Chapitre 102 - Adélaïde

3 Avril 1994

Je vérifie que mon faux palais est bien en place et passe un fil dentaire afin de retirer toutes les salissures. Le rituel est bien plus contraignant que ce à quoi je m'attendais, mais je n'ai vraiment pas envie de reculer maintenant. Il me reste vingt trois jours à tenir avec cette chose dans la bouche. Ensuite, je devrais réciter la formule jusqu'à ce que l'orage arrive...Etant donné que le printemps sera bien entamé...J'espère que ce dernier ne se fera pas trop attendre. Tremblante, je vérifie que ma boite est toujours à la même place et, rassurée, je m'éclipse hors du dortoir. Des élèves de cinquième années traînent encore en pyjama, en pleine partie d'échec façon sorciers. D'autres, une pile de livres à côté d'eux, en profite pour faire leurs devoirs de la semaine. Pour ma part, je m'y mettrai ce soir...avant de dormir...J'avoue ne pas avoir spécialement envie de m'enquiquiner avec les devinettes du professeur de divination ni avec l'avalanche de définitions que Rogue nous a demandé d'apprendre par coeur. De toute façon, pour le premier, suffit que je baragouine quelques présages de mort ou d'accident pour qu'elle soit satisfaite, quand à l'autre j'aurai beau écrire mot pour mot ses propres corrections qu'il trouvera toujours à redire. Alors, plutôt que de me casser la tête avec tout ça, je préfère nettement me détendre.

Je descend dans la grande salle où peut d'élèves sont attablés. Faisant un bref tour d'horizon, je constate que Percy, Gaelle, Fred, George et Jacob sont absents. Ils doivent certainement encore dormir. Je réprime un frisson quand mon regard s'accroche à celui haineux de Flint. Il va falloir que je me méfie du jeune homme. J'ai comme l'impression qu'il n'a pas digéré l'affront que je lui ai fais la dernière fois.

M'installant à la table des Poufsouffle, j'entreprends de récupérer toute la nourriture qui peut se trouver sur mon passage.

-Tu comptes en laisser pour les autres ou tu vas nous faire une démonstration d'apétit d'ogre ?

Je tourne la tête vers Jacob qui s'installe à côté de moi, suivi de près par Gaelle et Percy. Ce dernier dépose un baiser sur mon front avant de s'installer à côté de moi...Enfin d'essayer. Gaelle se rue sur sa place et m'attrape brusquement le bras, me faisant renverser la moitié de mon jus d'orange sur moi.

-Ha non Percy ! Tu l'as tout le temps pour toi ! Ce matin j'ai envie de manger à côté de ma copine. Lance-t-elle en insistant bien sur le ma.

J'éclate de rire tandis que Percy s'installe face à moi. Je dépose un bruyant baiser sur la joue de Gaelle.

-Espèce de jalouse !

-Non mais c'est vrai que tu me manques, m'avoue-t-elle réprimant une grimace.

Je me mords la lèvre. C'est vrai que j'ai pas mal négligé la jeune fille depuis quelques semaines. Un élan de culpabilité m'enveloppe tandis que je m'entends dire :

-Ok ! Message reçu. Ce midi, on mange tous ensemble ! Fred ? George ? Repas au parc à midi pétante.

Les deux garçons se retournent sur le passage et lèvent le pouce bien haut.

-J'ai mon mot à dire ? Râle Percy, visiblement peu enchanté à l'idée de passer du temps avec ses frères.

-Oui mon coeur ! Tu préfères un sandwich jambon beurre ou une salade composé ? Lancé-je un large sourire aux lèvres.

Devant son grognement, Gaelle et moi éclatons de rire.

-Trés bien, soupire le jeune homme vaincu, mais ce matin je t'emmène quelque part..Juste tous les deux !

Son regard se pose avec insistance sur mes deux meilleurs amis qui acquiescent. Message reçu, et visiblement très bien reçu vu les regards entendus qu'ils se lancent.

