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Audric

Je Fixe le type d'un œil mauvais, incapable de remettre son visage. Ça pue les emmerdes ça... est-ce que c'est un type qui veut me casser la gueule ? Un mec l'a engagé pour récupérer sa thune après... après quoi ? Un combat ? Je n'en sais rien, mais je sais d'avance que ça va pas me plaire. Il me toise à son tour puis me tends la main pour que je la serre, je ne bouge pas d'un cil.

- Bon... je suis Winston Bell, détective privé.

Je ne sais pourquoi mais je me détends instantanément. Ce mec à l'apparence flippante n'est pas une espèce d'homme de main ou je-ne-sais-quoi du genre pour me casser la gueule, même si, vu son physique j'aurais pu aisément soit lui en mettre une avant de partir en courant.

- Ça me dit toujours pas ce que tu m'veux, grommelé-je entre mes dents.

Winston ouvre son blouson et me tends une enveloppe un peu froissée que je ne prends pas la peine de saisir.

- J'ai été engagé par votre mère pour...

- Ok, j'en sais assez. Tu pourras lui dire d'aller rôtir en enfer.

Je me détourne et traverse la rue sans un regard en arrière alors que le détective soupire puis se met à marcher vers moi.

- Audric, votre mère s'inquiète pour vous. Elle veut vraiment vous voir et...

- Et j'en ai rien à foutre. Elle m'a abandonné et aujourd'hui elle n'a plus rien à faire dans ma vie.

Je saute presque dans ma Mustang et lui claque la portière au visage. Il semble furieux et ressemble encore plus à un mafieux. Alors que je démarre, il coince l'enveloppe entre le pare-brise et un essuie-glace. Je pars sur les chapeaux de roues, manquant presque de le renverser avec l'arrière de la voiture.

Sur le chemin du retour, j'actionne les essuies-glaces dans l'espoir d'en déloger l'enveloppe mais ce truc reste en place et maintenant que je suis engagé sur la route aucun moyen de m'arrêter sans créer un foutu accident en cette matinée où toute la ville semble au volant. Néanmoins, j'ai bon espoir que le liquide de lave-glace ait entaché la lettre.

Lorsque j'arrive en trombe chez Jenks, je ne prends même pas le temps de couper le moteur avant d'arracher la missive du pare-brise et la froisse dans mon poing serré. Putain, tout se passait bien dans ma vie, j'avais retrouvé mes potes, un taf qui me plaît, et surtout ma petite intello. Et voilà que les emmerdes recommençaient ! Si j'avais su que c'était un putain de détective privé, je crois que je serai partit en courant après avoir croisé son regard. Limite, j'aurais préféré qu'il soit un taré payé pour me défigurer... ça au moins, j'aurais pu gérer.

- J'imagine que ta soirée s'est bien passée ? Lance Karen en déboulant dans la cour.

- Quoi ? Demandé-je encore dans mes pensées.

- Ben.., on t'as pas vus hier ni ce matin... j'en conclus donc que...

- ouais ouais.

Je la dépasse et rentre dans la maison suivit quelques instants après par elle qui me sermonne.

- Pourquoi tu fais la gueule encore ? Et puis, ça t'aurais écorché de couper le moteur de la bagnole ?

- C'est pas le jour pour me faire chier, maman ! Marmonné-je en traversant le salon et la cuisine d'un pas rapide.

- Mais qu'est-ce qui s'est passé ? C'est Peyton ?

Je réponds un vague « nan » tout en balançant la boulette de papier dans la poubelle et laisse retomber le couvercle brutalement alors qu'elle s'exclame :

- Bah c'est quoi alors ?! Ça un rapport avec le truc que tu as jeté ?

- C'est bon. Laisse tomber.

Je la dépasse en évitant soigneusement de ne pas lui donner un coup d'épaule, je risquerai de l'envoyer dans le décor et je n'ai pas envie de lui faire du mal, et grimpe rapidement les escaliers jusqu'à la chambre. Je reste stupéfait devant le spectacle sous les yeux, Ben a chopé mon paquet de clopes que j'avais abandonné sur mon lit et une flamme danse dangereusement devant le bout.

- Nan mais t'es sérieux ? Dis-je alors que le bâtonnet s'embrase.

- Euh...

Et inévitablement, ce petit inconscient se met à tousser.

- T'es trop jeune pour ces merdes ! Lâché-je en claquant la porte derrière moi. File-moi ça avant que ta mère ne débarque !

En deux enjambées, je traverse la pièce, arrache la cigarette fumante des mains de Ben qui me regarde avec des yeux ronds puis ouvre grand la baie-vitrée et enfin, me perche sur le bord du balcon.

