Chapitre 10 - Adélaïde
3 Septembre 1993
Je remonte d'un pas traînant vers le château, profitant des rayons du soleil qui sèchent doucement ma peau. J'ai mal au cœur et je surprend des larmes s'agglutiner sous mes yeux. Je les essuie d'un geste rageur. Hors de question que je pleurs pour quelque chose d'aussi stupide. Je n'ai plus dix ans, et j'ai connu bien pire. Alors pourquoi? Pourquoi ses mots me blessent autant? Cela n'a aucun sens. Je pioche une dragée surprise dans mon sachet, mais même le goût âcre de crotte de nez qui éclate dans ma bouche ne me calme pas. Ruisselante, je me dirige vers la salle commune de Poufsouffle. Arrivée à l'intérieur, je passe rapidement devant des petits groupes de première et deuxième année qui me regardent avec étonnement. Je peux les comprendre. L'année vient à peine de commencer que leur préfète se présente dégoulinante, des algues dans les cheveux et les yeux rouges. J'entends des rires étouffés sur mon passage. Sentant la colère monter en moi, je fais volte face et regarde les différents groupes.
-Vous n'avez rien de mieux à faire? Vous n'avez pas cours? Faites donc vos devoirs et plus vite que ça, sinon j'enlève cinq point à Poufsouffle....pour chaque élève qui aura encore le nez en l'air dans 5....
Je les entends murmurer, certainement sous le choc de mon comportement légèrement exagéré. Bon d'accord extrêmement exagéré. Ils n'y sont pour rien, et je n'ai certainement pas le droit de retirer des points ainsi, mais eux ne le savent pas. Et puis de toute façon, je viens de commencer alors revenir en arrière me ferait perdre toute crédibilité.
-4....
Je montre le chiffre de mes doigts, comme si ce geste pouvait accentuer la dangerosité de ma menace. Certains élèves commencent à se disperser, mais d'autres, ceux qui me connaissent déjà continuent de me fixer avec amusement.
-3...Je vous préviens, je ne suis vraiment pas d'humeur.
Je soupire de soulagement quand les derniers élèves se décident à obéir. Rapidement, plus personne ne fait attention à moi et je me faufile jusqu'au dortoir des filles de septième années. Je rassemble quelques vêtements avant de retraverser la salle commune jusqu'à nos douches, non sans me rendre compte que les discussions cessent sur mon passage. Génial. Me voila désormais fichée comme la préfète abusive. Tant pis, ça leur passera. Je rentre dans une cabine et fait couler l'eau tandis que je me déshabille. La chaleur de l'eau est accueillie par ma peau comme une bénédiction. Et ce n'est que maintenant que je me rends compte à quel point j'avais froid. Des fourmillements parcourent mes orteils et mes mains tandis que mon sang se remet à circuler. L'eau, qui me brûlait au premier abord, commence doucement à se refroidir. Ou pour être plus exact, ma peau reprend une température convenable afin de ressentir l'eau comme elle le devrait.
Alors que mes muscles se détendent, je repense à ces deux derniers jours. l'année commence bien dis donc. Moi qui commençais à me dire que Percy n'était pas si coincé que ça....Je me suis peut-être totalement trompée. Pourtant, durant quelques instants...Je secoue la tête, préférant ne pas me torturer l'esprit pour des choses, et surtout pour quelqu'un, qui n'en valait pas la peine. Je referme l'arrivée d'eau et me sèche partiellement avant de m'emmitoufler dans mon peignoir. Une fois cela fait, je me place devant le miroir et entreprends de démêler mes cheveux. Ces derniers déjà bien noir d'ordinaire, paraissent encore plus sombre une fois mouillé. Je les remonte en queue de cheval haute avant de passer un coup de crayon noir sous mes yeux. Satisfaite de mon cache misère, je sors de la salle de bain. La salle commune est complètement vide. Étonnée, je consulte l'heure. Le déjeuné a déjà commencé. Tout le monde doit donc déjà se trouver dans la grande salle.
Je descends les escaliers à toute vitesse, manquant de tomber de plusieurs mètres quand l'un d'eux décide brusquement de se mettre à bouger.
-C'est ça ! Fais moi tomber je te dirai rien !
Ma voix fit échos dans les escaliers et je grimace, comprenant que j'ai peut-être engueuler les escaliers un peu fort. Je me retourne pour faire face à un Peeve se retenant de rire. Décidément, l'esprit frappeur est vraiment partout, surtout quand on préfère ne pas le voir.
-Bonjour Peeve, contente d'avoir égayé ta journée. A la prochaine.
Alors que je le contourne, je sens quelque chose de glacial me traverser le crâne. Me retournant brusquement, je vois l'esprit traverser un mur, à moitié mort de rire. Le connaissant pour ses blagues de mauvais goût, je passe une main dans mes cheveux, mais ils semblent intact. Abasourdie que l'esprit frappeur soit resté sage, je reprends ma route jusqu'à la grande salle.
Comme je m'en doutais, tout le monde est déjà là et le repas est déjà servi. Alors que je me dirige vers la table des Poufsouffle, j'entends des rires étouffés sur mon passage. Mal à l'aise, j'accélère le pas et m'installe entre Rebecca et Daisy, des jumelles en sixième année avec qui je discute de temps en temps.
