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Le bruit des menottes qui claquent ne fait que de résonner dans mon crâne depuis la seconde où elles se sont refermées autour de mes poignets. C'était la fin, mes genoux étaient trempés, sur le bitume dur et humide. La pluie et le vent me fouettait le visage comme une première punition pour toutes choses que j'avais pu faire.
Les flics m'ont relevé à coup de pied dans le bas du dos, je tremblais, de froid dû au fait que j'étais simplement vêtu de mon jean et de mes godasses, mais surtout de rage. J'avais la rage contre moi-même, la rage de m'être fait prendre encore une fois. La rage contre le système qui encore une fois, va se faire un immense plaisir de me pourrir la vie.
Le trajet dans leur camion m'a parut à la fois long et rapide. J'ai vu ma ville défilé devant mes yeux, l'endroit où je suis né, celui où j'ai fait mon premier combat. Mon ancien bahut, l'endroit où je me suis fait serrer pour la première fois. J'ai fermé les yeux pour ne plus voir cette vie passer. Je les ai fermés fort, pour empêcher les larmes de couler.
Allez mec, c'est pas la première fois. Il ne va rien t'arriver.
•••
Cela fait maintenant deux jours que j'attends dans leur putain de cellule, deux jours que je tourne en rond comme un lion en cage. J'suis mineur, ils sont obligés d'attendre qu'un adulte vienne me chercher et mon avocate a l'air de croire que quelques nuits à l'ombre va me faire changer.
- Allez lève toi, le tatoué.
Je grimace et me lève néanmoins, celui-là c'est un vrai connard, le genre de mec à fumer une clope devant mon nez alors que je lui ai demandé s'il en avait à dépanner juste avant.
- Grouille, j'ai pas la journée, moi !
Je lui flanque mon majeur sous le nez et me retrouve aussitôt plaqué contre le mur, le front contre le béton. Je grogne, mais il maintient sa prise. Je lève les yeux au ciel en entendant le claquement désormais familier des menottes autour de mes poignets. Il tire sur mes bras et abois pour me dire d'avancer.
Le flic me conduit jusqu'à une salle d'interrogatoire, et me force à m'asseoir sur la chaise devant la table. Il quitte la pièce aussitôt et je me retrouve comme un con a attendre. Ma jambe ne cesse de bouger, c'est la nervosité qui fait ça. J'essaie d'arrêter ce mouvement mais en vain, ma jambe n'a pas l'air de vouloir obéir.
Je sursaute quand la porte s'ouvre d'un coup, au bout de deux longues heures d'attentes et mes yeux rencontrent ceux d'une blonde. Je fronce les sourcils, elle est où mon avocate ?
- Audric ? Je suis Karen Jenks, je reprends votre dossier. Maître Erine Helo est indisponible pour quelques mois.
Je la mate sans rien dire, elle s'installe en face de moi et sort mon dossier de son sac. Il a encore grossit, il ressemble plus à un dictionnaire qu'à un dossier de jeune délinquant.
- J'ai vu la juge, Commence-t-elle, Elle vous offre une dernière chance.
- Je vouvoie personne, au fait. Balancai-je
Puis, je capte ce qu'elle vient de me dire et je plante mes yeux dans les siens et l'enjoint du regard à poursuivre.
- Vous allez vivre dans une famille d'accueil.
- Quoi ? Tu débloques !
- J'ai un prénom, tu t'en souviens Audric, où je dois me le tatouer sur le front ? Envoie-t-elle en arrêtant de me vouvoyer
Je me marre vite fait et d'un coup de menton, l'incite à continuer.
- Je vais être ta famille d'accueil, pour le moment car aucune ne s'est libérée... Tu vas aller au lycée, et filer droit. A la moindre bourde tu finis au trou. Termine-t-elle
- Et si je refuse ?
- Alors tu gagnes un allé simple pour la taule, dit-elle en arrêtant complètement ces airs de bourgeoise coincée.
Jenks croise les bras sur sa poitrine et s'installe confortablement contre le dossier de sa chaise et lève ses yeux vers moi, attendant patiemment que je me décide.
Dans ma tête, je pèse le pour et le contre mais en fait, c'est assez rapide. A choisir entre aller vivre chez Jenks, même si j'la connais pas et une cellule froide et sombre, le choix est simple.
- Ok. Je lâche, les yeux baissés sur mes pieds
- Parfait, lève ton cul de racaille de cette chaise.
Elle cogne deux fois sur la porte et le flic de tout à l'heure entre en la matant de haut en bas, je grogne en le voyant faire, il est dégueulasse avec son regard de pervers !
- Détachez-le. Ordonne-t-elle avec un regard noir
Aussitôt, le flic me retire mes menottes. Je roule des épaules puis frotte mes poignets, ça fait du bien d'être libre de mes mouvements. Ok, en cellule je ne les avait pas mais ça faisait quand même deux heures que j'étais dans cette salle. Bref, Jenks m'attrape par l'épaule pour me guider vers la sortie.
Arrivé à l'extérieur après avoir signé mes papiers, J'attends Jenks en enfilant ma ceinture dans les passants de mon jean. J'attrape mon paquet de clope dans ma poche et allume rapidement une cigarette.
Je tousse en recrachant la fumée, plus de deux jours que je n'ai pas tiré une taf, ça fait un bien fou ! Je pose mon cul contre une voiture et attends Jenks en terminant ma clope. Une fois terminée, je balance le mégot dans le pot devant chez les flics et enfin, elle passe la porte tout en fouillant son sac à main.
