Chapitre 106 - Adélaïde

16 Avril 1994

Je sors des toilettes rapidement, espérant que mes amis ne soient pas déjà partis chacun de leur côté. Même si Jacob et moi allons les retrouver après le repas dans la salle commune de Gryffondor, j'aimerai passer un peu plus de temps avec Gaëlle, dans le calme si possible. J'avance d'un pas rapide vers la sortie du stade tandis que des éclats de rire me parviennent des vestiaires des filles. Katie, Alicia et Angélina semblent décompresser après ce superbe match. J'esquisse un sourire, me promettant d'aller les féliciter tout à l'heure durant la fête. Il faut dire que les trois poursuiveuses ont été époustouflantes aujourd'hui.

Profitant des quelques rayons du soleil, je sors tranquillement du stade. Le parc est vide et je ne peux m'empêcher de me demander comment les professeurs peuvent ne pas se douter de ce que les élèves trament. Mais après tout, peut-être qu'ils sont au courant et préfèrent fermer les yeux, nous donnant ainsi l'illusion que l'on contourne leurs règles alors qu'au final, ces petites fêtes clandestines sont tolérées ? Je me mets à rêvasser, méditant sur ce que le corps enseignant sait ou non des activités de leurs élèves.

Quelqu'un arrive sur moi au pas de course. Je l'entends s'approcher dans mon dos. Je me tourne, grand sourire aux lèvres, prête à réceptionner Gaelle, Jacob ou Percy. Mais avant que je ne puisse discerner quoi que se soit, je sens quelque chose de dur et froid me percuter la tête. Je tombe lourdement sur le sol, avant de perdre connaissance.

*

-Endoloris !

Je pousse un hurlement, me réveillant en sursaut. Mon coeur s'affole dans ma poitrine tandis que mon corps n'est que douleur. Le sortilège s'estompe et je reprends ma respiration. Essayant de bouger, je m'aperçois que je suis attachée. J'ouvre les yeux afin de voir où, et avec qui je me trouve. Des arbres se trouvent tout autour de moi, empêchant la lumière de s'infiltrer, si bien que je ne saurai dire quelle heure il est. Mes bras sont relevées au-dessus de ma tête, attachées à une branche par des liens solides tandis que mes jambes luttent contre la gravité, pendent lamentablement en-dessous de moi. Je respire lentement, essayant de réfléchir tant que je le peux encore. J'agite les mains pour me défaire, mais les liens sont trop résistants.

-Tu croyais pouvoir t'en sortir comme ça ? Tu pensais pouvoir m'humilier sans en subir les conséquence ?

Je déglutis en reconnaissant la voix de Flint. Le Serpentard semble extatique. J'entends ses pas se rapprocher, doucement, comme un fauve face à sa proie. Et c'est ce que je suis. A sa merci. Que compte-il faire de moi ? Me tuer ? Il n'est pas stupide à ce point ! Me torturer ? C'est plus probable en effet. Je tremble comme une feuille comprenant le sort qui m'attend.

-Bercley...Bercley...Bercley...Si seulement tu savais te taire quand il le faut, tu ne te retrouverais pas toujours dans des situations qui te dépassent. Je vais te faire regretter tes paroles. Tu vas voir, on va bien s'amuser. Endoloris !

Un hurlement m'échappe tandis que je me tords de douleur. Les premières larmes coulent sur mes joues. Il faut que je réfléchisse. Il faut que je me sorte de là. Mais comment faire ?

-On fait moins la fière, stupide gamine.

-Tu vas le regretter Flint ! Lancé-je, essoufflée.

Le jeune homme éclate de rire avant de réitérer son attaque. Je me mords la joue jusqu'à sentir le goût métallique du sang couler dans ma gorge Je ne lui ferai pas le plaisir de crier à nouveau.

-Tu vas voir, quand j'en aurai fini avec toi, tu me supplieras de t'achever. Ho mais rassures-toi, je ne le ferai pas. Tu oublieras tout, aussi simplement que cela. Mais les séquelles tu garderas n'en seront que plus jouissif. Jamais plus tu ne me traiteras comme tu l'as fais.

J'éclate de rire sous sa tyrade. Je sais que le moment n'est pas approprié, que je ferai mieux de faire profil bas, mais c'est plus fort que moi. Je savais que tôt ou tard j'aurai à subir des tortures. Mais je pensais pouvoir finir mes études avant cela. Et surtout par des personnes plus expérimentés que...Marcus Flint.

-Tu...es stupide ! Je ne me souviendrais de rien, triple andouille. Je te traiterai donc de la même façon. La seule que tu mérites. Celle d'une sombre crotte de tr....

Je ne peux finir ma phrase. Un nouvel assaut de Doloris me déchire le corps, m'arrachant un hurlement effroyable que je ne pensais jamais pouvoir sortir.

-Magicus Extremos ! Lance Flint, se déléctant de ma douleur, Endoloris !

Visiblement, il ne connaît que ce sort pour me faire souffrir. Je tressaille tandis que le sortilège impardonnable, décuplé par celui d'amplification des sorts, m'atteint de plein fouet, me coupant le souffle, me donnant l'impression de me faire découper de l'intérieur. Le jeune homme utilise par la suite divers sorts m'octroyant plusieurs coupures, faisant durer mon supplice pendant plusieurs heures. Le sang coule doucement tandis que je me sens défaillir. Un dernier Endoloris a raison de moi, et je sombre, espérant m'évanouir assez profondément pour ne plus ressentir l'insupportable douleur qu'il m'inflige.

