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Ma chambre est simple, grande et fonctionnelle. Un lit deux places occupe une bonne partie de l'espace, une télévision écran plat est accrochée au mur en face du lit et une immense baie vitré donne sur un grand balcon avec vue sur le jardin et un grand arbre occupe l'espace avec la demeure des voisins sur le côté.
Il y a aussi une porte qui donne sur une salle de bain qui relie ma chambre et celle du gosse, Ben, je crois. Là encore, c'est le grand luxe. Baignoire à remous, deux vasques... j'ai l'impression d'être dans un hôtel quatre ou cinq étoiles.
J'ai visité la maison qui comporte cinq chambres, sérieusement, qui a besoin d'autant d'espace ? Il y a aussi une salle de jeux pour le gamin, avec pleins de jeux vidéos et de DVD avec un projecteur. Et dans le jardin, la grande piscine pour terminer le tableau de la parfaite maison de bourges.
Cela fait maintenant trois heures que je suis sur mon lit, le regard rivé au plafond immaculé. Enfin, j'ai bougé jusqu'au balcon pour fumer quelques clopes, mais j'suis vite retourné sur le lit. J'ai guetté mon téléphone, aucun appels, aucun sms. C'est ça quand tu te fais arrêter par les keufs. Tes potes préfèrent la jouer fine, au cas où. Ou alors c'est moi qui suis juste trop cons pour croire que ce sont vraiment des potes... je fronce les sourcils à cette idée et balance mon portable à l'autre bout du lit avant de me lever de celui-ci, une clope entre les doigts.
Sur le balcon, j'embrase le bout de la cigarette et tire avidement une bouffée de fumer. J'entends Karen, son mec et le gosse rire en bas, tandis qu'une odeur de bouffe flotte encore dans l'air du soir. Elle est venue me prévenir qu'on allait manger, mais je l'ai ignoré. Maintenant que mon ventre commence a se manifester, j'commence à regretter. Un peu.
Je balance mon mégot dans un coin du balcon, je n'ai rien pour mettre mes déchets, et retourne dans la chambre où j'allume la télé, puis commence à zapper. Je m'arrête sur un vieux film en noir et blanc et me cale contre la tête de lit pour regarder l'écran sans vraiment le voir.
Mes pensées ne cesse de se tourner vers ma mère, comme toujours à cette période. Cela fait maintenant presque six ans que je ne l'ai pas vue. Du jour au lendemain, elle a disparue de ma vie. Elle a m'abandonné dans une bicoque vide de tout ses meubles, avec une enveloppe de fric pour seul souvenir.
Je rentrai de l'école, mon sac à dos noir sur les épaules, il faisait froid ce jour là, il pleuvait à torrent. Je n'avais qu'une envie : rentrer au chaud et prendre mon goûter. Rien. Pas même un paquet de gâteau dans le placard de la cuisine. Elle avait tout prit.
Mes yeux sont resté secs, je n'ai pas versé une seule larme. A croire que je savais que ça allait finir comme ça. Faut dire aussi qu'elle me l'avait assez répété qu'elle allait partir si je continuai mes bêtises. Mais... quelle genre de mère le fait vraiment ? Partir en laissant son propre enfant seul ?
J'avais presque onze ans.
La veille de mon anniversaire.
Je ferme fort les yeux et repousse de toutes mes forces le souvenir de ce jour maudit où elle est partit.
Trois petits coups frappés à la porte de ma chambre me firent ouvrir les paupières, mais je ne dit pas à la personne d'entrer. J'suis d'humeur maussade, il ne vaut mieux pas que quelqu'un me parle maintenant.
- Audric ? Si tu as faim, je te laisse une assiette que tu pourras réchauffer dans le frigo.
Karen attend quelques instants puis, n'obtenant aucune réponse, elle repart dans un bruit de talons sur le parquet.
•••
Trois heures du matin.
Je tourne et vire dans mon lit pour la centième fois au moins, mon ventre crie famine donc après avoir poussé un long soupire, je m'extirpe des draps et sors de la chambre.
Je descend les escaliers éclairés par la faible lueur de mon téléphone portable et manque de m'étaler sur le sol en loupant la dernière marche. Je lâche un juron et me rend dans la cuisine. Dans le frigo, comme promis, je trouve une assiette pleine de pommes de terre sautées et de grillades. Après avoir réchauffé le tout au micro-ondes, je mange rapidement sans attendre que ça refroidisse un peu et me brûle la langue. J'attrape vite fait une bouteille d'eau et reprends mon activité puis enfin, rassasié, je range les couverts puis remonte dans ma chambre où je m'écroule sur mon lit.
•••
J'ai chaud. Trop chaud. Je repousse les draps qui me recouvrent d'un mouvement de pied et ouvre les yeux puis les referment aussitôt. J'ai zappé de fermer les volets hier soir, et le soleil me défonce les rétines.
Je finis par ouvrir à nouveau les yeux et jette un œil à mon téléphone, six heures. Bordel. Je n'aurai pas dormi bien longtemps. Sachant d'avance que je n'arriverai pas à me rendormir, je me dirige vers la salle de bain en baillant et retire prestement mon caleçon avant d'entrer dans la douche. J'actionne le jet et grimace quand l'eau froide entre en contact avec mon corps. J'attends que l'eau se réchauffe et renverse la tête en arrière pour profiter un peu de ce moment. Je finis par sortir au bout d'une demie heure après m'être lavé et une fois vêtu d'un jean's et d'un t-shirt propre, je descend au rez-de-chaussée.
