16 Mai 1994

Je n'ai quasiment pas fermé l'oeil de la nuit. Comment a-t-elle pu me cacher une chose pareil ? Cela nous concerne tous les deux ! Et comment ai-je pu être aussi aveugle ? Des bonbons...bien sûr. Comment ai-je pu tomber dans le panneau aussi facilement ? Comment ai-je pu être aussi stupide ?

-Percy ? Tout va bien ?

Je relève la tête vers Olivier. Le jeune homme m'observe tout en enfilant son teeshirt. J'acquiesce silencieusement et me décide à bouger de mon lit. Je descends dans la grande salle et vais m'installer à la table des gryffondors. De là où je suis, je peux facilement observer Gaelle, Jacob et Adélaïde assis à la table des poufsouffles. Plusieurs petits groupes d'amis se forment autour de moi tandis que je me sens de plus en plus mal à l'aise. Avant, la solitude ne me dérangeait pas. J'ai toujours préféré m'isoler pour travailler. Par la suite, avec Pénélope, nous nous isolions ensemble. Mais depuis que je me suis rapproché d'Adélaïde, je me suis attaché à tout son entourage. Même si le franc parlé de Gaelle et la maladresse de Jacob me dérangeaient au départ, je réalise désormais à quel point je m'y suis attaché.

Mon coeur me fait mal tandis que je ne quitte pas la jeune poufsouffle des yeux. C'est elle qui est en tort, alors pourquoi la culpabilité me compresse ainsi la poitrine ? Je détourne le regard, picorant sans grande conviction dans le pancakes que je me suis servi.

-Qu'est ce que tu fous Percy ?

Je me tourne vers Fred qui prend place à mes côtés. Je tourne la tête dans tous les sens, cherchant George qui doit forcément être dans les parages.

-Si tu cherches George, il est pas là. Il est avec Angélina. Lui il ne laisse pas tomber sa copine dés qu'il a un pet de travers.

-Ne te mèles pas de ça Fred ! Et je n'ai pas laissé tombé Adélaïde, réponds-je d'une voix mal assuré.

-Vraiment ? Alors pourquoi tu ne vas manger avec elle?

Je ne réponds rien et continue d'émietter ce qu'il me reste de pancakes. Je dois remettre mes idées en ordre avant d'aller lui parler. J'ai besoin de savoir où j'en suis. Maintenant qu'elle est...changée, je suis complètement perdu, et les questions se bousculent dans ma tête. Qu'est ce que ça implique d'être un animagus ? Et si elle se fait prendre, que deviennent ceux qui savaient ? Ai-je envie de prendre ce risque ? Et puis, si elle est capable de me cacher une chose aussi importante, qu'en sera-t-il par la suite ? Notre vie se basera-t-elle sur une multitude de mensonges ? Je n'ai pas envie de ça, mais je ne peux me résoudre à vivre sans elle.

Voyant qu'elle se lève, je me décide à la suivre. De toute façon, nous avons cours de potions ensemble, mais j'aimerai pouvoir lui parler avant. J'accélère la cadence tandis qu'elle quitte la grande salle.

-Adélaïde ! Attends !

Elle se retourne tandis que Jacob pose une main sur son bras et que Gaelle lui adresse un sourire. Une fois les deux comparses loin, je m'approche de la jeune fille, passant une main dans ma nuque. Je ne sais pas quoi lui dire, par où commencer ? Par quoi commencer ?

-Je..Je t'aime ! N'en doute pas mais...

Je marque une pause. Le plus facile est fait. Je soupire, cherchant mes mots tandis que l'heure tourne. J'ai tellement de questions à lui poser, tellement de choses qui se bousculent dans ma tête.

-Pourquoi as-tu fais ça ? Non plutôt, pourquoi me l'as-tu caché ? As-tu si peu confiance en moi ? Je...Je croyais que notre relation était assez solide pour tout partager. Me l'aurais-tu dis si je n'avais rien découvert ? Et si ça avait mal tourné ? Tu y a pensé ?

-Je..Je suis désolée Percy. J'avais besoin de le faire. Pour me sentir mieux, murmure-t-elle en évitant mon regard.

-Vraiment ? Et tu te sens mieux là Adélaïde ? La coupé-je, sentant la colère reprendre possession de mes mots.

Son silence est une réponse à lui tout seul. Des larmes coulent doucement sur ses joues, et je ne peux m'empêcher de culpabiliser. J'ai l'impression de passer mon temps à la faire pleurer, à lui faire du mal, et ça me tue. Je la prends dans mes bras, ravalant ma mauvaise humeur. Pourquoi faut-il toujours que je sois ainsi ? Pourquoi, quoi qu'il se passe, je finis toujours par avoir l'impression d'être fautif ? Est-ce vraiment moi qui ai un problème ? Ses mains s'agrippent à ma chemise tandis qu'un sanglot passe entre ses lèvres. Je resserre ma prise, essayant de trouver quelque chose d'intelligent à dire.

-Bon...de toute façon, maintenant c'est fait. Apprenons à faire avec et...plus de cachoteries Adélaïde. Je te l'ai déjà demandé. Ce n'est pourtant pas si compliqué de...

Je me stoppe et respire un grand coup. Ce n'est pas le moment de m'énerver de nouveau. Je desserre ma prise autour d'elle et m'écarte. Toutefois, devant son regard terrifié, je me sens obligé de lui rappeler nos obligations.

-Ce n'est pas que je ne veux pas te garder dans mes bras chérie, mais on a cours de potions...Alors se serait bien d'éviter d'être plus en retard que nous le sommes certainement déjà.

Je grimace tandis que nous nous dépêchons d'accéder aux cachots. Comme prévu, le professeur Rogue nous retire dix points chacun pour notre retard, et nous offre en prime ses merveilleux compliments dont il a le secret. Nous nous installons aux côtés de Dubois et je m'efforce de rester attentif au cours. Bien que je me sois à peu près réconcilié avec Adélaïde, je ne peux m'empêcher de me sentir loin d'elle. J'aimerai pouvoir comprendre ses motivations, qu'elle m'explique. Peut-être arriverai-je à lui pardonner ? Je veux bien faire des efforts, avoir l'esprit ouvert, mais je ne sais pas si j'arriverai à faire comme si rien n'avait changé. Le fait est que quelque chose a été brisé entre nous. Quelque chose qui ne se réparera peut-être jamais. Est-ce le début de la fin ? Ou bien une simple mauvaise passe ? Je ne saurai le dire. Tout ce que je sais, c'est que ces sentiments si enivrants et merveilleux, si forts et tendres que je ressens à son égard se teintent doucement d'appréhension et d'amertume, d'incertitudes et de méfiance.