32

Audric

Audric,

J'aimerai te dire tellement de chose que je ne sais pas par où commencer. Peut-être par : je suis désolée ? Oui. Je suis désolée, mon fils. Désolée d'être partie. Désolée d'avoir dit que c'était de ta faute si ton frère s'est noyé dans le point d'eau. Désolée d'avoir été la cause du départ de ton père et surtout, désolée d'avoir été si accro à la drogue pour être une bonne mère pour toi et Jayden.

Cela fait maintenant six mois que je suis clean. Ce n'est pas la première fois que j'essaie de me libérer de mes addictions mais cette fois ça va fonctionner. Je te le promets.
La mort de ton père m'a brisée... je l'aimais tellement. Comme une folle. Si seulement j'avais ouvert les yeux plus tôt, je ne vous aurez jamais perdus tout les trois.

Je sais que j'ai fait de nombreuses erreurs dans ma vie, comme celle de venir trouver ton père afin qu'il m'aide à rembourser mes dettes, jamais il n'aurait finit à Rikers sans moi. Il a toujours été un homme bon et un très bon père. Je te l'ai enlevé avec mes bêtises. Crois-moi, j'en suis terriblement désolée.

J'aimerai qu'on puisse repartir sur de bonnes bases, j'aimerai apprendre à te connaître et faire à nouveau partie de ta vie. Je t'en prie, Audric, donne moi la chance d'être une bonne mère.

Je t'aime,
Maman.

Je froisse le papier dans mon poing, tout en marchant furieusement dans ma chambre. J'ai mis des jours à me décider à ouvrir cette fichue lettre et voilà que je me dis que j'aurais jamais dû le faire.

Énervé, je balance la boulette de papier dans un coin et sors comme une fusée de ma chambre en claquant la porte, direction la salle de boxe. Il faut que je chasse toute ma colère avant que je fasse quelque chose de vraiment stupide.

Sur la route, mes pensées se déchaînes. Je revois mon père quitter la maison alors que j'étais tout gosse, le seul souvenir que j'ai de lui en dehors de nos rencontres à Rikers. J'entends la voix de Jayden qui me demande de jouer avec lui, les cris de ma mère quand il est mort... j'appuie un peu plus sur l'accélérateur, dépassant la limite autorisée mais c'est comme si j'étais en pilote automatique, plus rien ne compte mise à part d'arriver le plus vite possible à la salle et de me défouler sur un un ring, si possible avec quelqu'un en face plutôt qu'un sac de frappe.

Je stoppe la Mustang dans un crissement de pneus assourdissants, laissant une énorme trace de gomme sur le macadam et claque la portière en sortant. D'un coup de pied, j'ouvre la double porte de la salle et la traverse rapidement alors que Ty hurle :

- La porte n'est pas un putain de sac de frappe ! Et toi, t'avises pas de faire la même où je t'arraches les yeux. Ajoute-t-il au gamin qu'il entraîne.

Passant une main derrière la tête, je retire d'un geste mon sweat en emportant dans le mouvement mon t-shirt et balance le tout sur un banc le long du mur, avant d'attraper une bande de gaze que j'enroule étroitement autour de mes doigts et poignets.

- Besoin d'un coup de main ?

Je grogne tout en lançant un regard noir à ma soeur mais la laisse quand même finir de m'équiper. Elle est en tenue de ville, signe qu'elle a finit son entraînement ou qu'elle était simplement de passage pour voir son mec.

- Ça va ? T'as l'air super énervé...

- T'en as d'autres des questions cons ?!

- Tyler ?! J'crois qu'il a besoin du ring.

Sans blague ? Je suis une boule de nerfs qui ne cesse de sautiller et j'ai envie de frapper dans tout ce qui se trouve sur mon chemin. J'ai besoin que ça sorte putain !

Et dire que depuis mon séjour en prison je n'avais plus eu de crise de colère comme un sale gosse ! Je me suis vraiment calmé ces dernières années et voilà qu'une simple lettre me mets dans tout mes états.

Je grimpe sur le ring et frappe dans le sac qui pendouille via une chaîne puis souffle bruyamment en attendant que mon meilleur pote ne se décide à me rejoindre. Enfin, il grimpe à son tour et passe son corps à travers les filets. Je fais craquer ma nuque et roule des épaules en coinçant mon protège dents dans ma bouche.

