Chapitre 118 - Adélaïde

15 Mai 1994

L'attitude étrange et blessante de Percy m'a complètement retournée. Je ne pensais pas que l'on pouvait se sentir aussi mal au point d'en rendre son repas ! Je sais pourtant qu'il est ainsi, et je l'ai accepté. Malgré tout, ses remarques et surtout la manière dont il me les fait passer ont le don de me briser. Toutefois, je dois avouer qu'il a su se rattraper remarquablement. Et durant quelques heures, j'ai eu la sensation de le retrouver.

Tout en me préparant pour mon tour de garde, je ne cesse de me ressasser cette journée en boucle. Je dois avouer qu'il a vraiment un sale caractère ! Après le repas, Percy m'a raccompagné jusqu'à la salle commune de Poufsouffle, me proposant de le retrouver une fois ma garde finie. J'ai évidemment accepté de suite. En fait, j'ai besoin de mettre certaines choses au clair avec lui. Il va vraiment falloir qu'il apprenne à gérer ses émotions, si nous devons vivre ensemble dans quelques semaines. Je me vois mal me faire hurler dessus à longueur de temps sous prétexte que le stress lui monterait au cerveau.

Je sors de la salle commune et retrouve Gaelle au détour d'un couloir. La jeune fille est en pleine discussion avec le concierge. Curieuse, je fronce les sourcils tout en m'approchant. Je me demande bien ce qu'elle peut raconter à Rusard pour que ce dernier soit autant subjugué.

-Adélaïde ! Je t'attendais ! Au revoir Rusard, je tâcherai de vous faire parvenir ces fameuses croquettes d'ici la fin de la semaine.

Une fois le concierge parti, je me tourne vers mon amie.

-Depuis quand Rusard discute tranquillement avec toi ? Ou avec les élèves en générales ?

-Depuis qu'il sait que ma mère tient une boutique spécialisée dans les friandises pour animaux de compagnie, rie-t-elle en m'attrapant par le bras.

-Ho je vois ! Mais tu sais, c'était lors de notre première année qu'il fallait te le mettre dans la poche, pas à un mois de la fin de nos études, me moqué-je.

Nous décidons de faire notre tour ensemble. Cela prendra certes plus de temps que si nous nous séparons, mais nous avons besoin l'une comme l'autre de nous retrouver. La discussion débute par nos projets d'été avant de finalement dévier sur nos projets tout court, et sur Percy.

-Fais attention à toi Ad. Je sais que ce que vous vivez tous les deux est génial et je suis vraiment heureuse pour toi mais...il a toujours fais passer ses ambitions avant le reste. Tu le sais, ne nie pas ! Je m'inquiète pour toi. Attention, je ne te dis pas qu'il te fera du mal, de le larguer ou je ne sais quoi, là n'est pas la question ! Mais...garde en tête que tout peut arriver, que rien n'est jamais acquis dans la vie.

-Je sais Gaelle. Ne t'inquiètes pas. Ca ne sera pas facile tous les jours. Je sais que notre relation va évoluer du tout au tout une fois sortis de Poudlard. Et peut-être que l'on s'apercevra que ça ne fonctionne pas, mais c'est un risque que je veux prendre. Et puis...Si ça ne fonctionne pas, je saurais où te trouver...

-...Avec un énorme pot de nutella et une comédie romantique moldue bien mielleuse à souhait.

Je ris face à sa remarque. Gaelle m'a fait découvrir les joies du cinéma moldu durant ces six dernières années. Et si certains de leurs succès me semblent complètement aberrant, je dois avouer que d'autres méritent le détour. Tandis que nous reprenons notre route, un grondement sourd nous parvient aux oreilles. Je me fige et tends l'oreille. Aussitôt, un éclair illumine le ciel, suivit d'un deuxième grondement, bien plus puissant cette fois-ci.

-J'ai horreur des orages. D'autant plus à Poudlard. J'ai l'impression de me retrouver dans un mauvais film d'horreur à chaque fois, sauf qu'ici les loups garous et les créatures sanguinaires sont bel et bien réelles...Si les moldus savaient cela, je pense qu'ils feraient bien moins les malins avec leur...Adélaïde ? Adélaïde où est-ce que tu cours ?!

Cela ne pouvait pas tomber à un pire moment ! Je me presse à travers les couloirs et rejoins rapidement ma salle commune. Sans prêter attention à Jacob qui révise à côté de la cheminée, je monte quatre à quatre les marches me menant au dortoir. Fébrile, je vide ma valise à même le sol et récupère ma potion. Cette dernière est aussi rouge que le sang.

-Adélaïde ? Tu n'es pas censée patrouiller avec Gaelle ?

-Jacob ! Si..heu...remplace moi. J'ai...Je t'expliquerai demain !

-Adélaïde tu me fais peur...attends moi ! Bon sang !

Je sors rapidement de la salle commune et part en courrant à travers les étages. Je dois sortir du château le plus vite possible. Passant par les passages secrets, j'arrive rapidement dans le hall et me faufile par la grande porte.

-Adélaïde ! Tu es folle ? Où est-ce que tu...