-Adélaïde! Qu'est ce que tu as fais à tes cheveux? Me demande Daisy, la mine effarée.
-Comment ça? Je viens de les laver, j'ai encore des algues?
Ce n'est pas possible, je suis pourtant sûre d'avoir minutieusement enlevé chaque particule de ma chevelure. Je passe les doigts dans ma queue de cheval mais ne sens aucun corps étranger.
-Non ils sont...rose.
Je me tourne vers Rebbecca. Qu'est ce qu'elle me raconte? Je détache alors mes cheveux et les tire sur la longueur afin de les observer. Rose. Mes cheveux sont devenus roses. Il ne manquait plus que ça. Il es à peine treize heure, le premier jour de cours et j'ai déjà droit aux frasques de ce maudit esprit.
-Peeve.....
Je me lève de table, les mains sur les hanches et prend une bonne bouffée d'air, ignorant les regards surpris des professeurs, du directeur et des élèves et me met à hurler dans la grande salle.
-Peeve si tu ne te montres pas de suite je vais faire de ton année un enfer. Alors tu as intérêt à rappliquer si tu ne veux pas subir ma colère.
Les fantômes s'activent autour de moi mais je n'y prête pas attention. Le seul qui m'importe, c'est cet espèce de chenapan qui se croit tout permis. Il a toujours été hors de contrôle. Que se soit les élèves ou les professeurs, il ne fait aucune distinction quand il s'agit de jouer des mauvais coups. Les mains sur les hanches, debout sur ma chaise, je sens soudainement deux bras m'attraper et me soulever, m'entraînant hors de la salle commune.
-Mais qu'est-ce que...
-Peeve ne t'aidera pas.
-Nous oui. On a ce qu'il faut pour enlever cette teinture.
-Mais si tu veux notre avis, tu fais une préfète bien plus sympathique comme ça.
-Non pas que tu ne le sois pas.
Ils me posent alors au sol et je reconnais les jumeau Weasley. Ils m'ont emmenés quasiment à l'entrée du château. L'un des deux pousse alors une sculpture et découvre ainsi une cachette dont il sort une petite fiole qu'il me tend.
-Tiens, mets quelques gouttes et frotte tes cheveux.
Je regarde le jeune Weasley, méfiante tandis qu'il me met la fiole dans les mains. Je l'examine, méfiante. La couleur orange ne m'inspire pas confiance, et la texture semi-liquide, semi-gluante me répugne légèrement.
-Allez qu'est-ce que tu risques de toute façon?
-Je ne sais pas...perdre mes cheveux?
-On n'est pas si méchant que ça, n'est-ce pas Fred? Rétorque son frère en attrapant une de mes mèches de cheveux.
-Ça va te gène pas. Lui lancé-je en dégageant vivement ma mèche. Très bien, je vais essayer votre truc, mais je vous préviens que si c'est encore une de vos plaisanterie...
-Oui oui, allez magne-toi.
Je badigeonne mes cheveux de leur mixture et masse mon cuir chevelu afin de la laisser s'imprégner. Je suis stupéfaite de découvrir une texture plutôt agréable, comme si je trempais mes mains dans de la farine sèche. L'odeur aussi est agréable, on dirait de la lavande mélangée à quelque chose de sucré. Une fois que la mixture recouvre l'intégralité de mes cheveux je grimace. C'est bien beau tout ça, mais comment mes cheveux sont censés retrouver leur couleur d'origine?
-Brosse toi les cheveux et ça sera bon, me lance Fred comme si c'était évident.
-Ho et je suis censée me trimballer avec une brosse dans ma robe?
-T'es une fille. Rétorque-t-il en haussant les épaules.
-Ok, bouge pas je reviens.
George fait volte face vers la grande salle et revient quelques minutes après, une brosse à la main.
-Lavande Brown. Ajoute-t-il comme toute explication avant de me la tendre.
Je m'empresse de démêler mes cheveux. Un nuage de poussière grisatre tombe au sol tandis que je démêle mes cheveux. Je rends la brosse au jeune homme qui s'empresse d'utiliser un produit de son invention afin de la nettoyer et court la rendre à sa propriétaire.
-Alors? Lancé-je, hésitante à Fred.
-Comme neufs.
Je regarde mes mèches qui ont effectivement repris leur couleur. Soulagée, je le serre dans mes bras. Quand je le relâche, je croise le regard de Percy qui vient de terminer son repas. Encore ce regard qui semble me juger, me transperçant et me rendant mal à l'aise. Ce n'est pourtant pas ma faute si cet abruti de fantôme fait des farces de mauvais goût. Après quelques secondes à s'affronter du regard, le jeune homme tourne les talons et disparaît dans la foule d'élèves prêts à reprendre les cours.
-Je ne sais pas ce que j'ai fais à ton frère pour qu'il m'en veuille à ce point.
-J'ai peut-être ma petite idée.
Je lance un regard interrogateur à Fred qui me sourit pour toute réponse avant de me donner une tape sur l'épaule et de partir rejoindre son groupe. Je me faufile dans la grande salle où j'ai à peine le temps de prendre une pomme avant que les mets succulents qui me faisaient tellement envie ne disparaissent. J'entends mon ventre gargouiller et à ce son, je sais que je vais être de mauvaise humeur jusqu'au repas de ce soir.
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