Chapitre 41

Nous nous cachons derrière les arbres et pierres aux alentours pendant que Thomas et son équipe s'approchent du dôme protecteur. À l'aide de leurs gants anti-choc électrique, ils placent les bombes spéciales sur la paroi.

Une fois que tout est à sa place, l'équipe recule pour nous rejoindre derrière un rocher et, Thomas, qui tient la tablette cri :

— 3, 2...1 !

Une explosion spectaculaire. Je me jette rapidement à terre en toussotant. Même si nous avons maintenu une certaine distance de sécurité, nous restons assez proches pour ne pas perdre de temps.

Andrew nous fait signe de nous relever en s'avançant vers la fumée. Le mystère est à son comble ; est-ce que les bombes sont venues à bout du dôme ? Nous nous avançons petit à petit, attendant que la fumée disparaisse, et lorsqu'elle se dissipe enfin, nous pouvons apercevoir un trou béant sur la paroi du dôme.

Nous poussons en coeur un cri de satisfaction et nous avançons à toute allure. Certains passants effrayés par la situation se mettent à hurler de peur. Mais rapidement, nous sommes coupés dans notre élan. Face à nous, une véritable armée, prête à riposter. Ils sont clairement plus nombreux que nous.

Soudain, j'entends la voix d'Andrew m'appeler.

Je relève la tête pour croiser son regard et me précipite vers lui.

— Écoute-moi bien Victoire. Julie, Laurie, Romain, Isack et toi, vous vous chargez de mettre les habitants à l'abri. La guerre va éclater, maintenant. Des voitures de l'Immeuble attendent dehors, faites-les évacuer. Trouve ta famille et une fois que ce sera fait, rejoins-nous. Je compte sur toi.

Je lui adresse un regard entendu et fait signe à mes compagnons. À travers la foule, mon regard croise un instant celui d'Erwan, au premier rang. Il me fait un sourire rassurant que je lui rend tant bien que mal.

Nous passons par une petite ruelle alors que j'entend les cris de guerre et le bruit des armes à feu s'élever derrière moi. Je serre les dents, ce n'est pas le moment de laisser mes émotions prendre le contrôle de mon corps.

Je reprends ma marche, plus assurée, la tête droite et le regard à l'affût de quelconque mouvement suspect.

— Par là !

Je tourne la tête vers Isack qui prend à droite. Nous le suivons et nous arrêtons dans un coin tranquille, à l'abri des curieux.

— Victoire, c'est toi qui connaît le mieux l'endroit, nous devons accéder aux quartiers résidentiels. Tu prends les devants ? demande Isack.

J'hoche doucement la tête en passant devant mes compagnons. Nous reprenons notre route mais je m'arrête un instant, me tournant vers Romain.

— Romain, les étudiants sont en cours à cette heure-ci ?

— Oui, il reste une heure de cours au lycée, les collégiens et primaires sont déjà rentrés.

— Ok, on va faire un léger détour !

Nous arrivons rapidement devant l'imposant bâtiment aux fameuses briques rouges. Nous nous arrêtons devant le grand portail d'entrée, respirons un bon coup, et repartons.

La mission a commencé.

Nous nous élançons dans les longs couloirs et atteignons le premier étage, où se trouvent la plupart des salles de classe. Nous nous positionnons chacun devant une porte, prête à l'ouvrir, mais je stoppe tout le monde au dernier moment.

— On s'y prend comment ?

— Efficacement ! se contente de répondre Julie, avant d'ouvrir brusquement la porte devant laquelle elle se tient, s'engouffrant à l'intérieur de la pièce.

Je souffle avant d'ouvrir la porte à mon tour.

Tous les regards se braquent automatiquement sur moi. Je balaie la salle du regard, et mon cœur se serre lorsque j'aperçois mon ancien groupe d'amis. Assis au fond de la salle, ils chuchotent en me regardant comme si j'étais devenue folle. En même temps, vu l'insistance de mon regard posé sur eux et la peine qui doit se lire dans mes yeux...

— Mademoiselle, on vous dérange peut-être ?

Mes yeux passent des élèves à la professeure que je reconnais immédiatement. Mais elle ne me laisse pas le temps de répondre quoi que ce soit.

— Et puis qu'est-ce que c'est que cette tenue ? Ne voyez-vous donc pas que tout le monde porte un uniforme scolaire ? Oh, et puis quel est votre nom que j'avertisse le directeur ? C'est inadmissible.

Les voix s'élèvent dans la pièce, tout le monde doit se demander qui je suis et surtout, qu'est-ce que je fabrique ici, vêtue de la sorte.

— Vous devez évacuer le bâtiment.

Il y a quelques longues secondes de silence et les élèves éclatent de rire sous mon regard noir. Je perd patience.

— Non mais ça suffit ! Pour qui vous prenez-vous ?! s'exclame la professeure en colère.

Sauf que je n'ai pas le temps de rigoler. Je ne suis pas là pour faire le clown.

Je braque soudainement mon AK47 qui était jusqu'à présent cachée dans mon dos. Les hurlements s'élèvent, bien que personne ne sachent vraiment de quoi il s'agit.

— Du calme mademoiselle ! s'écrie la prof, tétanisée.