Incapable de bouger, je me sens soudainement extrèmement triste. Je frissonne tandis que la température chute de façon vertigineuse. Je vais mourir d'hypothermie. Mais cela n'a plus d'importance. Je redresse doucement la tête, mettant dans ce geste toutes les forces qu'il me reste. Derrière mes yeux embués, je distingue de longues capes noires se rapprocher silencieusement. Je souffle et le dioxyde de carbone que je rejette se cristallise dans l'air. Flint a disparu, et malgré les problèmes qui arrivent droit devant moi, je ne peux m'empêcher de me sentir soulagée. Une libération qui ne dure qu'une demi-seconde avant que je ne replonge dans les méandres de mon esprit.

*

Je distingue des bruits de sabots. Une main me soulève la tête avant de la laisser retomber. Je suis incapable de bouger, d'ouvrir les yeux, perdue entre rêve et réalité. Est-ce la mort qui vient me chercher ? Est-elle douce à ce point ? Mes bras retombent lourdement contre mon corps tandis qu'un gémissement de douleur mélé à du soulagement me parvient aux oreilles. Est-ce moi qui ait fait ce bruit étrange ? Je ne sais plus.

-Ban ! Qu'est ce que tu fais là ? Qui est-ce ?

-Bonsoir Hagrid. C'est une élève de Poudlard il me semble ? J'ai cru bon de te la ramener. Je l'ai trouvée attachée à une branche. Je ne sais pas depuis combien de temps elle se trouvait là, mais elle a été torturée. Quand je l'ai trouvé elle était déjà inconsciente et elle n'a pas cillé depuis.

Des bras se referment sur moi. J'essaye de bouger, mais mon corps ne me répond pas. Je me laisse faire. De toute façon, je ne suis pas en capacité de me défendre. Est-ce qu'ils vont recommencer ? Mon crâne pulse douloureusement tandis que j'essaye de réfléchir. J'abandonne.

*

J'ouvre les yeux et cligne plusieurs fois des paupières. L'infirmière arrive vers moi et me tend un breuvage que je m'empresse d'avaler. Cela à un goût horrible, mais j'ai tellement soif que je m'en fiche. Quelques minutes après, je vois les professeurs Dumbledore, McGonnagall et Chourave arriver. Je déglutis, sachant très bien pourquoi ils sont là. Tout me revient en mémoire.

-Non les enfants ! N'entrez pas !

-Mais on veut la voir ! Lance Fred, furieux.

-Les professeurs sont avec elle, alors vous allez patienter ! Lance Pomfresh, intransigeante.

-Mademoiselle Bercley, que s'est-il passé ? Me demande sérieuse Dumbledore.

Je les fixe à tour de rôle, ne sachant quoi dire. J'ai peur. Et j'ai honte. J'ouvre la bouche, mais les mots ne sortent pas. Peut-être que...Peut-être que si je prétends ne rien savoir...j'oublierai ? Si j'en parle...Je ne veux pas qu'on me regarde avec pitié. Je ne veux pas que l'on me rappelle sans cesse ce que j'ai vécu...Je veux oublier. Juste...oublier.

-Je...Je ne me rappelle pas. Je suis sortie des toilettes du stade et...Je me suis retrouvée ici. Que s'est-il passé professeur ?

Mon coeur bat à cent à l'heure. Et si ils ne me croient pas ? Si ils m'obligent à leur révéler ce qu'il s'est passé ? Ils me fixent quelques instants avant de se tourner, parlant à voix basse. Je tends l'oreille et discerne la conversation.

-Elle a peur de parler vous pensez ?

-Non Minerva, je pense qu'elle ne se rappelle de rien.

-Ils ont pris leur précaution, enchaîne le professeur Chourave, certainement un sortilège d'oubliettes. Vous pensez que...Sirius Black.... ?

-Black ? Non c'est impossible.

-Pourtant il y avait des détraqueurs Minerva, continue ma responsable tandis que je me mords l'intérieur de la joue, pourquoi se seraient-ils aventurés jusque dans la forêt si ce n'était pas pour Black ?

Se retournant vers moi, le professeur Dumbledore m'adresse un sourire rassurant.

-Bien, merci mademoiselle Bercley. Nous n'allons pas vous embêter plus longtemps. Je crois que quelques personnes souhaitent vous voir. Si quoi que se soit vous revient...

J'acquiesce tandis que mon estomac se contracte. Je n'aime pas faire accuser un innocent, mais si je leur dis qu'ils se trompent, je serai obligée de leur dire que Flint....Non. Je ne veux pas en parler, je ne peux pas. Il en est hors de questions. Je déglutis, essayant d'étouffer cet élan de culpabilité qui me prend. Les professeurs s'éloignent, à mon grand soulagement et je vois mes amis s'avancer vers moi. Mon coeur s'accélère. J'ai peur. Je redoute leurs questions et je ne sais pas si j'arriverai à leur mentir. Mais si je refuse de les voir...autant leur dire toute la vérité. Non. Je dois me comporter comme d'habitude. Après tout, je ne sais pas ce qui m'est arrivé....officiellement. C'est mieux ainsi de toute façon. Plus vite ils passeront à autre chose, plus vite je pourrai me convaincre d'avoir oublié. Mon visage est parcourut de tressautement tandis que je me force à leur adresser un sourire.

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