Chapitre 9
La fête bat son plein, les murs insonorisés de l'Immeuble ont permis de mettre une bonne ambiance avec de la musique. C'est vrai que je n'ai pas vraiment compris quelle était l'intention d'Andrew en organisant cette fête. Sur ce point là, je suis plutôt du même avis qu'Erwan. En parlant de lui, je ne l'ai pas vu depuis que la fête a commencée, peut-être qu'il est resté enfermé dans sa chambre, et à vrai dire, ça ne m'aurait pas étonnée, au vu de sa réaction. J'aurais bien passé ma soirée avec lui mais vu comment il m'a traitée tout à l'heure je pense qu'il préfère tout de même être seul. Je sais que s'isoler est la pire chose à faire lorsque que l'on perd quelqu'un et j'aimerais bien l'aider mais cela risque d'être compliqué s'il me laisse à peine l'approcher.
Je pousse lourdement la porte de l'Immeuble et l'air frais fouette immédiatement mon visage. Je m'assois sur une marche du perron et laisse les émotions m'envahir. Les larmes coulent malgré moi le long de mes joues, je me sens débordée.
Alors que je me laisse aller, j'entends un bruit suspect et me redresse.
Un homme se tient à quelques mètres devant moi, me fixant, un sourire malsain plaqué aux lèvres. Je ne peux m'empêcher de pousser un cri de terreur et ouvre la porte derrière moi pour m'engouffrer dans l'Immeuble.
***
— Tiens, bois ça.
— Merci...
J'attrape le verre, les mains molles et je bois tout d'une traite, sous le regard inquiet d'Isack. Il reprend le verre vide et le dépose sur la table de nuit.
— Ça va aller ? Tu es sûre que tu ne veux pas en parler ?
Je hoche positivement la tête.
Isack ne dit plus rien et se contente de me fixer. Mon cœur rate un battement. Que se passe-t-il dans sa jolie petite tête ?
— Oh et puis merde..., grogne-t-il.
Il bascule vers moi de sorte que mon corps se laisse doucement tomber en arrière, presque instinctivement, pour venir s'allonger contre le lit. Ses yeux ont changé de teinte, ils sont plus sombres, plus profonds. Avec aisance, il vient se placer au-dessus de moi sans cesser de fixer mes lèvres avec une évidente gourmandise. Il passe une main sous ma nuque. Ce contact me procure de délicieux frissons. J'inspire doucement et je me cambre pendant qu'il passe une main contre le bas de mon dos. Ses lèvres se rapprochent des miennes et je ferme les yeux. Lorsqu'il m'embrasse enfin, un arc de plaisir irradie tout mon corps. Comme si la seule chose que je réclamais depuis si longtemps m'était enfin offerte. Je passe ma main le long de sa nuque puissante pour l'emmener à m'embrasser encore plus passionnément. Sa langue s'insinue autour de la mienne. Son baiser devient plus empressé, plus entreprenant. Je gémis de plaisir. Je suis complètement affamée. Affamée de lui, de ses lèvres qui me dévorent, de ses larges mains qui se pressent sur moi, de son corps qui pèse sur le mien...
Nos souffles deviennent cours, saccadés. J'ai envie de plus et je devine à son état d'excitation que lui aussi.
Dans l'empressement, je balance maladroitement mon bras pour enlever sa veste mais je cogne le verre qui s'écrase au sol, se brisant en mille morceaux.
Mince ! C'est pas possible d'être aussi empotée !
— J-je suis désolé, je... Je ne sais pas ce qui m'as pris, je crois que je vais y aller.
— Non reste !
Ma voix est désespérée, frustrée, implorante. Je me redresse, toute débraillée, les joues rosies.
— Je ne veux pas profiter de la situation. Je ne veux pas que t'imagines que je suis venu pour ça...
— Non, je sais parfaitement que...
— Laisse tomber, me coupe-t-il.
Il se lève et claque doucement la porte derrière lui alors que je m'effondre sur mon lit.
Mais quelle idiote.
