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J'ouvre les yeux doucement avec l'impression qu'une rave party a élue domicile dans mon crâne. Je grogne, les yeux rivés sur le plafond blanc. Un bip incessant me parvient aux oreilles, je soupire en tournant ma tête vers le bruit, aperçoit un moniteur et me rend compte que je suis à l'hôpital.
Aussitôt, je tente de me lever mais la voix de Jenks résonne dans la pièce lorsqu'elle m'ordonne de ne pas bouger.

- Il faut qu'on parte Jenks ! Dis-je. Je veux pas rester ici.

La porte de la chambre s'ouvre au moment où je parviens à m'asseoir, un médecin entre dans la pièce et me regarde attentivement avec un petit sourire.

- Ravi de voir que vous avez enfin émergé Monsieur Baker. Dit-il

- C'est bon, c'est qu'une méchante cuite... dis-je

- Pas exactement, Dit-il. En fait, vous aviez en effet de l'alcool dans le sang, plus que la moyenne mais ce n'est pas ça qui vous a conduit ici.

Je fronce les sourcils ne me rappelant que très peu de choses de la soirée.

- Vous vous êtes presque noyé, Monsieur Baker.

Des flashs de la soirée surviennent dans mon crâne : Peyton. Le pari. Tara. Peyton et son mec. L'insulte. Le premier coup. La flotte.

Je ferme les yeux brièvement, j'ai du mal à respirer. Le moniteur auquel je suis relié s'affole alors que le médecin appelle une infirmière.

- Non ! Hurlai-je alors qu'ils veulent m'injecter un produit pour me calmer. Jenks !

- Audric, calme-toi... murmure Karen

- Fais moi sortir d'ici, putain ! Suppliai-je les larmes au bord des yeux.

Je la supplie encore et encore alors que le médecin fait signe à l'infirmière de faire passer le produit dans mes veines.

- Jenks ! Fais-Moi sortir d'ici...

- Stop ! Dit Karen. Le gosse refuse. On va y aller.

- Il a besoin de se calmer, Madame Jenks. Intervient le médecin

- Il a besoin de quitter cet endroit. Je crois que ça lui fait revivre des moments compliqués.

Je regarde le docteur hocher la tête lentement puis il prend Karen par Le Bras pour s'éloigner un peu de moi et il lui donne une carte de visite. Je sais ce qu'il va se trouver dessus : l'adresse ainsi que le numéro d'un psychiatre.

Je me laisse tomber sur le coussin et ferme les yeux. Cette fois, je ne vais pas y couper. Terminé la boxe comme traitement psychologique et bonjour les séances traumatisantes chez le psy.

•••

Le front collé contre la vitre, je mate la ville qui défile devant mes yeux. Cela me rappelle la première fois que je suis monté en voiture avec Karen, quand elle m'a récupéré chez les keufs. Là, encore elle essaie de me faire sortir de mon silence mais j'ai l'esprit beaucoup trop occupé pour vouloir ou pouvoir lui répondre. Je sais que si elle insiste de trop je vais finir par l'envoyer chier et ça va la vexer.

Sitôt la voiture arrêtée, j'en descend rapidement et remonte l'allée qui mène à la maison, Jenks sur mes talons. Je bug à la vue de ce qui m'attends sagement assise sur le canapé beige.

- Audric ! Tu vas bien ?

- Qu'est-ce que tu fous là ? Demandai-Je d'un ton sec

Ses yeux bizarres me regardes intensément avant qu'elle ne me dise qu'elle s'inquiétait pour moi.

- Et... je voulais te dire merci.

- Merci de quoi Peyton ? D'avoir foutu une raclée à ton mec qui te prends pour son clebs ?

- Euh... oui. Et ce n'est plus mon mec.

- Enfin une bonne nouvelle. Raillai-je

- Bon... je vois que tu vas bien... je vais y aller.

Elle me passe devant et je la retient par le poignet, son muscle se contracte sous mes doigts ce qui m'arrache un sourire.

- N'oublis pas que tu as un pari à honorer... chuchotai-je

- T'es vraiment un crétin ! Eructe-t-elle avant de se dégager et de quitter la maison en claquant la porte

Je souris en secouant la tête et me rends dans la cuisine où je retrouve Jenks et son mari occupés à parler à voix basse.

