Chapitre 7

Lorsque j'arrive au réfectoire, Laurie et Julie tiennent une discussion visiblement très animée. Les deux gesticulent dans tous les sens.

Je prends place à côté de Laurie et demande quel est le sujet si intéressant de cette conversation.

— Julie me raconte sa "presque conquête" d'hier, explique Laurie avec un sourire explicite.

— Qui ça ? je demande en tentant de cacher ma gêne.

— Enzo, chuchote Julie.

Après manger, je décide de remonter dans ma chambre pour me changer. Je dois absolument parler à Erwan, même si je risque de me faire remballer comme d'habitude. Mais en passant devant le bureau d'Andrew, des voix attirent mon attention.

— Je veux venger mon frère, alors si vous ne voulez pas envoyer une équipe avec moi, j'irais seul.

La porte s'ouvre brusquement et je n'ai même pas le temps de m'éloigner. Erwan à l'air surpris et me regarde de haut en bas.

— Je...

Il me bouscule pour passer avant que je ne finisse ma phrase.

— Erwan attend...

Il m'ignore royalement et continue son chemin.

Je soupire.

Pour changer tiens.

***

Nous sommes tous réunis dans le réfectoire lorsque Andrew fait son entrée. Il exige le silence avant de prendre la parole :

— Bonsoir à tous. Bon, comme vous le savez, nous avons perdu un des nôtres dans la dernière mission. Toutes mes condoléances aux proches de Dylan. Le frère de celui-ci m'a demandé de repartir pour venger celui-ci. Je ne suis pas vraiment d'accord avec cette idée mais je peux le comprendre. Erwan, je t'autorises à quitter l'Immeuble et faire ce que tu as à faire dehors. Je sais que beaucoup de gens ont été très affectés par la mort du jeune homme alors s'il y a des volontaires pour se joindre à Erwan, vous pourrez venir m'en parler. C'est tout ce que j'avais à dire, bon appétit.

Quand Andrew repart, le silence qui régnait jusqu'alors dans la pièce se transforme en un gigantesque brouhaha.

— Tu veux y aller ? demandé-je à Isack, assis en face de moi.

— Non, je n'étais pas si proche de Dylan. Et puis, tu sais, entre Erwan et moi ce n'est pas l'amour fou. Honnêtement, moins je le vois mieux je me porte.

Je hoche doucement la tête.

Après manger je m'empresse de chercher Erwan. Lorsque je toque à la porte de sa chambre, c'est Enzo qui m'ouvre.

— Salut Vic, tu veux quelque chose ? demande-t-il.

— Erwan est là ?

— Ouais. Erwan y a une naine pour toi !

— Eh ! je m'exclame en lui envoyant mon poing dans l'épaule.

Il lâche un rire et se pousse pour laisser passer Erwan qui referme la porte derrière lui. Il croise les bras contre son torse et son regard froid se pose sur moi.

— Qu'est-ce que tu veux ?

— Je veux venir avec vous.

— Avec nous où ? Tu ne crois pas que tu as causé assez de dégâts comme ça ?

Mon cœur se serre à l'entente de ses paroles si dures. J'hoche doucement la tête et repars sans un mot.

Après avoir informé Andrew que je partirais avec Erwan, je rejoins ma chambre, avec pour objectif de prendre une bonne douche chaude pour me relaxer.

Les paroles d'Erwan rôdent encore dans mon esprit. Cette fois, il n'y a pas été de main morte. Pour la première fois ses piques m'ont réellement touchée.

***

Le jour de notre départ est arrivé. Nous sommes tous dans les jardins de l'Immeuble. J'observe Enzo et Julie se dire au revoir au loin alors qu'Isack vient vers moi.

— Hey, j'ai appris que tu partais, déclare-t-il.

— Ouais, c'est un peu de ma faute tout ça, je...

— Ne redit jamais une chose pareille ! Tu n'y est pour rien Vic.

Il me sourit tendrement.

— Fais attention à toi, je ne serais pas là pour te protéger cette fois.

— C'est plutôt moi qui devrais te protéger, je rétorque avec un sourire malicieux.

— Tu comptes me le rappeler encore longtemps ?

Je lâche un rire moqueur mais suis surprise par sa main qui se pose sur ma joue. Son regard soutient le mien et je me perds dans ses yeux bleus. Sa bouche s'approche dangereusement de la mienne. Jusqu'à ce que nos lèvres se scellent. Il m'embrasse tendrement et un doux frisson me parcourt.