- Monte. Ordonne-t-elle en actionnant l'ouverture automatique d'une bagnole de luxe
Je grimpe sur le siège passager et claque la portière tandis qu'elle démarre. Lentement, nous quittons la rue, Jenks essaie d'engager la conversation mais je garde obstinément le regard braqué vers l'extérieur, refusant la communication.
Nous arrivons devant le foyer où j'ai habité ces deux dernières semaines, elle m'ordonne de descendre et de la suivre à l'intérieur du bâtiment. Mes affaires sont déjà prêtes et fourrées dans mon sac en toile, ma vie entière se résume à ce sac de marin. Karen signe les papiers, moi pendant ce temps j'embarque mon barda et le passe sur mon épaule puis je quitte cet endroit de malheur.
•••
La voiture s'arrête doucement devant une grande baraque de Bourges, je la mate en détail, elle est immense, dans un quartier résidentiel, avec un grand jardin qui comporte sûrement une piscine.
- On est où là ? J'croyais qu'on allait chez toi ?
- On est chez moi, tête de noeud. Sourit Jenks
Je fronce les sourcils, sérieux ? J'aurais jamais cru qu'elle vivait dans ce genre de quartier. C'est vrai quoi, pourquoi une bourgeoise s'entêterait à s'occuper de pauvres gosses, des cas sociaux comme moi ?
- Je sais ce que tu penses, mais tu ne me connais pas tu sais ? J'ai, moi aussi, été comme toi un jour. Ballotée de famille en famille et de foyer en foyer.
- Je...
- Alors, me coupe-t-elle, quand j'ai eu une situation plus que confortable, j'ai décidé d'essayer de changer la vie des jeunes comme moi. Comme j'aurais aimé qu'on le fasse à l'époque.
- Ok. Soufflai-je, incapable de sortir autre chose
- Ah ! Et, même si j'parais sympa comme ça, à te parler à ta façon etc, il n'en reste pas moins qu'il y aura des règles.
Je lève les yeux au ciel et sort de la bagnole avant de la suivre sur le sentier, mon sac en toile sur l'épaule, les mains enfoncées dans mes poches. On passe la porte d'entrée, entourée par des piliers qui soutiennent le premier étage de la baraque.
- Chéri ! J'suis rentrée, hurle Jenks depuis le seuil. Retire tes chaussures.
Je capte qu'elle s'adresse à moi et retire mes godasses rapidement, puis la suit dans la maison. Nous passons un grand salon/salle à manger plus grand que tout les endroits où j'ai pu vivre dans toute ma chienne de vie. Enfin, nous arrivons dans la cuisine où, aux fourneaux, s'affaire un grand type brun.
- Salut beauté, lance le gars à Jenks. Tu dois être Audric ?
Je le fixe sans rien dire, j'imaginai pas que Karen avait quelqu'un dans sa vie... m'enfin, elle a l'air jeune en même temps, ça paraît logique qu'elle soit mariée.
- Audric, j'te présente Jake, mon compagnon.
- Compagnon ? Je répète en fronçant les sourcils
- Oui. Réponds Jenks, c'est mon mec si tu préfères.
Je lève les yeux au ciel, et Jake se remet à cuisiner en se marrant. Je pose mon cul sur un des tabourets face au comptoir et laisse tomber mon sac à mes pieds alors que la porte d'entrée s'ouvre et se ferme presque aussitôt dans un claquement.
- Maman ! Hurle un gosse depuis l'entrée
Je grimace et croise le regard amusé de Karen qui pèle des patates.
Un gamin haut comme trois pommes déboule dans la cuisine, un cartable rouge sur le dos. Il freine des deux pieds à ma vue et se cogne contre une paire de jambes moulée dans un jean.
Mon regard remonte, j'aperçois un t-shirt vert moche et des cheveux bruns/blond qui retombent sur des épaules. Mes yeux en accrochent d'autres, rivés aux miens, ils sont d'une couleur bizarres que je n'arrive pas à bien distinguer d'où je suis.
- Peyton, voici Audric. Il va rester avec nous quelques temps. Lance Jake
La fille hoche la tête dans sa direction et balance un bref « A demain » avant de tourner les talons. Le p'tit n'a toujours pas bougé d'un pouce, le regard braqué sur moi.
- Viens par là, Ben. Dit doucement Jenks au gosse qui part se réfugier entre ses jambes
Elle s'agenouille devant lui et lui explique que je vais venir dormir chez eux pendant quelque temps.
- D'accord. Mais pourquoi il a des dessins partout ?
Je souris et attends de voir comment Jenks va répondre à cette question.
- Parce qu'il croit que c'est cool sûrement ! Lance-t-elle en riant. Tu peux lui montrer sa chambre ?
- C'est laquelle ?
- Celle à côté de la tienne. Répond-t-elle
Je fronce les sourcils devant l'échange de regard entre Jenks et son mec puis chope mon sac avant de suivre le gosse dans la baraque.
Hello mes chatons de l'espace !
Nouvelle histoire, nouveaux personnages, nouvel univers...
La boxe. La boxe de rue. L'amitié, la vie de famille, le lycée, l'amour...
Audric est une âme torturée, il va vous rendre folles/fous, il va vous faire rire aussi et peut-être même pleurer qui sait ?
J'espère que vous allez apprécié cette histoire autant que moi j'apprécie de l'écrire.
La bise 💋
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