Chapitre 5
Ça y est, nous sommes prêts à partir. J'ai dormi comme un bébé cette nuit.
C'est bien évidemment faux. J'aurais aimé que ce soit le cas mais non. La vérité est que j'ai passé la nuit à tourner et me retourner dans mon lit. Je ne suis absolument pas rassurée à l'idée de parcourir le deuxième secteur. Je n'ai jamais mis un pied en dehors d'Altalie, alors je ne sais réellement pas ce qui m'attend et ce n'est pas pour me rassurer. J'ai l'impression de passer un test.
Je ne sais pas ce qui m'attend dehors, mais si tout le monde me répète tant de me méfier, ce ne doit pas être pour rien.
Alors que nous sommes dans le hall de l'Immeuble pour écouter les dernières consignes d'Andrew, Isack se pointe derrière moi.
— Eh, ça va aller, tu seras en sécurité.
Je lui souris sincèrement, puis il repart déjà pour rejoindre le groupe, alors que Laurie et Julie s'avancent vers moi.
— Alors ma belle, stressée ? demande Laurie.
— C'est le moins qu'on puisse dire vu sa tête ! s'exclame Julie.
— Ça se voit tant que ça ? j'interroge en lâchant un rire nerveux.
— Ouais, répond Julie en riant.
— Reviens nous vivante Vic. Enfin, après que tu aies mis Isack à terre je ne doute plus de tes capacités !
Je ris joyeusement à la plaisanterie de Laurie. Rire : c'est tout ce dont j'ai besoin.
La grande porte de l'Immeuble s'ouvre finalement pour nous laisser passer, et lorsqu'elle se referme derrière nous, je me rends compte que je ne peux plus faire marche arrière et partir en courant pleurer dans mon lit.
Oui c'est ce que je voudrais faire.
Nous nous enfonçons petit à petit dans la forêt verdoyante.
***
Cela fait déjà des heures que nous marchons. Les chemins que nous empruntons se ressemblent tous, j'ignore comment les autres parviennent à se repérer. La seule chose que je sais, c'est que je n'ai probablement jamais autant marcher de ma vie, et mes jambes ne se gênent pas pour me le faire remarquer en me donnant l'impression d'avoir deux boules de bowling à la place des pieds.
Je m'effondre sur une pierre, à bout de souffle.
— Juste une petite pause, s'il vous plaît, je n'en peux plus ! je m'exclame suppliante.
— Râleuse en plus, on est bien barrés, souffle Erwan.
— Laisse-là, tu sais très bien qu'elle n'est pas habituée à marcher comme nous, me défend Isack.
Quelques minutes plus tard, nous reprenons déjà notre marche.
Après plusieurs heures de marche intense, nous arrivons sur un plateau démuni d'arbres. Nous trouvons là un campement qui semble avoir été abandonné.
Enzo s'approche des restes du feu et s'accroupit pour ramasser quelque chose.
— Regarder, c'est un talkie-walkie. Nous sommes les seuls à posséder ce genre de gadgets dans le deuxième secteur, déclare-t-il.
— Nous ne sommes pas exactement les seuls, réplique Isack.
— Les rebelles ! s'exclame Enzo.
— Quelle perspicacité ! Impressionnant !
L'homme qui a parlé sort de derrière un buisson à quelques pas de nous. Nous nous retrouvons face à face.
— Rends-toi, tu n'as aucune chance. Nous sommes cinq contre un, annonce froidement Erwan.
Cinq ? Je t'en prie dis le si je dérange !
Quatre autres hommes sortent à leur tour de leurs cachettes. Tous sont armés et celui qui semble être le chef – le premier – sort à son tour son arme.
— Tu devrais recompter maintenant, rétorque l'homme.
— Victoire recule ! s'exclame Isack.
Je le fixe, incrédule, mais avant même que je n'ai le temps de faire un pas en arrière, l'homme attrape fermement mon poignet et me tire violemment vers lui. Il passe son bras autour de ma gorge et pointe son arme sur ma tempe. Je ne me rends pas tout de suite compte de ce qui est en train de se passer, et continue de fixer Isack, sourcils froncés.
— Lâche-la, ordonne froidement Erwan.