Quand il s'écarte de moi, je sens le regard froid d'Erwan sur moi. Puis, il se détourne pour répondre à Enzo.

Quand je cesse de l'observer, Isack est déjà parti.

Enzo me sort de mes pensées en s'avançant vers moi :

— Hé Vic, dépêche on va pas tarder.

Je le suis et nous rejoignons le reste du groupe.

Au final, peu de personnes ont voulu s'allier à Erwan pour venger Dylan. Seulement Enzo, étant son meilleur ami il était clair qu'il n'allait pas le laisser, Gabriel, qui était un ami très proche du pauvre Dylan et puis, moi.

Donc au final nous ne sommes que quatre. Mais je suis plus confiante cette fois-ci.

***

Nous sommes parvenus à rejoindre le lieu du dernier confrontement. Le campement est toujours là et les traces de la bataille et du bain de sang persistent.

Erwan récupère le talkie-walkie de la dernière fois et l'examine.

— J'ai un plan, enfilez ça, dit-il en montrant les vêtement des morts.

Tout le monde s'exécute alors que je reste pétrifiée. Je ne veux pas jouer la fille superficielle mais, mettre les vêtements d'un mort !?

— On n'a pas toute la vie, déclare Erwan.

— Je ne peux pas, désolée.

— Ok, si tu veux mourir reste comme ça. Juste éloigne toi, on va se faire griller par ta faute là.

Toujours aussi aimable !

— Dit pas n'importe quoi, intervient Enzo. Allez, viens, je vais t'aider.

Il retire les vêtements d'un des hommes et me les lance. Je les enfile avec dégoût, au bord de l'évanouissement.

Ok, du calme Victoire.

Erwan règle le talkie-walkie sur la bonne fréquence.

— Alerte, nous avons trouvé des hommes morts dans la forêt. Nous sommes dans la troisième division.

Troisième division ? Alors c'est comme ça que les gens s'y retrouvent dans le deuxième secteur ?

Après quelques secondes une voix répond.

— Reçu. Ne bougez pas, une équipe sera là dans quelques minutes.

— Bien joué, lance Gabriel.

Nous patientons quelques minutes avant de voir apparaître une camionnette noire. Un groupe d'hommes armés en sort. Ils s'avancent jusqu'à se retrouver face à nous.

— Quels sont vos numéros ? Crie l'un des hommes.

— Je suis trois-cent-quarante-cinq, déclare Erwan.

Les hommes se lancent un regard entendu.

— Qui est la fille ? demande le même homme.

— Cinq-cent-vingt-trois, répond Erwan avec assurance.

L'homme murmure quelque chose dans son talkie-walkie et se retourne à nouveau vers nous avant de crier :

— Ce sont des imposteurs ! Attrapez-les !

Erwan empoigne mon bras et s'apprête à partir à toute allure mais un homme attrape mon poignet droit et me tire d'un coup sec vers lui. Ne s'y attendant pas, Erwan lâche prise.

— Cours ! crié-je, voyant qu'il s'apprête à venir m'aider.

Il hésite un instant puis obéit en se rendant compte que les hommes se précipitent vers lui. Il disparaît dans la forêt.

L'homme qui me tient fermement par le bras m'assène un coup de tête et je perd connaissance.

***

Lorsque j'ouvre les yeux, tout est noir. Le sol est dur et froid, je ne suis pas dans mon lit douillet, c'est certain.

Puis les souvenirs me reviennent rapidement en tête. Celle-ci me fait terriblement mal, j'ai l'impression qu'elle va exploser d'une minute à l'autre.

Je me lève avec difficultés pour explorer la pièce. Je suis plongée dans l'obscurité totale. Quand je m'avance de quelques pas, je peux toucher un mur. Je tâtonne à l'aveuglette et fini par trouver un interrupteur. J'allume la lumière. Celle-ci m'aveugle pendant quelques secondes jusqu'à que mes yeux s'habituent de nouveau à elle. Il n'y a pas grand chose dans cette pièce, en fait il n'y a rien du tout. Les murs sont d'un blanc immaculé qui me rappellent le premier secteur. Au fond de la pièce se trouve une porte tout aussi blanche, et puis c'est tout.

La porte s'ouvre soudainement me sortant de ma contemplation.

Deux hommes plutôt jeunes s'avancent jusqu'à moi.

— Je vois que tu as trouvé la lumière, déclare un grand brun.

Le plus jeune s'accroupit à ma hauteur et déclare :

— Alors, c'est simple ma jolie. Tu vas nous emmener jusqu'à l'Immeuble et peut-être qu'on t'épargnera.

