27

Audric

Je mate le psy qui se tient devant moi, il mordille une branche de ses lunettes. Putain, plus cliché, tu meurs ! Le tic-tac de l'horloge me tape sur le système mais je n'arrive pas à ouvrir la bouche. Je sais que c'est moi qui ai décidé de venir ici, dans ce cabinet bien propre et bien rangé où se trouve un canapé, un fauteuil et une putain de plante verte mais, maintenant que j'y suis, je ne sais plus par où commencer.

- Et si on commençait par le début Monsieur Baker ?

Je le mate de travers et hoche la tête lentement. Ouais, pourquoi pas après tout ?

Alors je me lance. Je lui raconte comment j'ai atterris chez Jenks. Bien sûr, il le sait déjà, c'est ce même type que j'avais déjà été voir il y a plus de deux ans. Néanmoins, il ne dit rien, se contentant d'écouter ce que j'ai à dire et de hocher la tête au fil de mon récit, sans m'interrompre une seule fois.
Je lui parle de Peyton, de ses yeux que je trouvais trop chelous avec ses deux couleurs différentes, de son sourire. Je lui parle de Greg, de Tara, de comment je me sentais bien, normal et heureux dans les bras de ma petite intello. Je lui parle de Ty, ce petit con que j'adore, de Roman, de James et de Juliet aussi qui ont toujours été là pour moi, même quand je le soupçonnais pas.

La fin de l'heure arrive alors que j'en arrive au moment où j'ai éclaté la tête d'Alaric à la salle de Stan. Le jour où j'ai faillit frapper Jake mais que les larmes de Jenks m'ont tellement boulversé que je me suis écroulé comme un gosse dans les bras de son mari. Je me passe les mains sur le visage, nerveux. Je tremble, je ne suis pas bien du tout mais je me dois de reconnaître que cela fait du bien d'en parler à quelqu'un.

- On reprendra là la semaine prochaine, Monsieur Baker.

Je hoche la tête et me lève comme un automate pour rejoindre la porte. Le psy me hèle avant que je ne la franchisse.

- On va faire de notre mieux. Me dit-il avec une ébauche de sourire.

J'essaie de le lui rendre mais mon sourire doit plus ressembler à une grimace qu'à autre chose. Je laisse la porte claquer derrière mon passage et dévale les escaliers de l'immeuble pour me retrouver dans la rue. J'ai envie de partir d'ici et de ne jamais revenir. Ça fait tellement mal de me rendre compte que je suis un véritable connard ! Mais il suffit que je repense au fait que Peyton est encore amoureuse de moi pour me dissuader de courir pour m'enfuir à l'autre bout du monde.

Sur le chemin du retour, Jenks ne dit rien, elle se contente d'un petit sourire sur ses lèvres et garde obstinément les yeux braqués sur la route. En temps normal, elle m'aurait posées milles et une questions afin de déterminé si je vais bien ou afin de savoir de quoi j'ai bien pu parler pendant la séance mais là, rien. Pas un mot.

- Bordel mais qu'est-ce qu'il t'arrives ?! Explosai-je finalement.

- Bah quoi ? Tu m'as dit de ne pas me mêler de tes affaires l'autre jour, je tiens parole. C'est tout.

Mouais. Pas faux. N'empêche que c'est chelou. La voiture s'arrête devant la salle de sport, putain ma salle de sport et je sors rapidement de l'habitacle tout en allumant une clope.

- Par contre, ça j'ai le droit de m'en mêler. Me lance Karen en baisser la vitre afin de me parler. Il serait peut-être temps d'arrêter non ?

- Et si tu te mêlais de ton cul pour voir ? Dis-je avec un large sourire.

- Eh ! J'comprends mieux maintenant comme Peyton a pu tomber amoureuse d'un abruti comme toi. C'est ton sourire de dragueur.

Je secoue la tête en réprimant un rire. Elle m'énerve cette nana ! Mais qu'est-ce que je l'aime. Je me penche pour déposer un bisou sur sa joue, ce qui l'a fait sursauter de surprise puis, d'un pas rapide, me dirige droit sur la salle.

Je fais un rapide tour de la salle, je salue les quelques gosses qui sont présents, les réprimandant sur leurs postures, ou à contrario, les félicitants de leurs progrès. Sur le ring je retrouvée Ben en compagnie de Ty. Ils sont en plein combat quand j'apostrophe mon meilleur pote. Ben en profite pour lui allonger un crochet du gauche qui fait aussitôt s'effondrer le blondinet. J'explose de rire puis me hisse sur le ring et passe sous les filets pour l'aider à se relever.

