Chapitre 113 - Percy
26 Avril 1994
Je ferme les yeux et m'appuie sur le mur, laissant les gouttes d'eau chaude rouler le long de mon dos, détendant mes muscles endoloris. Je n'ai pas très bien dormi cette nuit, ni les nuits d'avant d'ailleurs, mais cette fois-ci, mon sommeil était particulièrement agité. Certainement à cause de la pleine lune. Le fait est qu'après de multiples réveils, je me suis finalement retrouvée emmêlé dans ma couverture, la tête à moitié dans la vide et le coussin faisant office de repose pieds. D'ailleurs, c'est peut-être la seule partie de mon corps qui ne me fait pas souffrir. Au bout d'un long moment, je me décide enfin à sortir de la douche et me prépare pour le cours de vol. Jetant un regard dehors, je constate que le ciel est assez couvert. Au loin, de gros nuages noirs menaçants semblent venir droit sur nous. J'espère que le déluge qu'ils annoncent n'arrivera pas pendant mon premier cours. Je n'ai pas spécialement envie de passer ma journée à devoir me changer.
Je descends tranquillement jusqu'à la grande salle où je jette un coup d'oeil discret. Plusieurs élèves sont déjà présents, mais Adélaïde n'en fait pas partie. Avec un léger sourire aux lèvres, je prends la direction des cachots afin d'y attendre ma belle. Une douce odeur de pain d'épice, provenant des cuisines adjacentes, m'arrive aux narines tandis que mon ventre grogne d'impatience. Une floppée de premières années passent devant moi avant que j'aperçoive Jacob sortir. Et si Jacob est dans les parages, Adélaïde n'est forcément pas loin derrière. D'ailleurs la voici qui sort, un grand sourire aux lèvres. La voir ainsi rayonner me réchauffe le coeur, mais je ne peux m'empêcher de m'inquiéter. Elle semble bien trop heureuse pour que s'en soit naturel. Enfin, elle m'aperçoit, et le sourire qu'elle m'adresse me fait oublier tous mes doutes. La jeune femme arrive droit sur moi et plaque ses lèvres sur les miennes, m'obligeant à me maintenir au mur pour ne pas tomber. Ses mains glissent dans mes cheveux et, alors que j'entends des ricanements provenant des quelques élèves encore présents, je l'oblige à faire plusieurs pas sur le côté afin de nous octroyer un peu d'intimité.
Calés entre deux immenses piliers, enfin seuls et à l'abris des regards, j'autorise ma passion à prendre le dessus. Le petit feu crépitant dans ma poitrine se transforme en brasier tandis que je soulève la jeune femme, la plaquant contre le mur. Je lui mordille les lèvres avant de jouer avec sa langue, la caressant doucement, l'effleurant sans vraiment me l'approprier durant quelques instants. Le gémissement que pousse Adélaïde a finalement raison de moi. Notre baiser se fait plus intense, plus passionnel, et je constate avec joie qu'elle en a fini de ces étranges palais et autres sornettes. A bout de souffle, je me recule et lui adresse un sourire taquin.
-Quel accueil ! rié-je en l'entraînant hors de notre cachette, que me vaut ce débordement d'Amour ?
-Rien. Je t'aime, je voulais simplement que tu le saches ! m'explique-t-elle tendrement.
Je fronce les sourcils. Non pas que ses propos paraissent suspects, mais son attitude ne semble pas...naturel. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression qu'elle me cache quelque chose. A-t-elle fait de nouveaux cauchemars ? Me cache-t-elle sa souffrance ? Je me mords la lèvre, n'osant aborder le sujet de peur de raviver de mauvais souvenirs. Peut-être que je me fais du souci pour rien après tout. Et puis, si elle va mieux, si elle a trouvé un moyen pour se libérer de ce poids, je n'ai pas le droit de tout gâcher avec mon stress inutile.
Je l'entraîne jusqu'à la grande salle où nous déjeunons en tête à tête, rapidement. Malheureusement, notre petit moment d'amour nous a fait perdre énormément de temps, et mon cours de vol avec les serpentards ne va pas tarder à commencer. A peine le repas fini, je dépose un tendre baiser sur les lèvres d'Adélaïde et m'éclipse jusqu'aux terrains de vol.
Tandis que nous nous alignons, balais en main, je m'approche de Gaelle afin de pouvoir discuter le plus discrètement possible.
-Salut,dis moi, tu ne trouves pas le comportement d'Adélaïde étrange ? Lui demandé-je tandis que madame Bibine nous donne une fois de plus ses fameuses règles de sécurités que nous connaissons par coeur.
-Toi aussi tu trouves ? Je me suis demandé si je me faisais des idées.
-En fait, je dois t'avouer qu'elle a une attitude étrange depuis qu'elle s'amuse à tester ces friandises bizares. Tu sais qu'elle a mis des palais en sucre tous les jours pendant un mois ? Je sais qu'elle est très accro aux bonbons, mais j'ai peur qu'elle se crée une véritable dépendance.
-Des palais en sucre ? C'est quoi ces conneries ? Je n'en ai jamais entendu parlé. J'en parlerai à Jacob ce midi. Il a peut-être remarqué quelque chose. A mon avis t'as pas à t'inquiéter. Je doute que se soit ses palais en sucres qui soit en cause, mais plutôt...