- Mec, évite juste de me peter un truc. J'ai un rencard ce soir, Dit-il en lançant un regard à Zoey qui s'occupe de faire remonter le sac de frappe.

Le con ! Il croit vraiment que c'est en me rappelant qu'il sort avec ma soeur que je vais me calmer ?!

- Plus sérieusement, dit-il avant de placer son protége dents, j'te rends service là alors fais gaffe.

L'instant d'après, il fait cogner ses gants contre les miens et je lui envoie un crochet du gauche en plein dans le visage, le faisant reculer de quelques pas. Il grogne et bloque mon bras et m'envoie son poing dans la mâchoire, je chancelle et secoue la tête histoire de chasser les étoiles qui danse devant mes yeux.

Alors que je tourne autour de lui, cherchant une faille dans ses défenses, mes pensées continues de cogiter, si seulement ma mère n'avait pas tant parlé d'elle ! Il n'y en avait que pour elle dans sa stupide lettre ! Je, je et encore je ! Alors bien sûr, elle s'est excusée mais tout revenait à elle encore et encore.

Nous échangeons encore quelques coups, dont un uppercut qui m'envoie directement dans les filets, je me redresse tant bien que mal et fonce sur Ty et le roue de coup de poing jusqu'à ce Zoey fasse sonner la cloque, alarmée par mon déchaînement.

Je me laisse tomber dans un coin, crache le protège dent et retire mes gants que je balance sur le sol. Puis, je fais redescendre le sac de frappe et me met à cogner dedans alors que Ty me grogne « qu'avec des gants ça serait mieux, abruti ! ». Il a totalement raison mais je suis bien trop en colère pour l'écouter.

Les gants me protège or à cet instant j'ai besoin d'avoir mal. De sentir des émotions autre que la colère que j'ai ressentit à la lecture de cette maudite lettre !
Alors, je continue de frapper le sac à m'en déchirer les jointures. J'évacue ma rage avec mes poings et même si une sonnette d'alarme retentit dans ma tête comme pour me dire « arrête mec, tu retombes dans tes mauvais travers ! », je n'arrive pas à m'arrêter.

- Mec, arrêtes !

J'ignore totalement Ty qui essaie de me raisonner et je continue encore et encore à donner des coups de poing. J'ai mal aux mains, aux bras, partout en fait. Si Zack était là, il me ferait un scandale parce que je ne me suis pas entrainé avant.

D'un coup, je suis tirer en arrière, deux bras fermes m'ont chopé par la taille et écarte mon corps du sac de frappe, je me débat et donne des coups de coude mais la personne qui me tient ne relâche pas sa prise.

- Bordel, Audric ! Stop !

Roman.

J'essaie de me calmer mais j'ai besoin qu'il me lâche ! Putain, j'aime pas qu'on me touche. Il est beaucoup trop proche de moi là.

- Roman, lâche-moi !

- Hey, bébé. Calme-toi, Dit posément Peyton.

Son visage apparaît dans mon champ de vision et son regard soucieux fait redescendre instantanément la pression qui bouillonnait en moi. Je laisse tomber mes bras le long de mon corps et après quelques secondes, je sens Roman me lâcher.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? Demandé-je surpris.

- À la base je venais m'entraîner mais au final je sens qu'on va plutôt aller faire un tour...

Elle me prends la main, entrelace ses doigts aux miens et m'entraines hors du ring puis hors de la salle de boxe, à l'arrière.

- Ils m'ont tous vu péter un câble pas vrai ? Demandé-je.

Elle me sourit tristement.

- Il n'y avait que deux gamins, mais ça risque de faire le tour rapidement. Peut-être que tu devrais parler aux mômes la semaine prochaine. Histoire d'expliquer un peu ton comportement.

- Mouais...

- Bon, si tu me disais ce qui ne va pas ? Tu as lu la lettre de ta mère ? Demande Peyton en se hissant sur la table de pique-nique.

Je soupire.

- Je déteste que toi et Jenks, vous soyez aussi proche...

- Menteur. On est les deux femmes de ta vie.

- Non. Tu es la seule femme de ma vie, chuchoté-je avant de me poster entre ses jambes.

Elle me sourit et je place mes mains de part et d'autre de son corps avant de frotter mon nez contre le sien puis de l'embrasser.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top