- J'vous dérange pas trop ?! Dis-je après avoir entendu mon prénom dans leur conversation

- Comment ça va gamin ? Demande Jake

- Comme quelqu'un qui a failli se noyer. J'aimerai aller à la boxe, tu peux m'emmener ? Demandai-je

- Audric, comme tu l'a dis, tu as faillis te noyer et... commence Karen

- Et si je ne me défoule pas maintenant, je vais partir en vrille. Dis-je en la regardant dans les yeux. J'commence à comprendre que la boxe est un exutoire pour moi, m'empêche pas d'extérioriser mes démons.

- On y va. Conclut Jake en attrapant sa veste

•••

Les mains bandées, je souffle après mon entraînement intensif et grimpe sur le ring où Zack m'attends.

- Quoi ? Demandai-je sèchement

- Un combat avec moi ça te dis ?

J'hoche la tête et enfile mes gants rapidement. Le combat débute, je prends un méchant jab dans le nez qui me fait saigner à la fin du deuxième round. Ty me rejoint dans mon coin du ring et me bourre le pif de coton avant de me remettre mon protège dent.

Cette fois, pas de quartier. Je donne tout ce que j'ai, j'imagine chacun des connards que j'ai pu croiser à la place de Zack. Je repense au moment où j'ai failli me noyer étant gosse, je me remémore comment j'ai eu ma putain de cicatrice en travers de l'œil, et je frappe. Encore et encore. Il esquive pas mal de coup, mais à la fin du dernier round, il est entrain de cracher autant de sang que moi. Je souris en balançant mes gants. J'ai réussit à lui faire cracher ses dents !

- Étirement ! Beugle Zack

Je me dirige vers les tapis de sol et il me retient par Le Bras, je le dégage vivement et lui demande ce qu'il veut.

- T'as la rage au ventre gamin. C'est bien, et à la fois ce n'est pas bien. Tu as tellement de haine en toi qu'un jour, tu pourrais tuer quelqu'un à cause de ça.

- En attendant, ça me permet d'être le meilleur dans ta putain de salle. Dis-je, alors t'attends quoi de plus ?

- Que tu boxes pour le plaisir. Et non, pour te défouler.

Je fronce les sourcils, lui flanque mon majeur sous le nez et quitte la salle en envoyant la porte valser d'un coup de pied. J'étais quasiment détendu et ce con à réussi à m'énerver à nouveau.

Est-ce que c'est de ma faute si la boxe est le seul moyen que je connaisse pour me défendre ? Me défouler ? M'empêcher de commettre l'irréparable ?

Après tout ce que j'ai vécu, j'aurais pu me tuer je ne sais combien de fois. J'ai toujours été lâche et je n'ai jamais réussi à aller jusqu'au bout. C'est pas faute d'avoir essayé. Une partie de moi espère encore que ma vie n'est qu'une putain de farce, qu'un horrible cauchemar dont je vais me réveiller. Que rien de ce que j'ai vécu n'a réellement eu lieu. Mais, je sais aussi que tout est vrai, mon corps en porte chaque blessures, chaque souvenirs. Ma mémoire est pleine d'images de violence, de haine, d'insulte. C'est tout ce que j'ai toujours connu. Ça fait partie de moi.

Que je le veuille, ou pas.

- Audric ! Lance Ty

Je me retourne vivement et le vois me tendre une clope, j'arrête les cents pas que je faisais et allume prestement la cigarette avant d'en tirer une grande bouffée.

- Peyton m'a appelé. Dit-il au bout d'un moment

Je le mate quelques secondes avant d'hocher le menton, l'incitant à poursuivre.

- Elle est passée par chez toi tout à l'heure.

- J'sais. Je l'ai vue.

- Elle voulait te remercier.

- Elle me l'a dit.

- Et donc ? Demande Ty

- J'lui ai rappelé notre pari.

- T'es vraiment un trou du cul... rit-il

- Elle a dit crétin. Mais ça revient au même.