J'acquiesce tandis que Gaelle garde sa phrase en suspend. J'y est également pensé. Il s'agit certainement de contre coups vis à vis des tortures qu'elle a subit, mais cela ne répond pas à ma question. J'ai la sensation qu'elle me cache quelque chose depuis bien plus longtemps, et si avant je préférais ne pas trop creuser, comprenant parfaitement qu'elle ait besoin d'avoir son jardin secret, aujourd'hui je ne suis plus vraiment sûr de vouloir rester dans l'ignorance.
Le cours de vol s'achève rapidement et nous nous dirigeons vers la tour nord pour le cours de divination en compagnie des Poufsouffles. Gaelle me promet de garder un œil sur la jeune femme et de faire des recherches si elle constate quoi que se soit d'étrange. Légèrement rassuré d'avoir quelqu'un en qui je peux avoir confiance, j'entre dans la salle de divination et vais rejoindre Adélaïde.
-Aujourd'hui, nous allons lire les lignes de la main. Cette technique de divination peut nous en apprendre énormément sur la personne qui nous fait face. La ligne de longévité, de chance ou de cœur ne mentent jamais mes enfants, jamais !
Tandis que le professeur réajuste les prédictions de certains élèves, j'examine la main de ma compagne avec grande attention. Je n'ai jamais considéré la divination comme une matière indispensable, mais je dois avouer qu'elle peut s'avérer utile dans certains cas. Et bien que le professeur Trelawney soit réputée pour ses prédictions foireuses, je ne peux m'empêcher de penser que finalement, elle n'est pas si folle que cela...Après tout, il y a quelques temps, elle a prédit de terribles épreuves pour Adélaïde. Je ne l'ai pas prise au sérieux, et je me rends compte maintenant que j'aurai dus.
-Alors où en sommes-nous ici ? Me demande le professeur en nous regardant tour à tour.
-Heu...la ligne de vie...semble particulièrement longue, et celle de coeur....commencé-je, hésitant.
-Laissez moi voir voulez-vous ?
Le professeur contemple la main d'Adélaïde durant plusieurs minutes, acquiesçant par moment, fronçant des sourcils ou poussant des exclamations à d'autres. Un cocktail parfait pour me faire avoir un ulcère. Finalement, après un silence interminable, elle prend enfin la parole.
-Je vois...Etrange...trés étrange...Votre vie est chaotique miss Bercley, et elle le sera davantage dans les mois à venir. Vous allez subir de terribles épreuves dont vous ne pourrez jamais vous remettre. Je vois...oui...C'est étrange...Non pas une, ni deux, mais trois. Oui c'est cela même. Regardez, voyez cette ligne ? Elle se dédouble très nettement ici, mais si vous regardez bien, elle est raccorder à celle-ci juste...là.
Je me penche vers la main d'Adélaïde et constate qu'effectivement, deux larges lignes sont reliées par une plus fine, quasiment inaperçu à l'oeil nu, si on n'y fait pas attention.
-C'est vraiment étrange, poursuit le professeur en reprenant son inspection de la main d'Adélaïde, trois personnalités se distinguent les unes des autres. Deux sont quasiment similaires mais, si elles désignaient la même, elles ne formeraient qu'une. Vous avez un avenir très....intéressant miss Bercley. Continuez comme ça les enfants.
Le professeur se dirige par la suite vers Jacob et Gaelle tandis que je reporte mon regard sur Adélaïde. La jeune fille tente tant bien que mal de lire les lignes de ma main et j'en profite pour l'observer. Les paroles du professeur Trelwaney m'ont interpellées, et bien que je sache qu'il ne faut pas prendre tout ce qu'elle dit au pied de la lettre, je ne peux m'empêcher de penser qu'il y a une part de vérité dans ce qu'elle dit. Le fait est qu'Adélaïde a changé depuis ce que Flint lui a fait subir. Et si les maléfices utilisés contre elle avaient laissés des séquelles plus lourdes qu'il n'y paraît ? Et si Adélaïde...perdait l'esprit ? C'est déjà arrivé. Certaines personnes, tel que les Londubats, se retrouvent dans un état léthargique après avoir reçu un trop grands nombres de maléfices, mais d'autres...Mon père m'a déjà parlé d'un homme qui a été enfermé à Azkaban après avoir longuement été torturé. Il avait doucement perdu l'esprit, sans que personne ne s'en rende compte et avait fini par agresser des moldus. Quand on l'a retrouvé, il ne se souvenait plus de rien. Après avoir été interné à Saint Mangouste, les médecins ont décelés un dédoublement de personnalité qui, selon eux, étaient apparus petit à petit après avoir subis le sortilège doloris. L'homme en question a fini par se suicider, laissant une lettre d'adieu assez étrange. Cette dernière, bien qu'écrite de sa main, avouait son propre meurtre. Et si Adélaïde devenait comme cet homme ? Mon estomac se tord tandis que j'imagine le pire, laissant une brûlure acide se répandre dans mes entrailles. Alors je la regarde s'affairer entre ma main et son livre. Je la détaille comme jamais je ne l'ai fais auparavant, cherchant la moindre trace, le moindre signe me permettant de confirmer ou infirmer cette hypothèse. Et si elle l'était, serai-je capable de la sauver ?
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