— Sinon quoi ? Nous sommes en position de force, joignez-vous à nous. Dévoilez-nous la position de l'Immeuble et elle aura la vie sauve. Il ne vous arrivera rien.
À peine a-t-il prononcé ces mots que Dylan, qui a discrètement sorti son arme, tire avec une vitesse impressionnante sur les quatre hommes. Personne ne l'a vu venir. Ceux-ci s'effondrent par terre et je ferme les yeux de dégoût.
Ensuite, tout va très vite. Surpris, l'homme relâche légèrement sa poigne et Erwan profite de ce moment d'inattention pour attraper ma main. Il me tire vers lui en évitant de justesse la balle qui se dirige droit vers nous.
Gabriel en profite pour tirer à son tour. Sa balle atteint l'homme en plein dans le ventre. Celui-ci s'écroule en lâchant un cri de douleur qui me glace le sang. Son arme tombe à quelques centimètres de lui et nous en profitons pour fuire rapidement.
Mais le bruit assourdissant d'un tir nous fait nous retourner.
Le corps de Dylan s'écroule sur le sol et l'homme nous lance un dernier sourire sadique avant de mourir à son tour.
Erwan se précipite vers le corps inerte de Dylan et s'accroupit à ses côtés. Il reste là un bon moment et personne n'ose dire quoi que ce soit. Gabriel ne résiste pas et je vois une larme couler le long de sa joue.
***
Nous avons enterré le corps de Dylan près d'un grand chêne. L'ambiance est au plus bas, personne n'a prononcé un seul mot depuis sa mort. Même si je ne le connaissais pas plus que ça, la tristesse a fini par m'envahir, moi aussi.
Nous avons établi notre campement dans une petite clairière. Tout le monde dort déjà, mais je ne trouve pas le sommeil. Je n'arrive pas à fermer l'œil sans que la terrible scène de tout à l'heure ne me revienne en tête.
Je me lève pour aller m'asseoir près du feu qui crépite paisiblement. J'aperçois une silhouette familière et en m'approchant, je reconnais Erwan.
Je m'assieds à côté de lui et il n'a aucune réaction. Ses yeux sont comme hypnotisés par le feu. Je ne sais pas s'il ne m'a pas remarquée où s'il m'ignore simplement mais, je m'attendais presque à ce qu'il se décale pour ne pas rester à côté de moi. Hors, il n'en fait rien.
— Tu ne dors pas ?
Il me regarde comme si j'étais la dernière des imbéciles. Je devine aisément ses pensées, il doit sûrement se dire "est-ce que j'ai l'air de dormir ?"
Puis son regard retrouve le feu.
Bon sang, qu'est-ce qu'il a de si intéressant ?
Je remarque alors que ses joues sont mouillées. Comment ? Quand ? Où ? Pourquoi ? LE grand Erwan qui pleure ? C'est incroyable ça.
— Pourquoi tu pleures ?
— Je ne pleure pas.
— Tu parles, on voit à peine tes joues trempées.
— Qu'est-ce que tu veux Victoire ? demande-t-il froidement.
— Je voulais te remercier pour aujourd'hui, mais laisse tomber, je vais te laisser si je fais une si mauvaise compagnie.
Je l'entends soupirer alors que je me lève pour rejoindre mon sac de couchage.
***
Je n'ai jamais été aussi soulagée de retrouver l'Immeuble. Tout le monde nous accueille chaleureusement et beaucoup sont en larmes face à la terrible nouvelle que l'on rapporte. Quant à moi, je me suis empressée de rejoindre le réfectoire, affamée.
Isack s'assied à côté de moi et nous discutons tranquillement.
— Erwan a l'air particulièrement affecté par la mort de Dylan, à croire que quelque chose dans ce monde l'atteint, constaté-je.
— Vic, Dylan était le frère d'Erwan.
Oh merde !
Je suis si surprise que j'en lâche le verre que je m'apprêtais à porter à mes lèvres. Celui-ci se brise sur le sol, déversant la moitié de son contenu sur moi.
Isack se lève rapidement et m'aide à ramasser les bouts de verre.
— Vas te changer, je m'occupe de ça.
Je lui souris et le remercie, puis m'empresse de rejoindre ma chambre.
12/10/19
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