Je secoue la tête en riant mais dans mon crâne, je ne cesse de revoir son visage triste lorsque son ex l'a insulté. Et pourquoi il a parlé de sa réputation ? D'après tout ce que j'ai pu entendre d'elle, jamais personne n'a insinué qu'elle était une pute... j'y comprend que dalle.

Une fois rentré chez Jenks, je saute le repas et me rends directement dans ma chambre. Une clope au bord des lèvres, je vais sur mon balcon et par habitude, tourne la tête sur le côté. Aux travers des branches, j'aperçois Peyton assise à son bureau, pensive.

Comme si elle sentait qu'on l'observait, elle tourne sa tête vers moi et plonge son regard bizarre dans le mien quelques secondes. Elle finit par se lever et ouvrir sa fenêtre.

- Tu sais que ça te donne l'air d'un pervers d'observer une jeune femme dans sa chambre ?! Envoie-t-elle avec un sourire un coin

- Heureusement que tu n'étais pas entrain de te changer alors... soufflai-je accoudé au balcon

- Je...

Elle s'humecte les lèvres et on cœur fait une embardée. C'est comme un violent uppercut, le même effet chelou, la même violence sauf que celle-là, je ne l'avais jamais ressentie à cet endroit.

- Pourquoi moi ? Demande-t-elle soudainement. Pourquoi tu t'intéresse à moi ?

- Aucune idée. Dis-je. Peut-être parce que j'aime la façon dont tu me regardes.

- T'es vraiment chelou tu sais ? Dit-elle en riant. La plupart du temps je t'insulte, et je te mate de travers.

- Oui, mais tu n'a pas ce regard qu'ont les autres à la vue de ma cicatrice, de mes tatouages... et je sais aussi que la façon dont je te regardes ne te déplaît pas non plus.

- Audric, je...

- Attends.

Je pose mon pieds sur le bord du balcon, et commence lentement mon ascension à travers les branches pour atteindre sa fenêtre. Perché sur le bord, les pieds dans le vide, elle s'accoude à mes cotés et me traite de taré.

- Grave ! Ris-je

- Et il est content en plus... soupire Peyton

- Si je te disais que j'avais vraiment envie de poser mes lèvres sur les tiennes...

- Audric...

- Écoutes moi. J'ai beau coucher avec tout un tas de filles, personne ne me fait autant d'effet que toi.

- Même pas Tara ? Demande-t-elle sèchement

- Je ne l'ai pas embrassé.

- Quel connard... murmure-t-elle

J'attrape son visage et le fait pivoter vers moi, malgré son insulte, un sourire se lit sur ses lèvres. Ses yeux sont plongés dans les miens et je sens a nouveau cette sensation dans ma cage thoracique. C'est comme si mon cœur se mettait en route après des années de sommeil. Je fronce les sourcils, je pige pas ce qui est entrain de m'arriver. J'ai tellement envie de l'embrasser mais je sais d'avance comment je vais réagir si ça arrive.

Peyton s'avance vers moi et pose une de ses mains sur mon torse, a l'endroit où palpite mon cœur comme un fou. Elle ferme brièvement les yeux, suffisamment pour me faire perdre pied et c'est moi qui m'avance vers elle. Je me stop à quelques centimètres de sa bouche, j'appréhende. Je ne veux pas la blesser en la repoussant si mes souvenirs se brouillent avec le présent.

- Pourquoi est-ce que j'ai l'impression que tu mènes une bataille intérieure ? Chuchote-t-elle

- Parce que c'est le cas... je...

Ses lèvres viennent recouvrir les miennes furtivement, je suis sous le choc. Rien. Rien ne m'est venu. Juste, une sensation bizarre au creux du ventre. Je souris, et l'embrasse à mon tour.

Une porte qui claque nous fait sursauter et je me détache d'elle à contre cœur, ce qui est plutôt étonnant chez moi.

- Bonne nuit... Murmuré-je avant d'escalader à nouveau l'arbre.

Hello mes chatons

Je vois d'ici les commentaires « Enfiiiiin » 😂

Petit rapprochement entre les deux protagonistes de l'histoire eheh c'est cool non ?

Que pensez-vous de la réaction d'Audric à l'hôpital ? Ou encore de son appréhension à embrasser Peyton?

Des idées pour la suite ?

La bise 💋 et à lundi !

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