- Audric c'est toi ?
Je soupire en entendant la voix de Karen mais me rends tout de même dans la cuisine où elle s'affaire a préparer je ne sais quoi.
- Bonjour, bien dormi ? Me demande-t-elle joyeusement
J'hoche la tête en guise de réponse et prends la tasse qu'elle me tends.
- Il y a du café de fait, mais tu peux aussi prendre du thé et...
- Du café ça me va. La coupai-je avant de rejoindre la cafetière et de remplir ma tasse
J'avise le pot de sucre sur la table et chope deux pierres puis ajoute du lait et m'assois sur un tabouret pour touiller distraitement mon breuvage.
- J'pensais qu'on t'aurais pas vu avant l'heure du déjeuner. Me lance Jake en arrivant dans la cuisine
- J'ai oublié de fermer les volets. Dis-je avant de boire une gorgée de café au lait
- On est samedi, tu aurais pu rester dormir un peu plus. Dit Karen en déposant une assiette de crêpe devant moi
Je secoue la tête et lorgne sur les crêpes qui fume encore devant mon nez.
- Sers toi. Envoie Jake
Je ne me fais pas prier et attrape une puis deux crêpes que l'engloutie rapidement. Une troisième suit le même chemin devant les yeux ronds de Karen et le regard amusé de son mec.
- Chuper bon. Dis-je la bouche pleine
Je termine ma crêpe et ajoute contrit :
- Désolé, j'avais vraiment faim.
- Tant mieux. Ben mange autant, ça ne va pas me changer ! Rit Karen alors que son fils déboule dans la cuisine, un pyjama Pokemon sur le dos
Le gosse s'arrête devant moi et court dans les bras de sa mère.
- Maman, pourquoi il est pas en pyjama ?
- Parce que les grands descendent habillé pour manger. Répond Karen. Et puis, je doute qu'il en ai.
J'esquisse un sourire devant le regard éberlué du gamin, a croire qu'il pensait dormir toute sa vie dans un pyjama Pokemon ! J'attrape une dernière crêpe et dépose ma tasse dans le lave-vaisselle avant d'attraper mon paquet de cigarette dans ma poche. Du regard j'interroge Karen pour savoir où je peux aller fumer et elle m'indique la terrasse.
Je tire avidement sur la clope un regard mauvais fixé sur la piscine, le gamin déboule à mes côtés et me demande si j'veux y aller. Je secoue la tête négativement et il bougonne un « T'es nul... » avant de repartir dans l'autre sens.
Quelques instants plus tard, il arrive en courant, vêtu d'un maillot de bain, une bouée crocodile à la main, il court vers la piscine et saute dedans sans attendre.
- Je t'avais dit d'attendre au moins une heure ! Lance Karen à son fils en secouant la tête. Tu ne veux pas y aller ? Ajoute-elle à mon attention
Je secoue la tête et rentre dans la baraque en la laissant là, je remonte dans ma chambre et me laisse choir sur le lit.
J'ai dû me rendormir finalement, parce que lorsque j'ouvre à nouveau les yeux, le soleil est un peu plus haut dans le ciel et les rires du gosse monte juste que dans ma chambre depuis l'extérieur.
Je rejoins mon balcon, j'allume une cigarette et jette un œil à la piscine.
Ce que je vois manque de me faire avaler ma fumée de travers. La meuf de la veille est sur le plongeoir, en maillot une pièce noir. Elle est encouragé par Ben, qui lui hurle de sauter. Elle exécute un saut parfait et nage comme un poisson. Elle ressort de l'eau et attrape le gamin puis court et fait la bombe avec lui toujours dans ses bras.
Je détourne les yeux, elle est vraiment sexy... moi qui pensais que seul un bikini ridicule rendait une femme sexy j'avais complètement tord. Cette meuf a des formes là où il faut, juste ce qu'il faut.
Je balance ma clope et attrape mon téléphone, il ne faut pas que je reste là, à la regarder je risque de passer pour un pervers...
- Stan ? T'as quelques chose pour moi ? .... Nan, mec. Libre comme l'air. .... j'arrive.
Je raccroche et jette un dernier coup d'œil à la piscine désormais vide. Je secoue la tête en remettant mon jean en place et attrape un sweat noir que j'enfile rapidement, j'enfonce ma casquette à l'envers sur le crâne et quitte ma chambre, mon sac à dos sur l'épaule.
- Audric ? Lance Karen depuis la cuisine ou le salon alors que je m'apprête à passer la porte d'entrée
Je soupire et ne répond pas avant de claquer la porte derrière moi, je traverse le jardin et une fois dans la rue, sors mon téléphone afin de taper l'adresse du hangar de Stan sur Maps.
- Fais chier... juré-je en découvrant que le hangar se trouve à dix bornes à pied d'ici
J'ajuste mon sac et lentement, commence à courir en petites foulées.
Hello mes petits chats,
Vous savez maintenant ce qui est arrivé à Audric, pourquoi il a voyagé de famille d'accueil en foyer.
Finalement, il a l'air d'essayer de bien s'entendre avec la famille de Jenks non ? A voir si ça va durer...
Et Peyton le fait craquer... Ben voyons, comme si on n'en doutais pas !
Vous inquiétez pas, le prochain chapitre va être plus... sport !
Des idées ? 💋
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