17
Audric
A peine ai-je arrêté la bagnole que Ben en bondit en claquant la porte derrière lui avec force. Je soupirai puis sortait à mon tour et me dirigeai vers la maison en remontant la petit allée en caillou blanc bordée de petits palmiers. La porte d'entrée se referma violemment juste devant mon nez et je murmurais un juron en actionnant la poignée. Ce gosse commence sérieusement à me soûler.
J'ai bien essayé de lui parler après avoir prit une bonne douche mais ce petit con n'a rien voulu entendre. Quand je pense que j'étais comme lui il y a deux ans, j'ai une putain d'envie de me foutre une bonne raclée. Je laissai tomber mon sac de sport noir dans l'entrée et rejoignit Jenks qui s'affairait dans la cuisine.
- Ca s'est bien passé ? S'enquit-elle en remuant la bouffe dans sa casserole.
- T'as pas entendue les portes claquer ? Demandai-je en soupirant et en levant les yeux au ciel.
Je la vois faire de même puis elle se tourne vers moi en brandissant sa cuiller en bois dans ma direction.
- T'étais pas censé arranger les choses ?
- J'suis pas psy ok ? Il m'en veut à mort d'avoir été à Rikers, de ne pas être sorti à temps pour son anniversaire et d'avoir repoussé tout le monde ! Mais putain, si Peyton avait ouvert sa bouche plus tôt, rien de tout ça ne se serait passé !
- Nan mais tu t'entends là ? Elle ne pouvait pas en parler ! Tes cousins t'en voulait à mort ! Tu crois qu'ils lui aurait fait quoi si elle avait ouvert sa bouche comme tu dis ?! S'égosille Karen avec véhémence.
Je me tais, elle a raison. Ces connards lui aurait fait encore plus de mal. Quand je pense qu'ils s'en sont même prit à leur paternel... Bon, c'est pas le moment de penser à ces enculés ni même à mon père.
- Je sors demain soir. Annoncai-je avant d'ouvrir la baie vitrée dans l'idée d'aller m'en griller une.
- Où ? Avec qui ?
- Peyton. Et je sais pas, j'ai pas encore décidé.
Karen marque une pose et me regarde d'un air ravit, probablement entrain de nous imaginer bientôt mariés.
- Calmes tes ardeurs, on va juste discuter. Soufflai-je
- Emmènes-la à la Bodega, propose Jenks. C'est un bar sympa où ils servent des tapas.
J'arque un sourcil, pas sûr que ce soit le bon endroit mais peut-être qu'en public ma petite intello va éviter de me hurler dessus...
•••
Lorsque je retrouve Peyton le lendemain soir devant la Bodega elle semble énervée. Il faut préciser aussi que j'ai une bonne demie heure de retard, ce bar à Tapas n'existait pas avant mon séjour à Rikers et malgré les explications de Jenks, j'ai mis un temps fou à le trouver et encore plus à trouver une place pour garer la mustang de Jake.
Je marque un temps d'arrêt en arrivant à sa hauteur, elle est superbe. Ses yeux étincelants de colère semble se radoucir un peu quand je me confond en excuse rapidement avant même de la saluer. Elle finit par lever les yeux au ciel et se hisser sur la pointe des pieds pour me faire la bise, répondant à la question muette qui tournait en boucle dans ma tête : on se dit bonjour comment ?!
Croyez-moi, quand vous revoyez une ex-copine c'est toujours compliqué. Surtout avec un passé comme le nôtre et des sentiments encore bien trop présent.
- On entre ? Marmonne-t-elle avec un signe de tête vers l'entrée
Je regarde autour de moi, malgré la chaleur peu étouffante, une table est libre sur la terrasse et j'ai une grosse envie de me griller une clope...
- Tu veux pas t'asseoir dehors plus tôt ? Proposai-je en me grattant l'arrière du crâne. Pour une fois que je peux profiter du soleil...
- Oh ! Bien sûr ! Dit-elle en fuyant mon regard, ayant bien compris l'allusion a peine voilée concernant la prison.
Merde, son regard est teinté d'une lueur triste maintenant... quel abruti !
Assis sur une table pour deux personnes, une serveuse aux formes généreuses arrive aussitôt prendre nos commandes en exhibant sa poitrine devant mon nez en nettoyant énergiquement la table, gêné je détourne les yeux et farfouille dans ma poche arrière en quête d'un briquet pour allumer la tige blanche qui se trouve déjà entre mes lèvres. Je laisse Peyton commander la première, et prends la même chose sans un regard pour la serveuse qui s'exclame qu'elle revient bientôt avec nos boissons et la carte des tapas que je demande ensuite.
