exactement? Pourquoi? Comment en est-on arrivé là? Je reste ainsi un long moment, attendant que mon cœur cesse son triple galop, puis je remonte dans ma salle commune, pensive. Et maintenant? Comment suis-je censée réagir face à lui? Sans un regard vers mes compagnes de chambre, et ne prenant même pas la peine de me déshabiller, je me glisse sous ma couette. Mais je sais d'avance que je ne pourrai pas fermer l'oeil de la nuit, cogitant bien trop pour réussir à apaiser le feu qui me consume de l'intérieur.

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