Je garde la tête baissée, terrifiée. Je n'ai jamais été confrontée à ce genre de situation alors je préfère me taire. Je sais parfaitement ce qu'ils veulent et inutile de dire que je ne leur donnerais pas, alors autant ne pas trop faire ma maligne.

Il relève mon menton pour planter ses yeux dans les miens.

— La jolie demoiselle ne vas pas parler ? Vincent, va chercher les couteaux.

Mes yeux s'écarquillent alors que le garçon se relève. Le dit Vincent quitte la pièce.

Celui qui est resté vérifie que l'autre soit partie et revient vers moi.

— Désolé pour tout ça je m'appelle Théo, je vais t'aider à sortir d'ici mais tu dois me faire confiance, il ne vas pas tarder à revenir alors nous avons peu de temps pour fuir.

Je le fixe intensément. Est-il devenu fou ?

Voyant que je ne bouge pas, il reprend :

— Bon tu veux sortir d'ici oui ou non ? Parce que tu t'apprêtes à te prendre un couteau dans la cuisse.

Je réfléchis rapidement. Et puis merde, au point où j'en suis je n'ai rien à perdre.

Je me relève difficilement, alors que mon mal de crâne s'intensifie. Il regarde à nouveau par la porte pour vérifier qu'il n'y est personne.

— Ok, on va y aller, surtout, sois discrète, ne dis pas un mot, ne t'éloignes pas de moi et fais très attention à là où tu mets les pieds, il y a des pièges un peu partout ici.

J'hoche positivement la tête. Nous quittons la pièce et nous retrouvons dans un long couloir gris.

Mais nous entendons des voix qui se rapprochent de plus en plus. Mon accompagnateur ouvre une porte camouflée dans le mur et nous fait entrer. Nous nous retrouvons dans un placard à balais et pratiquement collé l'un à l'autre. Je sens son souffle chaud s'écraser contre mon visage.

— Si on n'était pas aussi serrés là-dedans j'en aurais sûrement profité, chochotte-t-il doucement.

Non mais je rêve ? Maintenant je commence à douter de ses intentions envers moi.

Quand les voix se taisent nous quittons notre cachette et continuons notre chemin. Nous arrivons devant une porte à double battant. Je me précipite vers elle et n'écoute pas Théo qui me crie de ne pas la toucher. Lorsque mes mains entrent en contact avec le métal de la porte, une décharge électrique traverse tout mon corps et je tombe à terre, complètement sonnée.

— Oh merde ! s'exclame Théo en accourant vers moi.

Soudain, une alarme se déclenche dans tout le bâtiment, détruisant mes tympans. Théo m'aide à me relever et se plante devant un petit boitier noir accroché au mur.

Il tapote dessus à toute vitesse.

— Pourquoi cette alarme s'est déclenchée ? crié-je pour me faire entendre par-dessus tout ce boucan.

— En essayant d'ouvrir la porte sans t'identifier, tu as déclenché le système de sécurité. Ils vont arriver d'une minute à l'autre. La porte va s'ouvrir pendant trente secondes et restera fermée ensuite pendant une minute. Elle sera bloquée. Il va falloir que l'on court le plus vite possible pour s'éloigner le plus rapidement d'ici. Prête ?

Je hoche la tête et il place sa main sur le boîtier.

— Trois, deux, un...

La porte s'ouvre lourdement et je perçois des bruits de pas à l'autre bout du couloir qui se précipitent vers nous.

Je lance un dernier regard derrière moi et m'élance sans plus attendre. Mais quelque chose de dur me stoppe violemment. Je me prends un torse de plein fouet. Décidément, je n'ai pas fini de me faire mal aujourd'hui...

Je relève les yeux.

Erwan.

Enzo est aussi avec lui.

Je ne peux m'empêcher de l'enlacer de toutes mes forces. Je n'ai jamais été aussi heureuse de le revoir, lui et sa froideur légendaire.

— Désolé de vous interrompre, mais ce n'est pas vraiment le moment pour les retrouvailles, déclare Théo, alors que nous pouvons désormais apercevoir les hommes au fond du couloir.

— C'est qui lui ? demande Erwan.

— Peu importe qui je suis, nous devons courir, maintenant ! s'exclame Théo alors que les hommes ne sont plus qu'à quelques pas de franchir la porte.

Mais alors qu'ils s'apprêtent à passer par celle-ci, la porte se referme lourdement sur eux.

— Courrez ! crie Théo.

21/10/19

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