- Euh... je t'ai pas demandé si t'avais faim... bredouillai-je.
- Si, si. Je n'ai pas pu manger de la journée... avoue Peyton en soupirant, j'étais un peu stressée.
- Moi aussi... c'est bizarre non ? J'veux dire d'être là tout les deux...
Elle hausse les épaules.
- Pourquoi tu voulais me voir ? Demande-t-elle après un Blanc plus que gênant.
Je termine ma cigarette et l'écrase dans le cendrier au centre de la table avant de répondre.
- Je veux qu'on se parle. On a dit qu'on serait amis non ? Je fronce les sourcils et me frotte le menton avant de reprendre : Ty m'a dit que tu étais venue chaque semaine à Rikers dans l'espoir que je veuille te voir. C'est vrai ?
- Et voilà ! Une bière à la cerise et une bière blonde. Lance la serveuse avec un énorme sourire dans ma direction en déposant les boissons sur la table.
Je la remercie d'un hochement de tête en détournant les yeux et entends vaguement Peyton pouffer de rire.
- Quoi ? Demandai-je alors que la serveuse s'éloigne
- T'as pas vu le regard noir qu'elle t'as lancé ? S'étonne Peyton en buvant une gorgée de sa bière.
- Nan, c'est pas elle que je regardais.
Elle toussote et me souris timidement avant de parler :
- Oui. Je suis venue chaque semaine pendant la première année. Puis... il y a eu cette émeute la semaine avant que tu sortes... Quand je t'ai vue... quand je t'ai vue comme ça... j'ai compris que tu avais eu raison de ne pas vouloir que je viennes.
La mâchoire contractée, je cligne des yeux rapidement essayant d'empêcher des traitres de larmes de couler puis finit par passer brièvement ma main sur mes paupières et détourner le regard de ma petite intello même si elle avait déjà baissé le sien sur ses doigts qui encerclent son verre.
- Je ne savais pas que tu avais assistée à ça... N'imaginez pas que j'étais violent là-bas, mais c'était la seule façon que j'avais pour ne pas crever enfermé entre ces murs. Et puis, le jour de l'émeute... Je défendais mon père. Terminai-je dans un murmure.
- Quoi ?
Je serre les dents, j'ai aucunement envie de répéter ce que je viens de dire...
- Ton père ? À Rikers ? Tu le défendais ?
J'hoche la tête doucement et sors rapidement une deuxième cigarette sous le regard réprobateur de ma petite intello qui s'apprêtait probablement à me sermonner sur ma consommation excessive de tabac lorsque la serveuse revient avec son éternel sourire qui se veut séducteur pour savoir si nous avons choisit.
- Non. Répondis-je sèchement.
- Revenez dans cinq minutes, ajoute Peyton en me fusillant du regard.
La serveuse lui sourit soulagée de sa gentillesse alors qu'une fois de plus je me suis comporté comme un con. Mais bon, si elle m'aguichait pas alors que je suis accompagné aussi...
Une fois notre commande passée et nos tapas fumant et appétissant devant notre nez, nous ne parlons plus nous contentant de manger tranquillement pendant un temps avant d'échanger des banalités tels que les cours de droit de Peyton, la virée à la salle avec Ben de la veille ou encore des petits trucs en rapport avec nos amis commun.
Ayant bien trop mangé pour ne pas risquer de vomir si je ne marche pas un peu pour digérer, je propose à Peyton de marcher avant de rentrer. Elle accepte avec un petit sourire et je pars payer la note soulagée et que ça ce soit plutôt bien passé.
Marchant côte à côte en se frôlant sans jamais réellement se toucher nous traversons la rue piétonne et nous nous rendons jusqu'au bord de l'eau que nous longeons afin de rejoindre le pont de bois où est suspendus au dessus, créant une atmosphère romantique, des petites guirlandes aux ampoules bleues. S'arrêtant en plein milieu, Peyton sort son téléphone et prends une photo des bateaux flottant sur la mer dans la lueur du phare qui les éclaires.
- C'est beau. Murmure-t-elle en se retournant vers moi.
Mon sourire s'étend sur mes lèvres alors que je vois ses yeux briller et je ne peux résister à l'embrasser.
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