- Ta mère va te trucider... commenté-je alors que des pas résonnent dans les escaliers.

- Non ! Ne luis dis pas Audric, s'il te plaît !

- Qu'est-ce qu'il t'as prit de vouloir faire ça ?

Il se met à entortiller des mèches de cheveux dans ses doigts tout le scrutant d'un air implorant. Il sait bien que sa mère le tuerait si elle savait, moi, elle ne me dit rien puisque je ne suis pas son gamin.

- Alors ? M'impatientai-je alors que Karen termine de monter les marches. Et que ce soit convaincant parce que je te jure que je lui balances tout.

A dire vrai, je ne le ferai pas du tout, mais c'est littéralement jouissif de le voir paniquer à l'idée que je mette sa mère au courant.

- Nan ! Merde... j'sais pas... tout le monde le fait au collège ! Et je voulais pas passer pour un con en essayant là-bas. T'vois ?

- C'est en essayant que tu passes pour un con, Ben ! Putain, ça coûte une blinde et en plus ça donne des maladies ! Pas malin j'te jure. Si je pouvais arrêter comme ça, dis-je en claquant des doigts, je le ferai ! Bref. Va dans ta chambre.

Ben bondit hors du lit alors que la porte s'ouvre à la volée et Karen nous observe tour à tour, l'air intriguée.

- qu'est-ce qu'il se passe ici ?

- Rien... marmonné-je. J'expliquai juste à Ben que j'suis pas un exemple.

Karen secoue la tête amusée puis demande à son fils d'aller dans sa chambre. Ben me lança un regard soulagé alors qu'il entrait dans la salle de bain qui relie nos deux piaules et sur ses lèvres je pus lire un « merci ».

- Tu vas finir par me parler de cette fichue lettre dans ta poche ou bien on continu de se mater comme des cons ? Demandé-je après cinq minutes de silence.

- Ça dépend. Tu vas m'écouter ou partir ?

Je hausse les épaules en terminant ma cigarette qui termine dans le pot métallique au coin du balcon.

- Bon... soupira Jenks, Ta mère est clean depuis un bon moment maintenant. Je crois sincèrement que ce serait bon pour toi d'aller la voir.

- Nan.

- Audric... Lis au moins cette lettre avant de te décider.

- Tu l'a lu ?! Accusé-je en la foudroyant du regard.

- Non. Jamais je n'aurais lu ton courrier. Mais elle a voulue que tu l'aies, sinon elle n'aurait pas engagé un détective privé pour te retrouver.

- Comment tu sais ça ?! Je ne te l'ai...

- Zack. Il a appelé pour dire qu'il avait rencontré un type qui te cherchait. En voyant la lettre c'était pas compliqué de faire le rapprochement.

Elle me fit un sourire qui ressemblait plus à une grimace et posa la lettre, qu'elle avait remise presque droite du mieux qu'elle avait pu, sur le lit.

- J'veux pas aller la voir... j'peux pas.

- Oh... viens là.

Elle ouvre ses bras et sans vraiment m'en rendre compte je m'y réfugie, les larmes aux yeux. Putain ! Bizarrement, chialer comme un môme dans ses bras me fait un bien fou. Ses mains me caresse le dos et je ne ressens aucune envie de la repousser...

- C'est ta mère, Audric...

- Non ! Dis-je férocement en me détachant d'elle. Une mère ne m'aurait pas abandonné, une mère ne m'aurait pas accusé d'être responsable de la mort de mon frère. Une mère... Toi. Toi tu as toujours été là pour moi même quand je ne le voulais pas ! Tu as été là pour moi quand je me suis prit cette balle qui a faillit me tuer. Tu as été là quand ils m'ont enfermé et encore là quand j'ai été libéré. C'est toi qui a toujours été présent pour moi, pas elle. C'est toi ma mère...

J'avais débité ça si rapidement, les mots se bousculants dans ma bouche comme si ça faisait des années qu'ils voulaient sortir, que je ne sentais même plus les larmes brûlantes qui dévalaient sur mes joues. Par contre, au travers de yeux embués, je percevais nettement les larmes sur le visage de Karen.

Elle porta sa main à sa bouche comme pour cacher le demi-sourire qui s'y dessinait puis elle me caressa la joue, celle qui portait la cicatrice qui me rebutait. J'avais envie de reculer mais rien dans son regard n'indiquait qu'elle était dégoûtait. Elle semblait fière de moi tout à coup.

- Tu... moi ? Oh, Audric !

En un clin d'œil je me retrouve encore une fois dans ses bras, serré étroitement contre elle, alors qu'elle me murmurait qu'elle m'aimait comme son fils depuis le début.

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