— Silence ! je m'exclame à mon tour.

Tout le monde se tait, me laissant enfin l'occasion d'aligner trois mots.

— Je ne ferais de mal à personne, je suis là pour vous mettre à l'abri ! Maintenant, levez-vous calmement et suivez-moi, ou je vais devoir faire appel à ma collègue et vous pouvez me croire, ça va être beaucoup moins drôle !

De longues secondes s'écoulent sans que personne n'ose bouger un muscle. Puis, enfin, une élève se lève et me rejoint, se tenant à côté de moi.

Shylay...

Les autres finissent peu à peu par l'imiter et nous traversons à nouveau les couloirs. Je rejoins le reste de mon groupe dans la cour, où tous les élèves et professeurs sont réunis.

— Très bien, vous allez nous suivre à présent. Si quelqu'un s'écarte, il sera seul et mourra sûrement dans les heures à venir ! Alors restez tous ensemble et ne vous éloignez surtout pas de nous ! Nous allons vous conduire en lieu sûr, déclare Isack.

Les élèves sont terrorisés, les profs essaient vainement de les calmer mais tout le monde est dans l'incompréhension la plus totale. Il ne s'est jamais passé une chose pareille à Altalie, cet endroit de paix...

Nous quittons l'établissement scolaire et traversons la ville pour rejoindre le parking où le trou dans le dôme s'est formé. Il ne cesse de grandir au fur et à mesure. Nous faisons entrer les élèves dans les voitures par groupe de dix, et lorsqu'il ne reste plus personne sur les lieux, nous nous remettons en route : direction les quartiers résidentiels.

Les coups de feu résonnent de partout à travers la ville qui semble déserte. Nous courrons pour arriver à destination le plus rapidement possible.

Enfin arrivés, nous évacuons tous les immeubles un par un. Le soleil commence progressivement à disparaître, laissant bientôt place à la nuit noire. Il doit être aux alentours de 22h00 lorsque nous terminons enfin et nous devons encore nous diriger vers la partie commerciale de la ville, pour vérifier chaque bâtiment. Nous y passerons probablement la nuit.

Aucune trace de mes parents, ni d'Elliot. L'appartement était désert, à ma plus grande déception.

— Victoire, tout va bien ?

La voix d'Isack me sort de mes pensées. Je lui adresse un sourire qui se veut rassurant en continuant ma marche.

— Dans la mesure du possible.

Il me sourit à son tour en passant une main réconfortante dans mon dos.

— Tu vas les trouver.

— Dans quelles conditions ? je demande, sachant pertinemment que ce n'est pas lui qui m'offrira la réponse.

Nous nous sommes finalement arrêtés dans un grand magasin de vêtement où nous passerons la nuit. Nous avons improvisé des lits en empilant quelques vieux vêtements trouvés dans les réserves.

Je m'allonge auprès de Laurie, fixant le plafond. Je lâche un long soupir, à la fois soulagée et désespérée. Elle se tourne vers moi et m'offre un petit sourire rassurant.

— Tu peux le faire toute seule ? demande-t-elle subitement.

— Quoi ?

— Demain, on va devoir se séparer. Tu dois encore trouver ta famille. mais nous devons nous joindre au combat, les hommes de Geoffrey ne sont pas réunis à un seul endroit, ils sont dans toute la ville. Concentre-toi sur ta mission, mais reste sur tes gardes Victoire. N'oublie pas que tes parents ne sont plus vraiment les mêmes, ils risquent de s'en prendre à toi s'ils sont avec Geoffrey.

J'hoche la tête, assimilant les informations que vient de me livrer Laurie. Elle a raison. Je dois rester prudente même s'il s'agit de mes parents.

— Y a pas à manger par ici ? interroge Julie.

— Non, répond Isack en s'approchant. On est dans un magasin de vêtement pas dans un supermarché.

— Oh ça va monsieur on ne peux rien dire ! Je demandais juste, j'ai faim moi.

Isack s'assoit dans un soupir.

C'est lui qui fait le guet cette nuit, même si je doute fort que l'un d'entre nous parvienne à fermer l'œil, surtout moi.

— J'éteint les lumières ! s'écrie Romain à l'autre bout de la pièce.

Laurie acquiesce et la pièce est soudainement plongée dans le noir. Je m'allonge en me tournant vers Laurie et je sens une présence s'affaler dans mon dos, sur le lit de fortune à ma droite. Je me retourne pour tenter de croiser le regard de Romain dans l'obscurité de la nuit. Je ne vois pas ses yeux, mais je perçois vaguement l'ensemble des lignes de son corps. J'attrape sa main dans la mienne, rassurante.

Aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours adoré le contact rassurant de la peau de Romain contre la mienne. Même si beaucoup de choses ont changé depuis l'époque où nous étions de simples meilleurs amis avec une vie tout à fait normale, il reste une des personnes les plus chères à mes yeux et le savoir à mes côtés me fait du bien.

Je caresse sa main à l'aide de mon pouce alors qu'il se penche vers moi pour déposer tendrement ses lèvres sur mon front.

— Tu vas les trouver Victoire, tout ira bien. Maintenant reposes-toi, tu en as besoin. Demain est un nouveau jour.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top