A peine le petit déjeuné terminé que Percy m'entraîne dans les couloirs. Nous montons dans les étages à la recherche d'un coin tranquille que nous ne tardons pas à trouver. Une salle vide au fond d'un couloir du troisième étage devient notre petit nid du moment.

-Percy...Je crois que ce n'est pas raisonnable de venir ici...Imagine si quelqu'un nous surprend ?

-Personne ne vient jamais le weekend ici. Les professeurs évitent autant que possible de flâner autour des classes, Rusard est trop occupé à pourchasser les élèves, quand à ces derniers ils veulent juste fuir le plus loin possible de ce qui peux leur rappeler les cours...on est tranquille durant...quelques heures.

Ses lèvres se posent sur ma bouche, ne me laissant ni le temps de répondre, ni celui de réfléchir à un contre argument. Encore une fois, je lui empêche l'accès à ma langue, le faisant soupirer.

-Si c'est encore un de tes bonbons stupides je...

-Non, le coupé-je, mais je crois que j'ai une carrie...assez douloureuse.

-Va voir Pomfresh ! Elle te fera disparaître ça rapidement.

-T'as raison...Mais pas maintenant. J'irai tout à l'heure. J'ai...bien plus important à faire maintenant.

Sur ces paroles, je soulève le pull du jeune homme qui se laisse faire. Ses mains parcourent ma peau, faisant de même avec mes vètements. Alors qu'il s'attaque à mon soutien gorge, un déclic se fait entendre et la porte s'ouvre à la volée. Surprise, je sursaute et plante mon regard sur l'importuniste qui entre d'un pas décidé dans la salle.

-Je savais que je vous trouverez là ! Qu'est ce que tu fous encore avec elle Percy ?

Je fronce les sourcils et me décale, prète à en découdre avec la blondinette face à nous, oubliant un instant toute pudeur.

-Heu...Deauclaire ! T'es bien mignonne mais va te faire foutre. Au cas où tu aurais subis un sortilège d'oubliettes, je te rappelle que Percy et moi sortons ensemble. Alors tu es bien gentille mais retourne avec tes...enfin retourne à tes occupations et laisse nous tranquille.

La jeune fille nous observe, passant son regard de l'un à l'autre, la bouche ouverte, comme si elle réalisait seulement maintenant ce qu'il en était. Mais alors que je m'approche d'elle afin de la faire sortir, je me fige.

-Tu...Tu ne lui as pas dis Percy ?

Mon coeur s'emballe tandis qu'un étau l'empoigne avec force. Je déglutis et me tourne vers mon compagnon, étrangement muet.

-Me dire quoi ?

Je me rapproche du jeune homme, inquiète. Qu'est ce qui a bien pu se passer ?

-Il n y a rien à dire. Pénélope à quoi tu joues ? Lance le jeune homme.

-A quoi je joues ? Mais à rien ! Je...Je t'ai dis que mon copain m'avait laissé tombé et...

Elle laisse sa phrase en suspend, tandis que j'imagine déjà le pire. Non. Ils n'ont pas renoués. Il n'a pas pu me faire ça ? Incapable de dire quoi que se soit, je reste figé, passant mon regard de l'un à l'autre tandis que mes poumons réclament de l'air.

-Et je t'ai consolé. Rien de plus. Ne va pas te faire des films Pénélope. J'aime Adélaïde et rien ne changera ça.

Je souris face à sa déclaration, légèrement rassurée, bien que je sens qu'une discussion peu agréable s'impose.

-Pourtant ton étreinte était très fougueuse Percy et...tu n'avais pas l'air de dire non quand on s'est embrassé.

-Quand tu m'as embrassé ! Rectifie le jeune homme, d'un ton sec.

-C'est quoi cette histoire ? Percy...T'as pas fais ça ?

Ma poitrine me brûle tandis qu'il tourne la tête vers moi. Les larmes me montent et je pose une main devant ma bouche, comme si cela suffit à calmer mes sanglots. Je recule, ayant un besoin urgent de prendre l'air, de fuir.