Je ferme les yeux et je dessine mentalement le chemin emprunté par ses mains le long de mon corps... et puis la sensation envoûtante de son baiser... Jamais je n'ai ressenti quelque chose d'aussi fort. C'était tellement... passionnel ! Et j'ai vraiment eu l'impression qu'Isack était dans le même état que moi... Je suis tellement frustrée qu'il se soit arrêté... J'avais besoin de ses bras, j'avais besoin qu'il continue à prendre les devants. Je voulais vraiment lâcher prise pour une fois.
Je me sens tellement épuisée que je n'ai même pas le courage d'attraper mon pyjama pour me changer, et encore moins de me lever pour me démaquiller. Je me contente de ramener la couverture sur moi et de serrer mon oreiller.
***
Le lendemain, j'ouvre difficilement les yeux. Les événements de la veille me reviennent en tête et la scène avec Isack aussi.
Je n'ai même pas la force de descendre manger et puis de toute façon je n'ai pas faim.
Je fais tout de même un effort et quitte mon lit. J'enfile un legging noir et un pull vert kakis puis sors de ma chambre. Les couloirs sont vides et en passant devant la chambre d'Erwan, je ne peux m'empêcher de m'arrêter. Mais après réflexion, je continue mon chemin jusqu'à l'ascenseur.
Je passe devant le réfectoire et sort directement de l'Immeuble. Je n'ai vraiment pas faim et le réfectoire doit être plein. Je n'ai pas envie de faire face à la foule de bon matin.
Je respire profondément l'air frais des jardins. Plusieurs adolescents sont en train de discuter, ou de lire un livre, mais tout est très calme.
Calme. Tout ce dont j'ai besoin.
Je m'assieds sur le gazon humide à cause de la nuit et observe le soleil qui est déjà haut dans le ciel.
J'essaie de ne pas penser aux événements de la veille, à la douceur dont a fait preuve Isack. Pour changer, mes pensées dérivent. Je me pose un tas de questions. Comment ça va se passer ? Quelle est la suite ? Quel est le plan d'Andrew pour prouver qu'Altalie n'est pas l'endroit qu'il prétend être ?
Je sens une présence dans mon dos et je me tourne interrompant le fil de mes pensées. Laurie me fait un grand sourire et s'assied à côté de moi.
— Ça va ma belle ? Je suis désolée pour hier...
— Ça va ne t'en fais pas.
Elle me prend dans ses bras et j'ai l'impression que c'est tout ce dont j'avais besoin. Que l'on me rassure.
Elle finit par me lâcher.
— Andrew veux te parler, il a appris ce qu'il t'es arrivée.
J'hoche doucement la tête et me relève. Visiblement, ma tranquillité aura été de courte durée.
Elle se lève à son tour et m'accompagne jusqu'au bureau d'Andrew. Elle me sourit une dernière fois avant de disparaître dans le couloir. Je prends une grande inspiration et entre dans la pièce.
Je n'ai pas l'habitude d'entrer dans ce bureau, c'est comme un lieu défendu. Nous y sommes convoqués seulement quand nous devons partir en mission et encore, des fois les annonces se font dans le réfectoire ou dans le hall. Pourtant, Andrew y passe ses journées, je ne vois pas ce qu'il fait, coltiner dans cet espace de moins de neuf mètres carrés.
— Te voilà, Victoire. On m'a raconté pour hier, premièrement je tiens à te présenter toutes mes excuses, nous aurions dû surveiller tout le monde. L'individu ne faisait pas partie des nôtres. Je tiens à ce que tu saches que nous mettons en place un système de sécurité, non seulement pour qu'il n'y est plus ce genre d'accident, mais en plus car l'homme fait sûrement partie du groupe des rebelles, s'ils découvrent notre position nous devons être prêts à nous battre. L'Immeuble n'est pas discret, nous le voyons de suite. C'est pour cela que nous allons créer une barrière de protection, semblable à celle d'Altalie. Une alarme sera automatiquement déclenchée lorsque quelqu'un tentera de la détruire. Il y aura un passage secret sous la terre pour que vous accédiez à l'extérieur.
Ça ne rigole plus, on dirait que la guerre est prête à éclater entre les groupes de l'extérieur. Pourtant nous n'avons même pas avancé dans notre mission de détruire le masque d'Altalie.
16/01/20
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