La porte se referme derrière moi tandis que la voix de Percy se perds dans le hall. Je n'ai pas le temps de m'en préoccuper. Si près du but, je ne compte pas abandonner. De toute façon, je ne suis pas sûre de pouvoir même si je le voulais. Je me dirige rapidement vers les abords de la forêt interdite tandis que les grondements se font de plus en plus forts. Quelques éclairs illuminent le ciel, me permettant de voir où je mets les pieds. Mes vêtements me collent déjà à la peau sous cette pluie diluvienne, mais je m'en fiche. L'excitation me submerge, se mêlant à mon stress, et j'ai toutes les peines du monde à rester maître de mes mouvements. Arrivée suffisamment loin à mon sens, je pointe ma baguette sur mon coeur, souffle un bon coup pour me donner du courage et commence la dernière partie de ma transformation.

-Amato Animo Animato Animagus.

Je débouchonne d'un doigt ma potion et la boit d'une traite. Le liquide me brûle la gorge tandis qu'un goût horrible agresse mes papilles. Je m'approche d'un arbre où je dépose ma baguette et la fiole en évidence afin de les retrouver facilement par la suite.

-Adélaïde !Ne fais pas ça ! Fred m'a tout raconté.

Je me tourne horrifiée en découvrant Percy foncer vers moi, suivi de près par Jacob et Gaelle. Je recule, mais une douleur fulgurante me fait tomber au sol. A genou dans l'herbe humide, je me recroqueville en hurlant de douleur. Mon rythme cardiaque s'accélère à tel point que j'ai l'impression de défaillir à chaque instant. C'est pire que tout ce que j'ai pu subir. Pire que le doloris...Mes vêtements me collent à la peau, se confondant avec ma peau tandis qu'une image se dessine dans mon esprit. Je ferme les yeux afin de l'apercevoir clairement, de me l'approprier. Un oiseau au plumage aussi pur que la neige apparaît sous mes paupières. Une colombe. Je m'imprègne de l'image tandis que mon corps tremble de tout son long. Une nouvelle douleur s'empare de mon être, me donnant la sensation de recevoir des milliers de coups de couteaux sur chaque parcelle de peau me constituant. La douleur s'estompe toutefois aussi rapidement qu'elle est arrivée. Ouvrant les yeux, j'aperçois Percy, Gaelle et Jacob qui se tiennent face à moi, la mine sombre. Je vole autour d'eux, prenant doucement possession de ce nouveau corps qui est le mien. J'ai une sensation de légerté formidable, ennivrante, et durant un instant, je me sens bien, euphorique, comme si plus rien autour de moi n'avait d'importance.

-Mon dieu...Adélaïde...

Le murmure horrifié de Gaelle me ramène toutefois à la réalité. Doucement, je me pose dans l'herbe, leur faisant face et ferme les yeux. Je visualise clairement mon corps. Rien ne se passe. Paniquée, j'ouvre les yeux. Ils continuent de me scruter, semblant ne pas réaliser ce qu'il se passe. Et si je restais piéger à tout jamais dans ce corps d'oiseau ? Non ce n'est pas possible. Je dois simplement plus me concentrer. Respirant à plein poumons, je refais une tentative. Je ferme les yeux une nouvelle fois et visualise mon corps du mieux que je le peux. Je sens mes os s'étirer douloureusement. Je gémis tandis que je reprends forme humaine. A bout de souffle, je reste allongée dans l'herbe un petit moment avant de me décider à me relever. Tremblante, je fais face aux trois jeunes gens bien trop silencieux à mon sens. Cela n'augure rien de bon.

-Adélaïde ! Qu'est ce que tu as fais ? Tu...Tu es complètement inconsciente ! Commence Gaelle, montant petit à petit dans les tons.

-Tu veux aller à Azkaban ? C'est ça que tu cherches ? Mais à quoi tu penses Adélaïde ?! Tu ne sais donc jamais t'arrêter ?! Continue Jacob, hors de lui.

Malgré moi, je recule de quelques pas. Je n'ai jamais entendu Jacob hausser le ton, et je ne peux m'empêcher de me sentir impressionnée par son timbre de voix. Je grimace, ne sachant quoi dire et me tourne vers Percy. Ce dernier n'a pas dit un mot depuis tout à l'heure. Il se tient en recul, le visage fermé. Impossible pour moi de décrypter ses pensées. Il me fixe sans un mot, et un instant, je me demande si il n'a pas été pétrifié.

-Percy...dis...dis quelque chose, murmuré-je à mi-mot tandis qu'un nouvel étau m'enserre le coeur.

Mais au lieu d'accéder à ma requète, le jeune homme me détaille de haut en bas. Son regard se durcit et me fait frissonner. Il ouvre la bouche et je grimace, pressentant sa colère. Mais rien ne vient. Au lieu de cela, Percy referme la bouche et fait volte face, prenant le chemin du château. Comme pour accompagner son départ, la pluie s'intensifie et un éclair traverse le ciel. L'orage gronde de nouveau tandis que mon bien aimé disparaît dans l'obscurité, emportant avec lui les éclats de mon coeur brisé.

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