-Adélaïde...Laisse moi t'expliquer c'est pas ce que tu crois....

Pressant mon teeshirt contre ma peau nue, je tressaille, attendant sa version qui ne vient pas. Il laisse sa phrase en suspend tandis que le doute s'installe en moi. Ce n'est pas ce que je crois ? Alors c'est quoi ? Pourquoi est-ce si dur à dire si ce n'est pas ce que je crois ?

-Sois honnète avec elle Percy...ça ne se fait pas de jouer comme ça avec sa naïveté.

Je tourne la tête vers Pénélope tandis que ses paroles me transpercent le coeur.

-Adélaïde...Je t'aime tu le...

S'en est trop. Ma main s'abbat sur sa joue dans un claquement sinistre tandis que la première larme s'échappe de mes yeux. Je fais volte face, serrant mon vètement contre moi et cours le long du couloir. Je veux mettre le plus de distance possible entre nous. Tournant à l'angle, je me heurte à quelque chose et tombe lourdement sur les fesses, grognant de douleur.

-Adélaïde qu'est ce que tu fais là...à moitié nue ?

Je lève la tête afin de remarquer les visages surpris et génés de Fred et George. Les garçons se tournent et j'en profite pour remettre mon teeshirt, tremblante.

-Tu pleurs ? Qu'est ce qui s'est passé ? Me demande George en m'aidant à me relever.

-Percy...et Pénélope...Fouttu de moi...déteste...sangloté-je en essayant de me calmer.

Les deux garçons se regardent. Fred passe une main géné dans son cou.

-Adélaïde...Je sais pas ce que cette peste t'a raconté mais...

Je l'écoute attentivement m'expliquer comment Percy leur a empéché d'être vu par Pénélope la nuit dernière. Alors ce n'était qu'un malentendu ? Je ne sais pas si je dois être soulagée ou blessée que Percy ne m'ait rien dit. Le chagrin fait place à la colère tandis que je fais volte face, laissant les garçons en plan. J'arrive au pas de courses à la salle de classe, désormais vide. Fulminant, je redescends, espérant les croiser rapidement.

Au bout d'un quart d'heure, je décide d'aller voir dehors et parcourt une partie du parc avant de distinguer la chevelure de la Serdaigle au loin. Accélérant le pas, je la ratrappe facilement.

-Hé la morue ! Je crois qu'il faut qu'on parle !

La jeune fille me regarde de haut en bas avant de me gratifier d'un sourire hautain.

-Je crois qu'on s'est tout dit. Ecoute, t'es bien mignonne, mais tu sais aussi bien que moi que tu n'es pas faite pour lui. Disons que je t'ai rendu service. Tu vas pouvoir te prélasser dans les bras de Jacob, après tout il parrait que vous vous tournez autour. Percy et moi avons fais une erreur en nous séparant. Et je compte bien remédier à cela. Sur ce, je te laisse, j'ai des choses importantes à faire, moi.

Alors qu'elle se retourne, je sens la rage prendre possession de mon corps. Profitant d'un coup de vent, j'empoigne ses cheveux voletant dans l'air et les tire avec toute la force dont je suis capable, lui arrachant un cri de douleur. Se retournant, la jeune femme me donne un upercut dans le ventre, me coupant le souffle. Je la lâche sous le coup du choc et la toise avant de me jeter sur elle à nouveau. Nous tombons au sol et je grimace tandis que ma tête heurte violemment le sol. J'entends des voix se rapprocher tandis qu'une petite foule se forme autour de nous. La jeune fille me tire les cheveux et je profite que son bras soit à porté de bouche pour y planter mes dents. Mon faux palais bouge dangereusement et je le maintiens avec ma langue, relâchant ma prise sur son bras. Il ne manquerait plus qu'elle me fasse foirer ma transformation. Mais cette petite distraction a raison de moi puisque Pénélope me fait basculer sur le ventre, m'enfonçant le visage dans l'herbe avec sa main, plantant ses ongles dans ma joue.


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