- Va t'épuiser sur la poire de vitesse, Dis-je à Ben.

- Mais j'suis en plein entraînement !

- Discutes pas, gamin !

Il soupire puis arrache les scratch de ses gants pour les balancer sur le ring avant de sauter de celui-ci avec aisance pour se diriger vers la table où se trouve des rafraîchissements. Je me penche aussitôt, attrape les gants et les lance habilement en pleine tête sur Ben.

- J'ai dit : va t'épuiser à la poire de vitesse et maintenant ! Je beugle avec un regard noir.

Le gosse grogne mais ramasse néanmoins ses gants et se dirige enfin vers la poire.

- Eh bien, qui aurait deviné que tu deviendrai pire que moi ?

Je tourne vivement la tête et ricane.

- Dans tes rêves, Zack. Dis-je en lui montrant mon majeur.

A son tour de ricaner. Il secoue la tête puis me demande si j'ai cinq minutes.

- Euh..

- Vas-y, Zoey arrive dans pas longtemps, j'aimerai être présentable. Intervient Ty en retirant son t-shirt humide.

Sur ces mots, il saute du ring et se rends dans les vestiaires pour, j'imagine, aller prendre une douche avant l'arriver de ma frangine.

Je saute du ring à mon tour et rejoint Zack, nous nous tapons dans les mains puis je l'entraîne à l'extérieur pour discuter en paix.

- Alors, la salle marche bien ?

- Ça peut aller. Pour l'instant, on va dire que le bouche a oreille permet de faire quelques entrées. Et les gamins que tu envoies ici sont plutôt cool... enfin, quand ils écoutent ce qu'on leurs dit de faire avec Ty !

- Ahah, tu comprends donc ce que j'endure chaque jour et ce que tu m'as fait vivre gamin ?

Je secoue la tête avec un sourire d'excuse tout en allumant une nouvelle cigarette. Jenks a raison, je devrai arrêter, je fume beaucoup trop ! M'enfin, pas aujourd'hui.

- C'est vrai que j'étais pas facile. Désolé. Dis-je en expulsant la fumée.

- Ouais. Mais bon, ça se comprends non ? Et puis, tu te rattrapes bien aujourd'hui. Bref, j'suis venu te voir parce que j'aimerai te parler.

- Et on est entrain de faire quoi là ?

- Audric, un type est venu dans ma salle ce matin. Il te cherchait. Balance Zack en me regardant droit dans les yeux, dédaignant mon sarcasme.

Je déglutit, le voir aussi sérieux me fait flipper. Bon, c'est vrai qu'il m'a toujours plus ou moins effrayé ce mec mais là...

- Il avait l'air de quoi ce mec ?

- Petit, vieux blouson en cuir et il puait le cigare. Il conduisait une vieille Ford.

- Il t'as dit ce qu'il me voulait ? Demandai-je tendu.

- Nan. Il voulait te voir, j'ai dit que tu n'étais plus mon poulain et ensuite il a voulu savoir où te trouver.

- Tu le lui as dit ?

- Tu m'as prit pour une balance ? Rétorque Zack avec un regard noir. Passes-moi une clope au lieu de me sortir des conneries.

Sans un mot, je lui balance mon paquet de cigarette à la figure et le briquet dans la foulée. Il prends le temps d'allumer le petit bâton blanc avant de poursuivre :

- Je lui ai dit que s'il voulait des renseignements, valait mieux qu'il soit un flic. Après, je l'ai maté avec mon regard noir, celui qui a faillit te faire te pisser dessus tout à l'heure, et il s'est barré la queue entre les jambes.

Je me marre et le remercie d'un hochement de tête. Je ne sais pas qui est ce type mais ça n'annonce rien de bon. Je ne suis plus dans les emmerdes et ce depuis un bon Bout de temps maintenant, mais si ce type me cherche... c'est sûr que ça sent la merde.

- Bon, prends soin de toi, gamin. Me dit Zack après quelques minutes. Passe à la salle un de ces quatre, on se fera un petit combat.

- Ça marche, hésite pas à repasser ici aussi. Avec ou sans Nouvelles.

Il hoche la tête et sort de la salle en donnant un grand coup de pied dans la double porte.

- Ça, c'est pour toutes les fois où tu as défoncé ma porte ! Beugle-t-il alors que je l'insulte à moitié mort de rire.

Après tout, je l'avais bien cherché.

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